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20 novembre 2008

Mieux vaut la confrontation que le renoncement

ALeqM5j3zXqnhd_KjOaS9fYsCv-5WivgRg.jpgIl est de bon ton de moquer le Parti Socialiste, son congrès de Reims, ses motions et ses divisions. Je préfère pourtant un parti comme le PS au sein duquel les militants votent pour une stratégie et une orientation, qu'un parti comme l'UMP où les opposants (Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin) se couchent finalement devant le chef (Nicolas Sarkozy). Pourtant, que ne les ai-je entendu ces chiraquiens tirer en "off" à boulets rouges sur un Nicolas Sarkozy "trop libéral, atlantiste et communautariste". Mais quand l'heure de porter la contradiction fut venue, pas un seul candidat (ni même une mouche ou un vermisseau) pour venir défendre des convictions alternatives.

Reste à savoir si, au sein du PS, les candidatures reflêtent véritablement des option différentes ou le seul choc (somme toute légitime en politique) des ambitions personnelles.

Sur l'orientation politique, Benoît Hamon à la gauche du parti, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë à la droite du parti, défendaient de véritables choix politiques divergents. Seule la motion de Martine Aubry était idéologiquement hétérogène.

Sur la stratégie, Benoît Hamon contre toute alliance avec le MoDem, Ségolène Royal pour une alliance éventuelle avec le MoDem, défendaient de véritables choix stratégiques divergents. Même si c'est plus discutable, c'était également le cas de Bertrand Delanoë (bien que certains signataires de sa motion aient conclu des alliances locales avec le MoDem aux élections municipales) et même de Martine Aubry (qui a elle-même conclu une alliance locale avec le MoDem aux élections municipales), puisqu'aucun des deux n'a jamais défendu l'idée d'alliance nationale, de pacte de gouvernement avec le MoDem.

Sur la conception du parti enfin, Benoît Hamon, Bertrand Delanoë et Martine Aubry défendaient un parti de militants (parti de cadres et d'élus, de fait), Ségolène Royal un parti de masse (doublé d'un style télé-évangélique).

Bref, il ne s'agissait pas que de prétextes pour masquer une guerre des chefs. Mais de véritables choix, que les militants devront sans doute finir de trancher ce vendredi.

Et tant mieux si, contrairement au congrès du Mans, il 'y a pas eu cette fois de synthèse artificielle. Il y aura enfin au sein du PS une majorité claire et une ou des oppositions. Aux opposants, ensuite, de décider de fermer leur gueule en se pliant à la ligne majoritaire démocratiquement définie... ou de démissionner.

07 novembre 2008

Royal en tête, mais Delanoë mieux placé pour rassembler

Bilan des votes préparatoires au congrès du PS :

  • stratégie : majorité contre une alliance nationale PS-MoDem
  • idéologie : majorité pour une ligne sociale-libérale

Même si la motion de Ségolène Royal est arrivée en tête, c'est donc Bertrand Delanoë qui serait en théorie (mais la politique a ses logiques que la logique ignore...) le mieux à même d'opérer pour le poste de premier secrétaire une synthèse autour de lui.

 

  social-libéralisme indéterminé social-démocratie  
pour des alliances PS-MoDem Ségolène Royal
29%
    29%
contre des alliances PS-MoDem Bertrand Delanoë
25%
Martine Aubry
25%
Benoît Hamon
19%
69%
  54%   19%  

 

08 octobre 2008

L'unité nationale : sois d'accord et tais-toi !

union.jpgLa déclaration du gouvernement suivie d'un "débat" sans vote sur la crise financière et bancaire sera aujourd'hui l'occasion pour François Fillon de relancer son appel à l'"unité nationale". "Dans cette conjoncture exceptionnelle, j'invite tous les Français, qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche, à faire preuve d'unité", avait encore plaidé le premier ministre, vendredi dernier, aux journées parlementaires de l'UMP. Invitant la majorité et l'opposition à "dégager des points de consensus" et à mettre de côté les "querelles subalternes".

Mais, pour qu'il y ait "unité nationale", encore faudrait-il qu'il y ait consensus national sur les réponses politiques à apporter à la crise. Or celles-ci sont multiples et opposées. Si François Fillon hésite entre politique de rigueur (diviser par deux le rythme de croissance annuel de la dépense publique et ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partants à la retraite) et politique de relance libérale par l'offre ("le taux de prélèvement obligatoire n'augmentera pas et toute reprise de la croissance sera mise à profit pour le baisser d'ici 2012"), le chef du gouvernement refuse, en dépit des mesures annoncées en faveur des PME et du logement, toute idée de relance keynésienne par la demande, qui sortirait de fait la France des clous de Maastricht.

Fin de non recevoir, donc, pour Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, qui avait plaidé pour que "temporairement" les critères de Maastricht ne soient plus "la priorité des priorités". Il est vrai que si l'ensemble du PS reproche au gouvernement de ne plus avoir de marges de manœuvre budgétaires à cause du "paquet fiscal" voté l'année dernière, seule l'aile gauche du parti remet pareillement en cause les critères de Maastricht. "Je pense que c'est une bonne idée", avait ainsi répondu Benoît Hamon, premier signataire de la motion "Un monde d'avance", interrogé sur la proposition d'Henri Guaino. Il ne faut "pas prendre prétexte de cette crise et de ces circonstances exceptionnelles pour jeter le bébé avec l'eau du bain et se débarrasser de ces règles de bonne gestion qui devraient rassembler tous les Européens", a rétorqué Elisabeth Guigou, député PS et ex-ministre des affaires européennes.

Comme toujours depuis 1983, du référendum sur le traité de Maastricht (1992) au référendum sur le traité constitutionnel européen (2005), c'est bien le même clivage qui oppose d'une côté les partisans du "cercle de la raison" et de l'autre les adversaires de la "pensée unique", c'est-à-dire de l'orthodoxie budgétaire et monétaire. "Lorsque le sage montre la lune l'imbécile regarde le doigt" : ce clivage est avant tout économique et social, alors qu'il est le plus souvent dénaturé et présenté comme une opposition entre pro-européens (les gentils) et anti-européens (les méchants).

Quant à l'idée d'"unité nationale", outre le fait qu'un tel appel relève du chef de l'État et non du premier ministre, elle puise sa source historique dans l'Union sacrée durant la première guerre mondiale. La France "sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée", avait déclaré le président de la République Raymond Poincaré dans son message aux chambres, le 4 août 1914. Un gouvernement inédit d'unanimité nationale est alors mis en place, allant de la SFIO (d'août 1914 à septembre 1917) à la droite royaliste (d'octobre 1915 à août 1917). Mais dès 1917 cette unité nationale se brise. La déclaration ministérielle de Georges Clémenceau, commençant par "Je fais la guerre", le 20 novembre 1917, est ainsi votée par 418 députés contre 65 (dont 64 SFIO) et 40 abstentions.

La France a connu deux autres expériences de gouvernements d'unanimité nationale. La première à la Libération, dans le prolongement de la Résistance à l'occupant, jusqu'à la démission des ministres communistes en mai 1947 (guerre froide). La seconde lors de l'installation de la Ve République, jusqu'en janvier 1959. Cette dernière unité nationale fut toutefois imparfaite, puisqu'elle n'inclut ni une minorité de la gauche non communiste (réunie au sein de l'Union des Forces Démocratiques : Pierre Mendès France, François Mitterrand, etc.) ni le PCF.

Enfin, les gouvernements dits d'"union nationale" sous la IIIe République étaient en fait des gouvernements de centre-droit allant de la droite au centre-gauche (radicaux, socialistes non SFIO) : Raymond Poincaré en 1926 (après l'échec du Cartel des gauches) puis Gaston Doumergue en 1934 (après les évènements du 6 février 1934). Même scénario en 1938, après la chute du Front populaire. Par 514 voix contre 8, la chambre des députés autorise en effet le gouvernement du radical Edouard Daladier à agir par décret-loi "pour faire face aux dépenses nécessitées par la défense nationale et redresser les finances et l'économie de la nation". Cette unité nationale vole cependant vite en éclats, lorsque le président du conseil estime que ce redressement passe par la remise en cause de certains acquis du Front populaire (les 40 heures). Quitte à ma répéter : pour qu'il y ait unité nationale, encore faut-il qu'il y ait préalablement consensus national sur la politique à mener. Sinon, l'appel à l'unité nationale revient simplement à demander à l'opposition de la fermer.

23 septembre 2008

Le nouveau rapport de force droite/gauche au Sénat

 

GAUCHE (153 sénateurs)

non renouvelables : 91

renouvelables : 35

ne se représentant pas : 14

battus : 2 (Yves Ackermann, SOC; Gérard Delfau, RDSE)

réélus : 19

élus : 43

bilan : +27

 

DROITE (190 sénateurs)

vacant : 1

non renouvelables : 138

renouvelables : 66

ne se représentant pas : 28

battus : 8 (Pierre Laffitte, RDSE; Georges Othily, RDSE; Philippe Arnaud, UC-UDF; Philippe Nogrix, UC-UDF; Louis de Broissia, UMP; Dominique Mortemousque, UMP; Jean Puech, UMP; Henri de Richemont, UMP)

réélus : 30

élus : 22

bilan : -15

 

 

(N.B. : par défaut, l'ensemble des membres du groupe UC-UDF ont été classés à droite; les chiffres diffèrent selon les sources, Daniel Marsin, porte-parole de La Gauche Moderne et à ce titre membre de la majorité de droite, étant souvent par erreur comptabilisé dans l'opposition de gauche)

Composition du Sénat

Voici, d'après mes calculs, la composition du Sénat, en partant des groupes sortants (le PRG ambitionnant de créer son propre groupe, éventuellement sans les radicaux de droite) :

 

groupe parlementaire

 
Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC) 24 7,0%
Groupe Socialiste (SOC) 115 33,5%
Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE) 17 5,0%
Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF) 28 8,2%
Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP) 150 43,7%
réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe 6 1,7%
indéterminés 3 0,9%

total

343

 

Les trois sénateurs indéterminés sont Alain Houpert (divers droite), Georges Patient (divers gauche) et Richard Tuheiava (indépendantiste polynésien). Les deux nouveaux sénateurs radicaux de droite (Alain Chatillon et Sophie Joissains) sont réputés siéger au groupe UMP et non au groupe RDSE.

 

Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC)

sortants : 3

ne se représentant pas : 2

battus : 0

réélus : 1

élus : 3

bilan : +1

 

Groupe Socialiste (SOC)

sortants : 29

ne se représentant pas : 12

battus : 1

réélus : 16 (dont les dissidents Jean-Pierre Plancade et Robert Tropeano)

élus : 33

bilan : +20

 

Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE)

sortants : 8

ne se représentant pas : 2

battus : 3

réélus : 3 (dont l'UMP Aymeri de Montesquiou)

élus : 5

bilan : =

 

Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF)

sortants : 4

ne se représentant pas : 1

battus : 2

réélus : 1

élus : 1

bilan : -2

 

Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

sortants : 56

ne se représentant pas : 25

battus : 4

réélus : 27 (dont les dissidents Gérard César et Gaston Flosse ainsi que les radicaux Alain Chatillon et Sophie Joissains)

élus : 20

bilan : -9

 

réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe

sortants : 1

ne se représentant pas : 0

battus : 0

réélus : 1

élus : 0

bilan : =