Sarkozy récidiviste
24 septembre 2009
Le président de la République a déclaré hier soir dans son entretien télévisé, au sujet du procès Clearstream, qu'"au bout de deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel".
Lapsus ou négation volontaire du principe de la présomption d'innocence ?
Quoi qu'il en soit, Nicolas Sarkozy est un récidiviste. En 2003, alors ministre de l'intérieur, il avait déjà déclaré que "la police française vient d'arrêter Yvan Colonna l'assassin du préfet Érignac".
Ce qui était gênant de la part d'un ministre, avocat de profession, devient problématique de la part d'un président de la République, constitutionnellement "garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire", par ailleurs partie civile dans le procès en question...
12 commentaires
Un lapsus regrettable.
Les journalistes n'auraient pas du l'interroger sur ce sujet... surtout si c'est pour ensuite lui faire le reproche d'en avoir parlé.
Connaissant la polémique, il aurait du refuser de s'exprimer sur ce sujet. Mais il n'est pas homme à reculer devant une question.
Sinon belle intervention du président, convaincant sur tous les sujets. Reste à voir si il pourra convaincre Obama ou si celui ci sera en mesure de prendre les décisions que la situation impose.
Exception sur les paradis fiscaux où je trouve que le président a vraiment exagéré. je n'ai pas connaissance que les US aient démantelé le Dakota du sud (entre autres) ou que la fiscalité ait été modifié en Polynésie française....
Au détour de cette phrase, le Nicolas Sarkozy partie civile dans cette affaire a pris le pas sur le Nicolas Sarkozy "garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire".
Que cet acte soit conscient ou non, il illustre toute l'ambigüité et la contradiction de sa position dans cette affaire particulière.
De manière générale, je ne vois pas comment il peut mettre en avant son droit à défendre ses intérêts de "victime" comme n'importe quel justiciable, quand dans le même temps l'article 67 de la constitution révisé en 2007 stipule qu'il "ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte d’information, d'instruction ou de poursuite."
Finalement, il a donné raison aux "coupables" donnant réellement l'impression qu'ils sont (enfin surtout un d'entre eux) devant le tribunal " par la volonté d'un homme", "par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française."
S'agissant d'une récidive de non respect de la présomption d'innocence comme l'a souligné Laurent, je réclame la peine plancher !!! (mais seulement en 2012 ou 1017 à l’expiration du délai d’1 mois suivant la cessation de ses fonctions, car je respecte les prérogatives de la constitution, moi).
@ Pierrot
Je ne suis pas d’accord avec votre lecture de la situation.
Certes le président de la République ne peut être inquiété, poursuivis… durant toute la durée de son mandat + 1 mois.
Mais il s’agit là d’une protection de la charge de Président de la république et non un avantage pour le citoyen Sarkozy.
Ce n’est pas le Président de la République qui a porté plainte (contre « X » et non une(des) personne(s) désigné(s) il s’agit du citoyen Nicolas Sarkozy.
Parce que il est partie civile dans une affaire antérieure à son mandat, il devrait retirer sa plainte ? Je trouve au contraire que cela serait attenté à l’honneur de l’institution judiciaire.
Devrait il s’exprimer sur le sujet ? Non !! Non pas pour une éventuelle pression sur la justice (c’est lui accorder bien peu de crédit) ce sont des arguties d’avocats, des effets de manche à destination de la presse et de l’opinion publique. Mais parce que cela créé de la polémique, friandise pour journaleux, aucun intérêt.
Pour cette raison et pour nulle autre, il ne devrait pas en parler, on ne devrait pas l’interroger sur ce sujet et il devrait refuser d’y répondre.
Et pendant ce temps là, personne ne parle de la hausse du forfait hospitalier et de la fiscalisation des indemnités pour accident du travail ! Tout comme personne ne demande un peu de solidarité nationale aux bénéficiaires du bouclier fiscal !
Décidément, bien joué Nicolas !
Les journalistes ont facilement le regard détourné des questions qui touchent la vie de millions de français !
Eric, Evreux
flo1966 :
Quand vous tapez "Pour cette raison et pour nulle autre, il ne devrait pas en parler, on ne devrait pas l’interroger sur ce sujet et il devrait refuser d’y répondre.", je suis d'accord avec le fait qu'il n'aurait pas fallu l'interroger à ce sujet, ni lui y répondre, mais pas pour cette "seule raison et pour nulle autre". Je pense qu'on n'aurait pas du l'interroger à ce sujet dans le cadre d'un entretien avec le président de la république.
En revanche, s'il avait voulu accepté un entretien avec un journaliste en tant que citoyen (et pas n'importe quel citoyen, entendons-nous là-dessus), il aurait été malvenu de ne pas l'interroger dessus. Pour moi tout est affaire de cadre. Le président de la république n'a pas à être interrogé à propos d'une affaire judiciaire ne mêlant pas le politique (il n'y a pas eu je crois d'élément de l'enquête qui ait pu laisser croire que des mouvements politiques aient pu être impliqué dans cette affaire, comme c'était dans le cas du financement occulte des partis politiques dans les années 1970/80).
En revanche, si on interroge le citoyen Nicolas Sarkozy sans ambiguïté de statut, vu qu'il est partie civile dans cette affaire et, en tous cas, concerné par elle au premier degré, il est alors nécessaire de l'interroger là-dessus.
Sinon, je me demande dans quelle mesure ces "dérapages" qui nient la présomption d'innocence ne sont pas "contrôlés". Quand Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur annonce l'arrestation de "l'assassin" du préfet Erignac, j'ai l'impression moi d'entendre Dédé du café de la gare estimer qu'untel est coupable dans telle affaire, sans vouloir être insultant pour M. Sarkozy ou pour Dédé.
Ca fait longtemps que j'entends cet argument : on chercher à détourner le Fraçais des vrais problèmes : le chômage, le pouvoir d'achat, la crise économique. On a utilisé cet argument au moment des affaires de coeur avec Carla, du Grenelle de l'Environnement, des Européennes, de je ne sais plus quel évènement.
Je ne nie pas que cette stratégie politique puisse exister et qu'il faut savoirla détecter pour ne pas tomber dans le panneau.
Mais, à lire le commentaire d'Eric, je ne peux tout de même m'empêcher de me souvenir du vieux discours marxiste originel (1880-1900) pour qui tout sujet politique/de société/moral était considéré comme un artifice bourgeois destiné à tromper le peuple sur ses véritables intérêts, toujours exclusivement économiques et sociaux. Au début de l'affaires Dreyfus, même raisonnement chez presque tous les socialistes : en substance, "c'est un piège destiné, en cherchant à rassembler un front républicain pluri-classes autours des droits de l'homme, à faire oublier à la classe ouvrière les seuls combats qui vaillent, économiques et sociaux."
Et bien non ! Il y n'y pas que l'économie, il y a aussi des combats politiques de principes, sur les institutions, les valeurs, les droits de l'homme, les libertés publiques et la liberté de la presse, l'international, etc. qui ont toute leur raison d'être et de nous mobiliser. Et tant pis si ça éclipse quelques instants la baisse du pouvoir d'achat - d'autant que, si elle peut être dramatique pour la frange la plus fragile de la population, elle se traduit pour la vaste classe moyenne à retarder l'achat d'un écran 16/9, d'un iPhone ou des dernières baskets à la mode, ce qui n'est pas si grave que ça (on peut même s'en passer : je n'ai rien de tout ça).
flo1966 :
Quand vous tapez "Pour cette raison et pour nulle autre, il ne devrait pas en parler, on ne devrait pas l’interroger sur ce sujet et il devrait refuser d’y répondre.", je suis d'accord avec le fait qu'il n'aurait pas fallu l'interroger à ce sujet, ni lui y répondre, mais pas pour cette "seule raison et pour nulle autre". Je pense qu'on n'aurait pas du l'interroger à ce sujet dans le cadre d'un entretien avec le président de la république.
En revanche, s'il avait voulu accepté un entretien avec un journaliste en tant que citoyen (et pas n'importe quel citoyen, entendons-nous là-dessus), il aurait été malvenu de ne pas l'interroger dessus. Pour moi tout est affaire de cadre. Le président de la république n'a pas à être interrogé à propos d'une affaire judiciaire ne mêlant pas le politique (il n'y a pas eu je crois d'élément de l'enquête qui ait pu laisser croire que des mouvements politiques aient pu être impliqué dans cette affaire, comme c'était dans le cas du financement occulte des partis politiques dans les années 1970/80).
En revanche, si on interroge le citoyen Nicolas Sarkozy sans ambiguïté de statut, vu qu'il est partie civile dans cette affaire et, en tous cas, concerné par elle au premier degré, il est alors nécessaire de l'interroger là-dessus.
Sinon, je me demande dans quelle mesure ces "dérapages" qui nient la présomption d'innocence ne sont pas "contrôlés". Quand Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur annonce l'arrestation de "l'assassin" du préfet Erignac, j'ai l'impression moi d'entendre Dédé du café de la gare estimer qu'untel est coupable dans telle affaire, sans vouloir être insultant pour M. Sarkozy ou pour Dédé.
Ce qui n'étonne pas grand monde, c'est que cet entretien accordé par le président de la République n'était pas réalisé "en direct" mais avait été enregistré peu auparavant.
Si un lapsus a pu être laché au détour d'une phrase (ça arrive à tout le monde), le président (ou ses conseillers) avait toute latitude pour rectifier le tir.
@ Libéral européen :
je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il n'y a pas que l'économique.
Néanmoins, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !
Je n'ai entendu personne dire que le Grenelle de l'environnement ou que les élections européennes servaient à détourner les français des problèmes économiques !
Je pense d'ailleurs, comme tout bon "marxiste" (puisque vous m'avez catalogué ainsi), qu'on ne peut pas faire d'écologie sans réfléchir développement économique. A quoi bon isoler son logement quand déforestation et croissance du parc automobile mondial continuent ? Les deux sont indissociables.
Quant à l'Europe, bien évidemment, c'est un sujet politique ET économique.
Je ne nie pas non plus la gravité des propos d'un président de la République sur une affaire en cours et l'ambigüité de sa double position de garant de la Justice et de partie civile.
Ce que je regrette c'est que les unes des médias fassent grand cas de ces propos et que les autres déclarations, qui concernent directement la vie de millions de nos concitoyens, ne soient traités que comme des questions subsidiaires.
@Eric : en fait, je rebondissais sur ce que tu disais parce que celà me rappelait d'autres choses que j'avais entendu, mais je ne te visais pas directement, comme tu l'as d'ailleurs compris. Je ne sais pas non plus si tu es marxiste ou non ; je me référais seulement à des propos d'une époque ancienne que ni toi ni moi n'avons probalement vécu.
Je dénonçais juste une tendance existant parfois, mais avec régularité, de minimiser les enjeux "politiques"par un retour un peu systématique au concrêt économique et social. Sur le plan psychologique, ce retour au terre à terre est assez efficace car il casse d'un coup le discours "politique" qui semble d'un coup devenir un objet purement théorique.
Au total, il est évident que les sujets "politiques" comme les sujets économiques et sociaux sont essentiels et que les uns ne doivent pas ervir de dérivatifs aux pbs posés par les autres et inversement.
Un labsus qui en dit long, mais bon, qui en doute encore...
C'est un lapsus des plus inapropriés dans un tel contexte. Dire que les journalistes ont eu tord de poser la question ( flo 1966 ) est une erreur je pense. Le fait que le sujet fasse polémique ne leur interdit pas d'en parler, non pas pour le piéger mais tout simplement parce que c'est aussi leur rôle. Votre commentaire est même scandaleux je trouve, nous sommes encore jusqu'à preuve du contraire en démocratie, à moins que personne n'ai eu l'obligeance de me prévenir.
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