Quels reports de voix ? (04 mai 2007)

medium_sarkozyroyal.2.jpgLe résultat du vote de dimanche devrait dépendre de "quatre clés essentielles", a insisté Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos-France, lors d'une demi-journée d'études sur le second tour de l'élection présidentielle, organisée mercredi par l'Association française de science politique.

Première clé : les abstentionnistes du premier tour. "La réserve de voix chez les abstentionnistes est plutôt favorable à Ségolène Royal", explique Anne Muxel, du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof). Dans ses enquêtes quotidiennes, Pierre Giacometti ne voit toutefois actuellement "pas de différentiel de participation qui avantagerait Ségolène Royal". Les abstentionnistes du premier tour seraient environ 60% à s'abstenir au second et 19-20% à se répartir à égalité entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (1).

Deuxième clé du vote de dimanche : le report des électeurs de gauche et d'extrême gauche (3,9 millions de voix). Ils seraient 64% à voter Royal, 28% à s'abstenir et 8% à voter Sarkozy. "Ces 8% font très mal", estime Pierre Giacometti en expliquant qu'étant donné le rapport de force au premier tour, "Ségolène Royal ne peut pas se permettre le luxe de les laisser échapper".

Troisième clé : le report des voix de François Bayrou (6,8 millions de voix). La semaine dernière, Ségolène Royal avait l'avantage. Depuis le début de la semaine, les trois courbes se rapprochent : 32% s'abstiendraient et 34% voteraient pour chacun des deux finalistes. Reste à savoir quel sera le poids de la déclaration de François Bayrou, qui a indiqué, hier, qu'il "ne votera pas pour Sarkozy", même si la quasi-totalité des autres députés UDF voteront, eux, pour Nicolas Sarkozy.

Quatrième clé : le report des électeurs de Jean-Marie Le Pen (3,8 millions de voix), dont 57% voteraient Sarkozy, 35% s'abstiendraient et 8% voteraient Royal. Ce qui correspondrait au plus mauvais report de l'extrême droite vers la gauche à une présidentielle. Dans les grandes masses, les reports des voix de gauche et d'extrême gauche vers Ségolène Royal s'équilibrent donc à peu près avec ceux de Jean-Marie Le Pen vers Nicolas Sarkozy. Mais reste à savoir, là encore, l'impact de l'appel du président du FN, le 1er mai, à "une abstention massive".

Dans l'électorat de Jean-Marie Le Pen comme dans celui de François Bayrou, il existe en effet déjà une "tentation abstentionniste importante". Dans les enquêtes d'Ipsos, l'abstention, cyclique, a oscillé au sein de l'électorat centriste entre 26 et 38%. Tandis que chez les électeurs de Jean-Marie Le Pen la tendance est bien à une intention d'abstention de plus en plus forte : 12% le 24 avril, 27% le 27 avril, 35% le 3 mai.

À partir de ces quatre clés, les instituts de sondages et les politologues, notamment Jean Chiche au Cevipof, font tourner leurs matrices de report. Avec des résultats qui confirment l'avance de Nicolas Sarkozy dans les enquêtes d'opinion. Une simple égalité entre les candidats n'étant obtenue qu'en poussant tous les indicateurs en faveur de Ségolène Royal : forte mobilisation des abstentionnistes du premier tour en sa faveur, excellents reports vers elle des électeurs de gauche et d'extrême gauche ainsi que de François Bayrou, et mauvais report du vote d'extrême droite en faveur de Nicolas Sarkozy.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 04/05/2007

(1) Sondage réalisé les 1er et 2 mai auprès d'un échantillon représentatif de 1 011 personnes

 

Mise à jour : (2)

- électeurs de François Bayrou au premier tour : 35% Sarkozy (+1), 35% Royal (+1), 30% abstention (-2)

- électeurs de Jean-Marie Le Pen au premier tour : 58% Sarkozy (+1), 14% Royal (+6), 28% abstention (-7)

- électeurs de gauche (hormis Ségolène Royal) ou d'extrême gauche au premier tour : 13% Sarkozy (+5), 66% Royal (+2), 21% abstention (-7)

(2)  Sondage réalisé les 2 et 3 mai auprès d'un échantillon représentatif de 1 414 personnes

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