Encore un effort, camarades ! (26 mai 2008)

300035633.jpgIl n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre le positionnement politique de Ségolène Royal et celui de Bertrand Delanoë ?

Peu importe ! Feignons de créer de la différence afin de donner à croire qu'il s'agit d'un débat d'idées et non d'un combat de personnes...

Tel est le but de l'opération "libéralisme", dont les deux protagonistes sortent en définitive gagnants (gagnant-gagnant, dirait Ségolène Royal !).

"Je suis libéral ET socialiste", déclare Bertrand Delanoë dans un livre d'entretiens avec Serge July (De l’audace, Robert Laffont). Pas bien, répond Ségolène Royal : "Je ne pourrais jamais dire : je suis libérale. Je ne crois pas qu'il faille réhabiliter ce mot et ce concept. C'est le mot de nos adversaires politiques", rétorque immédiatement sur Canal + l'ancienne candidate à l'élection présidentielle.

 

De quoi parle-t-on ?

Bertrand Delanoë parle du libéralisme en tant que "philosophie politique" (John Locke, Montesquieu).

Or tous les partis de gouvernement, y compris le PS, sont des partisans de ce libéralisme politique, c'est-à-dire de la démocratie libérale (État de droit, séparation et équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, Droits de l'homme, pluralisme, etc.).

Bref, Ségolène Royal est tout autant libérale politiquement parlant que Bertrand Delanoë mais elle ne l'assume pas, elle ne veut pas revendiquer un mot selon elle "synonyme de capitalisme débridé" en France. Bertrand Delanoë, au contraire, parie sur le bénéficie politique de cet affichage (amorce d'appel du pied à François Bayrou ...après avoir claqué la porte à Marielle de Sarnez aux municipales ?).

 

Qu'en est-il du libéralisme économique ?

"Je ne suis pas social-libéral", explique Bertrand Delanoë en parlant, cette fois, du libéralisme économique.

Or qu'est-ce que le social-libéralisme ? C'est une troisième voie entre le néolibéralisme et la social-démocratie, généralement issue d'une adaptation de cette dernière à la mondialisation libérale.

Contrairement au libéralisme politique, sur le libéralisme économique existe bien, en revanche, un véritable débat à l'intérieur du PS. Sauf que Bertrand Delanoë et Ségolène Royal appartiennent tous les deux (comme Dominique Strauss-Kahn) à l'aile social-libérale du parti, aucuns des deux ne remettant en cause le marché unique européen, d'essence libérale.

Mais il est vrai que le mot libéral n'est pas très porteur au PS. Au congrès du Mans (2005), la seule motion l'assumant dans son acceptation économique ("Pour un socialisme libéral" de Jean-Marie Bockel) n'avait obtenu que 0,64%...

 

Alors encore un effort, camarades, pour assumer pleinement ce que vous êtes !

 

Pour un avis contraire : lire Versac qui voit, lui, des différences entre la "tradition jacobine" de Ségolène Royal ("provincialiste de circonstance") et le "socialisme émancipateur" de Bertrand Delanoë

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