L'UMP reste bloquée aux critères de Maastricht (04 octobre 2008)

henri.jpgComme au festival d'Avignon, aux journées parlementaires de l'UMP il y a le "in" et le "off".

Côté "in", des débats sur le métier de parlementaire et une présentation de l'exercice de prospective "France 2025" du secrétaire d'État Éric Besson. Côté "off", la crise financière internationale et la France de 2008 avec ses deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB. "Par nature, la France n'est pas en récession", a aussitôt minimisé en marge des travaux Éric Woerth, ministre du budget et des comptes publics, acceptant seulement de parler de "récession technique". Quoi qu'il en soit, les parlementaires qui, à leur arrivée, s'étonnaient devant les hôtesses d'accueil que le programme n'ait pas été modifié par les circonstances, ont donc dû attendre les discours du vendredi matin pour entendre parler à la tribune d'une solution politique à la crise financière.

Une réponse que François Fillon veut avant tout pragmatique. "Là où la dynamique économique est nécessaire, nous sommes libéraux, a insisté le premier ministre. Là où la justice sociale est nécessaire, nous sommes solidaires. Là où la régulation de l'État est nécessaire, nous croyons en l'État". Renouant avec les accents du Fillon séguiniste, le Fillon sarkozyste s'est implicitement posé en défenseur d'une troisième voie "entre le capitalisme dévoyé et le dirigisme socialiste". Avec, de la théorie à la pratique, la préparation d'un budget 2009 visant à éviter, selon lui, "deux écueils : celui du laxisme (renoncer à maîtriser la dépense) et celui de l'austérité (augmenter les impôts pour compenser la baisse des recettes)".

Ce discours a rassuré les élus UMP, qui, dans les allées des journées parlementaires, avaient exprimé leurs craintes face aux propositions d'Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Élysée. La veille, ce keynésien pourfendeur de l'orthodoxie budgétaire et monétaire avait déclaré que "temporairement" les critères de Maastricht "ne sont pas la priorité des priorités". Ce qui lui a valu une volée de bois vert de la part des membres de la majorité. "C'est la plume, ce n'est pas la parole du président de la République", raille ainsi Claude Goasguen, député et maire du XVIe arrondissement de Paris. "Henri Guaino, il a raison quand il se tait, poursuit courageusement sous couvert d'anonymat un de ses collègues des Hauts-de-Seine. S'il veut s'exprimer, qu'il se présente, comme Nicolas Dupont-Aignan, aux élections !".

Finalement, seul ou presque le député filloniste Jérôme Chartier déclare qu'il n'est "pas choqué" par la proposition d'Henri Guaino, expliquant "que Maastricht ne doit pas être un blocage si les circonstances l'exigent pour soutenir l'économie française et protéger les Français". Du reste, l'ancien directeur de campagne de Philippe Séguin pour le NON au référendum sur le traité de Maastricht n'a fait que décliner le discours de Toulon du président de la République : "Rien ne serait pire qu'un État prisonnier de dogmes, enfermé dans une doctrine qui aurait la rigidité d'une religion, avait dit Nicolas Sarkozy. Imaginons où en serait le monde si le gouvernement américain était resté sans rien faire face à la crise financière sous prétexte de respecter je ne sais quelle orthodoxie en matière de concurrence, de budget ou de monnaie ?".

Mais François Fillon a clos le débat en se posant solennellement en gardien du temple de l'orthodoxie budgétaire. "Nous ne renonçons pas à notre objectif d'un déficit public proche de zéro en 2012", a réaffirmé le chef du gouvernement. "Personne ne comprendrait ou n'accepterait que la France s'affranchisse de façon unilatérale des critères de Maastricht", avait auparavant averti Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, que certains commencent à qualifier de "vice-premier ministre". Fermez le ban.

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