"Roms": où est le problème ? (25 août 2010)

Note inutile, tellement ce que j'ai à dire me semble évident. Inutile mais nécessaire vu ce que je continue à lire ou entendre ici ou là...

 

On peut bien entendu critiquer certaines mesures avancées cet été par Nicolas Sarkozy ou par des membres de la majorité.

Je trouve d'ailleurs à titre personnel scandaleux la proposition d'étendre les cas de déchéance de la nationalité française : on ne peut pas à la fois prôner l'intégration républicaine, c'est-à-dire l'assimilation ("à la schlague" si il le faut, comme dit Élisabeth Lévy), et en même temps opérer une distinction entre citoyens Français en fonction de leur origine.

Pour les mêmes raison que je m'oppose à la "discrimination positive" ou aux "statistiques ethno-raciales", je m'oppose donc à toute idée de déchéance de la nationalité, sauf, comme c'est actuellement le cas, en raison de leur nature, pour crimes et délits contre la nation.

 

On peut également proposer une modification de la législation sur le droit de propriété ou l'entrée et le séjour des étrangers.

 

Mais on ne peut en revanche pas reprocher à l'État de faire respecter la loi, de gré ou de force. Or, concernant les "Roms", il ne s'agit de rien d'autre que de l'application de la loi, comme cela aurait d'ailleurs dû être le cas depuis toujours. Rien de plus. Rien de moins.

L'application de la loi, c'est-à-dire :

- le démantèlement de tous les campements illicites (ou alors, il faudrait abroger le droit de propriété privée).

- la reconduite - volontaire ou non - dans leur pays d'origine de tous les étrangers en situation irrégulière (ou alors, il faudrait libéraliser l'immigration : est-ce vraiment cela que demande Benoît XVI en rappelant "que tous les hommes sont appelés au salut", ce qui "est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines" ?) (1).

 

Dans son discours de Grenoble, le président de la République a certes annoncé à ce sujet deux nouveautés :

- "la décision d'évacuer les campements sera prise sous la seule responsabilité des préfets et leur destruction interviendra par référé du tribunal de grande instance" (il faut actuellement une décision de justice ...qui reste généralement inappliquée : s'il y a bien un problème, c'est dans la non-application de ces décisions de justice et non dans les propos du chef de l'État).

- sanctionner ce que Nicolas Sarkozy appelle l'"abus du droit à la libre circulation", consistant à bénéficier à répétition d'une aide au retour (fraude qui sera de toute façon rendue impossible grâce au fichier biométrique Oscar).

Or, dans le flot de critiques, j'ai lu ou entendu beaucoup de généralités consensuelles mais aucune prise de position sur ces deux points précis.

 

En réalité, la seule faute de Nicolas Sarkozy fut, après les violences commises les 17 et 18 juillet à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) par des gens du voyage, Français, d'opérer un amalgame avec les "Roms", étrangers (plus précisément, Roumains ou Bulgares) et sédentaires, en organisant le 28 juillet une réunion à l'Élysée sur "la situation des gens du voyage et des Roms en France".

Bref, selon moi pas de quoi déclencher une telle polémique, du Conseil de l'Europe au Vatican !

 

(1) Rappel : si la Bulgarie et la Roumanie sont membres de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007, leurs ressortissants ne peuvent séjourner plus de trois mois en France sans démontrer qu'ils disposent de ressources suffisantes pour y vivre sans constituer une charge déraisonnable pour l'État

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