Jean-Louis Borloo entraîne les radicaux hors de l'UMP (16 mai 2011)

Réunis samedi et dimanche 15 mai, à Paris, pour le 111e congrès du Parti radical, les radicaux de droite ont été presque unanimes : 93 % des délégués ont approuvé la motion d'orientation générale demandant à Jean-Louis Borloo, président du parti, "de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2012" et décidant "dès à présent l'indépendance du Parti radical à l'égard de l'UMP".

"Il y a à compter d'aujourd'hui une nouvelle offre politique française", s'est aussitôt félicité Jean-Louis Borloo. Composante de l'UDF (1978) puis mouvement associé de l'UMP (2002), le Parti radical a donc décidé d'adhérer, en tant que membre fondateur, à la confédération de centre droit en cours de constitution. Il s'agit du deuxième parti à se prononcer après le Nouveau centre d'Hervé Morin, et avant la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, le 28 mai, puis l'Alliance centriste de Jean Arthuis, le 2 juillet.

Le Parti radical est toutefois allé plus loin que le Nouveau centre, alors même qu'Hervé Morin se prépare depuis plus longtemps à une éventuelle candidature présidentielle, puisque la motion votée demande à Jean-Louis Borloo d'être son candidat en 2012. L'intéressé s'est toutefois contenté de répondre qu'il prendrait sa décision "entre l'été et l'automne", demandant aux militants de son parti de le laisser "réfléchir encore un peu".

Quoi qu'il en soit, celui qui avait déjà annoncé à titre personnel son départ de l'UMP a surmonté ce week-end un premier obstacle. Élus sous l'étiquette UMP, de nombreux députés souhaitaient en effet que le Parti radical demeure associé au parti majoritaire, au moins jusqu'aux législatives de 2012. 

Vendredi soir, lors de la réunion à huis clos du comité exécutif, la volonté de la base militante a cependant balayé les réticences parlementaires. "Jean-Louis Borloo a donné une belle leçon de courage politique aux parlementaires et l'exemple d'un vrai chef", analyse un président de fédération départementale.

Les radicaux de droite devront par conséquent trancher entre leur appartenance à l'UMP ou au Parti radical. Ce choix devra intervenir au plus tard en janvier 2012, date à laquelle la convention d'association entre l'UMP et le Parti radical s'éteindra.

Mais les députés devront, eux, choisir dès l'ouverture de la session parlementaire d'octobre 2011, puisque Jean-Louis Borloo a parallèlement annoncé dans Le Figaro la constitution à l'Assemblée nationale d'un groupe commun à tous les partis membres de la confédération. Si aucun élu radical ne fait défection, ce groupe pourrait atteindre les 46 députés (23 du Nouveau centre, 21 du Parti radical et 2 de l'Alliance centriste).

Parmi les questions qui restent en suspend figure la dénomination de cette confédération. D'un côté, le Parti radical parle toujours d'"Alliance républicaine, écologiste et sociale", ayant même déposé cette marque auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI).

De l'autre, le Nouveau centre évoque une "Confédération des centres", tout en testant secrètement "Pour une France plus juste" (déjà utilisé en 2006 par Nicolas Sarkozy comme titre d'un discours).

Le "chemin" qu'entend proposer l'ancien numéro deux du gouvernement se veut "clair sur les valeurs, les objectifs, les alliances". De fait, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ne cessent de le rappeler : leur démarche s'inscrit sans ambiguïté au sein de la majorité de droite.

"Ne comptez pas sur moi pour renier les neuf années de gouvernement (1), j'assume la solidarité gouvernementale de cette époque-là, comme nous assumons la majorité et ce qui a été fait de nécessaire pour le pays", a averti Jean-Louis Borloo. Un ton plus modéré que celui de son ancien collègue de gouvernement Hervé Morin, qui se démarque brutalement de Nicolas Sarkozy dans le livre qu'il vient de publier (2).

Ce qui laisse donc à François Bayrou le monopole du centre, à équidistance de la droite et de la gauche. "Le centre, par définition, ce n'est pas une deuxième droite, pas plus qu'une deuxième gauche", a martelé samedi le président du MoDem, à l'issue d'un conseil national de son parti. Avant de dénoncer la "danse du centre" et le "double jeu" de ceux qui tentent de "détourner, dévoyer et capter les voix d'électeurs du centre qui veulent le changement pour les ramener, au bout du compte, parmi les soutiens du pouvoir".

Laurent de Boissieu
La Croix, 16/05/2011

(1) Jean-Louis Borloo a été ministre des gouvernements Raffarin (2002), Villepin (2005) puis Fillon (2007).

(2) Arrêtez de mépriser les Français !, Flammarion, 239 p., 19 €

10:46 | Lien permanent | Commentaires (7) |  Facebook | |  Imprimer | |