Deux enjeux des élections sénatoriales (24 septembre 2011)

1. La gauche peut-elle devenir majoritaire au Sénat?

La gauche détient actuellement 152 fauteuils de sénateurs sur 343: compte tenu des cinq sièges supplémentaires, la gauche devra donc progresser d'au moins 23 élus pour atteindre la majorité absolue (175).

Président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel mise sur une progression de 17 à 30 sièges. Selon moi, plutôt autour de 20 élus (fourchette de 17-21 sièges), ce qui signifie que je ne pense pas que la gauche deviendra majoritaire, à quelques sénateurs près.

Si la gauche n'a jamais été majoritaire au Sénat sous la Ve République, la droite ne l'est véritablement que depuis le ralliement du centre d'opposition à la majorité giscardienne de 1974. Historiquement, le président du Sénat n'a donc pas toujours appartenu à la majorité gouvernementale: Gaston Monnerville (centre gauche radical), en 1959, puis Alain Poher (centre démocrate-chrétien), en 1968, n'étaient pas issus de la majorité gaulliste.

 

2. Les clivages droite-gauche et majorité-opposition vont-ils s'imposer au Sénat?

Contrairement à l'Assemblée nationale, au Sénat les groupes ne relèvent pas seulement d'une logique droite vs gauche, majorité vs opposition. Deux groupes allant du centre gauche au centre droit, l'Union Centriste (UC) et le Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE), comprennent en effet des élus de la majorité comme de l'opposition:

  Majorité Opposition
UC
RDSE

 

Or, au sein de la majorité de droite, la toute nouvelle Alliance Républicaine, Écologiste et Sociale (ARES) ambitionne de créer un groupe homogène de centre droit. Ce qui serait politiquement logique, mais ce qui ferait disparaître pour ses membres l'intérêt de siéger dans un groupe charnière, au positionnement ambigu mais nécessaire pour atteindre la majorité.

En cas de rapport de force droite-gauche serré, l'UC (et en son sein Jean Arthuis, président de la Commission des finances) et le RDSE (présidé par le radical de gauche Yvon Collin) devraient ainsi tenir le rôle de faiseur de roi dans l'élection du président de la Haute Assemblée (le 1er octobre). Avec d'éventuelles retombées pour ses membres en terme de responsabilités (présidence de commission, questure, vice-présidence du Sénat, etc.).

On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens...

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