Sénat et anomalie de la démocratie (15 avril 2013)

Cela fait bien longtemps que je le demande: tout vote sur l'ensemble d'un texte devrait donner lieu à un scrutin public. Tout électeur devrait en effet, pour le moins, pouvoir connaître le vote de son député ou de son sénateur.

 

L'adoption, vendredi 12 avril, à main levée (!), du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe en a encore donné une illustration.

 

D'une part, personne n'a demandé de scrutin public. Ni dans la majorité de gauche. Ni dans l'opposition de droite: les présidents des groupes UMP (Jean-Claude Gaudin) et UDI (François Zocchetto) ou trente sénateurs de droite présents pouvaient pourtant le faire.

D'autre part, les groupes ont communiqué à la présidence du Sénat les intentions de vote de leurs membres... qui seront selon Le Monde publiées au Journal Officiel (!).

On ose imaginer, sur un débat qui mobilise les Français (pour ou contre), au moment où les politiques soufrent d'une perte de confiance, qu'il s'agirait d'un petit arrangement entre amis pour "faire comme si" nos sénateurs avaient accompli leur travail de parlementaire en étant présents puis en votant en toute transparence à travers un scrutin public. On ose l'imaginer, car ce serait bien trop lamentable.

Quoi qu'il en soit, publier officiellement des intentions de vote constitue un véritable délire institutionnel. Pis: une anomalie parmi les démocraties (tous droits réservés Lionel Jospin).

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