Suicide de Dominique Venner: la vraie motivation d'un acte politique (22 mai 2013)

Dominique Venner, qui s'est suicidé ce 21 mai, était une grande figure de l'extrême droite française.

Après l'échec de l'activisme de l'OAS en faveur de l'Algérie française, Dominique Venner fut à l'origine d'une nouvelle doctrine caractérisée par un nationalisme européen (par opposition au nationalisme français) et un néo-paganisme anti-chrétien (opposition entre d'une part les religions du désert monothéistes - judaïsme, christianisme, islam - et d'autre part les religions des forêts, polythéistes, des anciens peuples indo-européens).

Ce fut au sein de ce courant - représenté par la revue Europe Action - qu'apparurent les premières dénonciations de "l'invasion algérienne en France", alors que quelques années auparavant l'extrême droite (dont Jean-Marie Le Pen) défendait encore l'"intégration" ou l'"assimilation" des populations algériennes et musulmanes.

Dominique Venner se consacra toutefois à partir des années soixante-dix à l'écriture de livres d'histoire puis à la publication de revues historiques. C'est donc un autre que lui, Alain de Benoist, qui devint le principal théoricien de ce courant qu'on appellera Nouvelle Droite. Alain de Benoist imprimera sa marque en réorientant le racialisme à l'origine suprémaciste (blanc) d'Europe Action vers un racialisme différentialiste (opérant une différentiation raciale mais plus une hiérarchisation raciale: races égales mais séparées dans un monde composé de nations monoraciales, progressivement sous couvert d'un "droit à la différence" culturelle).

 

Le suicide de Dominique Venner est un acte politique, comme le prouvent ses derniers écrits:

"Il faudra certainement des geste nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes.
Il faudrait nous souvenir aussi, comme l'a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l'essence de l'homme est dans son existence et non dans un «autre monde». C'est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu'à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d'importance que le reste d'une vie. C'est pourquoi il faut être soi-même jusqu'au dernier instant. C'est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l'on est vainqueur du néant. Et il n'y a pas d'échappatoire à cette exigence puisque nous n'avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d'être entièrement nous-mêmes ou de n'être rien." (21/05/2013, ultime note de son blog)

"J'aime la vie et n'attend rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit. Pourtant, au soir de cette vie, devant des périls immenses pour ma patrie française et européenne, je me sens le devoir d'agir tant que j'en ai encore la force.
Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J'offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation (...)
Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies." (dernière lettre de Dominique Venner, lue sur Radio Courtoisie après sa mort)

 

Si Dominique Venner s'était fortement engagé contre l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, la première motivation de son acte n'est pas la loi Taubira mais l'immigration non blanche (extra-européenne):

"Il faut bien voir qu'une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités. Depuis quarante ans, les politiciens et gouvernements de tous les partis (sauf le FN), ainsi que le patronat et l'Église, y ont travaillé activement, en accélérant par tous les moyens l'immigration afro-maghrébine (...)
Les manifestants du 26 mai [prochain] ne peuvent ignorer cette réalité. Leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay. Le «grand remplacement» de population de la France et de l'Europe, dénoncé par l'écrivain Renaud Camus, est un péril autrement catastrophique pour l'avenir.
Il ne suffira pas d'organiser de gentilles manifestations de rue pour l'empêcher." (blog)

"Alors que je défends l'identité de tous les peuples chez eux, je m'insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations." (lettre)

Ceux qui veulent faire de Dominique Venner un martyre du combat contre la Mariage pour tous trahissent donc le sens de son geste.

 

Son choix de se suicider dans une cathédrale n'est pas davantage un acte de foi catholique (il rejette d'ailleurs implictement l'idée de résurrection dans les extraits déjà cités (1)):

"Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre Dame de Paris que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de cultes plus anciens, rappelant nos origines immémoriales." (lettre)

"À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer", écrit en outre Dominique Venner dans cette même lettre, reprenant au passage les critiques formulées par sa famille de pensée vis-à-vis du christianisme, religion universelle.

 

Enfin, au-delà de l'affichage (certainement sincère de la part de l'ancien chevènementiste Florian Philippot) d'une ambition de rassembler tous les "patriotes", l'hommage rendu par Marine Le Pen à Dominique Venner prouve que le FN n'a pas rompu avec l'extrême droite, même la plus radicale.

Entre un nationalisme français assimilationniste ou un nationalisme européen racialiste (déjà défendu par Les Identitaires), Marine Le Pen devra un jour définitivement trancher.

 

 

(1) Sans oublier que l'Église catholique condamne le suicide, comme l'a aussitôt rappelé le site Internet "catholique de droite" Itinerarium.

 

[Ajout] Sur le même sujet, lire Dominique Venner et le renouvellement du racisme sur Fragments sur les Temps Présents.

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