La rumeur de la fin des listes "sans étiquette" (18 mars 2014)

C'est une rumeur relayée y compris par des confrères: il ne serait cette année plus possible de se présenter aux élections municipales en tant que "sans étiquette".

En réalité, il n'en est rien.

 

Tout d'abord, "sans étiquette" n'était guère davantage une nuance retenue par le ministère de l'Intérieur aux élections municipales de 2008, 2001 ou encore 1995. Bref, aucun changement ici.

 

Ensuite, il existe toujours une nuance "liste divers" (LDIV) qui correspond aux "listes divers" (LDV) ou "liste autre" (LAUT) des élections municipales de 2008, 2001 ou encore 1995. C'est dans cette catégorie qu'ont toujours et doivent toujours être classées les listes d’intérêt local "sans étiquette". Bref, aucun changement ici.

 

 

Il y a en revanche bien eu deux changements cette année, qui expliquent l'origine de la rumeur.

 

Premier changement: l'abaissement de 3.500 à 1.000 habitants du seuil pour le scrutin de liste. Or, ces listes inclassables sont surtout présentes dans les petites communes. Bref, elles se sont multipliées cette année.

 

Second changement: dans sa "grille des nuances politiques" (voir aussi mes commentaires ci-dessous), le ministère de l'Intérieur ne s'est plus contenté de proposer des nuances mais a dressé (de façon parfois contestable: CPNT est depuis juin 2012 un mouvement associé de l'UMP) la liste des partis politiques qui définissent chaque nuance.

Conséquence: les listes qui se revendiquent sans étiquette partisane ont rechigné cette année à se retrouver aux côtés de partis politiques considérés comme inclassables par le ministère de l'Intérieur. Ce qui était pourtant déjà le cas depuis toujours!

Une seule chose me semble en revanche anormale: selon l'Association des maires ruraux, certaines préfectures ont attribué de façon arbitraire la nuance "divers gauche" ou "divers droite" au lieu de "divers" à certaines listes. Si je ne suis pas le dernier à traquer parmi les candidatures "sans étiquette" celles qui sont en réalité des "divers gauche" ou des "divers droite" qui ne s'assument pas, il semble que le classement effectué par les préfectures n'ait pas été toujours conforme à la réalité.

 

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C'est sans doute pour faciliter et uniformiser le travail des préfectures que le ministère de l'Intérieur a décidé cette année de dresser la liste des partis politiques qui définissent chaque nuance. Louable intention, étant donné que j'ai pu remarquer par le passé que d'une préfecture à l'autre un même parti n'était pas toujours rattaché à une même nuance.

Il n'empêche que la France n'a malheureusement toujours pas opté pour le choix le plus simple et transparent: donner les résultats de chaque parti politique (à défaut de registre, la CNCCFP fournit une liste des partis au sens de la loi), quitte bien entendu à agréger ensuite en grandes nuances, en prévoyant de ce fait des catégories "divers" pour les "sans étiquette" partisane ("divers extrême gauche", "divers gauche", "divers centre", "divers droite", "divers extrême droite" et "divers inclassables").

Bref, si vous voulez savoir quel résultat a obtenu tel ou tel parti politique qui ne représente pas à lui seul une nuance, il vous faudra - comme je l'ai fait avec les 6.603 candidats aux dernières élections législatives - pointer commune par commune en appelant l'ensemble des partis afin d'obtenir la liste de leurs candidats investis.

Enfin, puisque j'ai effectué ce travail pour la droite ("LUD": "liste union de la droite" et mal-nommée "LUC": "liste union du centre") aux élections municipales dans les villes de plus de 30.000 habitants, il existe par ailleurs de nombreuses erreurs, le ministère de l'intérieur ayant parfois attribué à toute la liste l’étiquette de la seule tête de liste sans tenir compte des alliances électorales et du reste de la liste.

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