Élue à l'Élysée, que ferait en priorité Marine Le Pen? (04 mai 2017)

MLPElysee.jpg

Dans son débat de l'entre deux tours avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen a réduit à néant son travail sur son image et sur son projet en préférant invectiver son adversaire plutôt que de défendre sa vision. Stratégie? Déstabilisation? Peur?

Pourtant, mardi au journal télévisé de TF1, voire ce jeudi sur RMC face à Jean-Jacques Bourdin, elle a prouvé qu'elle pouvait potentiellement être une candidate davantage sérieuse, quoi qu'on pense de ses propositions.

Le débat n'ayant pas permis de saisir ce que ferait Marine Le Pen si elle était élue à la présidence de la République, voici ce qu'on en sait.

Parmi ses 144 engagements présidentiels, Marine Le Pen avait identifié "dix mesures concrètes d'effet immédiat", qui seraient prises "dans les deux premiers mois" de son mandat. L'une d'entre elle a finalement été renvoyée "probablement à la fin du quinquennat": le "rétablissement de la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation".

Les neuf autres constituent donc ses chantiers prioritaires, à condition bien entendu qu'elle obtienne une majorité aux élections législatives de juin. Quatre sont de nature économique: "baisse de 10 % des trois premières tranches de l'impôt sur le revenu et rétablissement de la demi-part fiscale supplémentaire pour les veuves et veufs" ; "rétablissement de la défiscalisation et de la majoration des heures supplémentaires, et revalorisation des petites retraites" ; "réorientation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi vers les TPE/PME exclusivement" ; et "abrogation de la loi travail (loi El Khomri)" (suppression de la possibilité de moduler par entreprise le taux de majoration des heures supplémentaires).

Une seule mesure porte sur l'immigration, sujet pourtant très attendu par les militants FN: la "suppression de l'Aide médicale d'État réservée aux clandestins", qui sera remplacée par "une aide ne permettant le remboursement des soins que dans les cas d'urgence ou présentant un risque d'épidémie". Ensuite, la "suspension des accords de Schengen", possibilité prévue dans les traités et déjà mise en œuvre plusieurs fois, concerne aussi bien l'immigration que la lutte contre le terrorisme. Dans ce domaine, elle prévoit immédiatement d'expulser "tous les fichés S étrangers" ainsi que de "déchoir de leur nationalité française et interdire du territoire les binationaux convaincus de liens avec le djihadisme". Autre mesure: l'"abrogation des lois pénales Dati et Taubira" (rétablissement des peines planchers, suppression des aménagements de peine automatiques).

Enfin, Marine Le Pen organisera un référendum "sur une grande réforme institutionnelle incluant, entre autres, la proportionnelle, le référendum d'initiative populaire, la priorité nationale, la défense de notre identité de peuple et de notre patrimoine historique et culturel, et la réduction du nombre de députés et de sénateurs". Ce qui touche à la représentation proportionnelle – avec une prime majoritaire de 30 % des sièges pour la liste arrivée – et au nombre de parlementaires ne pourra être appliqué que lors des prochains renouvellements. La constitutionnalisation de la "priorité nationale" est destinée à ouvrir la voie à une loi donnant la priorité aux Français pour accéder à un emploi ou à un logement social.

Installée à l'Élysée, elle aura parallèlement engagé des négociations avec les autres États membres de l'Union européenne afin de "retrouver notre souveraineté: monétaire, législative, territoriale, économique". En tête de son projet, cela revient concrètement à leur demander de remettre en cause les fondements mêmes de l'Union: l'existence d'une monnaie unique, le principe de primauté du droit européen sur les droits nationaux, la libre circulation des personnes au sein du marché unique, la compétence exclusive de la Commission européenne dans la conclusion d'accords commerciaux internationaux.

Nul ne sait ce que sera la réaction de nos partenaires au Conseil européen des 22 et 23 juin, ni combien de temps dureront ces pourparlers. Avant le premier tour, la candidate s'était donnée "six mois". Puis, entre les deux tours, elle a renoncé à fixer un délai. À l'issue de cette négociation, elle a promis d'organiser un référendum sur l'appartenance de la France à l'UE. De fait, l'autre politique économique qu'elle promeut nécessite au préalable, soit de changer radicalement l'Union européenne, soit d'en sortir: le protectionnisme, la préférence économique nationale, le refus de la libéralisation de services publics comme la SNCF ou encore une création monétaire directe par la Banque de France.

Autre rendez-vous international: le sommet de l'Otan des 24 et 25 mai, dont elle compte sortir la France du commandement intégré, comme Charles de Gaulle en 1966. Enfin, contrairement à ses prédécesseurs, ce n'est pas en Allemagne que Marine Le Pen entend effectuer son premier déplacement international. Mais dans les États du "G5 Sahel" (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), autour des thématiques de la lutte contre le terrorisme et du développement de l'Afrique, la "première priorité internationale" de son quinquennat.

12:00 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer | |