Vers la représentation proportionnelle ? (18 avril 2007)

Éclairage

 

medium_parlement.jpgMême si la prise de position en faveur d'une dose de proportionnelle de Brice Hortefeux, fidèle de Nicolas Sarkozy, a semé le trouble, les positions sur le mode de scrutin aux élections législatives sont relativement claires. À l'exception, justement, de Nicolas Sarkozy, tous les candidats sont favorables à l'instauration d'une proportionnelle partielle (François Bayrou, Frédéric Nihous, Ségolène Royal, Philippe de Villiers) ou de la proportionnelle intégrale (Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Arlette Laguiller, Jean-Marie Le Pen, Dominique Voynet)*.

Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas avant tout l'élection du président de la République au suffrage universel direct qui implique une bipolarisation de la vie politique entre la droite et la gauche, mais l'élection des députés au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Ce dernier est en effet un "scrutin d'alliances" (Maurice Duverger) : le nombre de sièges d'un parti peut dépendre autant de ses alliances au second tour que de son nombre de suffrages. En 2002, la gauche (PS, PCF, PRG, Verts) et la droite (UMP, UDF, MPF) ont ainsi fait bloc au second tour, à l'exception d'une seule circonscription opposant deux candidats de droite et un candidat de gauche.

Dans une note pour la Fondation pour l'innovation politique (février 2007), le politologue Dominique Reynié a appliqué aux résultats des élections législatives de 1988, 1993, 1997 et 2002 le mode de scrutin proportionnel départemental. Dans un seul cas, en 1997, ni la droite ni la gauche n'auraient obtenu la majorité. La seule majorité possible aurait alors été une coalition post-électorale entre le PS et l'UDF. Quant au FN, il aurait obtenu 30 députés en 1988 (+ 29 sièges), 64 en 1993 (+ 63), 93 en 1997 (+ 92) et 54 en 2002 (+ 54). Partielle ou intégrale, le but de la proportionnelle réside là : ne pas exclure de toute représentation parlementaire les forces politiques en marge des deux pôles majoritaires.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 18/04/2007

* la position de Gérard Schivardi n'a malheureusement pas été identifiée

22:00 | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer | |