Accord Copé - Fillon: qui est le vainqueur? (18 décembre 2012)

Jean-François Copé et François Fillon se sont finalement mis d'accord lundi 17 décembre sur une sortie de crise. Les journalistes ne sont en revanche pas d'accord entre eux sur l'analyse de ce compromis.

Cet accord prévoit qu'"une nouvelle élection à la direction de l'UMP aura lieu au plus tard avant la reprise de la session parlementaire ordinaire d'octobre 2013".

Pour certains de mes confrères, c'est sur la question de la date que les discussions achoppaient entre François Fillon et Jean-François Copé: "avant l'été 2013" pour le premier, "après les élections municipales de mars 2014" pour le second.

Septembre 2013 étant plus proche de juin 2013 que de novembre 2014, lesdits confrères en ont conclu que Jean-François Copé était allé à Canossa devant François Fillon.

Telle n'est absolument pas mon analyse.

 

Comme je n'ai cessé de le répéter, la question de fond n'était pas tant la date du prochain vote pour la présidence de l'UMP que celle de la nature de ce vote.

Or, l'accord entre les deux hommes valide de fait le scrutin du 18 novembre et la proclamation des résultats par les instances statutaires, Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (la fameuse Cocoe) puis Commission nationale des recours.

Pourquoi? Tout simplement parce que l'équipe dirigeante formée par Jean-François Copé (président), Michèle Tabarot (secrétaire générale) et Luc Chatel (vice-président délégué) reste en place. Il est même précisé que "cet accord vaut engagement réciproque, pour le présent et pour le futur, de renonciation à toute procédure contentieuse interne et devant la justice concernant les élections du 18 novembre 2012" (1). Bref, François Fillon renonce définitivement à la voie judiciaire, qui constituait pourtant pour lui le seul moyen légal d'obtenir de force un retrait de Jean-François Copé.


Il ne s'agit donc pas de revoter (comme le voulait François Fillon), ce qui signifiait annuler et remplacer le scrutin du 18 novembre.

Il s'agit simplement d'anticiper la prochaine élection (comme le voulait Jean-François Copé), qui devait statutairement avoir lieu en novembre 2015.

Bref, Jean-François Copé est et restera dans l'histoire le troisième président de l'UMP, après Alain Juppé (2002-2004) puis Nicolas Sarkozy (2004-2007). Même s'il s'est engagé (juridiquement de gré, politiquement de force) de raccourcir son propre mandat (2).


Enfin, l'accord indique que l'équipe dirigeante copéiste sera complétée "notamment" par "un vice-président et une secrétaire générale déléguée". C’est-à-dire, normalement, Laurent Wauquier (vice-président) et Valérie Pécresse (secrétaire générale déléguée), qui composaient l'équipe filloniste. Les intéressés ne pourront cependant pas siéger ès qualités dans les instances du parti ...puisque leur fonction n'est pas statutaire! (3) Dès la proclamation de son élection, Jean-François Copé avait d'ailleurs proposé à François Fillon un poste également non statutaire de vice-président. Un hochet que l'ancien premier ministre avait alors refusé.


Pour conclure, Jean-François Copé a certes considérablement raccourci la durée de son mandat de président de l'UMP, mais il dispose de neuf mois devant lui pour parcourir les fédérations et les plateaux de télévision afin d'installer l'idée que le chef de l'opposition c'est bien lui. Puis, comme j'en suis persuadé, se représenter à la présidence de l'UMP. Et y rester.


(1) "...les élections du 18 novembre 2012", donc y compris le scrutin sur les motions.

(2) La lettre de démission de Jean-François Copé sera-t-elle rendue publique?

(3) Laurent Wauquier et Valérie Pécresse ne sont aujourd'hui pas membres du bureau politique statutaire et ne le seront pas davantage demain en exerçant une fonction non statutaire.

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