Sisyphe ou la dédiabolisation du FN (26 avril 2017)

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Comme tout journaliste qui couvre le FN, je les connais bien. Je pense même qu'ils sont sincères, ces "nationaux-républicains", dont Florian Philippot est le héraut, qui estiment qu'aujourd'hui Marine Le Pen est la seule à porter les idées souverainistes et colbertistes abandonnées - ce qui est incontestable - par la grande masse des héritiers du gaullisme.

Mais vouloir sortir de l'extrême droite un parti enraciné à l'extrême droite n'est pas chose aisée.

Qualifiée au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen ambitionne de former un "large rassemblement des patriotes", qui pourrait rassembler des gaullistes (Nicolas Dupont-Aignan, Henri Guaino), des chevènementistes et certains mélenchonistes.
Dans cette perspective, elle a démissionné de la présidence du parti d'extrême droite. Ce poste est statutairement passé par intérim au premier vice-président, Jean-François Jalkh.

Né en 1957, l'intéressé est l'un des derniers frontistes "historiques" encore présents dans l'organigramme... puisqu'il a adhéré au Front national de la jeunesse en septembre 1974!
À une époque où le FNJ était structuré par des nationalistes révolutionnaires flirtant avec la mouvance néo-nazie. Mais Jean-François Jalkh, lui, ne sera ensuite pas proche de l'aile dure de ce courant (qui quittera le FN entre 1978 et 1981) mais de son aile "solidariste", moins radicale et représentée par Jean-Pierre Stirbois (la séparation stricte entre ces deux ailes s'opère entre 1975 et 1979).

La personnalité de Jean-François Jalkh vient donc rappeler au plus mauvais moment pour Marine Le Pen son enracinement à l'extrême droite.
Rien de surprenant, en effet, de retrouver une brève mentionnant sa participation à une "commémoration de la mort du maréchal Pétain", en 1991 (1):

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Plus surprenant, j'ai retrouvé cet article de 2005 (2) où le nouveau président par intérim du FN n'hésite pas à vanter "le sérieux", "la rigueur" et "l'argumentation" des négationnistes en citant Robert Faurisson: [N.B.: au téléphone, Jean-François Jalkh a démenti auprès de moi avoir à la fois tenu de tels propos et répondu aux questions de Magali Boumaza (3)]

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(1) À noter une erreur dans l'article: Bernard Tissier de Mallerais n'est pas "traditionaliste" mais intégriste, c'est-à-dire schismatique de l'Église catholique.

(2) Revue Le Temps des savoirs, numéro 7, "La Création", Odile Jacob, mars 2005.
La copie d'écran vient du site @rrêt sur images, n'étant pas techniquement parvenu à en réaliser une de l'ensemble de l'extrait.

(3) Auteure en 2002 d'une thèse sur Le FN et les jeunes de 1972 à nos jours: hétérodoxie d'un engagement partisan juvénile (pratiques, socialisations, carrières militantes et politiques à partir d'observations directes et d'entretiens semi-directifs).

 

 

 

 

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