Fillon, les risques de la scission (24 novembre 2012)

Je n'y ai pas cru en mai (cf. ma note "Pourquoi l'UMP n'éclatera pas"), et je n'y crois toujours pas: l'UMP n'éclatera pas (je parle bien d'éclatement, de scission, et non de départs isolés vers l'UDI).

François Fillon aurait en effet selon moi tout à perdre à quitter l'UMP:

1. Les précédents historiques montrent que les scissions n'entrainent jamais la totalité du courant contestataire. Combien parmi les 84 députés et 71 sénateurs UMP ayant soutenu François Fillon seront-ils effectivement prêts à le suivre jusqu'à la dissidence? D'autant plus que, si disposer de son propre parti peut permettre à François Fillon de préparer la primaire présidentielle au sein de la droite prévue en 2016, cela peut s'avérer être un handicap pour préparer les élections locales, à commencer par les municipales de 2014.

2. Quitte à quitter l'UMP, certains fillonistes dissidents - notamment ceux issus de l'UDF ou de DL - pourraient être tentés de rejoindre l'UDI de Jean-Louis Borloo plutôt qu'une "UMP bis" présidée par François Fillon.

3. Mes confrères s'y intéressent soudainement, mais je le martèle depuis des années: la législation sur le financement public des partis et groupements politiques gèle la paysage politique entre deux législatures. C'est ce que je rappelais déjà en mai dernier au sujet de l'UMP: un nouveau parti créé par François Fillon n'aurait droit à aucune aide publique directe, puisqu'il n'existait pas au moment des dernières élections législatives. Ses parlementaires devraient alors se rattacher (seconde fraction du financement public) à un autre parti ayant droit au financement public (première fraction), en métropole ou outre-mer (sur le modèle, sous la précédente législature, du Nouveau Centre avec le Fetia Api). Pour info, vous trouverez ci-dessous, d'après mes calculs personnels, la liste des partis possibles (source).

4. En quittant l'UMP, François Fillon prendrait le titre de dissident et risquerait d'endosser la responsabilité de la division au sein de la droite chiraco-sarkozyste. Je rappelle en outre, même si être dans la place constitue un avantage considérable, que le mandat du nouveau président de l'UMP s'achèvera dès 2015.

 

Sans quitter l'UMP, les fillonnistes pourraient très concrètement:

1. Créer (provisoirement?) un groupe parlementaire distinct.

2. Ne pas se rattacher (provisoirement?) à l'UMP pour la seconde fraction du financement public; comme tous les ans, cette déclaration de rattachement - dorénavant publique - doit être remise aux bureaux des assemblées d'ici au 30 novembre (vendredi prochain). Au mieux les fillonistes trouvent un autre parti qui leur rétrocèdent leur part (l'Association de Financement de l'Association France.9 pouvant servir de réceptacle), au pire ils se rattachent nulle part mais provoquent un manque à gagner pour l'UMP.

Reste à savoir comment réagirait la direction copéiste face à de tels actes de rébellion interne. "Soit on est dans l'UMP, soit on la quitte", s'est contenté de me répondre, hier, Jean-François Copé lorsque je lui ai demandé quelle serait alors sa réaction en tant que président du parti. Bref, l'UMP "love it or leave it"...

 

Partis éligibles à l'aide publique, sous réserve des suffrages obtenus par les candidats déclarés inéligibles et des partis ou groupements politiques ne respectant pas leurs obligations légales:

 

1. Métropole
PS
UMP
FN
EELV
PCF
URCID
NC
CPF
PRG
FG
DLR
LFA
LT-NEHNA
2. Outre-Mer
CDI
Démocratie et République
GUSR
RPG
BPM
FMP
MIM
MLP
MIP
PALIMA
PRM
PPM
RDM
A.BÂTIS
PSG
AMPR
DS
GFR
LREC
PCR
PLR
Réunion avenir, ambition Réunion France
UD
UMM
AD
CSA
IFMOM
PPP
UD
Tavini
Ia Hau Noa
NOETN
RAUTAHI
Te 'Avei'a
Te Mana o te Mau Motu
Taharaa
CE
R-UMP
RPC

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