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15 avril 2008

Le PS tombe le masque

1170098858.jpgLes députés PS ont décidé de s'abstenir sur le projet de loi sur la "modernisation (sic) du marché du travail", qui sera voté solennellement le 29 avril. "Il y a nécessité de respecter l'accord signé par les partenaires sociaux", expliquent-ils.

Que les partenaires sociaux négocient est très bien et souhaitable. Mais les élus de la nation ne sont pas là pour entériner les accords d'une section du peuple français. Ils sont là pour prendre leur responsabilité politique, étant en démocratie les seuls détenteurs légitimes de la souveraineté nationale (Article 3 de la Constitution : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice").

 

Sur le fond, par ailleurs, ce texte comporte trois reculs (il s'agit donc plus d'une contre-réforme que d'une réforme !) :

- le "contrat de mission" d'une durée de 18 à 36 mois (à titre expérimental); autant l'idée d'un contrat de mission n'est pas forcément mauvaise, autant la période retenue est démesurément longue.

- le rallongement de la période d'essai des CDI (2X2 mois pour les ouvriers et les employés; 2X3 mois pour les techniciens et agents de maîtrise; 2X4 mois pour les cadres), alors que celle-ci est déjà suffisamment longue pour que certains employeurs se séparent du salarié en question après avoir pompé des idées, un carnet d'adresses, etc. (des exemples dans mon entourage).

- la "rupture conventionnelle" du contrat de travail, c'est-à-dire "d'un commun accord" entre employeur et salarié. Or chacun sait que le salarié n'est pas (sauf exceptions) dans une situation d'égalité pour négocier face à son employeur.

 

Que les libéraux votent une telle loi de libéralisation du marché du travail est logique; que les gaullistes, les chrétiens sociaux ou les socialistes le fassent ou, tout au moins, ne s'y opposent pas, est proprement incompréhensible. Il ne faudra pas ensuite venir pleurer si les électeurs votent pour les partis extrémistes.

Commentaires

Vous dites que les députés PS "tombent le masque", mais cela fait un bout de temps déjà que les orientations "socio-libérales" (autrement dit libérales qui ne disent pas leur nom) du PS gouvernent l'ensemble du parti, exerçant un plus sur pouvoir décisionnel sur la principale opposition que les lobbys qui ne peuvent "que" se contenter d'un élu à droite, à gauche.

Jusqu'à présent, cela se voyait moins car certains responsables et élus PS s'opposaient avec moult fermeté et tapage médiatique à ces décisions consensuelles envers les libéraux, ce qui n'empêchait pas les lois de passer mais donnait l'impression de l'existence d'une opposition capable et intègre, mais depuis 5-6 ans, ces "gueulards" de l'assemblée, ces "opposants" à la majorité socialiste ne l'ouvrent plus qu'avec l'autorisation signée et contresignée de ces "socio-libéraux".

Concernant les gaullistes, j'ai tendance à penser que le même noyautage a eu lieu dans leur frange politique, mais bien plus tôt... vers quelque chose comme 1988.

Écrit par : Funram | 15 avril 2008

bonjour, en ce qui concerne les gaullistes, le "moment néolibéral" date plutôt de 1981... Sur le PS, en effet, le masque est déjà tombé (bon, OK, mon titre n'est pas génial...). Disons que tant qu'il vote "contre" dans l'opposition (même s'il fait grosso modo la même chose au pouvoir) cela ne se voit pas trop. Mais là, ils se sont mis à découvert ! Cela dit, je ne parlerais pas de complot d'un lobby néolibéral, mais de nouvelles convictions du P"S"...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 15 avril 2008

Effectivement, le terme "lobby" ne peut guère s'appliquer ici, mais à mon avis, parler de "nouvelles convictions" du PS est également exclu : jusqu'à présent, et les congrès successifs l'ont montré jusqu'ici, la frange "social-libérale" (étiquetée comme telle par Jean-Marie Bockel lors du congrès du Mans en 2005) est extrêmement marginale au sein de ce parti. Ces nouvelles convictions libérales ne s'affichent pas comme telles avec empressement. D'ailleurs, dès lors qu'un responsable du PS ose certaines concessions au libéralisme dans ses discours, il se fait assaillir de toutes parts par ses pairs (au premier rang desquels DSK et Fabius, les premiers à dénoncer le libéralisme des autres).

Non, cette infiltration de la pensée libérale et néo-libérale façon Reaggan s'est faite en douceur et en discrétion, par l'intermédiaire de "clubs de réflexion" (la Fondation Saint-Simon, notamment), de têtes de file du PS certes minoritaires au sein de leur parti mais charismatique, médiatique et surtout nombreux (honnêtement, parmi tous les présidentiables, lesquels peuvent se targuer de ne pas pouvoir être taxés de libéraux ?) qui "étouffent" l'espace politique disponible jusqu'à devenir incontournables, voire même de tentatives (avortées) de noyautage par des partis libéraux (cela se produit souvent, mais à connaissance, ça foire tout le temps).

Écrit par : Funram | 16 avril 2008

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