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12 mai 2008

Nous sommes tous concernés par l'abolition de l'esclavage

65995132.jpgÀ l'occasion de la commémoration annuelle, en France métropolitaine, de l'abolition de l'esclavage, Nicolas Sarkozy a annoncé que "la traite des noirs, l'esclavage, ainsi que leur abolition, seront introduites dans les nouveaux programmes de l'école primaire dès la rentrée prochaine".

N'étant pas professeur des écoles, éducateur ou pédopsychiatre, je ne sais pas si la tranche d'âge 3-11 ans est pertinente pour aborder avec des enfants ce crime contre l'humanité.

 

Je suis, en revanche, très choqué par deux choses :

- qu'il y ait plusieurs dates pour commémorer l'abolition de l'esclavage : le 27 avril à Mayotte,  le 10 mai en France métropolitaine, le 22 mai à la Martinique,  le 27 mai à la Guadeloupe,  le 10 juin en Guyane, le 20 décembre à la Réunion.

- que l'abolition de l'esclavage fasse l'objet d'une journée fériée dans une portion seulement du territoire de la République (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte).

 

N'en déplaise aux promoteurs du concept racialiste de "négritude", tout Français - quelle que soit sa couleur de peau, quoi qu'aient fait ses ancêtres (en particulier descendant d'esclave, descendant de négrier blanc, de négrier noir ou de négrier arabe) - devrait se sentir concerné par l'abolition de l'esclavage.

Et le seul geste fort aurait consisté, selon moi, à instaurer un journée fériée unique pour commémorer sur l'ensemble du territoire de la République cette abolition : le 27 avril (1848).

(en en profitant, au passage, pour supprimer les deux jours fériés anachroniques et spécifiques à l'Alsace-Moselle : l'avant-veille de Pâques - Vendredi Saint - et le 26 décembre)

Commentaires

"quoi qu'aient fait ses ancêtres (descendant d'esclave, descendant de négrier blanc, de négrier noir ou de négrier arabe) - devrait se sentir concerné par l'abolition de l'esclavage."

Mouais, enfin, la majeur partie des Francais n'ont aucun lien avec l'esclavage, ni ancêtres négriers, ni ancêtres d'esclaves.
S'agit de ne pas obliger la majorité à se souvenir de quelque chose à laquelle elle n'est pas rattachée.

Car si les jours fériés d'Alsace-Moselle sont anachroniques et spécifiques, l'esclavage l'est tout autant.
S'agit de ne pas l'oublier.

Écrit par : Three piglets | 12 mai 2008

La majorité des Français n'a en effet pas d'ascendant esclave ou esclavagistes, j'ai simplement pris les deux extrêmes potentiels.
En revanche, je ne suis pas d'accord : l'abolition de l'esclavage concerne tous les Français et pas seulement les descendants d'esclaves ou d'esclavagistes.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 12 mai 2008

Si la majorité des Francais n'a aucun lien avec l'esclavage, en quoi cela les concerne tous?

Écrit par : Three piglets | 13 mai 2008

Car l'esclavage appartient aussi à l'Histoire de France. Autant je ne suis pas pour la repentance systématique et l'autoflagellation, autant je ne suis pas pour occulter les pages les plus sombres de l'Histoire de France. Or l'esclavage appartient à l'Histoire de France, qui est un bloc, et pas seulement à l'histoire d'une portion du territoire de la République.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 13 mai 2008

"autant je ne suis pas pour occulter les pages les plus sombres de l'Histoire de France."

Soit, me semble t'il qu'avant l'initiative de Chirac et de Sarkosy, l'esclavage était DÉJÀ enseigné à l'école.
Le commerce triangulaire etc ....
Je n'appelle pas cela une occultation.
Un peu comme l'autre initiative sur la Shoah de Sarkosy dont ne peut pas dire que ce sujet soit sous-traité dans notre programme...
Je crois que les raisons sont autre part...

Écrit par : Three piglets | 13 mai 2008

Là, je vous rejoins ! Il est hallucinant d'entendre des gens se féliciter qu'enfin on enseigne l'esclavage dans les manuels scolaires, alors qu'à ma connaissance cela a toujours été le cas (de même par exemple que le rôle des troupes d'Afrique dans les deux guerres mondiales, qui n'a pas attendu le film Indigènes pour être enseigné). Mais Nicolas Sarkozy parle d'école primaire (comme, en effet, pour la Shoah), et je ne me sens pas habilité à évaluer la pertinence d'une telle décision, n'étant ni professeur des écoles, ni éducateur ou pédopsychiatre.
La raison en est peut-être que Nicolas Sarkozy a une vision communautariste de la société et des individus (j'en avais déjà brièvement débattu avec lui au cours d'une interview) et qu'il se sent donc obligé de lancer des signaux aux différentes communautés qu'il identifie, quitte à feindre de mettre en place ce qui existe déjà.
Sur l'esclavage, je suis favorable à ce qu'une journée fériée commémore son abolition, mais sur l'ensemble du territoire national car cela concerne tous les Français (pour parler clairement : pas seulement les noirs d'outre-mer, comme le fait scandaleusement croire la législation actuelle).

Écrit par : Laurent de Boissieu | 13 mai 2008

Nous sommes d'accord sur la stratégie communautaire de Sarkosy qui me semble , au plus au point, néfaste.

Ensuite, une précision (j'ai vécu aux antilles), vous dîtes:


"Je suis, en revanche, très choqué par deux choses :

- qu'il y ait plusieurs dates pour commémorer l'abolition de l'esclavage"

Ces dates correspondent aux différentes abolitions qui n'ont eu le même jour, historiquement.
voilà tout.
Je doute qu'une jour unique fasse très plaisir aux histoires particulières de chacune des iles des antilles.

Écrit par : Three piglets | 14 mai 2008

La République se doit d'avoir (voire d'imposer) une journée unique de commémoration, qui ne peut être que le 27 avril (1848), jour de signature du décret d'abolition de l'esclavage. La République n'a pas à commémorer une révolte locale (Martinique), le jour de l'arrivée du décret d'abolition (Guyane) ou de l'entrée en vigueur sur place dudit décret de façon anticipée (Guadeloupe) ou différée (Réunion).

Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 mai 2008

Concernant les enfants,
- je peux témoigner que mon petit garçon de bientôt 5 ans est incapable, même si on lui explique bien, de saisir la notion de la traite !
- par ailleurs, ma fille de 8 ans peut la comprendre mais celà m'ennuierait qu'on lui explique : elle ne fait aucune différence d'origine entre ses amis (ses meilleurs amies sont pour certaines d'origine tunisienne ou algérienne) et je ne voudrais pas qu'on lui inculque des notions qui vont commencer à la faire penser en terme de race, ce qu'elle ne fait pas. Insister là-dessus auprès de qqun qui ne connaît pas encore l'histoire, n'est-ce pas insidieusement et inutilement induire la notion-poison de supériorité-infériorité raciale ?

Écrit par : Libéral européen | 14 mai 2008

@Libéral européen. Tu soulèves là un problème de fond, dont je parle souvent dans mes notes. Là où les racistes ont échoué, les interventionnistes de la diversité raciale sont en train de réussir. Certes, il ne s'agit pas des mêmes intentions, mais il s'agit dans les deux cas d'une vision racialiste du monde. La notion-poison insidieusement et inutilement induite n'est plus la supériorité-infériorité raciale mais la différenciation raciale. Or les races n'existent pas, si ce n'est visuellement. Et parler de différenciation raciale c'est risquer de basculer dans un apartheid mondial ("égaux mais séparés").

Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 mai 2008

Réflexion intéressante Laurent (je me permets de vous appeler par votre prénom, pardonnez moi d'avance):

Si les races n'existent pas, alors parler de "noirs" ne veut strictement rien dire.
Ou alors, parlons d'ethnie si le mot "race " est tabou, mais cela ne change rien au problème que vous soulevez.
Il y a visiblement deux visions du monde, d'un côté les différencialistes (dont faisait parti Aimé Césaire, avec sa négritude, sans que cela n'émeuve les éternels anti-racistes), qui se basent sur une observation, sociale ou biologique peu importe à la limite, de différences entre groupes "sociaux" (glissement sémantique nécessaire) et de l'autre les indifférencialistes, qui seraient des super-individualismes ne pensant pas que l'hérédité ne soit pas une donne ayant un impact sur la réalité et donc sur le politique.

Vous parlez d'un risque de basculement dans "un apartheid mondial" , n'étais ce pas le cas depuis le début de l'humanité?
C'est d'ailleurs ce grand mélangisme lié à la colonisation européenne, ce "on vient chez eux" qui nous ai reproché aujourd'hui.
L'apartheid mondial ne peut être pensé (n'ayez crainte, visiblement le capital médiatique détenu par la haute bourgeois nous vaccine avec le "vivre ensemble" obligatoire) que si il y a un gouvernement mondial, sans celui ci, le concept même d'apatheid est impossible.
Ou alors, il faut déclarer toutes les frontiéres "racistes"...
Et déclarer toute l'histoire de l'humanité basée sur les groupes héréditaires de "raciste".
L'anti-racisme, dans ce cas, devient une idéologie au même titre que le racisme, racialisant toute l'histoire et toutes politiques.
Mais peut être que le racisme et l'anti-racisme possèdent la même matrice idéologique après tout?
(comme le nazisme et le communisme en leur temps).

Écrit par : Three piglets | 14 mai 2008

@Three piglets. Nous ne sommes pas du même côté de la barricade, mais nous sommes bien d'accord : philosophiquement, il y a d'un côté les différentialistes (de la négritude à l'Europe des ethnies) et de l'autre les indifférentialistes (les humanistes, dont je suis). Ce que j'ai reproché dans mes précédentes notes à la pensée d'Aimé Césaire, vous le revendiquez.
Au moins, je vous reconnais la cohérence, ce qui n'est en effet pas le cas de ceux pour qui "fier d'être noir = Panthéon" mais "fier d'être blanc = prison".

Écrit par : Laurent de Boissieu | 15 mai 2008

Cher Laurent,

L'humanisme se caractérise par un retour aux textes antiques.
Il se peut que, lors de ce retour, vous tombiez sur Aristote.
Et notamment sur le lien ethnos/polis.
Ne vous en faîtes pas, Aristote n'est pas un disciple du Pierre Vial, les dates ne correspondent pas.

Cordialement.

Écrit par : Three piglets | 15 mai 2008

Sauf que mon humanisme fonde l'universalisme, alors que vous, vous cherchez dans un "humanisme" le contraire, le fondement de votre vision racialo-ethniciste du monde (cela fait partie des mots dont nous ne donnons visiblement pas la même définion, comme je l'ai écrit dans une autre réponse).
Je retiens d'Aristote que l'Homme est "par nature un animal politique", c'est-à-dire vivant en "communauté politique", mais je ne vois pas en quoi cette communauté aurait une base racialo-ethnique (et quand bien même ce serait ce que pense Aristote, cela ne changerait rien à ce en quoi je crois !).
Tenez, je vous invite sur le sujet à lire ce texte de Pierre Aubenque, qui fait plus autorité qu'Yvan Blot sur la pensée d'Aristote :
http://espaceeducatif3.ac-rennes.fr/jahia/webdav/site/espaceeducatif/groups/PHILOSOPHIE_Webmestres/public/Formation/CommAubenq.pdf

Écrit par : Laurent de Boissieu | 15 mai 2008

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