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03 juin 2009

La Turquie a-t-elle sa place dans l'Union européenne ?

La Croix a interrogé les partis en lice aux élections européennes sur les grandes questions qui se posent à l'Union européenne.

 

La Turquie a-t-elle sa place dans l'Union européenne ?

 

Il y a au moins un sujet européen sur lequel les clivages partisans sont clairs et nets : celui de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. La gauche y est favorable, et la droite fermement opposée. C'est même une des « dix raisons » avancées par l'UMP pour convaincre les électeurs de voter en faveur de ses listes, affichant « l'engagement ferme de la majorité présidentielle et de Nicolas Sarkozy » contre l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne. En lieu et place d'une adhésion, l'UMP propose « un partenariat privilégié », sachant qu'un traité d'association lie déjà, depuis 1963, Bruxelles et Ankara.

Si l'UMP a longtemps été gênée par la question turque, Jacques Chirac étant, lui, favorable à cet élargissement, c'est en revanche un cheval de bataille des souverainistes. « La Turquie est sans doute un grand pays, mais il n'a jamais appartenu à l'Europe et n'a donc pas à participer aux institutions qui régissent son destin », argumente Philippe de Villiers (MPF). « C'est un parti islamiste, même modéré, qui est au pouvoir en Turquie », s'alarme Frédéric Nihous (CPNT), son allié au sein de Libertas. Une pierre dans le jardin de l'UMP, associée au PPE avec le parti en question, l'AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Du reste, nombreux sont ceux qui accusent le président de la République de « mentir » sur le sujet. « Nicolas Sarkozy agite à Paris le chiffon rouge de la Turquie, mais à Bruxelles il a donné systématiquement son accord à la poursuite du processus de négociation », a dénoncé, durant la campagne, Benoît Hamon. Parlementaire européen sortant et porte-parole du PS, ce dernier explique en effet que « sous la présidence française de l'Union européenne, il a ouvert deux chapitres supplémentaires dans la négociation avec la Turquie ».

Quoi qu'il en soit, le PS est ouvertement favorable à la poursuite de cette négociation. « Ce serait une erreur de rejeter par avance la Turquie, explique Harlem Désir, tête de liste en Île-de-France. Il faut souhaiter qu'elle finisse par adhérer pleinement aux valeurs européennes. L'Europe ne se définit pas par des valeurs religieuses mais par ses valeurs universelles, qui doivent permettre le rassemblement de peuples différents. » De fait, tous les partis de gauche favorables à l'adhésion de la Turquie posent en préalable plusieurs conditions « non négociables » : démocratisation, respect des droits de l'homme et des minorités, reconnaissance du génocide arménien, etc.

« C'est à la Turquie de décider si elle est ou non prête à faire les pas nécessaires pour adhérer, résume Hélène Flautre, eurodéputée sortante des Verts. Fermer a priori la porte aurait des conséquences désastreuses en décrédibilisant les forces démocratiques qui se battent pour l'égalité entre les hommes et les femmes, la liberté d'expression et la liberté religieuse. Ceux qui le font montrent leur incapacité à penser une société européenne multiculturelle et nient la réalité d'aujourd'hui, où plusieurs dizaines de millions de musulmans vivent déjà en Europe. » Plus critique, Christian N'Guyen, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), estime que « ceux qui insistent sur la question des droits de l'homme pour la Turquie ne doivent pas oublier que lorsqu'on balaye un escalier, il faut commencer par les marches d'en haut : il y a à l'intérieur de l'Union des pays qui ont aussi des progrès à faire, notamment sur la question du droit des femmes à l'avortement, comme l'Irlande ou Chypre ».

Enfin, le MoDem, longtemps très hostile à cet élargissement, est sur une ligne aujourd'hui plus ambiguë. Pour la Turquie, mais aussi l'Ukraine voire la Biélorussie, dans « une zone de libre-échange, une Europe du grand cercle à contenu faible ». Mais contre la Turquie au sein d'une « Europe du petit cercle à contenu fort », ayant pour « noyau dur » l'Eurogroupe et « continuant à avancer dans la voie de l'intégration » politique. Cette seconde Europe ayant bien entendu la préférence du MoDem.

 

Laurent de Boissieu et Mathieu Castagnet

© La Croix, 20/05/2009

Commentaires

Les choses ne sont malheureusement pas si claires que cela pour Madame Grossetête, eurodéputée sortante "de droite", que voici en train de voter les crédits de pré-adhésion del a Turquie à l'UE http://http-jean.du.terroir.over-blog.fr.over-blog.com/article-32238133.html

Écrit par : JEAN DU TERROIR | 05 juin 2009

Hélas, la construction européenne fut trop rapide. Elle n'a de fait plus la même signification ni la même symbolique que lorsque nous étions six ou quinze Etats-membres. À vingt-sept, c'est une Europe ingérable et inconciliable: la France délègue sa souveraineté et est contrainte de s'asseoir sur le vote à l'unanimité... cela ne me semble pas un progrès.

L'Union européenne est devenue vide de sens dans la mesure où elle n'est plus maîtresse de son destin. L'Europe si elle devenait fédérale, sans autonomie militaire ni cohésion diplomatique, n'aurait qu'un seul fédérateur: les Etats-Unis. De Gaulle l'avait pressenti. Or si les Etats d'Europe avaient eu une politique étrangère et de défense commune, ils auraient suivi les Etats-Unis dans leur guerre en Irak (volonté manifeste des PECO qui ne voulaient QUE le parapluie américain et se moquaient des velléités d'indépendance de la France).

Pour ce qui est de la Turquie, concevoir son entrée dans l'UE serait une pure folie en raison de sa situation géographique et démographique (la nombre de ses élus au Parlement européen serait disproportionné). J'ajoute que les Etats-Unis sont attachés à son entrée dans l'UE car la Turquie achèverait de rompre l'équilibre précaire dans la prise de décision au sein de l'UE.

Écrit par : Lothaire | 16 juin 2009

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