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19 octobre 2009

Le FN compte sur les régionales pour se rappeler au bon souvenir de la droite

Pour Jean-Marie Le Pen, qui a tenu, samedi, à Cuers (Var), sa première réunion de campagne pour les élections régionales de mars 2010, son retour en Provence-Alpes-Côte d'Azur est une "candidature de revanche". Élu en 1992 et en 1998 au conseil régional, il avait été démis de son mandat en 2000 à la suite d'une condamnation, tandis qu'en 2004, sa candidature fut invalidée pour un problème de domiciliation fiscale. Or, le président du Front national (FN) y conserve une implantation électorale susceptible d'imposer à la droite une triangulaire fatale. Il s'agit en effet d'une des trois régions - avec la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais - où il a dépassé le seuil des 10 % des suffrages exprimés, aussi bien à la présidentielle de 2007 qu'aux dernières élections européennes.

Le FN, qui ne cesse de décliner sur le plan électoral, ne peut cependant au mieux espérer se qualifier au second tour des régionales que dans une petite dizaine de régions, contre le double en 2004. "Le FN est malade et fait face à un vrai problème de crédibilité, commente Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion publique de l'Ifop. En termes d'organisation, il ne s'est jamais remis de la scission des mégrétistes." Sans compter que, dix ans après, une nouvelle dissidence, celle du Parti de la France de Carl Lang, le prive à nouveau de nombreux cadres régionaux. Les finances du parti sont par ailleurs exsangues depuis les législatives de 2007. Pour ne rien arranger, le FN pourrait être handicapé dans sa qualification au second tour des régionales par la concurrence, ici ou là, de petites listes comme la Ligue du Sud de Jacques Bompard (ex-FN, passé au MPF) en Paca, ou encore celles du Parti de la France et du Bloc identitaire, qui a affiché ce week-end ses ambitions électorales.

Reste à savoir si le Front national sera en mesure de récupérer une partie de l'électorat de Nicolas Sarkozy, récemment pris à contre-pied sur plusieurs sujets : taxe carbone, polémiques autour de Frédéric Mitterrand puis de Jean Sarkozy... Jean-Marie Le Pen a ainsi annoncé son intention de faire une campagne "autant nationale que régionale" afin de démontrer "la supercherie générale de Nicolas Sarkozy".

"Si le FN remonte, la majorité sera dans une situation plus difficile, confie un ministre UMP. Nicolas Sarkozy sait qu'il doit revenir à ses fondamentaux et met la pression sur Brice Hortefeux." De fait, le président de la République multiplie lui-même ce que Jérôme Fourquet nomme des "piqûres de rappel" vis-à-vis de son électorat de 2007 : fermeture de la "jungle" de Calais; réapparition jeudi dernier, à l'aciérie de Gandrange (Moselle), du "Sarkozy ouvriériste"; propos le lendemain dans Le Figaro sur la castration chimique pour les criminels sexuels, etc.

"Nicolas Sarkozy est plus préoccupé de sa droite que de sa gauche, poursuit ce ministre et dirigeant de l'UMP. C'est pour cela qu'il a dégagé l'horizon à sa droite." Une allusion à l'intégration au sein du comité de liaison de la majorité présidentielle, cet été, de Philippe de Villiers et du parti Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT).

Impossible, toutefois, de pronostiquer ce que sera aux régionales le comportement de la partie de l'électorat sarkozyste qualifiée par Jérôme Fourquet de "troublée", voire "déboussolée" : vote FN, vote UMP "contraint", ou abstention.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 19/10/2009

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