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14 janvier 2010

Marine Le Pen, républicaine?

Comment en est-on arrivé là?

Je viens de regarder le débat, sur France 2, entre Éric Besson (UMP) et Marine Le Pen (FN). Quel désastre !

Marine Le Pen a en effet eu beau rôle de défendre le principe constitutionnel d'"égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion" face à un ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale qui défendait, lui, une politique de "discrimination positive" et la notion de "diversité" ethno-raciale.

Comment en est-on arrivé là pour que ce soit l'extrême droite qui défende la République?

Bien entendu, le FN n'est absolument pas crédible dans ce rôle, puisqu'il s'agit justement du premier parti à avoir introduit en politique une différenciation entre citoyens français à travers l'utilisation de l'expression "Français de souche" (pour les démographes de l'Ined, le Français de souche est celui qui n'a pas au moins un de ses grand parent immigré).

Après avoir abandonné dans les années quatre-vingt la Nation à l'extrême droite, pourquoi faut-il qu'aujourd'hui la droite et la gauche de gouvernement lui abandonnent la République?

sosegalite.jpg

Commentaires

Bon commentaire de la situation, en effet. Après la promotion du "droit à la différence" par l'extrême-gauche supranationale et la "gauche américaine" (dixit J.-P. Chevènement), la promotion par la droite (faussement) "gaulliste" de la "diversité" a marqué l'abandon par la plupart des responsables politiques des grands "partis de gouvernement" des principes fondateurs de notre République, et même de notre Nation (au contraire de Jean-Luc Mélenchon et de Marianne, je ne fais pas naître la Nation française en 1789). Au point de faire apparaître la distinction du FN entre français "de souche" et "de branche" comme authentiquement républicaine (cette distinction n'a jamais été adoptée en République ni même sous le régime de l'Etat Français, mais il est vrai que jusqu'en 1946, le principe d'assimilation par le droit du sol ne donnait automatiquement la citoyenneté française qu'aux gens nés en France de parents nés en France, c'est-à-dire à la troisième génération d'immigrés, contre la deuxième aujourd'hui).
Quelle dégringolade !

Il est néanmoins drôle (mais tragique pour la France) de constater que les promoteurs de cette vision ethniciste (et même racialiste) qui n'a jamais été avant les années 1970 que celle de certains groupuscules d'extrême-droite est aujourd'hui promue en premier lieu par des partis de gauche et de droite dits "républicains". Un peu comme quand B.-H. Lévy, A. Glucksmann et quelques autres signaient dans Le Monde une tribune contre le "racisme anti-blanc", une marotte que même le FN (Lepen parlait de "racisme anti-français", ce qui est assez étrange...) ou la nouvelle droite n'avaient osé soulever.

Vivement que le général réssuscite !

(avec le temps, je deviens gaulliste, moi...)

Écrit par : Brath-z | 22 janvier 2010

Je ne suis pas d'accord Brath-z sur deux points :

1) "Au point de faire apparaître la distinction du FN entre Français ... authentiquement républicaine" : cela ne fait absolument pas davantage apparaître cette distinction comme républicaine ! C'est la contradiction interne du nouveau discours du FN : dénoncer à juste titre l'antirépublicanisme du discours de la droite et de la gauche de gouvernement (dans la mouvance du FN vient même de se créer une association SOS Égalité) ...tout en tenant un discours antirépublicain. En fait, le discours du FN n'est républicain que lorsque cela arrange le "Français de souche". C'est comme la frange de cathos antilaïques ...devenus subitement défenseurs de la laïcité depuis qu'ils la perçoivent comme un rempart contre l'islam, même si au fond ils ne sont pas du tout laïques.

2) Il existe bel et bien un "racisme anti-blanc", qu'il convient de combattre tout autant que les autres racismes ...avec les mêmes précautions : ne pas parler systématiquement de racisme lorsqu'un différent oppose deux personnes qui, par hasard, ont des couleurs de peau différentes. (en revanche, parler de "racisme anti-Français" comme le FN est un non-sens puisqu'être Français n'est pas une race).

Écrit par : Laurent de Boissieu | 22 janvier 2010

La difficulté avec le FN, c'est - depuis toujours - le hiatus existant entre l'explicite et l'implicite.
Sauf erreur de ma part (ça fait longtemps que je ne regarde plus ce que devient ce groupuscule..) le discours explicite officiel repose sur une distinction entre citoyens et non citoyens (les "étrangers") qui n'est pas nécessairement facile à combattre. Cette distinction existe en effet depuis toujours dans la loi républicaine et est même généralement jugée naturelle dans un certain nombre de domaines (droit de vote, service militaire, etc.).

La position implicite du FN est cependant bien différente à en juger par le parcours idéologique des fondateurs, le discours des militants, les "dérapages" contrôlés, les thèmes développés, les références pour initiés, la presse de jeunes (je me souviens de numéros faisant explicitement référence à des symboles païens exhumés par les nazis), les passerelles avec d'autres groupuscules, etc. Tout concourt à développer des positions racistes et encourager une réaction raciale des petits et grands blancs aux problèmes rencontrés dans la société française.

Le lien entre positions implicite et explicite du FN a toujours largement reposé sur l'ambiguïté monumentale du mot "immigré", qui met dans le même sac :
- le Français ayant tout ou partie de ses aïeux d'origine étrangère parfois depuis très longtemps (exemples marquants : les quatre communes africaines de Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque avaient envoyé un député aux Etats-Généraux de 1789, ou le chevalier de Saint-Georges (1745-1799), fils d'une esclave africaine, affranchi, puis parfaitement "intégré" en France : conseiller du roi, grand escrimeur et musicien),
- le Français récemment naturalisé,
- l'étranger vivant en France légalement,
- l'étranger vivant hors-la-loi en France.

Donc au final, affronter directement le discours explicite du FN, adroitement collé à la simple distinction juridique du citoyen et du non-citoyen, n'est pas un exercice si facile. Mais c'est aussi un leurre voire un piège puisque ce n'est pas là la véritable pensée et le véritable combat du FN.

Écrit par : Libéral européen | 22 janvier 2010

@Libéral européen : non, justement, sur cette question le discours explicite du FN est en soi antirépublicain puisqu'il utilise la notion de "Français de souche", opérant donc un tri entre citoyens français.
Parler de Français/citoyens et d'étrangers/non citoyens est effectivement on ne peut plus républicain ! Quant au mot "immigré", il permet en effet, lui, toutes les ambiguités...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 22 janvier 2010

Vous ne m'avez pas compris, M. de Boissieu :

1) Quand j'ai tapé "Au point de faire apparaître la distinction du FN entre français "de souche" et "de branche" comme authentiquement républicaine", je voulais dire que par comparaison avec le discours "différentialiste" de la gauche et de droite institutionnelles, la distinction du FN entre français "de souche" et "de branche" (je m'étonne d'ailleurs qu'il n'y ai pas dans le lot les français "de racine" ou "de feuille" ;p) semble pour beaucoup de monde une position hautement républicaine, alors que, bien évidemment, cette position est non seulement non républicaine mais est également anti-républicaine, puisqu'allant à l'encontre, tout comme le discours sur la "diversité", de l'indifférenciation des citoyens en termes raciaux (ethniques, si vous voulez un mot plus socialement accepté). C'est effectivement le principe du discours du FN, qui dénonce le discours antirépublicain quand ça l'arrange et prononce lui-même un discours antirépublicain sur bien des points. Seulement, par comparaison, ce dernier discours apparaît comme "plus" républicain que celui de nos actuels gouvernants (j'ai mit "plus" entre guillemets car je ne pense pas le républicanisme sécable : on est républicain ou on ne l'est pas).

2) Je ne nie pas l'existence du racisme anti-blancs (j'en ai moi-même été victime à trois ou quatre reprises, d'ailleurs), simplement je constate que la plupart des signataires de cette tribune contre le racisme anti-blancs ont, pendant des années, nié son existence et au contraire accusaient de racisme (anti-noirs, anti-arabe, ou autre) quiconque y faisait allusion, ce qui me fait bien rire. J'apprécie toujours quand, sans en avoir l'air, les tartufes se dédisent. D'où le rapprochement que j'ai fait avec l'adoption par les principaux "partis de gouvernement" de la vision ethniciste, voire racialiste, qui auparavant était l'exclusivité de certains groupes d'extrême-droite (du genre dont Tixier-Vignancourt lui-même aurait eu honte).

Écrit par : Brath-z | 22 janvier 2010

"Comment en est-on arrivé là ?" vous interrogez-vous. Peut-être qu'à force de courir après le "politiquement correct" et d'abandonner la défense de convictions au profit des seules courbes d'études d'opinion, nos gouvernants et les principaux partis ont laissé les groupes extrêmistes récupérer des pans entiers des valeurs républicaines. L'UMP n'est plus qu'un conglomérat qui ne pense que "stratégie" pour conserver le pouvoir et n'a plus aucune colonne vértébrale idéologique. Ceux qui font de la politique pour défendre des valeurs, sans se soucier du niveau de popularité que leur confère cet exercice ou des opportunités de carrière que pourrait leur offrir leur engagement, sont minoritaires. On les retrouve, par exemple, au sein de Debout La République, mouvement présidé par Nicolas Dupont-Aignan. Néanmoins, ces "petits" mouvements peinent à exister dans le paysage politique français car leurs actions ne sont partiquement jamais relayées par les médias nationaux.

Écrit par : P. BILLAT | 24 janvier 2010

Tiens, sur ce sujet, précisément, voila que je tombe sur cet article, publié sur marianne2.fr : http://www.marianne2.fr/Les-reves-et-les-tourments-de-Marine-le-Pen_a184344.html

Écrit par : Brath-z | 27 janvier 2010

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