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29 juillet 2010

Financement politique : l'exemple de Debout la République

Après avoir détaillé - en exclusivité - les flux financiers entre l'UMP et le PS respectivement avec les autres structures politiques, attardons-nous quelques instants sur l'exemple de Debout la République, parti représenté au Parlement (avec officiellement deux députés : Nicolas Dupont-Aignan et François-Xavier Villain) mais qui ne dispose pas du financement public.

 

Rappelons le contexte : Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout la République, est un des derniers fidèles du gaullisme originel, à la fois social et souverainiste. Comme Jean-Pierre Chevènement à gauche, sa stratégie a oscillé entre essayer de changer la droite de l'intérieure (Nicolas Dupont-Aignan a été candidat à la présidence de l'UMP en 2002 puis en 2004) ou incarner une alternative à la droite et à la gauche (il a tenté d'obtenir les parrainages nécessaires à sa candidature présidentielle en 2007, après avoir quitté l'UMP).

 

Aux élections législatives 2007, Debout la République a bien présenté plus de cinquante candidats mais n'a pas répondu au nouveau critère instauré en 2003 par le gouvernement Raffarin pour avoir droit au financement public : qu'ils obtiennent chacun au moins 1% des suffrages exprimés. Bref, Nicolas Dupont-Aignan s'est retrouvé député sans pouvoir faire bénéficier son parti de la fraction de financement public issue du rattachement annuel des parlementaires.

D'où l'idée de se rattacher à un parti politique bénéficiant de la première fraction et qui lui rétrocéderait les sommes issues de la seconde :

- pour 2008, Nicolas Dupont-Aignan s'est rattaché au Mouvement Écologiste Indépendant (MEI) d'Antoine Waechter (44.394€ de seconde fraction)

- pour 2009, Nicolas Dupont-Aignan ainsi qu'un autre député et un sénateur se sont rattachés au Rassemblement pour la Calédonie de Jacques Lafleur (133.477€ de seconde fraction)

- pour 2010, les parlementaires DLR se sont rattachés avec des divers droite à la structure Démocratie et République du sénateur de la Moselle Jean-Louis Masson. De fait, cette structure est aujourd'hui devenue la roue de secours pour le financement des activités politiques de parlementaires divers droite : pour 2008, 3 sénateurs s'y sont rattachés; pour 2009, 3 députés et 4 sénateurs; pour 2010, 5 députés et 4 sénateurs (en attendant pour 2011 les députés villepinistes prêts à rompre avec l'UMP ?).

 

Ce procédé est donc le seul moyen pour Debout la République de recevoir du financement public de ses parlementaires. Ce qui est vital, puisque cela constituait en 2008 (derniers comptes publiés) la première source de financement du parti :

- 40% de contributions reçues d'autres formations politiques (126.000€)

- 30% de dons de personnes physiques (94.615€)

- 19% de cotisations des adhérents (59.995€)

 

Il n'en reste pas moins que ce procédé parfaitement légal - qui a débuté fin 2004 avec le parti Le Trèfle d'Albert Lapeyre (alors membre de la direction de Debout la République) -  présente trois inconvénients :

- aucune garantie de rétrocession de la seconde fraction du financement public (sans compter que le parti "ami" peut réclamer au passage un pourcentage !)

- opacité la plus complète puisque - véritable scandale démocratique - le rattachement financier annuel des parlementaires est secret

- détournement de l'esprit de la loi sur le financement de la vie politique (le Nouveau Centre utilise d'ailleurs exactement le même procédé avec le Fetia Api) ...même si cette loi va justement selon moi à l'encontre du pluralisme politique

Commentaires

Merci pour ces précisions. C'était tout de même étonnant cette relation MEI/DLR... Tout s'explique (ou presque).

Écrit par : NM | 29 juillet 2010

Jean Louis Masson roue de secours, je trouve l'image désobligeante. Bon Samaritain de la droite non-inscrite, plutôt. Ce matin, il y avait un communiqué de N. Dupont-Aignan sur le site de DLR-La Mer Monte, en réaction à l'infographie du Monde; il a disparu depuis. C'est étrange.

Écrit par : déçu | 29 juillet 2010

Mais non, c'est très utile une roue de secours...
Oui, Nicolas Dupont-Aignan m'avait dit qu'il ferait dans la journée de jeudi un communiqué sur le sujet, mais je n'en vois trace ni sur son blog ni sur le site de Debout la République.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 29 juillet 2010

Pourtant je vous assure que je l'ai vu, hier matin après avoir lu votre billet, je ne ma rappelle plus de l'heure, peut-être avant 10 heures. Je me suis dit "tiens il avoue", il reconnaissait le rattachement à JL Masson. Quand j'ai constaté qu'il avait disparu, j'ai pensé : "c'était en effet peut-être pas très malin". Voilà, vous savez (presque) tout de ma vie intérieure. La prochaine fois, je ferai une capture d'écran. Je suis pas journaliste, même si je pense avoir le Don. Or comme disait Brassens à propos d'autre chose, sans technique, un don n'est qu'une sale manie.

Écrit par : déçu | 30 juillet 2010

Il est bien là !
http://www.debout-la-republique.fr/-Dernier-edito-.html

Dans une rubrique "Mailing" mais pas dans la rubrique "Communiqués de presse"; il date en outre du mercredi 28 juillet 2010 à 20h41 : étrange, vu que NDA s'était engagé auprès de moi à ne pas communiquer sur le sujet avant jeudi matin et la publication de mon article.

Cela a failli être un - mauvais - classique du métier de journaliste : nous enquêtons sur un sujet, nous appelons une personnalité politique... qui publie dans la foulée un communiqué avant la publication de notre article ! (le pire que j'ai connu : un homme politique qui a organisé à la dernière minute une conférence de presse avant la publication d'un entretien exclusif ...qui du coup a fait pschitt !)

Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 juillet 2010

Eh bien en fait je l'ai retrouvé : http://www.debout-la-republique.fr/Communique-Debout-la-Republique.html - vous pouvez supprimer le commentaire précédent.

Écrit par : déçu | 30 juillet 2010

Nos messages se sont croisés...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 juillet 2010

Bon je ne commenterai pas votre article sur DdV et ses nouveaux amis; pour commenter, il faut avoir un minimum d'empathie avec le sujet, or DdV a ceci de particulier qu'il arriverait presque à rendre Nicolas Sarkozy sympathique. C'est dire. Bonne journée à vous.

Écrit par : déçu | 30 juillet 2010

Les commentaires sont fermés.