14 septembre 2013
L'UMP face au Front national: les 6 positions possibles au second tour
Face au Front national, l'UMP peut adopter six positions différentes au second tour:
Le "front républicain"
Quoi? Cette position part du principe que le FN n'appartient pas à l'"arc républicain". Elle consiste donc, face à un candidat d'extrême droite qualifié au second tour, à se désister en faveur du candidat le mieux placé issu d'un parti appartenant à l'"arc républicain".
Qui? Minoritaire au sein de l'UMP, cette position est défendue par François Baroin et Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle fut également défendue par François Fillon aux élections cantonales de 2011.
Qui? La référence est le soutien apporté par le PS à Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002.
La préférence socialiste
Quoi? Cette position consiste à donner par défaut une préférence au PS face au FN, considérant que la droite modérée est politiquement plus proche (ou moins éloignée) de la gauche modérée que de l'extrême droite (par exemple sur la question de la construction européenne ou de la mondialisation). Il s'agit donc de se retirer en faveur du candidat PS mais sans s'allier avec lui et en l'assumant plus ou moins clairement (généralement à travers un appel "à ne pas voter FN" voire "à voter tout sauf FN").
Qui? Personne ne défend publiquement au sein de l'UMP cette position, de fait très proche du "front républicain" qui lui est préféré. Ce dernier présente en effet un avantage: conférer une justification morale au soutien apporté au PS, sans étaler une convergence politique.
Quand? Pas de précédent à ma connaissance.
Le "ni ni"
Quoi? En cas de duel PS-FN, cette position consiste à renvoyer dos-à-dos les partis PS et FN sans prendre position pour le candidat de l'un et l'autre.
Qui? Voulue par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, c'est la ligne officielle de l'UMP. Alain Juppé la soutient (vote blanc, sauf "candidat social-démocrate modéré «non-UMPphobe»!).
Quand? La droite l'a pratiquée aux élections cantonales de 2011 et aux élections législatives de 2012.
Le "et et" / "ou ou"
Quoi? En cas de duel PS-FN, cette position consiste à renvoyer dos-à-dos les partis PS et FN mais en prenant position pour le candidat de l'un ou de l'autre en fonction de critères personnels.
Qui? Il s'agit de la nouvelle position de François Fillon, qui soutiendra en cas de duel PS-FN au second tour des élections municipales le candidat "le moins sectaire" ou "le plus compétent" à ses yeux.
Quand? Pas de précédent à ma connaissance.
La préférence frontiste
Quoi? Cette position consiste à donner par défaut une préférence au FN face au PS, considérant que la droite modérée est politiquement plus proche (ou moins éloignée) de l'extrême droite que de la gauche modérée. Il s'agit donc de se retirer en faveur du candidat FN mais sans s'allier avec lui et en l'assumant plus ou moins clairement (généralement à travers un appel "à ne pas voter PS" voire "à voter tout sauf PS").
Qui? Personne ne défend publiquement cette position au sein de l'UMP. Ceux qui se retireraient en appelant plus ou moins explicitement à voter FN seraient d'ailleurs en théorie suspendus de l'UMP.
Quand? Ce fut l'attitude de Roland Chassain (finalement non sanctionnée) entre les deux tours des élections législatives de 2012.
L'alliance UMP-FN
Quoi? Cette position part du principe que la différence entre l'UMP et le FN n'est pas de nature mais de degré, contrairement à la différence entre l'UMP et le PS. Les programmes de l'UMP et du FN n'étant donc pas incompatibles, une alliance de second tour est non seulement possible mais souhaitable face au PS.
Qui? Personne ne défend publiquement cette position au sein de la direction nationale de l'UMP. Ceux qui s'allieraient localement avec le FN (avant le premier tour ou entre les deux tours) seraient d'ailleurs immédiatement exclus de l'UMP.
Quand? Ce fut l'attitude de la droite lors de l'élection municipale partielle de Dreux en septembre 1983, avec la fusion des listes RPR et FN.
Second tour PS-FN sans UMP. Pour Copé, c'est "ni ni" (aucun soutien). Pour Fillon, c'est "ou ou" (soutien UMP ou FN selon le candidat) #UMP
— Laurent de Boissieu (@ldeboissieu) September 9, 2013
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Commentaires
Analyse intéressante mais le point de vu du citoyen peut être simplement de mettre un doigt dans le cul du candidat UMPS comme il le mérite et de voter FN
Écrit par : patrice | 14 septembre 2013
@Patrice: il est question là de la position d'un parti, l'UMP, et de des dirigeants, non des électeurs...
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 septembre 2013
L'alliance droite-FN fut aussi la position du RPR-UDF de PACA en 1988, qui avait conclu un accord de désistement réciproque avec le FN pour le deuxième tour.
Écrit par : Joël Gombin | 14 septembre 2013
Bien entendu! J'ai rédigé l'année dernière un article sur "trente ans de tentations d'alliances entre la droite et le FN"
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Trente-ans-de-tentations-d-alliances-entre-la-droite-et-le-FN-_NP_-2012-05-02-801637
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 septembre 2013
Tous les électeurs doivent se mobiliser pour lutter contre tous ces clans partis politiques qui nous empoissonnent la vie.... Un nouveau parti politique "démocratie participative"
http://pagesperso-orange.fr/ucda
il faut cesser de punir les partis politiques en votant FN c'est dangereux pour la France et son avenir....
Écrit par : lefebvre robert | 14 septembre 2013
Pour la 1ere position, on peut aussi citer l'attitude de Michel Noir ( certes retiré de la vie politique mais qui exerce tout de même encore une influence non négligeable sur la droite lyonnaise): http://www.leprogres.fr/politique/2011/03/24/michel-noir-choisir-sans-hesiter-le-candidat-socialiste-dans-les-duels-ps-fn )
Pour être complet , et même si cette configuration semble être peu crédible ( ni souhaitable) dans le contexte actuel, il faudrait rajouter, à mon sens une autre possibilité, proche du cas 2). L'alliance droite parlementaire-PS contre l'extrême droite comme ce fut le cas en 1995 à Mulhouse où au 2nd tour le socialiste trés modéré Bockel fusionna sa liste avec celle de la droite parlementaire menée par le centriste Joseph KLIFA ( ex SFIO passé par le PSD ) ( http://www.ina.fr/video/CAB95037541)
Écrit par : Romain LE MARCHAND | 14 septembre 2013
Effectivement, en réalité nous pourrions multiplier les possibilités en distinguant plus nettement "en cas de duel" ou "en cas de triangulaire", etc.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 14 septembre 2013
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