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20 octobre 2016

Nicolas Sarkozy veut-il laisser 102 circonscriptions à l'UDI?

J'ai interrogé, ce jeudi, Nicolas Sarkozy sur le nombre de circonscriptions où il verrait son parti soutenir un candidat UDI (compte-rendu de l'entretien radio-télévisé).

Voici sa réponse: "Aux régionales, nous avions donné à l'UDI trois têtes de liste sur dix-sept régions. Il me semble que c'est un équilibre relativement raisonnable."

Bref, faisons une règle de trois: 3 sur 17, cela donne 102 sur 577, donc 102 circonscriptions laissées à l'UDI.

Pour l'instant, 497 investitures ont été nominativement délivrées par Les Républicains, dont 25 réservées à des députés UDI sortants. Ce qui signifie qu'il reste 80 circonscriptions ...qui doivent donc toutes - à l'exception de trois - être attribuées à des candidats UDI*!

Gageons que ce ne sera pas le cas**...

 

* 25+77=102.
** D'autant plus que, d'après mes informations, les 80 circonscriptions restantes se décomposent ainsi aux yeux de la Commission nationale d'investiture LR: 14 LR réservées dans l'attente de la déclaration officielle de candidature du candidat naturel, 9 LR gelées faute d'accord suffisant au sein de la Commission nationale d'investiture (exemple: le juppéiste Maël de Calan dans la 4e circo du Finistère), 35 LR réservées à des femmes (parité), 22 non attribuées (toutes outre-mer). L'ensemble des investitures devra être ratifié par un conseil national du parti.

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05 octobre 2016

Quand VGE réécrit l'histoire de l'UDF

"L'UDF n'est pas née d'un calcul politicien ni de considérations électorales mais de la conviction qu'il y avait au centre des gens qui partageaient les mêmes convictions", a déclaré Valéry Giscard d'Estaing, le 4 octobre, à l'occasion d'un dîner au Sénat réunissant de nombreuses anciennes personnalités du parti giscardien.

À ma table, un parlementaire qui fut membre de la première direction provisoire de l'UDF, en mars 1978, ne put s'empêcher de tiquer et contredire sur ce point l'ancien président de la République.

Cette affirmation ne résiste en effet pas aux faits.

L'UDF a été créée pour les élections législatives de mars 1978 afin de faire pièce au RPR chiraquien, lancé en 1976. Or, il ne s'agit à l'origine que d'un cartel électoral, et non d'un parti en tant que tel. "Simple apparentement électoral, prolongé comme il se devait par la constitution d'un groupe à l'Assemblée nationale, ou force politique neuve, se substituant rapidement à ses composantes, tels sont les deux termes de l'alternative qui semble s'offrir à l'UDF", s'interrogeait en avril 1978 Le Monde.

Ce cartel anti-chiraquien réunissait plusieurs familles idéologiques:
- les libéraux, à droite (voire très à droite) depuis la première guerre mondiale.
- les démocrates-chrétiens, au centre jusqu'en 1969 (CDP) ou 1974 (Centre démocrate).
- des radicaux, à gauche jusqu'en 1972 puis au centre jusqu'en 1974.
- des socialistes dissidents (opposés à l'alliance avec le PCF), au centre jusqu'en 1974.

Bref, des familles idéologiques que beaucoup d'éléments opposent. Certaines pouvant par ailleurs être placées à la gauche du RPR, et d'autres à la droite du RPR. En février 1982, un dirigeant de l'UDF (Olivier Stirn) pouvait ainsi encore déclarer que "l'UDF doit éclater en ses deux tendances naturelles - libérale et sociale-démocrate - pour que chacune établisse, selon ses convictions propres, sa conception de la société".

De fait, l'équation "ex-UDF = centristes" est assez délirante lorsqu'on dresse cette liste de personnes passées par l'UDF: Michel Poniatowski, Alain Griotteray, Jean-Claude Gaudin, Jean-Yves Le Gallou, Philippe de Villiers, Charles Millon, Alain Madelin, Claude Goasguen, Christine Boutin, Hervé Mariton ou encore Jean-Frédéric Poisson.
Des "centristes"?

 

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Une initiative de l'Institut Jean Lecanuet (Yves Pozzo di Borgo).

 

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"Les pays doivent être gouvernés au centre".

 

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Anciens présidents de l'UDF: à gauche Bayrou, à droite Giscard d'Estaing.

 

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Fan un jour, fan toujours.

 

03 octobre 2016

La primaire de la droite, les déçus de François Hollande et les sympathisants de gauche

"S'il y a des déçus du hollandisme - et en ce moment ils sont de plus en plus nombreux -, eh bien qu'ils viennent", a déclaré Alain Juppé, dimanche 11 septembre, sur France 2.

"Je ne suis pas candidat à la primaire de la droite, du centre et de la gauche. Où est la loyauté, quand on appelle des électeurs de gauche à voter, à signer - parjures - un papier dans lequel ils s'engageraient à partager les valeurs de la droite?", a rétorqué Nicolas Sarkozy, le 3 octobre, en réunion publique dans le Bas-Rhin.*

 

Quelques réflexions:

1. À chaque scrutin, un candidat attire des déçus du président de la République sortant. En 2012, par exemple, 10% des électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle de 2007 ont voté pour François Hollande (sondage TNS Sofres jour du vote).

2. En appeler aux "déçus", ce n'est pas en appeler aux sympathisants: les déçus du "sarkozysme" n'étaient pas forcément des sympathisants UMP (devenue LR), les déçus du "hollandisme" ne sont pas forcément des sympathisants PS.

3. Il y a entrisme si et seulement si des sympathisants des partis de gauche ou d'extrême droite votent à la "primaire de la droite et du centre" (à laquelle ne participent en réalité que des partis de droite: LR, PCD et CNIP).

4. La "Charte de l'alternance" à signer pour voter à la primaire organisée par LR est la suivante: "Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m'engage pour l'alternance afin de réussir le redressement de la France".
Ces valeurs n'étant pas définies (ce qui est impossible, la droite - comme la gauche - étant idéologiquement hétérogène), on peut très bien considérer que "les valeurs républicaines de la droite et du centre" sont tout simplement les valeurs républicaines, que la gauche partage donc également.
En revanche, la formule "je m'engage pour l'alternance" ferme la porte de cette primaire aux électeurs qui ne souhaitent pas l'alternance, c'est-à-dire à ceux qui soutiennent la majorité de François Hollande (par contre, sont pour l'alternance les sympathisants de toutes les oppositions: d'extrême gauche, de gauche, du centre, de droite ou d'extrême droite).

 

Infographie: Proximité partisane des électeurs certains d'aller voter à la primaire de la droite

 

* Nicolas Sarkozy "oublie" qu'Alain Juppé vise aussi les "déçus" du lepénisme: "S'il y a des déçus du hollandisme - et en ce moment ils sont de plus en plus nombreux -, eh bien qu'ils viennent. S'il y a des électeurs du Front national qui se rendent compte que le programme de ce parti nous amène dans le mur, eh bien qu'ils viennent. Voilà mon état d'esprit".