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24 avril 2007

électorat Bayrou

medium_bayrouelectorat.jpgLes cinq électorats de François Bayrou :

 

 

1. les protestataires : électorat anti-UMPS ayant voulu "faire turbuler le système" sans voter pour les extrêmes. Cet électorat, qui ne partage pas les convictions de François Bayrou, pourrait voter blanc ou s'abstenir au second tour. Entre 37% (Ipsos) et 44% (CSA) des électeurs ayant voté pour Jean-Pierre Chevènement au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 ont ainsi voté, le 22 avril, en faveur de François Bayrou.

 

2. la gauche anti-Ségolène Royal : électeurs du PS n'ayant pas voulu voter pour Ségolène Royal au premier tour. Ils voteront en revanche pour elle au second. 22% des électeurs de François Bayrou au premier tour ont "sérieusement envisagé" de voter pour Ségolène Royal (Sofres). Et entre 16% (CSA) et 17% (Ipsos, Sofres) des électeurs de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 ont voté pour François Bayrou.

 

3. les centristes : électorat ni de droite ni de gauche, positionné au centre, dont l'attitude au second tour dépendra des signaux lancés au centre par Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. À moins qu'il ne décide de voter blanc ou de s'abstenir...

Au sein de cet électorat centriste se trouve une partie de l'électorat écologiste : entre 21% (Ipsos) et 22% (CSA) des électeurs de Noël Mamère au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 ont voté en faveur de François Bayrou (contre 16% pour Dominique Voynet), de même que 71% de ceux de Corinne Lepage (ralliée, elle, à la candidature de François Bayrou).

 

4. l'électorat UDF traditionnel : positionné au centre-droit, il a voté Édouard Balladur en 1995 et, déjà, François Bayrou en 2002. Il votera pour Nicolas Sarkozy au second tour. Ce positionnement correspond à celui de la majorité des élus UDF.

 

5. les droites anti-Nicolas Sarkozy : électeurs de droite n'ayant pas voulu voter pour Nicolas Sarkozy au premier tour. Par défaut, ils devraient toutefois voter pour lui au second. 23% des électeurs de François Bayrou au premier tour ont "sérieusement envisagé" de voter pour Nicolas Sarkozy (Sofres). L'anti-sarkozysme de droite se fonde sur des motivations parfois contradictoires :

- des chiraquiens dérangés par l'atlantisme, le communautarisme et le libéralisme de Nicolas Sarkozy. Entre 15% (Ipsos, Sofres) et 17% (CSA) des électeurs de Jacques Chirac au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 ont voté pour François Bayrou.

- des libéraux déstabilisés par le nouveau discours antilibéral de Nicolas Sarkozy (dénonciation de l'euro fort ou des "patrons voyous", promotion de droits opposables et d'un protectionnisme européen). Ils ont par ailleurs été séduits par l'insistance de François Bayrou sur la question de la dette publique et par la proposition de "deux emplois francs". 20% des électeurs d'Alain Madelin au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 ont voté pour François Bayrou (CSA).

 

CSA : sondage réalisé le jour du vote auprès de 5 009 électeurs

Ipsos : sondage réalisé le jour du vote auprès de 3 397 électeurs

Sofres :  sondage réalisé le jour du vote auprès de 1 500 électeurs

23 avril 2007

résultats François Bayrou

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François Bayrou (UDF)

 

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- fait plus que tripler son nombre de voix et obtient un bien meilleur score en pourcentage qu'en 2002 (18,57% contre 6,84%)

- devance Jean-Marie Le Pen (FN)

 

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- n'est pas qualifié au second tour

 

20 avril 2007

François Bayrou

objectif : porter le centre au second tour

 

medium_bayrou02.jpgLa barre est placée très haut pour François Bayrou. Après avoir obtenu 6,84% des suffrages exprimés en 2002, ne serait-ce qu'obtenir un score à deux chiffres aurait pu apparaître comme une réussite pour le président de l'UDF. Mais les sondages le plaçant quelques points derrière Ségolène Royal, voire à égalité avec elle, ont fait de lui un des possibles candidats du second tour. Ce sera en tout cas dorénavant plus à cette aune qu'au pourcentage obtenu que sa candidature sera évalués. D'autant plus que tous les sondages ayant testé cette hypothèse l'ont donné vainqueur au second tour, aussi bien face à Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal. François Bayrou joue donc, dimanche, son va-tout. Qualifié face à Nicolas Sarkozy, il pourrait espérer traduire dans la réalité son rêve de toujours d'un "grand centre" ouvert à l'aile réformiste et européenne du PS (Michel Rocard, Jacques Delors, Dominique Strauss-Kahn). Face à Ségolène Royal, en revanche, il apparaîtrait comme le candidat de la droite (avec le soutien de Nicolas Sarkozy) dans le cadre d'un duel droite-gauche. Retour à la case départ, donc, pour l'UDF. Et finies les velléités centristes. Enfin, sa non-qualification au second tour le placerait au pied du mur. Soit faire monter les enchères entre les deux finalistes. Soit ne pas trancher en les renvoyant dos-à-dos dans la perspective de la prochaine présidentielle, en 2012. Un non-choix qui risquerait toutefois de coûter cher à l'UDF aux élections législatives de juin prochain.

19 avril 2007

Le spectre de la IVe République

Éclairage

 

medium_queille.jpgDans un entretien, cette semaine, au quotidien Le Républicain Lorrain, Nicolas Sarkozy a dénoncé dans Ségolène Royal et François Bayrou "les dignes héritiers de la IVe République". Déjà, en février, le président de l'UMP avait affirmé que "ce que propose François Bayrou, on l'a parfaitement connu en France, c'était la IVe République". Au moins trois différences fondamentales entre la situation actuelle et celle d'avant 1958 semblent écarter un "retour à la IVe République".

Tout d'abord, les institutions de la Ve République, dont le caractère semi-présidentiel écarte tout risque de régime d'assemblée, ingouvernable et instable. Entre 1947 et 1958, pas moins de 21 gouvernements s'étaient ainsi succédé avec des coalitions à géométrie variable : "troisième force" s'étendant de la gauche non communiste à la droite non gaulliste (1947-1951), coalition allant du centre-gauche à la droite (1951-1956), majorité de gauche (1956-1957), gouvernements allant de la gauche non communiste à la droite (1957-1958). Or, aux antipodes du régime d'assemblée, François Bayrou veut aller vers un régime plus présidentiel.

Ensuite, le mode de scrutin aux élections législatives. Celui actuellement en vigueur est le scrutin uninominal à deux tours. Durant la IVe République, en revanche, était appliquée la représentation proportionnelle départementale, complétée en 1951 et 1956 par le système des apparentements. Or, ni François Bayrou ni Ségolène Royal ne se sont prononcés pour l'instauration de la représentation proportionnelle intégrale, même si tous deux veulent en introduire une dose.

Enfin, sous la IVe République, les coalitions étaient des alliances post-électorales, formées dans le dos des électeurs. Tandis qu'avec l'élection du président de la République au suffrage universel direct, des éventuelles alliances se formeraient aujourd'hui entre les deux tours de la présidentielle. Les électeurs tranchant au second entre l'une ou l'autre nouvelle majorité présidentielle proposée.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 19/04/2007

17 avril 2007

Alliance PS-UDF

Éclairage

 

medium_bayrouroyal.jpgMichel Rocard a appelé, samedi, dans Le Monde, à une alliance entre le "centre démocrate-social" et la "gauche sociale-démocrate". Les deux termes n'appartiennent pas au même registre. Seul le terme "social-démocrate" désigne en effet clairement une famille idéologique. Le terme "démocrate-social", lui, ne renvoie qu'à des expériences françaises. D'une part, entre 1976 et 1995, le Centre des démocrates sociaux (CDS) de Jean Lecanuet, Pierre Méhaignerie et François Bayrou. D'autre part, entre 1973 et 1978, les députés centristes réunis dans le "groupe des réformateurs démocrates sociaux" puis dans le "groupe des réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux". C'est justement durant cette période que le centre cesse d'être autonome, après l'épisode du Mouvement réformateur, et décide de s'allier avec la droite libérale au sein de l'UDF.

Historiquement, la social-démocratie est un socialisme réformiste (utilisation du suffrage universel et de l'État pour transformer le capitalisme) caractérisé par une interdépendance entre parti social-démocrate et syndicat de travailleurs. Aujourd'hui, les partis sociaux-démocrates européens ont adopté une idéologie sociale-libérale, troisième voie entre libéralisme et social-démocratie. Même si l'expression n'est surtout employée en France que de façon péjorative à gauche, c'est au sein de ce social-libéralisme que convergent idéologiquement François Bayrou et l'aile "réformiste et européenne" du PS (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn). Concrètement, un tel rapprochement entre François Bayrou et les sociaux-libéraux du PS ne serait toutefois possible qu'entre les deux tours de l'élection présidentielle. Soit que François Bayrou affronte Nicolas Sarkozy. Soit que ce soit Ségolène Royal et que cette dernière assume une plus grande proximité avec la "social-économie" de François Bayrou qu'avec la gauche antilibérale. Hypothèse peu probable car signifiant vraisemblablement l'éclatement du PS.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 17/04/2007