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02 décembre 2007

Il y a centre et centre...

cacfa14286615eac97c8bd9c851a7e41.jpgAvec la création, ce week-end, du Mouvement démo­crate (MoDem), François Bayrou a achevé sa mutation centriste. Toutes les ambiguïtés sont en effet en passe d'être levées : l'UDF de centre droit est morte. Vive le MoDem centriste !

Une des difficultés pour le commentateur de cet évènement vient de l'utilisation abusive de l'étiquette "centriste" pour qualifier, depuis 1978, l'UDF.

L'UDF n'a jamais eu un positionnement centriste, c'est-à-dire à équidistance de la droite et de la gauche. L'UDF a toujours eu un positionnement de centre droit, s'alliant exclusivement avec la droite. Et, personnellement, j'ai toujours pris soin, même si la facilité me dictait le contraire, de ne jamais qualifier dans mes articles l'UDF de centriste.

Dès lors, le successeur de l'UDF est plus le Nou­veau Centre, de centre droit, que le MoDem, centriste.

Cette utilisation abusive de l'étiquette centriste pour qualifier l'UDF explique pourquoi le député Thierry Benoît (ex-UDF, ni MoDem ni - pour l'instant - Nouveau Centre) et le sénateur Jean Arthuis (ex-UDF, MoDem) continuent à militer pour des retrouvailles entre tous les "centristes" : ceux de l'UMP, du Parti Radical (associé à l'UMP), du Nou­veau Centre et du MoDem. "Centristes", cela signifie, pour eux, ex-UDF. Mais c'est ne pas comprendre la démarche de François Bayrou. Véritablement centriste, elle...

01 décembre 2007

L'UDF dit "au revoir" à la vie politique

Dirigé depuis près de dix ans par François Bayrou, le parti créé en 1978 par Valéry Giscard d'Estaing a choisi de disparaître au profit du Mouvement démocrate

 

08801931b07baafd84942e044c91a8e3.gifL'UDF semblait jusque-là avoir été douée de régénération, cette capacité que possèdent certains êtres vivants à se re­constituer après une amputation. Car l'UDF de 2007 n'était déjà plus qu'un morceau de ce que représentait l'UDF de 1978. Ce qui n'avait pas empêché ce parti de demeurer, malgré les scissions, un acteur incontournable du paysage politi­que. Le congrès extraordinaire qui se déroulait hier à Villepinte (Seine-Saint-Denis) a clos définitivement ce chapitre de l'histoire politique française. Sans surprise, les participants ont voté une résolution prévoyant son absorption par le Mouvement démo­crate (MoDem), qui tient dans la foulée, aujourd'hui et demain, son congrès fondateur. Même si, afin de geler l'utilisation du nom, l'UDF conservera pendant trois ans une existence juridique.

Tout est parti, entre 1976 et 1978, de la volonté de Valéry Giscard d'Estaing de contrebalancer le poids du RPR de Jacques Chirac en coordonnant les autres composantes de sa majorité. En 1978, l'Union pour la démocratie française (UDF) naît donc en tant que confédération de partis issus principalement de trois familles politiques historiquement opposées. L'ancien centre d'inspiration démocrate-chrétienne, avec Jean Lecanuet (décédé en 1993), André Diligent (décédé en 2002), René Monory ou Jean-Marie Vanlerenberghe, toujours sénateur Union centriste-UDF du Pas-de-Calais. L'aile droite du centre républicain radical, autour de Jean-Jacques Servan-Schreiber (décédé en 2006), Didier Bariani et André Rossinot. Et la droite libérale, avec Valéry Giscard d'Estaing lui-même, Roger Chinaud ou Bernard Lehideux, actuel parlementaire européenne UDF-MoDem.

Durant vingt ans, à droite, un double équilibre s'établit alors à l'Assemblée nationale. D'une part un bipartisme UDF-RPR. D'autre part, au sein de l'UDF, une réparti­tion relativement stable entre 1978 et 1997 : les libéraux du Parti répu­blicain représentaient la moitié des députés, le Centre des démocrates sociaux (CDS) un tiers, les autres composantes se partageant le reste. Tout semblait pouvoir conti­nuer longtemps ainsi. Sauf que, en 1988 puis en 1995, l'UDF n'a pas été en mesure de présenter de candidat à l'élection présidentielle. Certes, en 1988, elle soutient Raymond Barre, qui en est apparenté. Mais en 1995 elle se trouve réduite à trancher entre deux candidats issus du RPR, Édouard Balladur et Jacques Chirac.

Cette situation, un homme ne l'ac­cepte pas. C'est François Bayrou. Il n'a alors qu'une obsession : mettre l'UDF en situation de présenter un candidat et de remporter l'élection présidentielle. Dans son esprit, ce candidat c'est bien entendu ...François Bayrou. En 1998, l'UDF se trouve toutefois amputée de son aile libérale. Présidée par Alain Madelin, Démocratie libérale (ex-Parti républicain) quitte la con­fédération. L'équilibre créé en 1978 est rompu, même si une vingtaine de personnalités libérales restent à l'UDF (François Léotard, Gérard Longuet, Gilles de Robien, François Sauvadet...). L'UDF est morte, vive la nouvelle UDF ! C'est cette rupture qui va en effet permet­tre à François Bayrou de prendre la présidence du parti et de poursui­vre son unification. Avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2002...

Cette année-là, François Bayrou obtient 6,84% des suffrages expri­més. L'UDF connaît cependant une nouvelle dissidence : la majorité de ses élus, dont une partie avait sou­tenu Jacques Chirac dès le premier tour, participe à la création de l'UMP (Philippe Douste-Blazy, Pierre Méhaignerie, Gérard Longuet, Hervé de Charette, Pierre-André Wiltzer, le Parti radical...). Aux élections législatives, l'UDF n'est plus que l'ombre d'elle-même avec un groupe parlementaire de 29 dépu­tés. Contre 113 en 1997, puis 82 après la scission de Démocratie libérale.

À l'époque, l'UDF s'est toutefois maintenue autour d'une ambiguïté qui a resurgi lors de la dernière élec­tion présidentielle. Pour certains, il s'agissait de refuser le monopartisme à droite et au centre droit en main­tenant l'UDF. Telle était la ligne de Gilles de Robien et celle des députés qui ont rompu avec François Bayrou pour créer, dans le contexte des der­nières élections législatives, le Nou­veau Centre (Hervé Morin, François Sauvadet, André Santini...). Disposant d'un groupe parlementaire, alors que François Bayrou et Jean Lassalle siègent désormais parmi les députés non-inscrits, le Nou­veau Centre aspire à prendre la succession de l'UDF au centre droit. Pour Fran­çois Bayrou, en revanche, l'objectif demeure l'élection présidentielle et la stratégie centriste qu'il a adoptée dans cette perspective, à équidis­tance de l'UMP et du PS. Une stra­tégie qui passe dorénavant par la création d'un nouveau parti : le Mouvement démo­crate (MoDem). Après avoir obtenu 18,57% à l'élec­tion présidentielle, François Bayrou dispose enfin d'une machine mi­litante créée par et pour lui.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 30/11/2007 (version mise à jour)

 

Pour aller plus loin :

histoire de l'UDF

biographie de François Bayrou

Mouvement Démocrate

22 octobre 2007

Le centre mise sur les municipales pour s'affranchir du clivage droite-gauche

8ac93b1bc236ce6a7a3dd664e5daf84d.jpgLa Croix et la revue Études organisent ce soir à Pau (20h30 au centre de congrès Palais Beaumont) un débat avec François Bayrou, président de l'UDF-Mouvement Démocrate, et Bernard Spitz, président des Gracques, sur le thème : "le clivage droite-gauche est-il vraiment dépassé ?". Renseignements.

 

C'est les 1er et 2 décembre prochains que le congrès fondateur du Mouvement démocrate (MoDem) aura lieu à Paris. Dans la foulée des 18,57% obtenus par François Bayrou à l'élection présidentielle, le nouveau parti se conçoit comme un élargissement de l'UDF, qui devrait tenir son dernier congrès le 30 novembre. Un évènement qui n'est pas sans rappeler la création du Centre démocrate, élargissement du MRP après les 15,57% de Jean Lecanuet à l'élection présidentielle de 1965.

Sans attendre, la commission électorale de l'UDF-Mouvement démocrate s'est déjà réunie pour commencer à décerner les investitures aux élections municipales des 9 et 16 mars 2008. Ont ainsi déjà été tranchés les cas de Paris (Marielle de Sarnez), Lille (Jacques Richir), Reims (Jean-Marie Beaupuy), Grenoble (Philippe de Longevialle), Clermont-Ferrand (Michel Fanget), Limoges (Jean-Jacques Bélézy), Aix-en-Provence (François-Xavier de Peretti) ou encore Besançon (Philippe Gonon). L'UDF-MoDem a également entériné le principe de présenter une liste au premier tour des municipales à Lyon et à Marseille, mais sans accorder d'investiture.

En ce qui concerne les alliances, François Bayrou a indiqué que le MoDem pourra nouer, ville par ville, des accords locaux avec l'UMP ou avec le PS. Ce choix rappelle celui de la SFIO aux élections municipales de 1965, durant lesquelles le parti socialiste d'alors "mène partout son jeu de bascule s'appuyant parfois sur les centristes, parfois sur les communistes" (L'année politique 1965, PUF, 1966).

Ce sont les élections municipales de 1971 qui ont vu se nouer les dernières alliances dites de "troisième force" entre la gauche non communiste, le centre et la droite non gaulliste. Ainsi Jean-Claude Gaudin, actuel vice-président du conseil national de l'UMP, appartenait à l'époque à la majorité du maire PS de Marseille, Gaston Defferre. Aux municipales suivantes, en 1977, la frontière entre la droite et la gauche est devenue infranchissable. La bipolarisation, bloc contre bloc, s'est installée. La stratégie d'union de la gauche, qui s'impose au PS avec la victoire de François Mitterrand au congrès d'Epinay (1971), pousse en effet le centre à s'allier avec la droite.

Dès la convention de Nice du Centre démocrate, en novembre 1967, des tensions étaient par ailleurs apparues entre, d'une part le président du groupe parlementaire centriste, Jacques Duhamel, et, d'autre part, Jean Lecanuet et les militants du Centre démocrate. "Le fond du problème est celui du choix entre opposition totale, soutien sélectif à la majorité gaulliste et intégration à cette majorité, explique Colette Ysmal (Les partis politiques sous la Ve République, Montchrestien, 1998). Il n'est pas dans la vocation des centristes d'être durablement écartés du pouvoir, même si, sous la pression des adhérents de base et notamment des adhérents directs (NDLR : non-issus du MRP), la convention de Nice leur en a donné l'ordre".

En 1969, Jacques Duhamel et une partie des parlementaires centristes rallient la majorité présidentielle de Georges Pompidou. Ils fondent alors un nouveau parti, le Centre démocratie et progrès. Une démarche très similaire à celle d'Hervé Morin, ancien président du groupe UDF de l'Assemblée nationale, rallié à la majorité de Nicolas Sarkozy, qui a lancé le Nouveau Centre.

Finalement, en 1974, les centristes restés dans l'opposition derrière Jean Lecanuet sont partie prenante de la nouvelle majorité de Valéry Giscard d'Estaing, mettant fin à douze années d'opposition et, parallèlement, à l'existence d'un véritable centre, à équidistance de la droite et de la gauche. Aujourd'hui, François Bayrou trace le chemin inverse. Reste à savoir si le PS sera ou non disposé, lui, à expérimenter aux municipales des alliances avec le Mouvement démocrate plutôt qu'avec le PCF. Bref, si le clivage droite-gauche tel qu'il existe depuis les années soixante-dix est ou non vraiment dépassé.

Laurent de Boissieu

© La Croix, 22/10/2007

19 juin 2007

Bayrou, isolé mais content

445a9923239844f5af7b6b2f8caecae1.jpgAvant l'élection présidentielle, François Bayrou présidait le troisième parti de l'Assemblée nationale en effectifs, disposant de son propre groupe parlementaire, ce qui lui offrait une tribune et des moyens financiers et matériels. Il préside désormais le sixième parti dans l'Assemblée nationale élue dimanche, derrière l'UMP (319), le PS (191), le Nouveau Centre (21), le PCF (16 et un apparenté) et le PRG (8). Avec cinq élus, le MoDem est en outre loin des vingt élus nécessaires pour constituer un groupe parlementaire.

Dimanche soir, depuis sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou a toutefois trouvé des sujets de satisfaction. Tout d'abord, sa réélection, avec 61,21 % des suffrages exprimés contre 55,58% en 2002. Ensuite, celle de son ami Jean Lassalle dans la seule triangulaire du second tour, face aux candidats de l'UMP et du PS. Au total, sur les sept circonscriptions où le MoDem était au second tour, cinq candidats du nouveau parti ont été élus. Dans le détail, la situation est toutefois plus complexe. Deux d'entre eux, Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e) et Thierry Benoît (Ille-et-Vilaine, 6e), bien qu'investis par le MoDem, ont fait campagne sous une autre étiquette et semblent très proches du Nouveau Centre de la majorité présidentielle. Avec 21 élus, ce dernier réussit son pari : succéder à l'UDF au centre droit en formant un groupe parlementaire allié mais distinct de l'UMP.

Le cinquième élu du MoDem est Abdoulatifou Aly, membre du courant Force de l'alternance du Mouvement départementaliste mahorais. Il a rejoint le MoDem entre les deux tours des législatives, le parti de François Bayrou ayant originellement investi Daroussi Zainadini, non qualifié au second tour, membre d'un autre courant du Mouvement départementaliste mahorais. Enfin, les deux candidats du MoDem battus au second tour sont Élisabeth Doineau (48,20% dans la 2e circonscription de la Mayenne) et Jean-Marie Cavada (45,77% dans la 1re circonscription du Val-de-Marne).

"Nous allons représenter à l'Assemblée nationale tous ceux qui en sont injustement écartés, a expliqué François Bayrou. Qui ont leur place et à qui le mode de scrutin ne donne pas la représentation à laquelle auraient droit tous les citoyens français. Nous allons représenter ce pluralisme et cette diversité pour trouver un jour un meilleur équilibre dans notre pays." En réalité, seuls les partis extrémistes (FN, LO, LCR) ne sont pas représentés à l'Assemblée nationale. Quoi qu'il en soit, François Bayrou entend donc plus que jamais "construire" le "grand courant politique dont la France a besoin" : "On voit ce soir qu'il peut gagner, y compris au scrutin majoritaire, a-t-il ajouté. Il gagnera d'autant mieux quand les scrutins seront plus justes." En vigueur aux élections législatives, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est en effet le pire pour une force politique souhaitant incarner une troisième voie indépendante des blocs de droite et de gauche.

Il n'en reste pas moins que le MoDem a joué dans ces législatives un rôle plus important que le nombre de ses élus peut le laisser penser. En insistant, dans l'entre-deux-tours, sur la "défense du pluralisme", François Bayrou et ses proches ont, de fait, donné un coup de pouce à la gauche. Contrairement à l'UDF, positionnée au centre droit, le MoDem s'arrime donc au centre gauche. Mais il faudra certainement attendre l'entre-deux-tours des prochaines municipales pour savoir si François Bayrou en tirera ou non toutes les conséquences en termes d'alliance.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 19/06/2007

14 juin 2007

Géographie électorale

quelques cartes sur l'élection présidentielle :

 

l'évolution du vote d'extrême droite :

http://francepolitique.free.fr/PFN3.htm

 

l'évolution du vote communiste :

http://francepolitique.free.fr/PPCF3.htm

 

le vote Bayrou en 2002 et 2007 comparés au vote Lecanuet en 1965 :

http://francepolitique.free.fr/centre.htm