Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 octobre 2009

Désobéissance civique

Je ne suis pas prof d'Histoire (mais j'aurais pu l'être, d'ailleurs ma vocation initiale était plus la recherche et l'enseignement que le journalisme). Mais si j'avais été prof d'Histoire, je n'aurais pas lu la lettre de Guy Môquet à mes élèves. Lettre touchante, certes, d'un jeune homme condamné à sa mère, mais lettre sans aucune portée historique d'un faux Résistant. Bien entendu, à la Libération il fallait symboliser l'unité nationale, des gaullistes aux communistes, et le fils de Prosper Môquet, lié au général de Gaulle depuis Alger, était un symbole tout trouvé. La Révolution avait son Joseph Bara; la Résistance aurait son Guy Môquet.

Non, si j'avais été prof d'Histoire j'aurais lu, sur les conseils de M. Naegelen, ministre de l'Éducation nationale en septembre 1947, les lettres écrites quelques heures avant leur exécution par cinq élèves du Lycée Buffon de Paris qui, entrés - eux - dans la Résistance active, furent arrêtés et fusillés par les Allemands le 8 février 1943 au Mont Valérien.

 

Les voici :

Lettre de Lucien Legros (1924-1943)

Lettres de Pierre Grelot (1923-1943)

Lettre de Pierre Benoît (1925-1943)

Lettre de Jacques Baudry (1922-1943)

Lettre de Jean Arthus (1925-19432)

 

Honneur et Patrie

06 juin 2009

Barack et Nicolas, deux Américains en Normandie

Non, je ne parlerai plus des élections européennes... jusqu'à lundi !

 

En revanche, la visite de Barack Obama en France m'inspire deux réflexions.

 

1) Nicolas Sarkozy a décoré un ancien militaire américain ayant participé au débarquement du 6 juin 1944 : William Dabney. Très bien ! Mais quel acte héroïque a donc accompli William Dabney pour mériter un tel honneur de la France ? Une dépêche AFP nous le révèle : "Le bataillon de William Dabney se servait de ballons ascendants pourvus de câbles métalliques pour intercepter les avions allemands volant à basse altitude". Les ballons perdus, "nous nous sommes enterrés dans le sable pendant deux jours environ pour sauver notre peau", raconte William Dabney. Je ne critique pas : peut-être aurais-je réagi de la même façon. Mais dans ce cas je n'aurais pas mérité d'êre décoré.

Alors, pourquoi diantre William Dabney a-t-il été décoré ? Mais tout simplement parce qu'il a le pigment de la peau de couleur noire. Et que notre président de la République ne s'est pas conduit en Français mais en "Sarkozy l'Américain".

Car en France il n'y a pas de communautés. Et lorsque la France rend hommage aux soldats américains morts pour sa liberté, elle rend donc hommage à TOUS les soldats américains. Elle n'a pas à importer de l'étranger je ne sais quel communautarisme racialiste et anti-républicain en rendant hommage à une fraction du peuple américain. Nicolas Sarkozy, pourtant, l'a fait.

 

2) Barack Obama avait auparavant prononcé, en Égypte, un discours égratignant la laïcité française sur la question du voile islamique.

C'est peut-être dans l'esprit américain que de se la jouer petits arrangements entre gentils fondamentalistes (chrétiens aux États-Unis, musulmans en Égypte) contre méchants défenseurs de la laïcité (nous, les Français). Giflant ainsi, au passage, tous les combattants de la laïcité et des droits de l'Homme (femmes comprises bien entendu : je ne saucisonne par l'humanité) dans les États musulmans !

On aurait alors pu s'attendre à ce qu'un président de la République française réaffirme sur le territoire de la République les valeurs républicaines intangibles. Même pas. Pire : qu'a fait "Sarkoy l'Américain" ? Il a déclaré être "totalement d'accord avec le discours du président Obama, y compris sur la question du voile". (il est vrai que lors des travaux préparatoire de la loi sur le port de signes religieux ostentatoires à l'école, Nicolas Sarkozy avait, à lépoque, lancé ses chevau-légers contre les conclusions de la mission Debré : communiqué du 4 décembre 2003 signé par Christian Estrosi, Christian Vanneste, Alain Joyandet et Pierre Cardo).

 

Bon, je sais, on va m'accuser d'anti-sarkozysme primaire. Mais ce n'est pas ma faute, moi, si l'"enfant barbare" n'en rate pas une !

renaissance.jpg
Statue de Nahdet Misr "Renaissance de l'Égypte", au Caire : une paysanne égyptienne se dévoilant par sa main gauche alors que sa main droite tendue cherche à toucher avec les doigts la tête du Sphinx

08 octobre 2008

L'unité nationale : sois d'accord et tais-toi !

union.jpgLa déclaration du gouvernement suivie d'un "débat" sans vote sur la crise financière et bancaire sera aujourd'hui l'occasion pour François Fillon de relancer son appel à l'"unité nationale". "Dans cette conjoncture exceptionnelle, j'invite tous les Français, qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche, à faire preuve d'unité", avait encore plaidé le premier ministre, vendredi dernier, aux journées parlementaires de l'UMP. Invitant la majorité et l'opposition à "dégager des points de consensus" et à mettre de côté les "querelles subalternes".

Mais, pour qu'il y ait "unité nationale", encore faudrait-il qu'il y ait consensus national sur les réponses politiques à apporter à la crise. Or celles-ci sont multiples et opposées. Si François Fillon hésite entre politique de rigueur (diviser par deux le rythme de croissance annuel de la dépense publique et ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partants à la retraite) et politique de relance libérale par l'offre ("le taux de prélèvement obligatoire n'augmentera pas et toute reprise de la croissance sera mise à profit pour le baisser d'ici 2012"), le chef du gouvernement refuse, en dépit des mesures annoncées en faveur des PME et du logement, toute idée de relance keynésienne par la demande, qui sortirait de fait la France des clous de Maastricht.

Fin de non recevoir, donc, pour Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, qui avait plaidé pour que "temporairement" les critères de Maastricht ne soient plus "la priorité des priorités". Il est vrai que si l'ensemble du PS reproche au gouvernement de ne plus avoir de marges de manœuvre budgétaires à cause du "paquet fiscal" voté l'année dernière, seule l'aile gauche du parti remet pareillement en cause les critères de Maastricht. "Je pense que c'est une bonne idée", avait ainsi répondu Benoît Hamon, premier signataire de la motion "Un monde d'avance", interrogé sur la proposition d'Henri Guaino. Il ne faut "pas prendre prétexte de cette crise et de ces circonstances exceptionnelles pour jeter le bébé avec l'eau du bain et se débarrasser de ces règles de bonne gestion qui devraient rassembler tous les Européens", a rétorqué Elisabeth Guigou, député PS et ex-ministre des affaires européennes.

Comme toujours depuis 1983, du référendum sur le traité de Maastricht (1992) au référendum sur le traité constitutionnel européen (2005), c'est bien le même clivage qui oppose d'une côté les partisans du "cercle de la raison" et de l'autre les adversaires de la "pensée unique", c'est-à-dire de l'orthodoxie budgétaire et monétaire. "Lorsque le sage montre la lune l'imbécile regarde le doigt" : ce clivage est avant tout économique et social, alors qu'il est le plus souvent dénaturé et présenté comme une opposition entre pro-européens (les gentils) et anti-européens (les méchants).

Quant à l'idée d'"unité nationale", outre le fait qu'un tel appel relève du chef de l'État et non du premier ministre, elle puise sa source historique dans l'Union sacrée durant la première guerre mondiale. La France "sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée", avait déclaré le président de la République Raymond Poincaré dans son message aux chambres, le 4 août 1914. Un gouvernement inédit d'unanimité nationale est alors mis en place, allant de la SFIO (d'août 1914 à septembre 1917) à la droite royaliste (d'octobre 1915 à août 1917). Mais dès 1917 cette unité nationale se brise. La déclaration ministérielle de Georges Clémenceau, commençant par "Je fais la guerre", le 20 novembre 1917, est ainsi votée par 418 députés contre 65 (dont 64 SFIO) et 40 abstentions.

La France a connu deux autres expériences de gouvernements d'unanimité nationale. La première à la Libération, dans le prolongement de la Résistance à l'occupant, jusqu'à la démission des ministres communistes en mai 1947 (guerre froide). La seconde lors de l'installation de la Ve République, jusqu'en janvier 1959. Cette dernière unité nationale fut toutefois imparfaite, puisqu'elle n'inclut ni une minorité de la gauche non communiste (réunie au sein de l'Union des Forces Démocratiques : Pierre Mendès France, François Mitterrand, etc.) ni le PCF.

Enfin, les gouvernements dits d'"union nationale" sous la IIIe République étaient en fait des gouvernements de centre-droit allant de la droite au centre-gauche (radicaux, socialistes non SFIO) : Raymond Poincaré en 1926 (après l'échec du Cartel des gauches) puis Gaston Doumergue en 1934 (après les évènements du 6 février 1934). Même scénario en 1938, après la chute du Front populaire. Par 514 voix contre 8, la chambre des députés autorise en effet le gouvernement du radical Edouard Daladier à agir par décret-loi "pour faire face aux dépenses nécessitées par la défense nationale et redresser les finances et l'économie de la nation". Cette unité nationale vole cependant vite en éclats, lorsque le président du conseil estime que ce redressement passe par la remise en cause de certains acquis du Front populaire (les 40 heures). Quitte à ma répéter : pour qu'il y ait unité nationale, encore faut-il qu'il y ait préalablement consensus national sur la politique à mener. Sinon, l'appel à l'unité nationale revient simplement à demander à l'opposition de la fermer.

23 septembre 2008

Le nouveau rapport de force droite/gauche au Sénat

 

GAUCHE (153 sénateurs)

non renouvelables : 91

renouvelables : 35

ne se représentant pas : 14

battus : 2 (Yves Ackermann, SOC; Gérard Delfau, RDSE)

réélus : 19

élus : 43

bilan : +27

 

DROITE (190 sénateurs)

vacant : 1

non renouvelables : 138

renouvelables : 66

ne se représentant pas : 28

battus : 8 (Pierre Laffitte, RDSE; Georges Othily, RDSE; Philippe Arnaud, UC-UDF; Philippe Nogrix, UC-UDF; Louis de Broissia, UMP; Dominique Mortemousque, UMP; Jean Puech, UMP; Henri de Richemont, UMP)

réélus : 30

élus : 22

bilan : -15

 

 

(N.B. : par défaut, l'ensemble des membres du groupe UC-UDF ont été classés à droite; les chiffres diffèrent selon les sources, Daniel Marsin, porte-parole de La Gauche Moderne et à ce titre membre de la majorité de droite, étant souvent par erreur comptabilisé dans l'opposition de gauche)

Composition du Sénat

Voici, d'après mes calculs, la composition du Sénat, en partant des groupes sortants (le PRG ambitionnant de créer son propre groupe, éventuellement sans les radicaux de droite) :

 

groupe parlementaire

 
Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC) 24 7,0%
Groupe Socialiste (SOC) 115 33,5%
Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE) 17 5,0%
Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF) 28 8,2%
Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP) 150 43,7%
réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe 6 1,7%
indéterminés 3 0,9%

total

343

 

Les trois sénateurs indéterminés sont Alain Houpert (divers droite), Georges Patient (divers gauche) et Richard Tuheiava (indépendantiste polynésien). Les deux nouveaux sénateurs radicaux de droite (Alain Chatillon et Sophie Joissains) sont réputés siéger au groupe UMP et non au groupe RDSE.

 

Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC)

sortants : 3

ne se représentant pas : 2

battus : 0

réélus : 1

élus : 3

bilan : +1

 

Groupe Socialiste (SOC)

sortants : 29

ne se représentant pas : 12

battus : 1

réélus : 16 (dont les dissidents Jean-Pierre Plancade et Robert Tropeano)

élus : 33

bilan : +20

 

Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE)

sortants : 8

ne se représentant pas : 2

battus : 3

réélus : 3 (dont l'UMP Aymeri de Montesquiou)

élus : 5

bilan : =

 

Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF)

sortants : 4

ne se représentant pas : 1

battus : 2

réélus : 1

élus : 1

bilan : -2

 

Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

sortants : 56

ne se représentant pas : 25

battus : 4

réélus : 27 (dont les dissidents Gérard César et Gaston Flosse ainsi que les radicaux Alain Chatillon et Sophie Joissains)

élus : 20

bilan : -9

 

réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe

sortants : 1

ne se représentant pas : 0

battus : 0

réélus : 1

élus : 0

bilan : =