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10 novembre 2008

La composition politique du Parlement Européen depuis 1979

Ayant profité de la préparation d'une intervention au CUEJ sur les partis politiques européens pour refaire mes pages sur l'évolution de la composition du Parlement Européen, j'invite ceux que cela intéresse à les (re)découvrir :

(d'autres pages à suivre, même si j'hésite encore à les mettre en ligne à cause de ces connards de des contributeurs de Wikipédia - je remarque d'ailleurs que tout ce qui est pompé repris de mes sites sur Wikipédia anglophone est sourcé, ce qui n'est toujours pas le cas sur Wikipédia francophone : une nouvelle opération commando s'impose !)

05 novembre 2008

Guéris, les États-Unis vont-ils nous refiler le virus racialiste ?


obama.jpgL'élection d'une majorité de grands électeurs favorable à Barack Obama pourrait marquer le début d'une nouvelle ère aux États-Unis, une ère post-raciale. Barack Obama n'a en effet pas été préféré par les Américains parce qu'il était un "candidat noir"' (nonobstant le fait qu'il soit métis) mais, malgré le fait qu'il le soit, parce qu'il était le candidat Démocrate de la rupture avec les deux mandats successifs du Républicain George W. Bush (quels que soient les qualités ou les défauts de John Mac Cain, trop rapidement assimilé en France à ce dernier). Ce n'est en réalité pas Barack Obama qui fera l'Amérique post-raciale, même s'il s'agit du magnifique projet qu'il incarne et porte. C'est l'Amérique post-raciale qui a permis son parcours politique.

Car, dans le contexte américain particulier, le succès de Barack Obama possède bien une signification "racialo"-sociétale. En dépit des treizième (1865, abolition de l'esclavage) et quatorzième (1868, égalité entre les citoyens) amendements de la Constitution américaine, il faudra en effet attendre un siècle, avec les lois successives sur les droits civiques entre 1954 et 1968, pour que les États-Unis en finissent enfin avec le racisme institutionnalisé.

Ce passé ségrégationniste fait de la société américaine une société racialiste (justifiant provisoirement de mettre entre-parenthèse l'universalisme par une pratique de "discrimination positive" en fonction de la couleur de peau) et, partant, l'accession d'un métis à la Maison Blanche un moment historique, non pas politiquement mais sociétalement. Plus qu'un progrès, l'élection de Barack Obama constitue surtout une normalisation de la société américaine: comme dans toutes les démocraties, un citoyen "noir" peut dorénavant être élu à la présidence des États-Unis, tout simplement parce que les idées politiques qu'il défend sont majoritaires.

Paradoxalement, au moment où les États-Unis semblent entrer dans une ère post-raciale avec l'élection de Barack Obama, cette victoire risque de faire entrer la France dans une ère "raciale", inédite dans la nation de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La France a, certes, connu l'esclavage et la colonisation (tournant alors le dos à ladite Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen...), mais la société française n'a jamais été une société racialiste. Contrairement aux États-Unis (où sept catégories raciales sont officiellement recensées: "White", "Black or African American", "American Indian and Alaska Native", "Asian", "Native Hawaiian and Other Pacific Islander", "some other race", "two or more races"), il n'existe ainsi pas de catégorisation des citoyens en fonction de la couleur de peau. Or nul doute que le vote des Américains va quand même venir nourrir les discours antirépublicains racialistes et communautaristes parlant de "diversité", de "minorités", de "statistiques ethniques" ou de "discrimination positive". Autant de volonté de racialiser la société française et raciser les citoyens.

Et nul doute que les gogos vont tomber dans le panneau. L'élection de Barack Obama est un symbole pour les États-Unis d'Amérique en raison de leur histoire. Mais ce n'est en rien un symbole universel. Contrairement aux États-Unis, l'élection, en France, d'un candidat de couleur de peau noire à la présidence de la République n'aurait strictement aucune signification en soi. L'élection, en revanche, d'une personne issue d'un quartier sensible en aurait, prouvant que l'ascenseur social n'est pas définitivement en panne. Quelle que soit la couleur de peau ou l'origine du nom de famille de l'intéressé(e).

27 août 2008

Au loup ! Au loup ! Au loup !

otan.jpg

Photo : des Géorgiens manifestent sous un drapeau de l'OTAN à Tbilissi (Olivier Laban-Mattei, AFP)

 

 

 

La Russie a reconnu, hier, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie comme des États indépendants, séparés de la Géorgie.

Cette décision est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère :

- la Russie ne viole ni plus ni moins le droit international (principe d'intangibilité des frontières) que les États qui avaient reconnu l'indépendance du Kosovo, séparé de la Serbie.

- les États-Unis et leurs alliés jouent avec le feu en voulant élargir l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie ou en installant en Pologne et en République tchèque un bouclier antimissile.

 

Quelques évidences :

- la guerre froide, affrontement idéologique entre le bloc soviétique et le bloc occidental, est définitivement finie depuis l'implosion du bloc soviétique.

- la guerre froide étant finie, le concept d'Occident ne veut plus rien dire, sauf à entrer dans le jeu des extrémistes guerriers qui veulent faire basculer le monde dans une guerre des civilisations.

- la guerre froide étant finie, l'OTAN, bras armé du bloc occidental, n'a plus aucune raison d'être.

- le droit international, s'il veut être crédible et ne pas être synonyme de droit du plus fort, doit donc être le même pour tous : il n'y a pas d'un côté les gentils (comprenez : les États-Unis et leurs alliés) qui peuvent le violer impunément (exemple : l'invasion unilatérale de l'Irak), et de l'autre les méchants (la Russie, par exemple) qui doivent s'y soumettre au millimètre près.

 

Enfin, il est grand temps de mettre fin aux "zones grises" de l'après guerre-froide, c'est-à-dire à ces territoires en droit rattachés à un État mais en fait indépendants voire administrés par un autre État, dans les Balkans ou au Caucase. Ce qui ne doit pas passer par les armes (contrairement à ce qu'a tenté de faire la Géorgie) mais par l'application d'un autre principe de droit international : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Bref, par l'organisation de référendums d'autodétermination sous l'égide de l'ONU ou de l'OSCE.

25 juillet 2008

Quand Nicolas reçoit son copain Barack à la maison

sarkoobama.jpgNicolas Sarkozy a reçu aujourd'hui Barack Obama à l'Élysée (passons sur le côté "petit garçon fébrile dans la cour des grands", comme dirait PPDA, qui dit dans Le Figaro "Obama ? C'est mon copain"). Un passage de la conférence de presse conjointe est particulièrement étonnant :

"Cela fait maintenant près de trois décennies que tous vos ministres des Affaires étrangères n'ont pas des noms américains : Madame Albright, Colin Powell, Madame Rice. C'est pour cela que j'aime les États-Unis. Et c'est pour cela que dans le gouvernement de la France, il y a Rachida Dati, il y a Fadela Amara, il y a Rama Yade, justement pour que chacun ait sa chance."

 

En quoi Albright, Powell et Rice ne sont-ils pas des noms américains ? Sauf à considérer que les origines tchèques de Madeleine Albright n'en font pas une citoyenne américaine comme les autres, de même que la couleur de la peau de Condoleezza Rice et de Colin Powell.

Le 24 septembre 2007, déjà, dans un entretien accordé au New York Times, Nicolas Sarkozy avait affiché cette même approche de la personne humaine :

"Je suis fier d'être l'ami des Américains. Et vous savez, je le dis au New York Times, mais je l'ai dit aux Français, c'est un peu plus courageux et un peu différent. Ecoutez, je n'ai jamais caché mon admiration du dynamisme américain, pour la fluidité de la société américaine, pour sa capacité à porter au plus haut niveau des gens à l'identité différente. Cela fait plus de vingt ans, vingt et un ans que le Secrétaire d'État américain n'est pas un Américain mais un Américain de l'extérieur, Madeleine Albright, Colin Powell, Condoleeza Rice, un grand exemple à suivre."

 

Je pense que Madeleine Albright, Condoleezza Rice (née à Birmingham en Alabama) et Colin Powell (né à New York) ont été ravis d'apprendre qu'ils n'étaient "pas des Américains mais des Américains de l'extérieur" (on critique à juste titre Jean-Marie Le Pen lorsqu'il parle de "Français de souche"; que dirions-nous s'il déclarait que Rachida Dati, Fadela Amara ou Rama Yade "ne sont pas des Françaises mais des Françaises de l'extérieur" !).

Sans parler de l'insistance sur une "identité différente", qui pourrait se comprendre dans la conception multiculturaliste et communautariste américaine, mais qui est plus que choquante dans la bouche d'un président de la République française.

Ce qu'il peut y avoir de plus beau dans l'exemple américain mentionné, c'est justement que la fille et le fils d'immigrés Madeleine Albright (parents immigrés tchèques) et Colin Powell (parents immigrés jamaïcains) aient pu devenir des Américains comme les autres et accéder aux plus hautes fonctions de l'État. Or c'est précisément ce que nie Nicolas Sarkozy (de père hongrois, et alors ?). Ce dernier ne peut en effet pas s'en empêcher : il réduit toujours la personne humaine à son origine. Une conception essentialiste qui heurte profondément ma philosophie existentialiste et mon humanisme. Quant à Condoleezza Rice, elle a été victime du racisme au sein de la société américaine mais n'est pas d'origine étrangère (sauf à considérer que tous les Américains sont d'origine étrangère, à l'exception des Amérindiens).

 

Autre chose de choquant dans les propos de Nicolas Sarkozy :

"C'était en 2005. On a eu de grands affrontements et vous aux États-Unis, vous savez ce que c'est, parce que vous les avez connus aussi. Mais on a une différence entre les affrontements que j'ai eus à gérer comme ministre de l'Intérieur et ceux que vous avez gérés aux États-Unis. C'est qu'il n’y a pas eu un mort en France, il n'y a pas eu une balle qui a été tirée par la police. Les seuls blessés qu'il y ait eu, c'étaient les forces de l'ordre. Mais, depuis mon élection, il n'y a pas eu d'émeutes parce qu'on a mis en place un plan de développement et de formation considérable."

 

Passons, encore, sur le côté fanfaron. La différence fondamentale entre les violences aux États-Unis et en France, ce n'est pas le nombre de victimes, c'est surtout leur caractère : social en France, ethnico-racial aux États-Unis. Que le président de la République n'en ait pas conscience m'inquiète beaucoup...

14 juillet 2008

14 juillet "bling bling"

betancourt.jpgLe 14 juillet 2007, j'avais critiqué le défilé sur les Champs-Élysées de troupes étrangères issues de tous les États membres de l'Union Européenne

Paradoxalement en apparence, je salue cette année le défilé de "casques bleus" de l'ONU (avec le secrétaire général Ban Ki-moon "invité d'honneur" du président de la République), soldats de la paix qui, eux, ne se rattachent à aucun État. La France universelle s'honore donc à les mettre à l'honneur le temps d'un défilé, à l'égal de ses propres troupes nationales.

 

En revanche, deux choses me choquent profondément dans ce 14 juillet 2008 :

- la présence de deux avions militaires étrangers (des MIG 29 roumain et slovène) en hommage à l'OTAN

- la présence dans la tribune présidentielle d'Ingrid Betancourt. Cette française a été libérée. Fort bien. Nous sommes très contents pour elle et sa famille. Mais en quoi la France doit-elle honorer cette femme politique colombienne à l'occasion de la Fête Nationale ? Qu'a-t-elle fait de spécial dans sa vie pour la patrie qui méritât pareil honeur ? C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy exhibait Ingrid Betancourt comme il exhibe volontiers devant ses invités sa Rolex Daytona...

 

N.B. : De retour de l'Élysée...

Glop-Glop. Cette phrase lucide d'Ingrid Betancourt : "Je suis bien consciente que je ne mérite pas cette distinction [la Légion d'honneur, ndlr] mais elle me fait tellement plaisir", ainsi que l'idée d'associer le lycée hôtelier de Dieuze en Moselle (ville dont le 13e régiment de dragons parachutistes est menacé) au déjeuner offert aux chefs de délégations à l'Hôtel de Marigny.

Pas Glop-Pas Glop. Cette phrase niaise et incongrue d'Ingrid Betancourt (mais qui a dû tellement faire plaisir à Nicolas Bruni) : "Je compte sur Carla, avec sa belle voix et son coeur" [pour que les autres otages des FARC soient libérés aussi]