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12 octobre 2010

Radioscopie des députés UMP (2/2)

II. RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

 

A. Les courants de l'UMP

Comme nous l'avons vu dans la première partie de cette radioscopie des députés UMP, trois grands courants sont censés correspondre idéologiquement aux trois grandes familles politiques qui ont convergé - totalement ou partiellement - dans l'UMP.

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La continuité est donc plus ou moins forte selon les familles politiques:

- 88% des ex-DL adhèrent aux Réformateurs, soit 45 députés dont 37 "purs" (c'est-à-dire n'adhérant pas parallèlement à un autre courant)

- 85% des ex-UDF adhèrent aux "centristes de l'UMP", soit 44 députés dont 29 "purs".

- 20% seulement des ex-RPR adhèrent au Chêne, soit 32 députés dont 22 "purs"; ils sont quasiment autant à adhérer aux Réformateurs: 17%, soit 28 députés dont 19 "purs" (9 participent à la fois au Chêne et aux Réformateurs).

- au total, 28% des ex-RPR adhèrent à au moins une structure d'inspiration gaulliste (Le Chêne, Union des Démocrates pour le Progrès, République Solidaire, Club Nouveau Siècle), soit 46 députés.

 

B. Les ex-RPR:

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Les ex-RPR sont peu marqués idéologiquement, hormis un tropisme autoritaire (32% des ex-RPR). Cette particularité s'explique par le passage du gaullisme au néogaullisme pompidolien puis chiraquien, se traduisant par leur acceptation de l'intégration européenne et atlantique d'une part, leur conversion au libéralisme économique d'autre part (à travers la mise en sourdine du gaullisme économique et sociale: planification et interventionnisme de l'État, association capital-travail). Les "sociaux/autoritaires", sans doute les plus proches du gaullisme gaullien, ne représentent ainsi aujourd'hui que 3% des ex-RPR... avec cinq députés !

 

C. Les ex-DL:

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Les ex-DL forment une famille idéologique très cohérente:

  • 80% de libéraux économiques
  • 72% de libéraux anti-autoritaires
  • 54% de libéraux/libéraux; à noter tout de même 24% de libéraux/autoritaires, signe de l'ambivalence du positionnement des libéraux (matérialisée sous la IIIe République par la division entre l'Alliance démocratique au centre-droit et la Fédération républicaine flirtant avec la droite de la droite)

 

D. Les ex-UDF:

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Les ex-UDF forment, comme les ex-DL, une famille idéologique cohérente:

  • 63% de "sociaux"
  • 79% de libéraux anti-autoritaires
  • 53% de sociaux/libéraux

 

11 octobre 2010

Radioscopie des députés UMP (1/2)

Les débats autour du "bouclier fiscal" et du projet de loi "relatif à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité" rappellent que l'UMP est un parti idéologiquement hétérogène.

Contrairement à une idée de plus en plus répandue, la création en 2002 de l'UMP ne correspondait en effet pas à une mythique "réunification des droites" mais à la fusion inédite de familles politiques historiquement distinctes.

Je vous propose donc pour iPolitique.fr une étude sur les clivages et les rapports de force actuels au sein du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Pour réaliser ce travail inédit, j'ai classé chaque député UMP en fonction d'une trentaine de paramètres regroupés en trois catégories: appartenance actuelle ou passée à un parti ou à un club; votes à l'Assemblée nationale; signatures de propositions de loi ou d'amendements.

Sur 314 membres du groupe UMP, 83 députés (26%) ne se signalent par aucune prise de position les démarquant de leurs collègues et en forment en quelque sorte le "marais".

 

Cette étude sera publiée en deux temps:

I. Radioscopie des députés UMP

II. RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

 

I. Radioscopie des députés UMP

 

A. Origine partisane des députés UMP

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Les députés UMP restent majoritairement issus du RPR (52% contre 58% en 2002). La différence la plus frappante par rapport au lendemain des élections législatives de 2002 est le nombre de députés que je ne rattache à aucun des trois grands partis (5% en 2002, 15% aujourd'hui). C'est la signe de l'émergence d'une "génération UMP", soit qui ne détenait pas de mandat significatif avant 2002, soit entrée en politique depuis la création de l'UMP. Dans cette catégorie, les femmes (progression de la parité) et les suppléants de députés (membres du gouvernement ou décédés) sont surreprésentés.

 

B. Les trois grands courants

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Trois grands courants structurés sont censés correspondre idéologiquement aux trois grandes familles politiques qui ont convergé - totalement ou partiellement - dans l'UMP:

  • Les Réformateurs (REF) pour les libéraux (Hervé Novelli, Gérard Longuet): 99 députés dont 66 "purs" (c'est-à-dire n'adhérant pas à un autre courant).
  • Les "centristes de l'UMP" (CENT: Pierre Méhaignerie, Marc-Philippe Daubresse): 61 députés dont 41 "purs". On peut en outre ajouter 11 députés membres du Parti radical valoisien ou du Parti chrétien-démocrate qui ne participent pas parallèlement aux "centristes de l'UMP".
  • Le Chêne pour les néogaullistes (Michèle Alliot-Marie): 46 députés dont 27 "purs". Le Chêne ne détient toutefois pas le monopole de l'étiquette gaulliste dans la mouvance de l'UMP: au total, 62 députés UMP adhèrent à au moins une structure d'inspiration gaulliste (Le Chêne, Union des Démocrates pour le Progrès, République Solidaire, Club Nouveau Siècle).

Il existe une forte porosité entre ces courants, particulièrement des libéraux aussi bien avec les "centristes de l'UMP" (17 députés adhèrent aux deux courants) qu'avec les néogaullistes du Chêne (16 députés adhèrent aux deux).

 

Au-delà de cette participation à tel ou tel courant, j'ai retenu deux champs de fracture au sein des députés UMP:
- le clivage sociaux versus libéraux
- le clivage autoritaires versus libéraux

 

C. Le clivage sociaux vs libéraux

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L'égalité est presque parfaite entre les "libéraux" (79 députés) et les "sociaux" (72 députés). Sans surprise, les "libéraux" sont majoritairement issus de Démocratie libérale (52%), tandis que les ex-UDF forment le principal contingent des "sociaux" (46%), devant les ex-RPR (39%).

Les "inclassables" sont des députés qui se rattachent tantôt aux "libéraux" tantôt aux "sociaux". Ils se distinguent donc du "marais", formé par les députés qui se signalent par aucune prise de position particulière.

 

D. Le clivage autoritaires vs libéraux

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Il n'est pas inintéressant de constater, même si c'est toujours le "marais" qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre, que le noyau dur des "libéraux" (121 députés) est plus nombreux que le noyau dur des "autoritaires" (83 députés). Sans surprise, les "autoritaires" sont très majoritairement issus du RPR (63%).

 

E. Les 4 familles de l'UMP

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En croisant ces deux clivages, nous pouvons identifier quatre familles "pures" au sein du groupe UMP:

  • les libéraux/autoritaires (LI+A): 28 députés
  • les libéraux/libéraux (LI+LI): 43 députés
  • les sociaux/libéraux (SO+LI): 50 députés
  • les sociaux/autoritaires (SO+A): 10 députés

 

 

Radioscopie des députés UMP (2/2) : RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

25 mars 2010

L'après-régionales sonne le réveil des droites

Quelques jours à peine après le second tour des élections régionales, les grandes manœuvres ont commencé : Hervé Morin et Jean Arthuis d'un côté, Dominique de Villepin de l'autre, devraient respectivement lancer jeudi 25 mars des appels à la création de nouveaux mouvements politiques. Les deux premiers veulent fédérer les centristes, le second veut rassembler les gaullistes. Les uns et les autres partageant globalement une même critique de la présidence de Nicolas Sarkozy et n'excluant pas de présenter un candidat à l'élection présidentielle de 2012.

Depuis leur rupture avec François Bayrou, en 2007 pour Hervé Morin et en 2008 pour Jean Arthuis, les deux hommes affichent la même ambition de refonder l'UDF mais ne sont pas d'accord sur les moyens pour y parvenir. Pour Hervé Morin, "l'UDF d'aujourd'hui" c'est en effet déjà son parti, le Nouveau Centre, qui vient de faire élire 74 conseillers régionaux. Reste que, à l'image de Jean Arthuis, fondateur de l'Alliance centriste, de nombreux élus issus de l'UDF et ayant rompu avec le MoDem répugnaient à rallier le Nouveau Centre. Finalement, le Nouveau Centre et l'Alliance centriste devraient annoncer jeudi matin leur regroupement "sous une forme confédérale" avec pour objectif d'aboutir à "une structure unique" (La Croix, 25/03/2010).

Hormis l'ancien giscardien Hervé de Charette, qui a quitté l'UMP pour rallier le Nouveau Centre avant les régionales, cette recomposition ne devrait toutefois pas toucher les ex-UDF qui ont participé en 2002 à la création du grand parti de droite à vocation majoritaire. Certains appartiennent parallèlement au Parti radical de Jean-Louis Borloo ou au Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, qui n'exclut pas d'être, elle-même, candidate à la présidentielle de 2012 (La Croix, 24/03/2010).

D'autres restent inorganisés mais se réunissent de façon informelle autour de Pierre Méhaignerie. "Nous ne voulons pas travailler avec les autres centristes sur des questions de structure mais sur un positionnement de fond, tranche l'intéressé. Les centristes de l'UMP ont un contrat de cinq ans avec Nicolas Sarkozy et ils le respecteront. Ce qui signifie que nous resterons à l'UMP."

La stratégie de Dominique de Villepin paraît, elle, plus ambiguë. Il a en effet déjà lancé un "Club Villepin", le 18 juin 2009, tandis que les derniers remaniements ministériels ont vu deux de ses proches entrer au gouvernement : Bruno Le Maire en janvier 2009 et Georges Tron en mars 2010. La forme de son "mouvement au service des Français" est en outre encore incertaine (club ou parti) de même que la nature de ses relations avec l'UMP.

Quoi qu'il en soit, les autres mouvements se réclamant du gaullisme n'entendent pas laisser Dominique de Villepin occuper ce créneau. Associé à l'UMP, Le Chêne de Michèle Alliot-Marie a ainsi présenté mardi un nouveau logo où la référence gaulliste est plus nettement visible à travers l'apparition d'une croix de Lorraine rappelant le dernier logo du RPR (voir ci-dessous). "Nous avons dépassé le cadre d'un club de réflexion : la sensibilité gaulliste de la majorité, c'est nous", plaide un proche de Michèle Alliot-Marie. De fait, aux régionales, l'ancien logo du Chêne a été ajouté sur certaines professions de foi, au même titre que celui des autres composantes de la majorité présidentielle.

Enfin, dans un message interne, le parti gaulliste indépendant Debout la République du député Nicolas Dupont-Aignan, qui a dépassé aux régionales le MoDem en Île-de-France, s'inquiète des "tentatives de débauchage individuel" de la part "des amis de Dominique de Villepin, semble-t-il soucieux de recruter des troupes dans la perspective de la mise sur pied d'un nouveau mouvement".

 

Laurent de Boissieu
© La Croix, 25/03/2010

 

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nouveau logo du Chêne

 

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ancien logo du Chêne

 

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ancien logo du RPR (1991-2002)