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08 avril 2011

La percée de Marine Le Pen divise les souverainistes

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L'idée d'une alliance avec le FN émerge, mais reste minoritaire chez ceux qui promeuvent une sortie de l'euro ou un retrait de l'Union européenne

La droite souverainiste constitue une terre d'expansion naturelle d'un Front national en quête, depuis que Marine Le Pen le préside, de respectabilité et de crédibilité. De fait, le Rassemblement pour l'indépendance de la France, fondé par l'ancien parlementaire européen Paul-Marie Coûteaux, vient d'appeler à la constitution, "en vue des législatives de 2012" d'une "large alliance des patriotes", allant du FN à la "droite populaire" de l'UMP (Thierry Mariani, Lionnel Luca), en passant par le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers ou encore Debout la république de Nicolas Dupont-Aignan.

"On ne peut pas reprocher à Marine Le Pen les maux et les mots de son père et continuer comme si elle n'avait pas reconnu que l'Holocauste est le summum de la barbarie, plaide Paul-Marie Coûteaux. Il ne s'agit pas de rallier le FN mais de créer un partenariat, en tenant compte de l'écho que Marine Le Pen rencontre dans le peuple." Ancien proche de Jean-Pierre Chevènement et Philippe Séguin, Paul-Marie Coûteaux ne dissimule pas pour autant ses divergences avec l'extrême droite, estimant notamment que "la menace majeure ce n'est pas l'islamisation mais l'américanisation".

Côté UMP, le refus de toute alliance avec le FN a été réaffirmé dans le contexte des élections cantonales par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, sous peine d'exclusion du parti. De toute façon, seuls deux élus s'étaient récemment prononcés en faveur d'une telle alliance: le député Christian Vanneste et Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). La passerelle idéologique entre le FN et la "droite populaire" ne fonctionne en outre pas sur la question de la souveraineté et de l'indépendance nationales – la quasi-totalité des membres de la "droite populaire" avaient approuvé les traités européens successifs –, mais sur les questions d'identité, d'immigration et de sécurité.

Le refus est tout aussi net chez les autres "partenaires" envisagés par Paul-Marie Coûteaux. "Il faut rassembler les Français sans distinction d'origine, de couleur de peau ou de religion autour d'un projet patriotique, républicain et social", expose le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, lui-même candidat à l'élection présidentielle. "Je me distingue du FN dans la mesure où je ne stigmatise personne, où je ne montre pas du doigt les Français “récents” ou de confession musulmane. Il y a encore trop d'éléments inacceptables dans l'idéologie comme dans les soutiens de Marine Le Pen", conclut le député non-inscrit.

"Se rapprocher du FN violerait notre charte fondatrice", tranche également François Asselineau, président de l'Union populaire républicaine et ancien conseiller de Paris pasquaïen. Effectivement, cette charte "commande de n'attaquer personne en raison de ses convictions religieuses ou de ses origines", "refuse tout extrémisme et tout racisme", et "proclame son attachement à la Déclaration universelle des droits de l'Homme". Favorable à un retrait unilatéral de l'Union européenne tel que juridiquement prévu par l'article 50 du traité sur l'Union, François Asselineau souligne en outre qu'"il n'existe pas de possibilité juridique de sortie groupée de l'euro" telle que la propose le FN.

Enfin, les uns et les autres estiment que l'extrême droite dessert en réalité la défense de la souveraineté nationale. "Le FN est un agent du système car il a ‘‘pestiféré'' l'idée d'une sortie de l'Union européenne en l'assimilant à un discours extrémiste, anti-arabe et anti-immigrés", regrette François Asselineau. "Marine Le Pen reste la meilleure alliée du système car elle ne peut l'emporter au second tour d'une présidentielle ni face au candidat de l'UMP, ni face à celui du PS", renchérit Nicolas Dupont-Aignan.

"Sans le FN, nous aurions une droite solide, pas d'un côté les os et de l'autre les muscles", avance Patrick Louis, secrétaire général du MPF. Bien loin de se rapprocher du FN, le parti de Philippe de Villiers, qui réunira samedi son conseil national, entend au contraire contribuer à muscler la majorité en participant prochainement à un "groupe de travail" aux côtés de la "droite populaire" de l'UMP.

Laurent de Boissieu
La Croix, 08/04/2011