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12 avril 2010

Le centre droit se projette vers la présidentielle de 2012

"La question de ma candidature à l'élection présidentielle ne se pose pas aujourd'hui", affirme Hervé Morin, président du Nouveau Centre. Il n'empêche, le ministre de la défense semble déjà avoir en tête son calendrier jusqu'aux échéances de 2012. Les 12 et 13 juin prochains aura lieu, à Tours, le congrès du Nouveau Centre, au cours duquel Jean-Christophe Lagarde deviendra statutairement le président exécutif du parti, aux termes d'un accord entre les deux hommes. Parallèlement, il s'agira de fusionner le Nouveau Centre avec l'Alliance Centriste de Jean Arthuis, c'est-à-dire de réunir dans une seule formation tous les ex-UDF qui ne sont ni à l'UMP ni au MoDem. Les élections cantonales de mars 2011 permettront ensuite de renforcer le maillage territorial du parti. D'ici à l'été 2011, Hervé Morin devrait en outre avoir quitté le gouvernement, à l'occasion d'un remaniement ministériel ou d'une démission individuelle.

Lors du scrutin suivant, les élections sénatoriales de septembre 2011, l'objectif est de constituer au Sénat, comme à l'Assemblée nationale, un groupe parlementaire distinct. L'occasion, également, de solder ses comptes avec le MoDem, les sénateurs proches de François Bayrou étant, à l'exception de Marcel Deneux, tous renouvelables (Denis Badré, Didier Borotra, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Jégou, Jean-Marie Vanlerenberghe). Viendra alors, "pour la fin de l'année 2011", la décision d'avoir ou non un candidat à la présidentielle de 2012. "Si nous renonçons à l'élection présidentielle, notre existence est définitivement morte", a d'ores et déjà averti Hervé Morin, samedi, en clôture du conseil national du Nouveau Centre à Paris. Enfin, quel que soit le résultat de la présidentielle, il s'agira cette fois de remplir aux législatives les critères afin d'avoir directement accès au financement public des partis politiques (c'est-à-dire présenter au moins cinquante candidats ayant obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés).

Reste à savoir de quel espace électoral pourrait disposer à la présidentielle une telle candidature. Directeur du Département opinion de l'Ifop, Frédéric Dabi souligne qu'aux élections régionales, "l'offre de droite" s'est révélée "insuffisante et trop unitaire". De quoi, donc, laisser de la place à une deuxième candidature à droite, aux côtés de celle probable de Nicolas Sarkozy. Toutes choses égales par ailleurs, le socle électoral d'une offre de centre droit est a priori constitué des 40% de l'électorat de François Bayrou en 2007 qui, selon TNS Sofres, ont voté Nicolas Sarkozy au second tour, soit 7% des suffrages exprimés du premier tour de la dernière présidentielle. Hervé Morin revendique, lui, "un potentiel électoral de 15%".

"Le centre est un espace extrêmement concurrentiel et convoité", prévient toutefois Frédéric Dabi en citant le centriste François Bayrou, l'écologiste de gauche Cécile Duflot et le néogaulliste Dominique de Villepin. "Ils sont dans une démarche d'opposition, nous, nous sommes dans une démarche de proposition", tranche Hervé Morin. Pour se démarquer, son éventuelle candidature devra cependant afficher ses propres marqueurs politiques. Jeudi, lors d'une réunion publique à Besançon, le président du Nouveau Centre a ainsi testé son triptyque : "une société apaisée", "une société de la reconnaissance" et "une société de la tolérance". Le chemin semble toutefois encore long pour Hervé Morin s'il entend approcher le score de son ancien ami politique en avril 2007 (19%). Selon le baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, la "cote d'avenir" de François Bayrou était de 33% en avril 2005, deux ans avant la dernière présidentielle. Aujourd'hui, en avril 2010, deux ans avant la prochaine présidentielle, cette même cote d'avenir n'est que de 14% pour Hervé Morin. Contre 24% pour François Bayrou, exactement comme en avril 2000, deux ans avant sa première candidature présidentielle.

 

Laurent de Boissieu
© La Croix, 12/04/2010 (version un peu plus longue que celle publiée sur papier)

06 mars 2007

calendrier de l'élection présidentielle

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Le calendrier de l'élection présidentielle :

http://francepolitique.free.fr/PR07calendrier.htm

 

07 février 2007

500 parrainages

La question revient avant chaque échéance présidentielle : faut-il modifier le système des 500 parrainages requis pour être candidat à l’élection ? Le Conseil constitutionnel lui-même a interpellé sur ce sujet le législateur dans ses « Observations sur les échéances électorales de 2007 », relevant que la législation en vigueur n’a « pas empêché en 2002 un nombre sans précédent de candidats » : seize contre neuf en 1995 ou en 1988. Or, selon le Conseil constitutionnel, « une telle situation comporte des inconvénients tant pour la clarté et la sincérité des opérations électorales que pour l’organisation matérielle et le contrôle de ces opérations ». Ce qui l’a conduit à s’interroger « de nouveau sur le bien-fondé de règles de présentation » qui ne suffisent « plus à éviter la multiplication des candidatures ».

À la suite d’observations du Conseil constitutionnel, le législateur avait déjà porté, en 1976, de 100 à 500 le nombre des parrainages requis. Conséquence immédiate : le nombre de postulants est passé de douze en 1974 à dix en 1981. Candidat en 1974, Jean-Marie Le Pen, par exemple, n’était pas parvenu, sept ans plus tard, à obtenir suffisamment de signatures. L’idée d’augmenter encore le nombre de parrainages fait notamment l’objet de la proposition de loi organique déposée l’année dernière par Robert del Picchia, sénateur UMP des Français établis hors de France. Constatant qu’il y a cinq ans, « neuf des seize candidats n’ont pas atteint 5 % » des suffrages exprimés, le parlementaire estime que « le filtre ne semble plus opérant » et que « cette offre politique est trop large et inutile ». Il conseille donc de relever à 1 000 le seuil de parrainages afin d’aboutir à « une sélection efficace des candidats incarnant un courant politique national avec une véritable assise dans l’électorat ». En contrepartie, il prévoit toutefois de rendre obligatoire le parrainage par les élus.

Sans remettre en cause le système des signatures d’élus, des idées plus originales ont émergé afin de le compléter. Auteur de deux propositions de loi organique sur le sujet, en 2002 et en 2005, le sénateur UMP de la Moselle Jean-Louis Masson estime que « le système actuel des parrainages n’empêche pas les candidatures fantaisistes ou marginales tout en pouvant exclure des courants de pensée figurant parmi les plus importants ». C’est pourquoi il propose de faire « passer de 500 à 1 000 le nombre des parrainages requis en prévoyant que, parmi ceux-ci, il y en ait au moins 5 % qui émanent de parlementaires, de conseillers généraux ou de conseillers régionaux ». Tout en dispensant de parrainages les candidats présentés par un parti politique ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés lors des précédentes législatives.

Cette idée avait également été avancée en 2002 par Lionel Jospin, qui s’était alors engagé à modifier le système des parrainages si des candidats représentant « un courant politique réel » ne pouvaient pas obtenir les 500 signatures : « On pourrait considérer que, quand des formations ont eu un nombre de voix significatif à l’échelle nationale, elles puissent présenter leur candidat », avait-il expliqué. Enfin, dans sa première proposition de loi, Jean-Louis Masson entendait également dispenser de signature les candidats ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés lors de la précédente élection présidentielle. Un critère qu’il a ensuite abandonné.

Deux solutions alternatives ont été mises en avant en 2002 par Antoine Waechter, qui n’est plus parvenu à réunir 500 signatures depuis qu’il a quitté les Verts, en 1994. Le président du Mouvement écologiste indépendant avait ainsi suggéré deux réformes. Soit un « système mixte » où le parrainage de 20 à 30 citoyens équivaudrait à celui d’un maire. Soit la possibilité d’être candidat en obtenant le parrainage de « 10 000 ou 20 000 électeurs ». Cette idée a été reprise par la constitutionnaliste Jeannette Bougrab, également membre du secrétariat national de l’UMP. Le 5 janvier, dans Valeurs actuelles, elle proposait une « voie d’appel » sous la forme d’une « pétition citoyenne » : « Si un million de Français soutient une candidature, le parrainage de 500 “grands électeurs” serait alors inutile. »

De façon plus radicale, l’idée d’un parrainage citoyen a également été défendue en remplacement de la présentation par des élus. La LCR, dont le candidat, Olivier Besancenot, a du mal à obtenir les 500 signatures, avance ainsi « un seuil minimal de 50 000 électrices et électeurs ». De son côté, Brice Hortefeux, secrétaire général délégué de l’UMP, suggère, à titre personnel, le parrainage de « 200 000 personnes ».

Un autre constitutionnaliste, Guy Carcassonne, veut, lui, carrément en finir avec le système des parrainages, qu’il qualifie de « mauvais » : « À chaque échéance, sont présents des candidats qui n’atteignent pas 0,5 % des suffrages exprimés tandis que, à l’opposé, des familles politiques significatives risquent de se trouver exclues », écrivait-il dans Le Figaro Magazine du 13 janvier. Sa proposition : « Ouvrir large l’accès à la candidature, en contrepartie de quoi serait prévu, si nécessaire, un troisième tour. Dans ce schéma, si deux candidats au moins réunissent chacun plus de 20 ou 25 % au premier tour, le second les oppose sans changement. Si, au contraire, ce seuil n’est atteint que par un seul, voire par aucun, alors un tour intermédiaire est organisé, auquel participent les quatre candidats arrivés en tête, dont les deux premiers s’affrontent au troisième tour, décisif. » Une solution complexe qui nécessiterait une révision de la Constitution.

 

 Laurent de Boissieu

© La Croix, 06/02/2007

500 parrainages

La question revient avant chaque échéance présidentielle : faut-il modifier le système des 500 parrainages requis pour être candidat à l’élection ? Le Conseil constitutionnel lui-même a interpellé sur ce sujet le législateur dans ses « Observations sur les échéances électorales de 2007 », relevant que la législation en vigueur n’a « pas empêché en 2002 un nombre sans précédent de candidats » : seize contre neuf en 1995 ou en 1988. Or, selon le Conseil constitutionnel, « une telle situation comporte des inconvénients tant pour la clarté et la sincérité des opérations électorales que pour l’organisation matérielle et le contrôle de ces opérations ». Ce qui l’a conduit à s’interroger « de nouveau sur le bien-fondé de règles de présentation » qui ne suffisent « plus à éviter la multiplication des candidatures ».

À la suite d’observations du Conseil constitutionnel, le législateur avait déjà porté, en 1976, de 100 à 500 le nombre des parrainages requis. Conséquence immédiate : le nombre de postulants est passé de douze en 1974 à dix en 1981. Candidat en 1974, Jean-Marie Le Pen, par exemple, n’était pas parvenu, sept ans plus tard, à obtenir suffisamment de signatures. L’idée d’augmenter encore le nombre de parrainages fait notamment l’objet de la proposition de loi organique déposée l’année dernière par Robert del Picchia, sénateur UMP des Français établis hors de France. Constatant qu’il y a cinq ans, « neuf des seize candidats n’ont pas atteint 5 % » des suffrages exprimés, le parlementaire estime que « le filtre ne semble plus opérant » et que « cette offre politique est trop large et inutile ». Il conseille donc de relever à 1 000 le seuil de parrainages afin d’aboutir à « une sélection efficace des candidats incarnant un courant politique national avec une véritable assise dans l’électorat ». En contrepartie, il prévoit toutefois de rendre obligatoire le parrainage par les élus.

Sans remettre en cause le système des signatures d’élus, des idées plus originales ont émergé afin de le compléter. Auteur de deux propositions de loi organique sur le sujet, en 2002 et en 2005, le sénateur UMP de la Moselle Jean-Louis Masson estime que « le système actuel des parrainages n’empêche pas les candidatures fantaisistes ou marginales tout en pouvant exclure des courants de pensée figurant parmi les plus importants ». C’est pourquoi il propose de faire « passer de 500 à 1 000 le nombre des parrainages requis en prévoyant que, parmi ceux-ci, il y en ait au moins 5 % qui émanent de parlementaires, de conseillers généraux ou de conseillers régionaux ». Tout en dispensant de parrainages les candidats présentés par un parti politique ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés lors des précédentes législatives.

Cette idée avait également été avancée en 2002 par Lionel Jospin, qui s’était alors engagé à modifier le système des parrainages si des candidats représentant « un courant politique réel » ne pouvaient pas obtenir les 500 signatures : « On pourrait considérer que, quand des formations ont eu un nombre de voix significatif à l’échelle nationale, elles puissent présenter leur candidat », avait-il expliqué. Enfin, dans sa première proposition de loi, Jean-Louis Masson entendait également dispenser de signature les candidats ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés lors de la précédente élection présidentielle. Un critère qu’il a ensuite abandonné.

Deux solutions alternatives ont été mises en avant en 2002 par Antoine Waechter, qui n’est plus parvenu à réunir 500 signatures depuis qu’il a quitté les Verts, en 1994. Le président du Mouvement écologiste indépendant avait ainsi suggéré deux réformes. Soit un « système mixte » où le parrainage de 20 à 30 citoyens équivaudrait à celui d’un maire. Soit la possibilité d’être candidat en obtenant le parrainage de « 10 000 ou 20 000 électeurs ». Cette idée a été reprise par la constitutionnaliste Jeannette Bougrab, également membre du secrétariat national de l’UMP. Le 5 janvier, dans Valeurs actuelles, elle proposait une « voie d’appel » sous la forme d’une « pétition citoyenne » : « Si un million de Français soutient une candidature, le parrainage de 500 “grands électeurs” serait alors inutile. »

De façon plus radicale, l’idée d’un parrainage citoyen a également été défendue en remplacement de la présentation par des élus. La LCR, dont le candidat, Olivier Besancenot, a du mal à obtenir les 500 signatures, avance ainsi « un seuil minimal de 50 000 électrices et électeurs ». De son côté, Brice Hortefeux, secrétaire général délégué de l’UMP, suggère, à titre personnel, le parrainage de « 200 000 personnes ».

Un autre constitutionnaliste, Guy Carcassonne, veut, lui, carrément en finir avec le système des parrainages, qu’il qualifie de « mauvais » : « À chaque échéance, sont présents des candidats qui n’atteignent pas 0,5 % des suffrages exprimés tandis que, à l’opposé, des familles politiques significatives risquent de se trouver exclues », écrivait-il dans Le Figaro Magazine du 13 janvier. Sa proposition : « Ouvrir large l’accès à la candidature, en contrepartie de quoi serait prévu, si nécessaire, un troisième tour. Dans ce schéma, si deux candidats au moins réunissent chacun plus de 20 ou 25 % au premier tour, le second les oppose sans changement. Si, au contraire, ce seuil n’est atteint que par un seul, voire par aucun, alors un tour intermédiaire est organisé, auquel participent les quatre candidats arrivés en tête, dont les deux premiers s’affrontent au troisième tour, décisif. » Une solution complexe qui nécessiterait une révision de la Constitution.

 

 Laurent de Boissieu

© La Croix, 06/02/2007

17 novembre 2006

Le PS se convertit au social-libéralisme

Avec 60,65% des suffrages exprimés, Ségolène Royal a été investie dès le premier tour comme candidate du PS pour l'élection présidentielle de 2007, devant Dominique Strauss-Kahn (20,69%) et Laurent Fabius (18,66%).

La surprise n'est pas tant l'arrivée en tête de Ségolène Royal (avec la prophétie auto-réalisatrice des sondages réalisés auprès des sympathisants PS) que la troisième position de Laurent Fabius. Ce dernier est en effet loin de réaliser son ambition : faire le plein des voix "nonistes" (41,20% lors de la consultation interne de 2004). Entre ces deux votes, le corps électoral a cependant doublé, puisque le nombre d’adhérents du parti est passé de 120 038 en novembre 2004 à 220 269 deux ans après.

Le score obtenu par Laurent Fabius est révélateur de l’orientation politique des nouveaux adhérents. Comme ses partis frères européens, le PS français semble en effet avoir définitivement tourné la page du socialisme républicain et keynésien pour rallier la "social-démocratie moderne" - c'est-à-dire en fait le social-libéralisme - théorisée par le Britannique Tony Blair et l'Allemand Gerhard Schröder. Les deux candidats qui s’y rattachent – aussi bien Dominique Strauss-Kahn en l'assumant que Ségolène Royal sans l'assumer ("On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens") – ayant obtenu ensemble plus de 80% des suffrages.

Reste à savoir où iront les voix des anciens électeurs "nonistes de gauche" de 2005. Voteront-ils pour Ségolène Royal mais contre leurs idées par réflexe anti-droite et anti-Sarkozy ? Ou porteront-ils leurs voix vers un autre candidat appartenant, comme eux, à la gauche "noniste" (Jean-Pierre Chevènement, un éventuel candidat PCF ou altermondialiste ?).

Quoi qu'il en soit, Nicolas Sarkozy, dont la candidature est assurée d'obtenir le soutien de l'UMP, doit se préparer à mener une campagne pénible avec une candidate qui, face à ses camarades du PS, n'a pas hésité à brandir l'accusation de machisme plutôt que de s'en tenir à des débats de fond (ce qui, il est vrai, n'est pour l'instant pas son fort)...

Cette investiture n'est pas sans rappeler l'élection de Michèle Alliot-Marie, en 1999, à la présidence du RPR. Non pas parce que dans les deux cas il s'agit d'une femme*, mais parce que dans les deux cas les candidats ayant un positionnement idéologique clair et assumé sont arrivés derniers : François Fillon (gaulliste) et Patrick Devedjian (libéral) au sein du RPR en 1999, DSK (social-libéral) et Fabius (républicain keynésien) aujourd'hui au PS. De quoi désespérer du débat politique...

 

* le fait qu'une femme soit investie candidate par un des deux grands partis n'a politiquement aucun intérêt : seules en politique comptent les idées, quel que soit le sexe - ou encore la couleur de peau - de celui ou celle qui les portent

16 novembre 2006

Nicolas Sarkozy oscille entre libéralisme et gaullisme social

Depuis six mois, Nicolas Sarkozy a avancé des propositions en contradiction avec un libéralisme économique qu’il a pourtant toujours revendiqué.

 

Son entourage assure que Nicolas Sarkozy « n’a pas changé ». Et pourtant... Depuis six mois, le président de l’UMP semble troquer son « gaullisme libéral » pour un « gaullisme social », naguère incarné par Philippe Séguin. Au grand dam d’une partie de ses soutiens, de l’ancien premier ministre Édouard Balladur à Hervé Novelli, chef de file du courant le plus libéral de l’UMP, qui ont tous les deux pris la plume pour s’en inquiéter. En cause, notamment : la proposition de Nicolas Sarkozy, dans son discours de Périgueux, le 12 octobre dernier, de rendre opposables devant les tribunaux trois droits sociaux (logement, garde des enfants, dépendance des personnes âgées) afin de « passer des droits virtuels aux droits réels ».

Une idée qui a fait bondir l’ancien président de Démocratie libérale, Alain Madelin. Si certains y ont vu « une tonalité franchement sociale », il estime, lui, « qu’il s’agit de propositions franchement socialistes ». Voilà qui serait paradoxal de la part de Nicolas Sarkozy qui, même à droite, est l’un des rares hommes politiques français à avoir toujours revendiqué son libéralisme économique et mis en avant sa vision d’une « droite décomplexée » rompant avec « la pensée unique social-démocrate ». Contrairement à une grande partie de ses anciens compagnons du RPR qui ont toujours répugné à se dire « de droite » et « libéraux », par tradition gaulliste ou par conviction. « Le libéralisme ce serait aussi désastreux que le communisme », affirmait par exemple l’année dernière encore Jacques Chirac, dans le contexte des débats sur la Constitution européenne.

L’« opposabilité des droits » n’est pas le seul indice d’un changement de ton de Nicolas Sarkozy. Dans son discours d'Agen, le 22 juin 2006, le président de l’UMP a entre autres dénoncé « le franc fort à tout prix qui nous a coûté cher en emplois, en pouvoir d’achat, en déficits et en endettement public ». Dans les années quatre-vingt-dix, Nicolas Sarkozy en était pourtant l’un des plus ardents défenseurs. « La politique du franc fort s’impose clairement, assurait-il en 1992. Ce n’est pas une affaire de majorité parlementaire ou de choix politique ; c’est tout simplement l’intérêt de la France ». De fait, à partir de 1983 et jusqu’à l’adoption de l’euro, les gouvernements de gauche et de droite ont tous suivi cette orientation définie par Alain Minc comme « le cercle de la raison ».

À l’époque, seule une poignée d'hommes politiques, à droite (Philippe Séguin au RPR) ou à gauche (Jean-Pierre Chevènement au PS), dénonçaient cette « pensée unique » et proposaient une « autre politique ». Or ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy s’y réfère aujourd’hui dans ses interventions. Depuis six mois, il a en effet recruté Henri Guaino, ancien directeur de campagne de Philippe Séguin lors du référendum sur le traité de Maastricht (1992) puis cheville ouvrière du discours de Jacques Chirac en 1995 sur la « fracture sociale ». Une thématique inspirée par cette fameuse « autre politique » et à l’époque qualifiée de « démagogie » par les balladuriens, Nicolas Sarkozy en tête.

« Sarkozy veut envoyer des messages aux électeurs qui ont voté "non" au référendum sur la Constitution européenne », décrypte un membre de la « commission projet » de l’UMP, tout en reconnaissant que « la patte d’Henri Guaino en inquiète plus d’un ». Commentaire ironique d’un ministre chiraquien : « Un coup libéral, un coup gaulliste : ce sera du zigzag jusqu’au 14 janvier », date du choix par les adhérents du candidat soutenu par l’UMP à la présidentielle. Quoi qu’il en soit, cela permet aussi de ne pas laisser d’espace à ceux qui, au sein du parti (Nicolas Dupont-Aignan) ou au gouvernement (Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie), veulent relever l’héritage gaulliste face à un Nicolas Sarkozy dénoncé comme « atlantiste », « ultra-libéral » et « communautariste ».

Ce double discours n’est pas sans rappeler la première campagne présidentielle victorieuse de Jacques Chirac, qui joua également sur les deux tableaux avec le soutien à la fois du « libéral libertaire » Alain Madelin et du « gaulliste social » Philippe Séguin. En sourdine, une lutte d’influence se joue d’ailleurs entre les deux principales plumes de Nicolas Sarkozy : d’un côté la « libéral-conservatrice » Emmanuelle Mignon, conseillère au ministre de l’Intérieur et directrice des études de l’UMP ; de l’autre le « national-républicain » Henri Guaino, qui a retrouvé en septembre dernier Philippe Séguin à la Cour des comptes. Rédigée par Guaino, une partie du discours sur la mondialisation prononcé par Nicolas Sarkozy, le 9 novembre, à Saint-Étienne, aurait ainsi été « censurée » car « pas assez libérale » par Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre. « Il faut beaucoup de talent pour concilier les contraires… », ironisait le même jour Jean-Louis Debré, président chiraquien de l’Assemblée nationale, dans La Croix.

Une critique qui est à mettre en parallèle avec celle formulée par Nicolas Sarkozy à l’encontre du programme élaboré en 1998 par le RPR, dont Philippe Séguin était alors le président et lui-même le secrétaire général : « Voulant rassembler, le texte recelait de fameuses contradictions idéologiques, écrivait en 2001 l’ancien balladurien dans Libre (Éd. Robert Laffont). Il avait du souffle, mais en plusieurs occasions, notamment sur l’Europe et la place de l’État dans la société, n’échappait pas à certaines incohérences (…) Cette tentative programmatique, à force de concilier l’inconciliable, perdait en force et surtout en lisibilité ».

 

Laurent de Boissieu avec Solenn de Royer

© La Croix, 16/11/2006

 

24 octobre 2006

calendrier électoral

L'élection présidentielle aura lieu les dimanches 22 avril et 6 mai 2007.

Le vote aura lieu les samedis 21 avril et 5 mai 2007 en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, en Polynésie française, à Saint-Pierre-et-Miquelon et dans les bureaux de vote ouverts par les ambassades et postes consulaires situés sur le continent américain.

 

Les élelections législatives auront lieu les dimanches 10 et 17 juin 2007.

 

N.B. : le 22 avril, premier tour de l'élection présidentielle, correspond à la fin des vacances scolaires pour la zone C (Bordeaux, Créteil, Paris, Versailles) et au milieu de celles-ci pour la zone B (Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen, Strasbourg).

 

19 octobre 2006

livre Chirac

Brève revue des livres récemment publiés sur Jacques Chirac :

 

La tragédie du Président, de Franz-Olivier Giesbert (Flammarion)

Dans ce récit truffé d’anecdotes des années Chirac, le citoyen-lecteur se laisse avec bonheur entraîner dans les coulisses du pouvoir.

 

 

Le gâchis, de Robert Schneider (Bourin Éditeur)

La thèse de Robert Schneider est sévère : Jacques Chirac "n’avait pas la stature" d’être un homme d’État. Un Chirac dépeint comme clientéliste et dénué de conviction de fond, qui a "empêché la droite française de se convertir franchement au libéralisme".

 

 

Accusé Chirac, levez-vous !, de Denis Jeambar (Seuil)

Tout y passe dans ce réquisitoire politique, Denis Jeambar reprochant à Jacques Chirac de ne pas avoir libéralisé une France "prisonnière d’un État providence né de la Seconde Guerre mondiale" ou encore de s’être opposé aux États-Unis sur l’Irak : "Lorsqu’on appartient au même camp, il est des rendez-vous entre alliés qu’on ne manque pas. Chirac a raté celui de Bagdad."

 

 

Jacques Le Petit, de Laurent Mauduit (Stock)

Cet essai est plus une critique des institutions gaullistes que de Jacques Chirac. "Au-delà de l’homme, c’est d’abord et surtout le système qu’il incarne qui est, ici, en cause", reconnaît ainsi Laurent Mauduit en regrettant que "le virus du bonapartisme" ait "contaminé largement la gauche française".

 

 

L’irresponsable, d’Hervé Gattegno (Stock)

Pour Hervé Gattegno, il existe une "exception chiraquienne". Celle d’un président de la République qui "plus qu’aucun de ses devanciers (…) a usé des moyens de la présidence de la République pour préserver son pouvoir et sa personne".

 

 

Chirac et les 40 menteurs..., de Jean Montaldo (Albin Michel)

Avec son style polémique, Jean Montaldo nous fait part de sa déception : il avait vu en Jacques Chirac "le possible sauveur" après les années Mitterrand. Or, "aujourd’hui, rien n’a changé et – pire encore ! – tout s’est aggravé".

 

17 octobre 2006

faux débat au PS

La première des trois rencontres télévisées organisées pour l'investiture socialiste aura lieu ce soir. Elle sera diffusée en direct dès 20h30 sur LCI et les chaînes parlementaires LCP AN et Public Sénat (disponibles sur le câble, TNT, satellite, sites Internet des chaînes).

Contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là, il ne s'agira pas d'un débat, mais - à la demande de Ségolène Royal - d'une succession de monologues.

 

De quoi le PS a-t-il peur ?

Réponse : de la division, cette "machine à perdre" électorale.

Comme si le débat, en soi, créait la division !

 

Or, comme l'ont montré les discussions autour du projet de Constitution européenne, le PS est bien divisé. Avec toute une palette de nuances entre l'aile droite sociale-libérale assumée (Jean-Marie Bockel) et l'aile gauche anti-libérale (Jean-Luc Mélenchon).

Avec, au centre, un marais majoritaire au discours anti-libéral et à la pratique sociale-libérale (défendant dans l'opposition ce qu'ils ont souvent contribué à démanteler dans la majorité).

En son temps déjà, Léon Blum dénonçait le décalage entre un discours révolutionnaire et une pratique réformiste...

Un décalage que les "partis frères" européens ont résolu. Que ce soit dans un sens ou dans un autre, il serait bon pour la démocratie que le PS tranche enfin entre ces deux options et assume son positionnement devant les électeurs.