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28 septembre 2008

Le Sénat est-il vraiment à droite depuis 1958 ?

C'est une chose entendue : la droite est majoritaire au Sénat depuis 1958. Mais c'est pourtant une chose fausse !

La majorité gaulliste n'a en effet jamais détenu la majorité au Sénat. Pour le référendum d'octobre 1962, les sénateurs décident même, fait rarissime, que le discours antigaulliste de leur président, le radical Gaston Monnerville, sera affiché avant le scrutin dans toutes les mairies de France.

L'opposition de gauche, du centre et même de droite est alors majoritaire au Palais du Luxembourg.

En ce qui concerne la droite, ce n'est qu'après les élections sénatoriales de 1971 que le groupe des Républicains Indépendants (RI) intègre la majorité gaulliste à travers l'élection à sa présidence de Louis Courroy. Ce dernier était jusqu'alors président de l'Amicale des sénateurs giscardiens, minoritaire au sein de ce groupe majoritairement de droite antigaulliste.

En ce qui concerne, surtout, le centre, ce n'est qu'après l'élection présidentielle de 1974 que le centre d'opposition disparaît totalement en finissant de glisser à droite via la nouvelle majorité de Valéry Giscard d'Estaing (mouvement entamé en 1969 avec la majorité de Georges Pompidou). Un centre d'opposition dont l'existence a longtemps été oubliée, jusqu'à ce que François Bayrou relève cet héritage à l'occasion de l'élection présidentielle de 2007.

Bref, ce n'est véritablement que depuis 1974, en raison de la bipolarisation de la vie politique française, que la droite de gouvernement est devenue majoritaire au Sénat. Même si la gauche n'y a, certes, jamais été majoritaire...

 

lien : composition du Sénat depuis 1959

23 septembre 2008

Le nouveau rapport de force droite/gauche au Sénat

 

GAUCHE (153 sénateurs)

non renouvelables : 91

renouvelables : 35

ne se représentant pas : 14

battus : 2 (Yves Ackermann, SOC; Gérard Delfau, RDSE)

réélus : 19

élus : 43

bilan : +27

 

DROITE (190 sénateurs)

vacant : 1

non renouvelables : 138

renouvelables : 66

ne se représentant pas : 28

battus : 8 (Pierre Laffitte, RDSE; Georges Othily, RDSE; Philippe Arnaud, UC-UDF; Philippe Nogrix, UC-UDF; Louis de Broissia, UMP; Dominique Mortemousque, UMP; Jean Puech, UMP; Henri de Richemont, UMP)

réélus : 30

élus : 22

bilan : -15

 

 

(N.B. : par défaut, l'ensemble des membres du groupe UC-UDF ont été classés à droite; les chiffres diffèrent selon les sources, Daniel Marsin, porte-parole de La Gauche Moderne et à ce titre membre de la majorité de droite, étant souvent par erreur comptabilisé dans l'opposition de gauche)

Composition du Sénat

Voici, d'après mes calculs, la composition du Sénat, en partant des groupes sortants (le PRG ambitionnant de créer son propre groupe, éventuellement sans les radicaux de droite) :

 

groupe parlementaire

 
Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC) 24 7,0%
Groupe Socialiste (SOC) 115 33,5%
Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE) 17 5,0%
Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF) 28 8,2%
Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP) 150 43,7%
réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe 6 1,7%
indéterminés 3 0,9%

total

343

 

Les trois sénateurs indéterminés sont Alain Houpert (divers droite), Georges Patient (divers gauche) et Richard Tuheiava (indépendantiste polynésien). Les deux nouveaux sénateurs radicaux de droite (Alain Chatillon et Sophie Joissains) sont réputés siéger au groupe UMP et non au groupe RDSE.

 

Groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC)

sortants : 3

ne se représentant pas : 2

battus : 0

réélus : 1

élus : 3

bilan : +1

 

Groupe Socialiste (SOC)

sortants : 29

ne se représentant pas : 12

battus : 1

réélus : 16 (dont les dissidents Jean-Pierre Plancade et Robert Tropeano)

élus : 33

bilan : +20

 

Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE)

sortants : 8

ne se représentant pas : 2

battus : 3

réélus : 3 (dont l'UMP Aymeri de Montesquiou)

élus : 5

bilan : =

 

Groupe Union Centriste - UDF (UC-UDF)

sortants : 4

ne se représentant pas : 1

battus : 2

réélus : 1

élus : 1

bilan : -2

 

Groupe Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

sortants : 56

ne se représentant pas : 25

battus : 4

réélus : 27 (dont les dissidents Gérard César et Gaston Flosse ainsi que les radicaux Alain Chatillon et Sophie Joissains)

élus : 20

bilan : -9

 

réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe

sortants : 1

ne se représentant pas : 0

battus : 0

réélus : 1

élus : 0

bilan : =

22 septembre 2008

Bilan des élections sénatoriales

Plutôt que de répéter ce qui a été dit partout sur le PS et l'UMP à l'occasion de ces élections sénatoriales, voici un bilan pour les autres partis politiques :

 

Parti Communiste Français PCF

sortants : Robert Bret, Gérard Le Cam

ne se représentant pas : Robert Bret

réélu : Gérard Le Cam

élues : Isabelle Pasquet, Mireille Schurch

bilan : + 1

 

Mouvement Républicain et Citoyen MRC

sortant : Pierre Biarnès (apparenté MRC)

ne se représentant pas : Pierre Biarnès (apparenté MRC)

élu : Jean-Pierre Chevènement

bilan : =

 

Parti Radical de Gauche PRG

sortants : Nicolas Alfonsi, Gérard Delfau, François Vendasi

battu : Gérard Delfau

réélus : Nicolas Alfonsi, François Vendasi

élus : Jean-Étienne Antoinette (Walwari-PRG), Françoise Laborde, Jacques Mezard, Raymond Vall, Anne-Marie Escoffier (apparentée PRG)

bilan : + 4

 

Mouvement Démocrate MoDem

sortants : Philippe Arnaud, Philippe Nogrix

battus : Philippe Arnaud, Philippe Nogrix

bilan : - 2

 

La Gauche Moderne

sortant : Georges Othily

battu : Georges Othily

bilan : - 1

 

Le Nouveau Centre

sortant : Jean-Léonce Dupont

réélu : Jean-Léonce Dupont

élu : Hervé Maurey

bilan : + 1

 

Parti Radical (associé à l'UMP)

sortants : Pierre Laffitte, Aymeri de Montesquiou, Georges Mouly

ne se représentant pas : Georges Mouly

battu : Pierre Laffitte

réélu : Aymeri de Montesquiou

élus : Alain Chatillon, Sophie Joissains

bilan : =

 

Mouvement pour la France MPF

sortant : Bernard Seillier

ne se représentant pas : Bernard Seillier

bilan : - 1

19 septembre 2008

Élections sénatoriales : pas de suspens mais des enjeux politiques

La majorité peut-elle basculer au Sénat ?

L'enjeu n'est pas de savoir qui détiendra la majorité au Palais du Luxembourg, car la gauche n'a mathématiquement aucune chance de supplanter ce dimanche la droite. Au total, le PS espère gagner entre 10 et 15 sièges supplémentaires. À la faveur des élections régionales de 2004 puis des cantonales et des municipales de cette année, l'opposition a en effet augmenté le nombre de ses élus locaux, qui constituent le corps électoral pour les élections sénatoriales (députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, délégués des conseils municipaux). En face, l'UMP entend néanmoins limiter les pertes grâce aux douze nouveaux sièges de sénateurs. Il n'est donc pas impossible que le groupe UMP conserve sensiblement le même nombre de sièges (159 sortants), tout en pesant moins au sein d'un Sénat dont les effectifs vont passer de 331 à 343 membres.

 

Quel enjeu pour l'UMP ?

Contrairement à l'Assemblée nationale, il n'y a jamais eu au Sénat de groupe détenant à lui seul la majorité absolue, à l'exception de l'UMP entre 2002 et 2004. Pour atteindre ce seuil, le groupe UMP doit donc chercher l'appoint de sénateurs d'autres groupes se réclamant de la majorité. Du nombre de voix qui séparera le groupe UMP de la majorité absolue dépendra donc l'ampleur des concessions que ce dernier sera obligé de consentir à ses partenaires. L'autre enjeu pour l'UMP est la présidence du Sénat puisque le président sortant, Christian Poncelet (UMP), ne devrait pas briguer sa propre succession. Le groupe UMP organisera une primaire interne le 24 septembre afin de départager les candidats à la candidature. Si Gérard Larcher et Philippe Marini sont d'ores et déjà officiellement en lice, Jean-Pierre Raffarin ne se déclarera qu'après le scrutin. Enfin, un autre sénateur UMP, Alain Lambert, est également en piste, tout en refusant de se soumettre au principe des primaires organisés par son groupe.

 

La physionomie du Sénat peut-t-elle changer ?

Spécificité sénatoriale, le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) réunit neuf sénateurs de la majorité (dont 4 Parti radical et 2 Gauche moderne) et huit de l'opposition (dont 7 PRG). Or, sur ces dix-sept membres, huit sont renouvelables et deux ne se représentent pas, ce qui signifie que l'existence de ce groupe est grandement menacée. En 2004, déjà, après le dernier renouvellement du Sénat, le RDSE n'avait pu dépasser le seuil des quinze membres nécessaires pour constituer un groupe que grâce au ralliement de deux membres du groupe UMP et d'un villiériste. Soucieux de ménager le PRG, dont une partie des parlementaires a voté en juillet la révision constitutionnelle, l'UMP pourrait toutefois de nouveau prêter des élus afin de sauver le doyen des groupes parlementaires, créé en 1892. Des reclassements pourraient en outre intervenir avec le groupe Union centriste-UDF. Devenu anachronique depuis l'éclatement de l'UDF, ses membres se répartissent sur une palette de nuances allant de la majorité (sept sénateurs du Nouveau centre) à l'opposition (six sénateurs MoDem proches de François Bayrou). Or le Nouveau centre espère bien former au Sénat, comme à l'Assemblée nationale, un groupe de centre droit fidèle à la majorité.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 19/09/2008

18 septembre 2008

Élections sénatoriales

Les élections sénatoriales (premier tour le matin, second tour l'après-midi) se déroulent ce dimanche (renouvellement d'un tiers du Sénat, qui sera renouvelé par moitié à partir de 2011). Seuls votent les grands électeurs sénatoriaux (députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, délégués des conseils municipaux).

 

Présentation du scrutin :

http://www.france-politique.fr/elections-senatoriales.htm

 

La composition du Sénat depuis 1959 :

http://www.france-politique.fr/histoire-senat.htm

 

Les précédents scrutins :

élections sénatoriales 2004

élections sénatoriales 2001

élections sénatoriales 1998

élections sénatoriales 1995

élections sénatoriales 1992

élections sénatoriales 1989

élections sénatoriales 1986

élections sénatoriales 1983

élections sénatoriales 1980

élections sénatoriales 1977

élections sénatoriales 1974

élections sénatoriales 1971

élections sénatoriales 1968

élections sénatoriales 1965

élections sénatoriales 1962

élections sénatoriales 1959

11 septembre 2008

Nicolas Sarkozy, Benoît XVI et la laïcité

sarkozybenoit.jpgN'en déplaise au collectif "remballe ton pape!", il n'y a rien de choquant à ce que le président de la République française reçoive le chef de l'État du Vatican. Accueillir un chef d'État étranger n'a jamais signifié cautionner tous les actes ou toute la pensée dudit chef d'État. Cette visite ne constitue donc pas, en soi, une attaque contre la laïcité ! Et il faut vraiment être de mauvaise foi – sans jeu de mot – pour clamer le contraire.

Quant au Pape, chef de l'Église catholique, il est tout à fait normal qu'il veuille aller à la rencontre d'un peuple dont la majorité des croyants se revendiquent de son autorité spirituelle (et même, d'ailleurs, si ce n'était pas le cas !). Je dis bien "spirituelle". Et c'est là que l'argumentation du collectif "remballe ton pape!" tombe à l'eau. Qu'une Église dise ce qu'elle considère comme bon ou juste n'a rien d'attentatoire à la liberté individuelle. C'est, justement, ce que permet ce bien précieux qu'est, en France, la laïcité. Ce n'est en effet que lorsque pouvoir politique et pouvoir spirituel se confondent que commencent les atteintes à la liberté individuelle. Sauf en cas d'un improbable dérapage théocratique, les propos de Benoît XVI, chef d'État étranger, ne pourront donc en rien constituer une attaque contre la laïcité. Non-croyants ou croyants d'une autre religion, nous sommes libres de les écouter ou non, de les critiquer ou de les approuver.

Personnellement, c'est plutôt Nicolas Sarkozy, président de notre République, qui m'inquiète. Cette semaine, un de ses proches m'assurait que le chef de l'État n'irait "pas plus loin" que dans ses discours de Latran (20/12/2007) et Riyad (14/01/2008). "Si tu vas plus loin, tu me retrouveras dans la rue avec les manifestants", lui a même répondu cet interlocuteur commun. Se voulant rassurant, ces propos m'ont, au contraire, plutôt inquiété en ce qui concerne l'état d'esprit profond de Nicolas Sarkozy...

D'autant plus que sa "laïcité positive" constitue, déjà, une attaque directe contre la laïcité (la laïcité point : ajouter un qualificatif est d'emblée suspect; comme si la laïcité française, historique, républicaine était une laïcité "négative" ou "fermée"). Plutôt que de faire un copié-collé, je vous renvoie à ma note du 17 janvier dernier sur la "laïcité positive".

"François Mitterrand n'avait laissé aucune consigne à ses proches, leur disant simplement qu'une messe est possible, poursuit mon interlocuteur. Nicolas Sarkozy est également en recherche. Mais ce n'est pas dans son tempérament volontariste de laisser les autres décider à sa place". Je respecte profondément la quête spirituelle de l'être humain. Je la comprends, même. Mais ledit être humain est aussi président d'une République laïque. Et, hors conversations privées, c'est à ce seul titre qu'il doit s'exprimer et se comporter face à un chef religieux. Car la France ne doit pas devenir le laboratoire d'expérimentation d'une quête spirituelle personnelle.

 

 

P.S.: le plus drôle, c'est que certains signataires du collectif "remballe ton pape!" s'étaient opposés à la loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics !

10 septembre 2008

Jeff Koons brise la glace

Pauvres touristes du monde entier venus visiter le château de Versailles....

Je n'ai rien contre l'art contemporain, mais, franchement, je me demande ce que les oeuvres de Jeff Koons (dont j'apprécie certaines réalisations) viennent faire dans la Galerie des Glaces du château de Versailles.

Au risque de passer pour un fieffé réactionnaire, je fais partie de ceux qui ont mis du temps à s'habituer aux Pyramides du Louvres (je vous rassure : maintenant ça va) et qui ne se sont pas encore habitués aux Colonnes de Buren (en plus, qui vieillissent si mal), pas en tant que telles mais placées dans la cour d'honneur du Palais Royal.

Si je vais un jour en Inde et que je visite le Taj Mahal, je serais profondément en colère de voir du Jeff Koons se refléter sur le marbre blanc...

 

JeffKoons.jpg

08 septembre 2008

Et l'indivisibilité ? Bordel !

republique.jpgDepuis la dernière élection présidentielle, le discours de François Bayrou concurrence parfois celui des nationaux-républicains (Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan) dans la défense de la République (cf. le rapprochement avec Jean-François Kahn, qui a participé ce week-end à l'université d'été du MoDem... et à celle de Debout la République).

 

Extrait du discours de clôture de François Bayrou ce week-end :

Nous assistons à une régression d'un certain nombre des principes et des valeurs qui ont fait la République en France. Je veux rappeler que, dans la Constitution, la première définition de la République, le premier adjectif qui lui est accolé, c'est démocratique. La Constitution dit : "La République est démocratique, laïque et sociale". Mais, en France, la République est de moins en moins démocratique, de moins en moins laïque et de moins en moins sociale, donc de moins en moins République !

 

C'est bien de vouloir défendre les principes et les valeurs républicaines. Mais encore faut-il ne pas laisser sur le bord du chemin ceux avec lesquels on n'est pas d'accord...

Car que dit, en réalité, la Constitution française ? Elle dit que la France est "une République indivisible, laïque, démocratique et sociale".

N'en déplaise au président-fondateur du Mouvement Démocrate, le premier adjectif qui est accolé pour définir la République française n'est donc pas "démocratique" mais "indivisible".

Passe encore s'il ne s'agissait que de donner dans le désordre les caractères de la République française. Mais chez François Bayrou il s'agit bien de nier carrément son indivisibilité. L'homme est en effet un récidiviste :

Est-ce que le modèle de société de la France républicaine, laïque, démocratique et sociale, ce modèle de société qui fait de la France un môle de résistance, en particulier dans la mondialisation est-ce que ce modèle est un modèle d’avenir ou un modèle du passé ? Est-ce qu’il faut corriger ses usures et ses dérives, qui sont inévitables en soixante ans, ou le déclarer nul et non avenu, le jeter comme un chiffon de papier pour adorer de nouveaux dieux ? 

Je veux le dire au nom de beaucoup de Français : ces idéaux que nous avons contribuer à construire, nous qui étions, comme famille de pensée, partie prenante et piliers du conseil national de la résistance, ces idéaux, ce sont des idéaux d’avenir.

voeux de François Bayrou, 9 janvier 2008

 

La République, en France, est garante de la démocratie et la démocratie est la protection de la République. La Constitution le consacre, puisqu'elle dit : "La République est démocratique, laïque et sociale".

clôture du Forum des Démocrates, 18 septembre 2007

 

La République, oui. Mais toute la République. Indivisible, laïque, démocratique et sociale.

07 septembre 2008

Trois définitions du centre

(écrit dans le TGV, de retour des universités d'été du MoDem et du Nouveau Centre)

 

bayrou07.jpgPour François Bayrou, le centre c'est le refus du bipolarisme, c'est-à-dire la présence d'une troisième force de gouvernement, centrale, à équidistance de la droite et de la gauche, capable de gouverner le pays seule ou en s'alliant, sans automatisme, avec l'une ou l'autre des deux autres forces politiques.

Mon commentaire. Ce qu'est en train de faire renaître François Bayrou, c'est en effet un véritable centre, tel qu'il existait avant le milieu des années soixante-dix et la bipolarisation de la vie politique française. Ainsi défini, le centre ne peut exister sous la Ve République que s'il dispose d'un présidentiable (ce qui est le cas avec François Bayrou) car, sauf changement du mode de scrutin aux élections législatives (ce qui exige de disposer préalablement de la majorité au Parlement...), la seule élection ouvrant la possibilité de refonder le paysage politique est l'élection présidentielle au suffrage universel direct.

 

morin02.jpgPour Hervé Morin, président du Nouveau Centre, le "centre" c'est tous ceux qui appartenaient à l'UDF d'avant 1998, c'est-à-dire l'UDF giscardienne (1978-1998), augmentée des ministres d'ouverture (La Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel, Éric Besson, etc.). D'où sa volonté de s'adresser au sein de l'UMP aussi bien aux ex-CDS (Pierre Méhaignerie, Jacques Barrot) qu'au Parti Radical de Jean-Louis Borloo et aux ex-DL (Hervé Novelli, Jean-Pierre Raffarin). Contrairement à François Bayrou, Hervé Morin ne remet donc pas en cause la bipolarisation. Ce qu'il remet en cause, c'est le bipartisme. Sa vision de la droite est celle d'une droite recomposée autour de deux partis : l'UMP d'un côté, le Nouveau Centre (élargi) de l'autre. Comme elle était autrefois composée de deux partis, le RPR et l'UDF.

Mon commentaire. Ce bipartisme à droite avait une raison d'être lorsqu'il existait un véritable fossé idéologique entre le RPR, plus jacobin, étatiste et souverainiste, et l'UDF, plus girondine, libérale et européiste. Le réalignement du RPR sur les positions de l'UDF dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix a rendu cette division artificielle (les ex-RPR demeurés gaullistes disposant aujourd'hui du parti Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan). Comme le montre le débat sur le financement du RSA, le principal clivage qui reste à droite tourne autour du degré de libéralisme économique (un autre clivage pouvant, certes, être trouvé sur la question du libéralisme sociétal). Sauf que ce débat économique ne recoupe pas les anciennes frontières partisanes. À droite, les libéraux, qu'ils soient ex-DL, ex-UDF ou ex-RPR; au centre-droit, les sociaux-libéraux, qu'ils soient ex-RPR ou ex-UDF.

 

lagarde07.jpgPour Jean-Christophe Lagarde, président délégué du Nouveau Centre, le "centre" c'est tous ceux qui appartenaient à l'UDF d'après 1998, c'est-à-dire l'UDF bayrouiste (1998-2002), élargie aux ministres d'ouverture. D'où son refus de s'adresser au courant des "réformateurs" de l'UMP, qui regroupe les plus libéraux de ce parti.  Bien qu'également ex-UDF, les ex-DL sont en effet les plus éloignés du centre-droit. Comme Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde ne remet donc pas en cause la bipolarisation mais seulement le bipartisme. Sa vision de la droite est également celle d'une droite recomposée autour de deux pôles, en se basant toutefois non pas sur les anciennes étiquettes mais sur les débats actuels (libéraux vs sociaux-libéraux).

Mon commentaire. Contrairement à celui d'Hervé Morin, qui reposait sur des anciennes frontières partisanes devenues artificielles, le bipartisme à droite de Jean-Christophe Lagarde serait effectivement idéologiquement cohérent. Sauf qu'il impliquerait une explosion de l'UMP et du Nouveau Centre, suivi d'une refondation autour de deux partis : l'un de droite, l'autre de centre-droit. Or cette hypothèse semble tout aussi improbable que celle, pourtant encore davantage cohérente idéologiquement, de la partition du PS entre un parti social-libéral et un parti anti-libéral...