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13 novembre 2009

Kofi Yamgnane, symbole de désintégration républicaine

En mars 2010 se dérouleront les élections régionales en France. Mais également l'élection présidentielle au Togo.

Aucun lien. Si ce n'est qu'un des candidats à la présidence du Togo est Kofi Yamgnane. L'ancien Secrétaire d'État français ...à l'Intégration !

Kofi Yamgnane repésentait autrefois un modèle d'intégration, c'est-à-dire, en langage républicain français, d'assimilation. Ayant obtenu la nationalité française en 1975, il fut successivement élu conseiller municipal puis maire de Saint-Coulitz (Finistère), nommé ministre de la République (1991-1993), élu conseiller régional de Bretagne, conseiller général du Finistère et, enfin, député de la Nation (1997-2002).

Un remarquable parcours ! Une preuve que l'intégration républicaine fonctionnait en France, malgré les critiques croisées des communautaristes - de droite, de gauche ou d'ailleurs - et de l'extrême droite anti-immigrationniste.

Mais voilà, patatras !, Kofi Yamgnane vient de renoncer à la nationalité française pour briguer la présidence du Togo.

Subitement, cette personnalité qui incarnait l'assimilation donne raison à tous les anti-assimilationnistes ennemis de la République, du CRAN (qui n'en veut pas) au FN (qui n'y croit pas). Nul doute qu'en mairie de Saint-Coulitz, une larme a dû couler sur le buste de Marianne...

Commentaires

Je partage l'esprit de cette note.
Soit Mr Yamgnane ne se sent finalement plus Français mais Togolais, ce qui met par terre toutes les théories sur l'intégration et va dans le sens de ceux qui pense qu'un Africain reste toujours un Africain et ne sera jamais véritablement Français.
Soit Mr Yamgnane estime que le Togo n'est pas capable de produire des dirigeants politiques de qualité et que celà exige l'intervention de responsables politiques étrangers, formés dans un pays plus "avancé/développé/civilisé" (choisissez le terme) et, alors, aussi intelligente ou efficace peut-elle éventuellement être, cette politique s'apparente à une forme de néo-colonialisme.
Soit les deux.

Écrit par : Libéral européen | 17 novembre 2009

Je suis quant à moi atterré par cette note et ce commentaire ...

Doit-on considérer que l'intégration à la Nation française est incompatible avec une origine étrangère ? Qu'une personne née à l'étranger doit couper tout lien avec son pays de naissance et ne plus s'intéresser à la vie politique de ce pays ? Que l'étendue de la corruption et de la prédation dans son pays d'origine doivent lui être indifférents ?

Faut-il rappeler que la France reconnaît la double nationalité, donc l'exercice des droits civiques dans 2 pays ?

M. Yamgnane sait parfaitement qu'il n'a aucune chance d'être élu président du Togo, régime fondé sur un contrôle militaire de ressources de rente (phosphates et port de Lomé, principalement).

En se lançant dans cette élection, il fait bénéficier le débat politique togolais de la liberté d'expression que son expatriation lui a apportée. Il témoigne auprès du peuple togolais que "toute" la France n'est pas "vendue" au régime en place. Ce pont entre deux pays me semble plutôt être un témoignage de la vitalité de notre intégration républicaine !

Koffi Yamgnane était prêt, pour cela, à renoncer à sa nationalité française (car la législation togolaise, elle, l'exigeait), mais n'a pas eu à le faire. Voir cet article de Jeune Afrique.

http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20091113T115149Z/-France-Togo-election-presidentielle-Faure-Gnassingbe-Presidentielle-au-Togo---campagne-offensive-de-Kofi-Yamgnane.html

Écrit par : FrédéricLN | 24 novembre 2009

"Doit-on considérer que l'intégration à la Nation française est incompatible avec une origine étrangère ?" Absolument pas, tout ce que j'ai écrit dans ma note vise d'ailleurs à défendre le contraire !
Le problème c'est précisément que le choix de Kofi Yamgnane donne de l'eau au moulin de ceux qui affirment que cette assimilation est incompatible et qui opposent donc scandaleusement "Français de souche" (terme que j'abhorre) et Français issus de l'immigration, argumentant que ces derniers ne sont pas véritablement des Français. En étant un peu provoc', je dirais même que vous raisonnez comme eux en regardant Kofi Yamgnane non pas comme un Français mais comme un Togolais expatrié !

Pour le reste, cela pose beaucoup de questions, dont, effectivement, celle de la double nationalité. Or, justement, cette posssibilité me choque par principe (sauf cas de parents de deux nationalités différentes) : un naturalisé Français devrait automatiquement perdre sa nationalité d'origine. Culturellement, qu'un naturalisé conserve un attachement affectif avec son pays d'origine, bien entendu. Mais s'il veut être Français, il doit d'abord devenir culturellement Français (sinon, pourquoi demander la nationalité française, hein ?) et couper ses liens politiques avec son État de naissance.
Autre question liée : la déchéance de nationalité, qui devrait être automatique pour tout Français bi-national ou non servant un État étranger (militaire engagé voire appelé du contingent ou, pire encore, ministre comme Salomé Zourabichvili).

Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 novembre 2009

Je regarde Koffi Yamgnane "comme un Français" ET "comme un Togolais expatrié", et c'est exactement le cas.

Je suis en désaccord complet avec l'idée que l'identité nationale française serait une identité insulaire, impliquant de "couper ses liens politiques avec son État de naissance."

Je crois au contraire que la France a une vocation universelle, qu'elle est une terre d'asile, de rencontre, de vacances et de négociation, d'immigration et d'émigration, et que tous ceux qui incarnent ce lien - Français de l'étranger souvent bi-nationaux, étrangers devenus Français souvent bi-nationaux aussi - ont, de par leurs deux identités nationales même, une place éminente dans la politique française.

Et je trouverais très bien que nous ayons dans la politique française beaucoup de ces passeurs de frontières, qui auraient aussi été élus ailleurs. Et si d'autres pays sont heureux d'élire d'anciens élus de la République française, je n'y vois aucune objection.

Tiens, Daniel Cohn-Bendit par exemple ...

Écrit par : FrédéricLN | 25 novembre 2009

Nous avons en effet une conception diamétralement opposée !
Et je ne comprends effectivement pas comment un représentant de la France au Parlement européen peut avoir représenté alternativement la France et l'Allemagne...

La vocation universelle de la France ? 100% d'accord ! Mais cela ne signifie pas que la France soit une sorte de gloubi-boulga sans identité. Cela signifie en réalité que les valeurs du pays de la Révolution française et des droits de l'Homme sont universelles et, donc, exportables (à condition - erreur de Napoléon Bonaparte et du colonialisme - de les exporter en les respectant soi-même !).

France, terre de rencontre ? 100% d'accord ! Notamment à travers la francophonie. Mais la rencontre, l'échange, ne sont enrichissants que si nous sommes différents les uns des autres et non des clones sans âme.

France, terre d'asile ? 100% d'accord ! Mais l'asile c'est l'accueil provisoire de "celui qui craint avec raison d’être persécuté en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, qui se trouve hors du pays dont il a la nationalité, et qui peut ou ne veut du fait de cette crainte, se réclamer de la protection de son pays". Bref, cela n'a rien à voir avec le cas d'un étranger épousant pour la vie la nationalité française.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 25 novembre 2009

Au sujet de la double nationalité, j'étais au départ plutôt de l'avis de M. de Boissieu, mais depuis que j'ai effectué quelques travaux sur la communauté arménienne en France et l'intégration progressive de ses différentes vagues d'arrivée, j'ai un peu évolué. Pourquoi ? Parce que paradoxalement pour bon nombre d'Arméniens (ou qui se sentent tels) de France, l'adoption de la double nationalité (ils étaient Français pour la plupart, beaucoup adoptent en sus la nationalité arménienne) est une manière de faire le deuil de la diaspora, de conjurer l'esprit de nostalgie qui semble inhérent à "l'arménité". En obtenant la nationalité arménienne, on devient symboliquement Arménien au sens plein du terme sans pour autant quitter la France, et on brise la chaîne de la transmission de la nostalgie du pays, qui s'accompagne fatalement d'une vie en vase-clos communautaire (voir les "petites Arménies" d'Issy-les-Moulineaux ou d'Aix-en-Provence dans les années 1960 à 1980).

Donc dans certains cas, la double nationalité aide à intégrer pleinement une communauté dans la République et dans le pays dans lequel elle vit effectivement et duquel elle ressort totalement (même dans les années 70 et malgré l'arrivée massive d'Arméniens du Moyen-Orient, la communauté arménienne de France - réellement constituée, qui était une réalité tangible - avait plus à voir culturellement parlant avec ses voisins directs - les Français - qu'avec les Arméniens d'Arménie). Comme je suis contre une vision conjoncturelle du politique (lois d'exception, changement de mode électoral "pour bloquer la montée du FN", etc.), je ne peux guère que me prononcer pour le droit à la double nationalité. Tout en soulignant que le pays dans lequel on réside effectivement est notre "véritable" pays. Une petite concessions à la sentimentalité de certains, d'autant plus justifiée lorsqu'il s'agit de s'intégrer tout à fait ou de se créer un passif culturel cohérent et qui s'inscrit dans une mythologie (et qui permet bien plus l'intégration que le nihilisme spirituel et culturel de la mentalité "urbaine", c'est-à-dire des ghettos urbains du monde entier, comme l'atteste par exemple la plus grande "francité" - actuellement objet d'études - de fils et filles d'immigrés maghrébins qui ont choisit de renouer un temps avec la culture - je pense notamment à la religion, qu'elle soit chrétienne, juive, musulmane ou autre - dont leurs parents s'étaient éloignés au nom de "l'acclimatation" et à laquelle ils n'ont pas trouvé d'équivalent... je ne suis pas toujours d'accord avec Soral, mais je le suis à 100% lorsqu'il affirme qu'il faut, lorsqu'on est un "déraciné" - un immigré ou un paria, ou qui s'identifie comme tel - un socle culturel à soi pour pouvoir intégrer le socle culturel du pays où l'on vit).

Écrit par : Brath-z | 25 novembre 2009

Ce qui est dit sur les Arméniens par Brath-z est certes très intéressant. Mais je doute que cela soit ainsi que la très grande majorité des personnes concernées vivent leur double nationalité. Car ce qui est apparemment une "petite concessions à la sentimentalité" pour une toute petite minorité est surtout un obstacle supplémentaire à l'assimilation pour une très grande majorité. Bref, je ne suis pas convaincu du tout...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 26 novembre 2009

@ M. de Boissieu : "je doute que cela soit ainsi que la très grande majorité des personnes concernées vivent leur double nationalité."
J'en doute également ! C'est bien pour cela que j'ai écrit : "dans CERTAINS cas, la double nationalité aide à intégrer pleinement une communauté dans la République et dans le pays dans lequel elle vit effectivement et duquel elle ressort totalement" et que je me prononce pour la possibilité de la double nationalité "tout en soulignant que le pays dans lequel on réside effectivement est notre "véritable" pays", l'obtention de la nationalité du pays d'origine (ou pas, d'ailleurs) relevant alors du symbole (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui).
N'étant pas juriste (et n'ayant jamais eu la moindre notion de droit, d'une manière plus générale), je ne sais pas comment cela serait traduisible dans le statut d'une personne bénéficiant d'une double nationalité, mais puisque certains juristes (de feu le Forum des Républicains Sociaux, notamment) avaient parlé d'une adaptation de la législation de l'avortement "pour y intégrer le fait que l'avortement est loin d'être un acte anodin" (je cite de mémoire), je pense qu'intégrer dans la législation en vigueur une donnée résultant de l'appréciation est possible, non ?

"ce qui est apparemment une "petite concessions à la sentimentalité" pour une toute petite minorité est surtout un obstacle supplémentaire à l'assimilation pour une très grande majorité"
Pour ce qui est du ratio majorité/minorité sur la question, je n'en sais fichtrement rien. Néanmoins, force est de constater qu'en ce qui concerne mon exemple (la communauté arménienne, composée à presque 75% de français enfants et petits-enfants d'immigrés dans les années 1990, soit trois générations de communautarisme !), une interdiction de la double nationalité n'en aurait jamais rendu possible l'intégration (aujourd'hui, en 2009, l'association France-Arménie estime que 80% des mariages au moins impliquant des Arméniens - ou considérés tels - en France se font entre un membre de la communauté et un membre extérieur à la communauté, pour moins de 3% en 1990, ce qui provoquera "la dislocation de la communauté arménienne et son intégration dans la communauté nationale à la prochaine génération").

Donc dans au moins un cas de figure (impliquant à peu près 500 000 personnes tout de même) le refus de la double nationalité aurait au contraire freiné (voire empêché) l'intégration. La solution "idéale" serait d'autoriser "certaines" communautés immigrés (et non immigrés, d'ailleurs) à prendre la double nationalité si cela peut permettre l'intégration, à la refuser aux autres. Sauf que cela pose deux problèmes (au moins) :
- comme je l'ai dit, je suis contre "une vision conjoncturelle du politique", donc les lois d'exceptions (communautaires ou non) me hérissent les poils. Je pense du reste que vous partagez cette opinion.
- ensuite, comment estimer à l'avance quelle communauté se rapprochera de la communauté nationale par l'obtention par ses représentants de la double nationalité et quelle autre sera éloignée ?

Face à cette contradiction (qui est née selon moi du passage d'une société d'assimilation à une société d'intégration, mais ça fait passer le débat sur un domaine hô combien délicat et plus large), ma position est donc celle ci-dessus mentionnée d'une législation autorisant la double nationalité mais qui "hiérarchise" les nations (du point de vue du binational, pas de celui du droit international, bien sur) auxquelles on appartient en se basant sur le pays de résidence.

Par contre, en ce qui concerne les citoyens français qui s'intègrent dans les structures politiques, militaires, etc. d'un pays étranger (donc dans le cas de M. Kofi Yamgnane qui a motivé votre note, notamment), je suis pour la déchéance automatique de la double nationalité.

Écrit par : Brath-z | 26 novembre 2009

Monsieur de Boissieu,
Je vous contacte sur votre site, trouvé sur votre profil wikipedia, car vous avez écrit un commentaire sur un article de FrédéricLN, auquel je vous avais répondu...

Mais FrédéricLN veut garder un site aseptisé, où tout mot dépassant le "politiquement correct" est supprimé, nettoyé, afin que son blog garde un "bon" niveau.

Je le comprends, mais souhaite tout de même débattre avec vous directement, sans langue de bois, car je n'aime pas du tout le "politiquement correct", un masque insupportable imposé aux citoyens français.

Pour savoir qui je suis, vous pourrez peut-être lire le blog que je tenais sur Mediapart:

http://www.mediapart.fr/club/blog/Etoile66

Vous avez écrit sur le blog de FrédéricLN au sujet de l'identité nationale:

"je ne conçois [...] pas que l'on puisse nourrir deux identités nationales, servir deux États.

À partir de là [...] , quelqu'un qui devient Français doit effectivement devenir culturellement Français (sinon, pourquoi donc demander la nationalité française ? il ne s'agit pas d'une obligation pour un étranger vivant en France !) et couper ses liens politiques - pas sentimentaux bien entendu - avec son État de naissance.

En face, la personne en question doit naturellement être regardée comme pleinement française et non pas comme un Français de telle ou telle origine."

Je souhaiterais débattre avec vous de ces points, sur votre blog, en public, si possible. Merci de me donner l'occasion de le faire.

Cordialement

Écrit par : Etoile66 | 28 novembre 2009

@Etoile66. Ce blog attend vos commentaires...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 29 novembre 2009

@ etoile66 "FrédéricLN veut garder un site aseptisé, où tout mot dépassant le "politiquement correct" est supprimé, nettoyé, afin que son blog garde un "bon" niveau."

Puisque tu publies cette appréciation sur un blog tiers, je suis obligé de la démentir publiquement.

Si j'ai mis un commentaire en suspens en espérant que son auteur le révise, c'est pour deux raisons précises :

1) attaque personnelle contre un autre commentateur,

2) point Godwin.

Je n'appelle pas cela "dépasser le politiquement correct", mais "s'abaisser en-dessous des conditions d'un débat constructif".

Enfin ces critères ne sont pas les miens mais ceux de la néthique, respectée par de nombreux blogs et sites.

Écrit par : FrédéricLN | 29 novembre 2009

@Etoile66 : je ne sais pas quels sont les propos incriminés, mais il est en effet du devoir du blogueur d'effacer les messages racistes, injurieux ou diffamatoires.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 novembre 2009

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