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31 août 2011

Théorie du genre: non, il ne s'agit pas de "80 députés UMP" de La Droite populaire

C'est une chose entendue: "80 députés UMP" ont écrit à Luc Chatel pour demander le retrait des manuels scolaires qui présentent la "théorie du genre sexuel".

Aussitôt, ces 80 députés ont été présentés comme l'émanation du collectif de "La Droite populaire", aile droite de l'UMP.

Il est vrai que le député UMP à l'origine de l'initiative est bien un des fondateurs de ce collectif (Richard Mallié). Mais - outre le fait qu'ils sont 76 et non 80 - il ne s'agit pas que de députés UMP et tous ne sont pas, loin de là, membres de  "La Droite populaire": il se trouve même des représentants de l'aile gauche de l'UMP, comme la radicale Françoise Hostalier, ainsi que le député UMP qui planche actuellement pour Jean-Louis Borloo sur les questions d'éducation nationale (Henri Plagnol)...

 

En exclusivité, voici une petite présentation des signataires:

 

Appartenance partisane

UMP + Parti radical 70
Nouveau centre 4
MPF 2

 

Composantes de l'UMP + Parti radical

Les Réformateurs 25
La Droite Populaire 20
Le Chêne 15
Centristes de l'UMP 11
Parti radical 3
République Solidaire 1

N.B.: y compris les multi-appartenances

 

Radioscopie des députés UMP
axe libéraux / autoritaires (1)

autoritaires 27
marais / inclassables 18
libéraux 25

(1)  http://www.ipolitique.fr/archive/2010/10/10/courants-ump....

30 août 2011

Dominique de Villepin ambitionne de "recommencer la France"

Un livre de Dominique de Villepin n'est jamais un livre politique comme les autres. Il faut d'abord apprivoiser son style, emphatique et lyrique, afin d'en dégager "la substantifique moelle", détacher le concret du romanesque.

Le fil rouge de Notre vieux pays (Plon, 225 pages, 17 €) - titre issu de l'expression gaullienne "notre cher et vieux pays" - est sa proposition phare d'un "revenu citoyen", indépendant du travail et avec service civique en contrepartie. À la lecture, sa véritable signification se révèle en effet: celle d'une proposition davantage politique qu'économique et sociale.

Il s'agit tout d'abord d'une condition d'accès à la citoyenneté, l'auteur répétant à satiété la formule du révolutionnaire franco-américain Thomas Paine: "Sans revenu, point de citoyen". Car le président du parti "République solidaire" l'affirme haut et fort: "Les Français n'ont jamais été citoyens". Et ils ne pourront le devenir qu'en adoptant sa proposition, permettant ainsi de "terminer la Révolution française".

Il s'agit ensuite de redonner sa première place au "sentiment commun d'appartenance à la nation", dénié aussi bien par un "repli communautaire" que par une mondialisation qui "aplanit les différences politiques au profit des seules différences sociales", à travers l'émergence d’un "esprit de clan, en haut comme en bas de la société". Retrouver, grâce à un revenu universel réservé aux seuls citoyens français, "le sentiment d’une différence légitime - c'est-à-dire fondée sur la capacité politique - entre le fait d'être étranger et le fait d'être français" permettrait alors de réaliser le "rassemblement des Français", y compris ces "enfants de l’immigration, français et insidieusement présentés comme étrangers".

"Nous en sommes à nouveau à un point - j'assume l'expression - où le pronostic vital de la nation est engagé", s'alarme l'ancien premier ministre chiraquien. Il y a donc urgence et la tâche est immense car il s'agit rien de moins que de "recommencer la France". Reste à savoir si celui qui sera fixé en appel sur son sort le 14 septembre dans l'affaire Clearstream tentera, cette fois, de passer de l'incantation à la réalisation en déclarant sa candidature à l'élection présidentielle. Et ce, quel que soit le nombre de ses soutiens, puisque Dominique de Villepin dit assumer "un combat au risque de la solitude".

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 30 août 2011

25 août 2011

François Bayrou et Alain Minc, même combat?

Dans Le Point, François Bayrou répond avec saveur aux critiques formulées la semaine dernière dans le même hebdomadaire par Alain Minc. Ce dernier avait notamment accusé François Bayrou de défendre un protectionnisme européen… alors que le président du MoDem consacre à l'inverse tout un chapitre de son livre (2012 état d'urgence, Plon) à attaquer le "mirage" du protectionnisme européen.

La "majorité centrale" souhaitée par François Bayrou consisterait d'ailleurs à réunir, autour du centre, la droite et la gauche "modérées", c'est-à-dire détachées de la droite et de la gauche "extrémistes" prônant la démondialisation, le protectionnisme (national comme européen) ou la sortie de l'euro (voire de l'Union européenne).

Conclusion: Alain Minc ne semblait tout simplement pas avoir lu l'ouvrage de François Bayrou...

 

Dans sa réponse, le président du MoDem qualifie Alain Minc de "boussole méridianopète", c'est-à-dire qui indique le Sud et non le Nord. Bref, d'avoir toujours tort.

 

Or, cette démonstration pourrait bien se retourner contre François Bayrou:

- Alain Minc a été le premier à théoriser l'idée d'un gouvernement central à travers le concept de "cercle de la raison", même si le tropisme populiste (démocrate) de François Bayrou l'éloigne de l'élitisme d'Alain Minc.

- Alain Minc et François Bayrou ont toujours défendu et défendent au fond les mêmes grandes orientations politiques, du Traité de Maastricht à la règle d'or budgétaire en passant pas le rejet de la démondialisation et du protectionnisme.

 

Alors, Alain Minc et François Bayrou: même combat?...

23 août 2011

François Bayrou pour un gouvernement UMP-PS sans le MoDem?

J'ai chroniqué la semaine dernière dans La Croix le nouveau livre de François Bayrou, 2012 état d'urgence (Plon).

Petit retour sur deux points.

 

1) François Bayrou ne prône pas un gouvernement d'union nationale:

L'union nationale, comme l'écrit le dirigeant centriste, "suppose que l'on embarque tout le monde" (p.148), de l'extrême droite à l'extrême gauche. Par exemple en temps de guerre.

Or, ce qu'ambitionne François Bayrou, c'est de détacher les modérés des deux camps: "Dans les deux camps, le poids des extrêmes est maintenant déterminant. Je nomme "extrêmes" non pas des subversifs, décidés à renverser l'ordre établi et à prendre le pouvoir, mais des tendances qui sont incompatibles avec le gouvernement volontaire et modéré dont a besoin un pays en état d'urgence" (p.141). "Tendances qui appellent à la sortie de l'euro, ou, plus carrément, à la sortie de l'Europe" et qui "existent des deux côtés de l'échiquier, à la droite de la droite, comme à la gauche de la gauche" (p.142). "....l'action suppose la cohérence, exige un accord profond sur les principes, sur les grands axes qui est par nature impossible avec les plus radicaux. Peut-être aussi d'ailleurs avec les plus timorés", insiste-t-il plus loin (p.148).

"Il n'y a qu'une seule majorité possible si on veut trouver des solutions: une majorité large du centre gauche au centre droit", explicite le président du MoDem dans L'Express, parallèlement à la publication de son livre.

Dès le milieu des années 1990, François Bayrou prônait ainsi la création d'un "grand centre" allant d'Édouard Balladur à Jacques Delors. La différence majeure, c'est qu'à l'époque il parlait depuis la droite, alors qu'aujourd'hui il parle du centre, à équidistance de la droite et de la gauche.

 

2) Le mauvais exemple allemand de François Bayrou:

Pour illustrer sa "majorité centrale", François Bayrou met en avant l'exemple allemand, c'est-à-dire selon lui "l'alliance centre-droit centre-gauche" (p.147). Une idée qu'il développe également dans L'Express: "...le plan du chancelier social-démocrate Schröder, a été combattu par la gauche de la gauche. Il a été réalisé par Angela Merkel grâce à une majorité centrale, centre gauche-centre droit, la grande coalition CDU-SPD".

Or, s'il y a bien eu en Allemagne une grande coalition entre la droite (CDU-CSU) et la gauche (SPD) - au passage, subie davantage que voulue - le centre (FDP) en a été écarté!

Bref, transposé en France, le modèle de coalition sans cesse mis en avant par François Bayrou serait une coalition UMP-PS ...sans le MoDem!

Tout le monde aura bien compris ce que le dirigeant centriste voulait dire, mais l'illustration choisie apparaît plutôt comme un mauvais exemple pour lui.

08 août 2011

Les journalistes sont-ils des êtres humains et des citoyens?

Les réflexions autour de l'expression des journalistes en dehors du support qui les emploie se multiplient avec la montée en puissance des réseaux sociaux en général et de Twitter en particulier:

  • Dans quelle mesure cette parole extérieure engage-t-elle notre rédaction?

  • La liberté d'expression du journaliste est-elle totale ou doit-elle être encadrée au nom d'un devoir de réserve?

 

Or, cela fait plus de dix ans que je me pose ces questions, c'est-à-dire depuis que j'ai lancé mes propres sites Internet sur la vie politique (je pense être chronologiquement le deuxième journaliste politique français présent à titre personnel sur Internet, après le pionnier Éric Dupin).

Voici mon rapide retour d'expérience, en ayant bien conscience que je ne fais qu'effleurer ces problématiques.

 

Outre un site - ou plutôt une page! - associative en 1999, j'ai créé mes premiers sites en 2000. À la recherche d'un emploi stable, j'avais alors opté pour l'anonymat ou le pseudonyme. Ces premiers sites ne sont quasiment plus mise à jour, à l'exception de gaullisme.net que j'ai sommairement repris l'année dernière sous forme de blog, en précisant d'ailleurs à cette occasion mon identité.

 

Mon site France-politique.fr (lancé en 2001) ne pose pas de question particulière, puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une base de données politique: résultats électoraux, chronologies, etc.

À une époque où nos audiences étaient grosso modo comparables, sur proposition de Bruno Frappat, alors directeur de La Croix, nous avions établis pour l'élection présidentielle de 2002 avec le site la-croix.com des échanges de liens croisés. Depuis, le seul lien qui existe est un lien sortant de mes différents sites vers celui de la-croix.com à partir des pages "à propos".

 

Les véritables questions ont commencé à se poser avec la création de mon blog iPolitique.fr, en janvier 2006. Un des principes de base du journalisme est en effet la séparation dans l'écriture entre ce qui relève du rubricard, qui rapporte des faits et les analyse, et de l'éditorialiste, qui commente l'actualité et livre son opinion. Or, sur mon blog, contrairement à La Croix, je suis aussi bien l'un que l'autre. Avec, donc, une ligne éditoriale qui n'est pas forcément toujours celle du quotidien qui m'emploie.

Président de France Télévision, Rémy Pflimlin entend ainsi encadrer la liberté d'expression des journalistes de son entreprise: "Un journaliste est une signature, qui est identifiée à la maison. Quelqu'un qui signe sous son nom, sur un blog ou sur Twitter, engage son statut de représentant de la télévision publique. Il est tenu au respect des règles professionnelles. S'il émet une opinion personnelle en contradiction avec celle de l'entreprise, cela posera problème." (JDD)

Ma consœur Morgane Tual rétorque à ce propos que "les frontières entre vie professionnelle et vie privée ont bougé": "On n'est plus, de 9h à 19h, le prototype du journaliste parfait, pour devenir un anonyme une fois gentiment rentré chez lui. Notre identité virtuelle nous poursuit. Cela signifie-t-il que l'on est journaliste 24/24h? Non, mille fois non. Quand je tweete ivre à trois heures du matin, je ne suis pas journaliste. Mais je suis toujours une internaute, qui publie du contenu en ligne. Et je ne vois pas de quel droit mon entreprise aurait le droit de s'immiscer là-dedans."

 

Il n'en demeure pas moins que je me suis personnellement fixé des limites sur mon blog:

  • Bien entendu – est-ce nécessaire de le mentionner? – comme toute parole publique aucune critique et aucun dénigrement de mon employeur.

  • Pas de prise de position ou d'appel à voter en faveur d'un parti politique ou d'un candidat: si l'objectivité est une chimère (la subjectivité commence dès le choix des mots), le journaliste politique se doit pour être crédible de ne pas être partisan et militant.

  • Pas d'écarts déraisonnables avec la ligne éditoriale de La Croix: même si je précise dans la page "à propos" qu'il s'agit d'un "blog créé à titre personnel, sans lien avec la rédaction de La Croix", je me contrains à cette forme d'autocensure afin de ne pas heurter de front son lectorat sur des sujets qui lui sont sensibles. Par exemple, j'ai affiché mon hostilité au concept anti-laïque de "laïcité positive", mais je n'afficherais pas en l'état actuel des choses - en dehors de cette brève parenthèse aussitôt refermée - mon opposition, au nom de la République sociale et du principe d'égalité, à l'existence d'établissements scolaires privés, confessionnels ou non, sous contrat d'association avec l'État (c'est-à-dire financés par l'État).

De fait, autant il m'arrive de recevoir des réactions de politiques à des notes de mon blog, autant je n'ai jamais reçu la moindre critique ou remarque négative de la part de ma hiérarchie (de toute façon, je suis sincèrement persuadé que ma présence sur Internet apporte une modeste pierre à la notoriété du quotidien La Croix).

 

Twitter, où j'ai fini par m'inscrire en septembre 2009, pose de nouvelles questions (lire à ce sujet "Pourquoi Twitter fait-il tellement peur à certains journalistes?" par Erwann Gaucher). Ni un blog, pour lequel rédiger une note demande un minimum de réflexion; ni le réseau social Facebook, où nous contrôlons qui lit nos réactions à chaud, raisonnées, ironiques ou futiles, sur tout et n'importe quoi.

Afin de bien signifier que mes tweets n'engagent que moi, je mentionne uniquement "journaliste politique | fondateur des sites france-politique.fr et europe-politique.eu". Même si, comme l'écrit encore Morgane Tual, c'est "limite prendre les gens pour des idiots, puisqu'avec une simple recherche sur Google, chacun peut savoir à quel média appartient le journaliste en question". Cette solution me semble toutefois aujourd'hui le meilleur compromis possible afin de garantir ma liberté d'expression: journaliste, je suis aussi un être humain avec ses coups de cœur ou de gueule, et un citoyen avec ses convictions.

02 août 2011

Petit arrangement avec la vérité dans un portrait officiel de Jean-Louis Borloo

Sur le "site officiel de soutien à Jean-Louis Borloo pour l’élection présidentielle de 2012", qui dépend de l'association O comme Oxygène, figure un portrait de l'intéressé, dont le parcours partisan est décrit de la façon suivante:

Jean-Louis Borloo cofonde Génération Ecologie en 1990, notamment aux côtés de Brice Lalonde, Haroun Tazieff et Noël Mamère. Au fil des ans, il se rapproche de l’UDF: déjà participant indépendant à la liste de Simone Veil pour les élections européennes de 1989, député apparenté à la formation en 1997, il décide d’adhérer en 1998 à la Nouvelle UDF et en devient porte-parole en 2001. Dans le contexte du 21-Avril, il soutient Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle. Appelé à entrer au gouvernement au ministère de la Ville, probablement du fait de son bilan sur le terrain à Valenciennes, il décide de quitter l’UDF pour l’UMP. Dès 2005, il choisit d’affirmer davantage sa sensibilité centriste au sein de la majorité en quittant l’UMP pour le Parti Radical, parti associé à l’UMP dont il devient co-président, puis président en 2007.

 

Or, le début de la dernière phrase est une contre-vérité: "...Dès 2005, il choisit d’affirmer davantage sa sensibilité centriste au sein de la majorité en quittant l’UMP pour le Parti Radical...".

En vérité, ce n'est pas en 2005 mais cette année, précisément le 7 avril 2011, que Jean-Louis Borloo a quitté l'UMP, dont il fut d'ailleurs vice-président du conseil national jusqu'en novembre 2010... (le fait d'adhérer en 2005 au Parti Radical n'ayant eu aucune incidence sur son appartenance à l'UMP vu que, s'agissant d'un parti associé, la double appartenance était autorisée).

Une petite "erreur" stratégique de six ans certainement destinée à minimiser, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012, son appartenance passée à l'UMP, pendant neuf ans (et non trois ans!), de 2002 à 2011.

 

[Suite à cette note, phrase corrigée sur le site officiel de soutien à Jean-Louis Borloo: "Dès 2005, il choisit d’affirmer davantage sa sensibilité centriste au sein de la majorité en rejoignant le Parti Radical, parti associé à l’UMP dont il devient co-président, puis président en 2007."]