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26 juillet 2012

La légèreté des partisans de la "reconnaissance du vote blanc"

François Sauvadet, vice-président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, a déposé une proposition de loi visant à reconnaître le vote blanc aux élections.

Trois remarques:

1) Contrairement à ce que l'élu de centre-droit écrit dans l'exposé des motifs, la réglementation actuelle ne tend pas "à assimiler l'électeur qui vote blanc à un abstentionniste". Les électeurs qui votent blanc sont bien entendu déjà comptabilisés parmi les votants et non les abstentionnistes.

2) Les votes blancs sont en revanche bien assimilés à un vote nul. Or, il me parait en effet logique de décompter séparément les bulletins blancs.

3) François Sauvadet propose ensuite que les votes blancs entrent en compte pour la détermination des suffrages exprimés. Mais, comme la quasi-totalité de ceux qui y sont favorables, il ne dit pas quelles sont les conséquences si ces votes blancs sont majoritaires. Bref, cette proposition de loi est juridiquement bancale.

Interrogeons-nous: quelle conséquence si les votes blancs sont majoritaires parmi les suffrages exprimés?
- Soit aucune, mais alors l'élu l'est avec une apparence de déficit de légitimité (bien plus soupçonnable et donc problématique que si l'abstention est majoritaire puisque, là, on est sur les suffrages exprimés).
- Soit on revote, mais alors on aura probablement des élections interminables avec blocage institutionnel...
Bref, il n'y a que des inconvénients à comptabiliser les votes blancs parmi les suffrages exprimés.

Commentaires

Depuis le temps que j'attends cette proposition !!!
Je souhaite voter mais j'avoue que le blanc l'emporte souvent lorsque je me retrouve avec des candidats qui ne me correspondent pas du tout.
Comment faire pour le faire savoir dans ce cas ?

proposition simple pour le cas de blocage (blanc majoritaire): 2eme passage avec d'autres candidats que ceux du 1er passage

Ce n'est certes pas parfait mais cela ferait du bien aux égos de certains de voir qu'ils ne sont pas représentatifs !
Se faire élire par 40% des 30% votants, on ne peut pas dire que cela soit très représentatif. Pourtant certains parlent alors de "victoires écrasantes" ou de "victoire de la république"

Et on devrait faire un test une fois, voir si les abstentions sont identiques avec une prise en compte des blancs.
Combien de personnes ne se déplacent pas faute de voir leur "vote" validé ? J'aimerai vraiment le savoir.

Écrit par : Will | 26 juillet 2012

Tout à fait d'accord pour différencier les "blancs" des "nuls" mais pas pour les comptabiliser parmi les suffrages exprimés. Ce serait ridicule: "blanc" n'est pas un candidat avec une identité et un programme.

Par ailleurs, même avec 99% d'abstention et une seule voix d'avance, le candidat en tête est un élu démocratiquement légitime.

Enfin, un dernier argument (que j'ai déjà exposé dans une précédente note):
- au premier tour, je conçois à la limite le vote blanc pour signifier que l'offre politique ne me convient pas (même si au premier tour cette offre est libre et généralement assez large en France: quel courant significatif n'a pas été représenté au premier tour des récentes élections?).
- au second tour, en revanche, je ne conçois pas le vote blanc. Qui, en effet, est qualifié au second tour? Réponse: les candidats majoritairement choisis au premier tour par les autres électeurs (si mon candidat à été éliminé). Bref, mon choix personnel se trouve contraint par le choix collectif de mes concitoyens. Voter blanc au second tour, au lieu de choisir ou, à défaut, d'éliminer, c'est donc en quelque sorte ne pas respecter ce choix démocratique (quel qu'il soit) et fuir ses responsabilités.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 26 juillet 2012

Et puis il y a aussi le problème que pose pour le mode de scrutin de la présidentielle (uninominal où seuls deux candidats au maximum peuvent s'affronter au second tour) l'éventualité de résultats électoraux où le gagnant de l'élection le serait avec une majorité seulement relative. Vu l'esprit très césarien de cet événement électoral, cela poserait justement des problèmes de légitimité, là où dans d'autres traditions politiques (au hasard : le système en vigueur au Mexique) s'en accommodent parfaitement.

Écrit par : Brath-z | 26 juillet 2012

Selon moi, la procédure électorale a pour simple but de révéler, par une simplification grossière, la diversité des opinions des citoyens. Autant le mode de scrutin peut avoir une influence significative sur le passage « opinion » vers « désignation des élus », autant la comptabilisation des votes blancs dans une catégorie ou une autre ne change rien. Je veux dire par là qu'il y aura la même masse de personnes indécises, que ces personnes votent blanc, nul ou s'abstiennent. La légitimité des élus ne serait pas moins forte, si par un tour de passe-passe une partie de la catégorie abstentionniste se déversait dans la catégorie vote blanc et qui étant comptabilisée comme des suffrages exprimés, se retrouverait, par simple effet d'affichage, numériquement devant les électeurs de telle ou telle personne. Le choc s'en retrouverait seulement plus fort de voir que tant d'électeurs ne souhaitent pas désigner une personne pour les représenter. Quand au symbolique 50% plus une voix, certains députés l’ayant remporté dans une triangulaire ne s’en portent pas plus mal que d’autres question légitimité.

Cela dit, si la question du vote blanc ne change rien en termes de masses, est-il pour autant légitime qu'une société admette que ses membres choisissent de ne rien choisir quand à l'organisation de la Cité ? Si un citoyen ressent que parmi ce qui lui est proposé, rien ne lui convient au point qu'il lui est impossible de choisir entre la peste et le choléra, le plus crucial, s'il tient à ce que son organisation démocratique perdure, est qu'il se présente lui-même pour affirmer ce qui doit être à ses yeux la solution. Le vote blanc n'a donc pas sa place qu'au second tour, une fois que l'on a tenté d'apporter sa pierre à l'édifice et que cette fois il est impossible de choisir entre ce qui reste, la peste et le choléra. Et dans ce cas, plus que la reconnaissance ou la comptabilisation, il faudrait plutôt proposer, au même titre que des bulletins des deux autres listes et des deux autres candidat, des bulletins blancs aux électeurs.

Plus important donc que la question du vote blanc est : pourquoi tant de personnes ne votent pas ou préfèrent voter blanc plutôt que de se présenter ? Parce que beaucoup ne pensent rien, ne lisent rien et travaillent toute la journée, allument TF1 le soir en mangeant, vont se coucher pour mieux recommencer une journée de travail le lendemain. Difficile dans ces conditions de prêter quelqu'intérêt à la chose publique. Je ne plaide pas du tout ici pour une réponse étatique à ce mal et je sais d'ailleurs que je m'égare sans doute, que la question du vote blanc mérite d'être tranchée au delà de ces réflexions oiseuses. Mais je pense simplement que ce sujet est un débat de "riches", de personnes qui réfléchissent beaucoup en oubliant que le plus crucial est que beaucoup ne réfléchissent pas. Je le dis avec d'autant plus d'honnêteté que si la question m'avait été posée il y a quelques mois, j'aurais eu le discours d'un ardent défenseur du vote blanc et qu'aujourd'hui je m'en moque gentiment.

Écrit par : Denis Dr | 27 juillet 2012

je pense qu'il y a une place dans la reconnaissance du blanc au 2ème tour. Les candidats qui passent cette étape ne sont pas forcément ceux que la majorité de Français veulent à la tête de La France ou qu'il ne croit plus aux fausses promesses des principaux parties. Le vote blanc doit être un signal fort donner aux politiques pour qu'ils puissent rester dans le cadre de leurs programmes et de ce qu'attendent les Français de leurs dirigeants.
Aux deuxième tour de la présidentielle, j'aurais voté blanc si celui était comptabilisé car je ne voulais ni voir Sarkozy et ni Hollande à la tête de la France.

Écrit par : AG59 | 31 juillet 2012

Le vote blanc ne sert pas à grand chose, c'est vrai... J'ai toujours été étonné par le fait qu'il existe une touche "blanc" sur les machines à voter (pourquoi pas une touche "bleu" et une touche "mauve" ?). Néanmoins j'avoue l'avoir déjà utilisée, y compris dans des seconds tours où il me semblait qu'entre bonnet blanc et blanc bonnet, sachant que je me refusait absolument à l'abstention, il n'était pas nécessaire d'apporter mon soutien à l'un ou à l'autre.

Écrit par : David Jourdan | 04 août 2012

J'entends bien tous ces arguments mais:

1) J'attends de toute personne qui prône la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé qu'elle en tire et assume les conséquences en me disant ce qu'on fait s'ils sont majoritaires.

2) Je maintiens que pour moi ne pas trancher entre les deux ou trois candidats que mes concitoyens ont portés au second tour c'est insulter ce choix démocratique et fuir ses responsabilités. Cela a parfois été très douloureux, mais j'ai personnellement toujours tranché sans me réfugier dans un vote blanc bien facile.
Sinon, je suis bien d'accord: ma commune a malheureusement adopté le vote par machine électronique et depuis toujours je ne comprends pas la présence de cette touche "blanc".

(par ailleurs, pour répondre spécifiquement à AG59, les votes blancs sont bien déjà comptabilisés parmi les "blancs et nuls")

Écrit par : Laurent de Boissieu | 04 août 2012

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