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23 novembre 2012

Alain Juppé, sauveur ou fossoyeur de l'UMP?

François Fillon et Jean-François Copé sont au moins d'accord sur une chose: la réponse. La réponse, c'est Alain Juppé. Peu importe apparemment si les deux hommes demeurent en réalité irréconciablement divisés sur la question.

Pour le président proclamé élu, la commission Juppé, non statutaire, doit en effet s'appuyer (comme l'intéressé l'a de fait proposé) sur les travaux de la Commission nationale des recours, statutaire. Ce que refuse toujours à cette heure l'ancien premier ministre, qui considère que ladite commission n'est pas indépendante mais aux mains des copéistes.

 

Reste à savoir si celui qui est présenté comme le sauveur de l'UMP n'en a pas été ou n'en sera pas aussi le fossoyeur (je passe outre ici la question idéologique, Alain Juppé ayant été avec Édouard Balladur l'artisan dans les années 80' du ralliement des chiraquiens au néolibéralisme).

L'UMP a commis deux erreurs majeures en 2002:

1. Président de l'UMP entre 2002 et 2004, Alain Juppé a toujours refusé d'appliquer les statuts du parti ("autorité morale"?) qui prévoient l'élection de motions organisant des courants internes (appelés "mouvements"). La question récurrente pour la droite est de savoir si la diversité s'organise à travers l'existence de plusieurs partis (RPR et UDF hier, UMP et UDI aujourd’hui) ou à l'intérieur d'un parti unique. La nature de l'UMP était précisément d'être ce parti unique. En refusant obstinément d'organiser des courants internes, Alain Juppé a été personnellement responsable de ce vice de construction.

2. L'UMP (mais Alain Juppé n'est cette fois pas le seul responsable) n'a pas essayé de tuer politiquement l'UDF aux élections législatives de 2002 (ce que certains hauts dirigeants de l'UMP ont, depuis, regretté en "off" devant moi). Elle aurait pourtant pu, en décidant de présenter des candidats contre l'ensemble des UDF qui refusaient de se présenter sous l'étiquette "Union pour la majorité présidentielle". Certes, certains d'entre eux auraient été réélus. Mais pas tous, comme le montrent les quelques cas de primaires sauvages. Quoi qu'il en soit, en privant éventuellement à l'époque l'UDF de groupe parlementaire, l'UMP serait vraiment alors apparu comme le parti unique de la droite. Sans ce caillou dans la chaussure qu'ont successivement représenté l'UDF maintenue autour de François Bayrou en 2002, puis le Nouveau Centre en 2007, matrice de l'UDI.

 

Replacé contre toute attente sur le devant de la scène politique de droite, Alain Juppé a par ailleurs implicitement fait savoir qu'il considérait que l'idée de sa non-candidature pour 2017 était dorénavant une hypothèse passée.

Pas sûr toutefois que ce ne soit pas un (autre) beau cadeau fait à la gauche en général et à François Hollande en particulier que d'envisager de présenter à l'élection présidentielle de 2017 celui qui fut tout de même condamné dans l'affaire des emplois fictifs du RPR à la mairie de Paris ("autorité morale"?).

 

[Les mauvaises langues pourraient également porter au crédit d'Alain Juppé:

- le trucage présumé du vote ("autorité morale"?) au congrès du Bourget du RPR en 1990, lorsqu'il en était le secrétaire général et Jacques Chirac le président

- son penchant en "off" pour la candidature de François Fillon sans l'assumer publiquement en "on"

- le score de la motion La Boîte à Idées (9,19% des suffrages exprimés, en dernière place), vraie-fausse motion juppéiste, parrainée par plusieurs de ses proches et sur la profession de foi de laquelle apparassait sa photo

Mais je ne suis pas une mauvaise langue.]

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