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24 janvier 2013

Au sujet d'un tweet

Écrire un article est une chose. "Live-tweeter", comme on dit, en est une autre.

 

Bref, j'ai assisté ce jeudi matin à la "convention sur la famille" de l'UMP.

Le tweet suivant a provoqué de nombreux échanges, ayant été accusé - plus ou moins agréablement - d'avoir déformé les propos de l'un des intervenants:

 

Il me fallait donc absolument réécouter attentivement les propos de Tugdual Derville, afin de vérifier si j'avais ou non mal entendu. Ce que j'ai pu faire, une fois mon article bouclé, grâce à Lelab Europe1.

En voici donc le verbatim:

"Je sais bien que nous marchons sur des œufs, qu'il y a des désirs extrêmement forts derrière ces revendications. Le désir d'être reconnu, car il n’y a pas pire sans doute souffrance que de se sentir rejeté: je parle des personnes concernées par l'homosexualité. Et aussi le désir d'engendrement. C'est très beau et très noble. Mais justement, en démocratie, par rapport à tous nos désirs, il n'y a pas que ce désir là, il n'y a pas que les personnes homosexuelles qui peuvent être concernées par ce désir. Moi, j'accompagne beaucoup de personnes par exemple qui ont des problèmes de handicap mental, et qui souffrent aussi de l'impossibilité pour elles de se marier. Parce que ce n'est pas possible non plus pour elles. Hé bien la démocratie, et nos propres comportements, en démocratie, s'honorent parce que la loi, parfois, régule justement ces désirs. Si les désirs ne sont pas régulés, c’est la loi du plus fort, et c’est le plus faible qui en fait les frais".

 

À chacun de répondre honnêtement - et quelle que soit sa position personnelle sur l'ouverture ou non du mariage civil aux couples de même sexe - à la question posée: Tugdual Derville opère-t-il un parallèle entre désir d'engendrement / de se marier des personnes ayant un handicap mental et désir d'engendrement / de se marier des personnes homosexuelles?

 

 

N.B.: opérer un parallèle entre désir d'engendrement / de se marier des personnes ayant un handicap mental et désir d'engendrement / de se marier des personnes homosexuelles ne signifie pas forcément prendre les personnes homosexuelles pour des personnes ayant un handicap mental: tout dépend sur quoi on fonde sa volonté de réguler ce désir chez les personnes homosexuelles.

P.S.: sur Tugdual Derville, aujourd'hui connu en tant que délégué général d'Alliance Vita et co-porte-parole de "La Manif pour tous", je recommande surtout l'action que mène auprès des personnes handicapées l'association À Bras Ouverts qu'il a fondée.

Commentaires

Il fait indéniablement un parallèle entre les deux désirs mais en revanche il n'est pas honnête de faire croire, comme d'autres l'ont fait après ton tweet, qu'ils assimileraient les personnes homosexuelles aux personnes atteintes d'un handicap mental.

En revanche, comme tu le soulignes bien en PS, quand on connaît Tugudual (et je le connais un peu) et son action, on devrait comprendre que, pour lui contrairement à tant d'autres, ce n'est en aucune manière un parallèle offensant. Contrairement à la quasi-totalité de la société, lui, il les connaît, ces personnes-là, il est parti en vacances avec elles, il vit avec elles. Leurs désirs et leurs souffrances, il les prend en compte. Et quand on a l'occasion de parler avec certaines personnes atteintes de trisomie ayant atteint un certain âge, on est rapidement témoin de cette souffrance.

Le parallèle était peut-être un peu rapide, et un peu dur à entendre pour ceux qui ne voient pas les personnes atteintes de handicap comme Tugdual, mais lui faire dire que les personnes homosexuelles seraient des "handicapés mentaux", c'est assez... lassant.

Écrit par : Koz | 24 janvier 2013

Sans doute, donc j'ajoute un nota bene afin que les choses soient claires!
Sinon, ce n'est pas mon tweet mais l'article en Une de Lelab Europe1 qui a lancé la polémique.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 janvier 2013

Je ne suis pas d'accord avec Koz (mais ce n'est pas une nouveauté sur ces questions). Comme dit sur twitter, je ne vois pas de parallèle (ie comparaison / assimiliation) dans ce propos. J'y lis beaucoup plus la mention d'un exemple supposé venir appuyer l'argumentation développée.

Que l'exemple soit maladroit dans le contexte extrêmement virulent des débats, c'est un fait. Qu'on puisse penser qu'il a choisi celui-là en se fondant sur son expérience associative personnelle connue et respectable me semble probable et plaide, à mon sens, en faveur d'une simple maladresse involontaire qui ne devrait pas déclencher de procès d'intention. Je suis totalement en désaccord avec ce qu'il défend dans ce débat, mais je ne dirai pas qu'il a, par ces propos, comparé homosexualité et handicap.

Écrit par : Eric Walter | 24 janvier 2013

Tu n'es pas d'accord avec moi... sur la notion de "parallèle". C'est probablement le plus limité de nos désaccords.

Écrit par : Koz | 24 janvier 2013

Tugdual Derville ne "compare" en effet pas "homosexualité et handicap" (je n'ai jamais écrit cela!), mais il opère bel et bien un parallèle entre volonté de réguler le désir d'engendrement / de se marier des personnes ayant un handicap mental et volonté de réguler le désir d'engendrement / de se marier des personnes homosexuelles.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 janvier 2013

@koz Un peu d'humour ne gâche rien dans ce débat. Je le sais bien.
@LdB : je ne dis pas que vous dîtes ça, j'ai juste indiqué la définition que je me faisais du terme. Après, définitivement, je suis mal à l'aise avec le mot parallèle dans ce cas précis. Perso je ne le vois pas.

Écrit par : Eric Walter | 24 janvier 2013

Deux réflexions :
- Tout d'abord (sujet connexe mais il mérite quand même d'être souligné) le caractère horriblement réducteur de Twitter, ce qui le disqualifie sur tout sujet qui mérite un peu de réflexion, de précision et d'argumentation. Twitter n'est pas fait pour celà : lees débats y sont systématiquement des résumés réducteurs de positions en 140 signes qui ne peuvent mener qu'à des caricatures et donc des débats stériles (on arrive plus d'une fois sur deux à des injures ou des accusation de racisme/fascisme/discimination, etc.). Nos intelligences ne méritent pas la moulinette réductrice de Twitter !
- Sur le sujet débattu : je m'étais fait la même remarque que M. Derville lorsque j'ai entendu le glissement sémantique de "mariage homosexuel" à "mariage pour tous". C'est très habile de la part des promoteurs de la loi (qui peut être contre le beau titre de "pour tous"?), mais parfaitement faux : il existe en effet toute une réglementation limitative du mariage qui vient démentir le soit-disant "pour tous" (âge, tutelle, handicap, voire situation juridique du conjoint, liens de parenté, etc.).

Écrit par : Libéral européen | 24 janvier 2013

L'expression "mariage pour tous" est en effet ridicule, mais cela n'intervient pas dans les propos rapportés ci-dessus.
L'expression "mariage homosexuel" l'est toute aussi, vu qu'il ne s'agit pas d'un mariage spécifique pour les homosexuels mais de l'ouverture du mariage (le même) aux couples homosexuels.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 janvier 2013

Merci, Libéral Européen. Je trouve votre mise au point extrêmement satisfaisante.

Écrit par : Monique | 24 janvier 2013

Les commentaires sont fermés.