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27 septembre 2015

Charles de Gaulle et la "race blanche"

Si l'on s'en tient aux discours et écrits de Charles de Gaulle, dans une citation unique celui-ci parle de la "race blanche", au sujet de l'Europe:

"Pour moi j'ai, de tous temps, mais aujourd'hui plus que jamais, ressenti ce qu'ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d'innombrables relations de pensée, d'art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu'elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation" (Mémoires d'Espoir)

Était-il pour autant un racialiste, estimant que la couleur de peau est une composante de l'identité qu'il conviendrait donc de préserver?

Outre le fait que le mot "race" n'a pas toujours eu son actuelle connotation pseudo-biologique, l'emploi par Charles de Gaulle de l'expression "race blanche" renvoie en réalité à une description géographique: le continent blanc (l'Europe), le continent jaune (l'Asie), le continent noir (avec une distinction entre l'Afrique blanche - ou Afrique du Nord - et l'Afrique noire subsaharienne).

Aujourd'hui très datée, cette identification par couleur de peau était encore courante jusqu'au milieu du XXe siècle chez toute une génération. C'est sur cette ambiguïté que jouent aujourd'hui les racialistes en tentant de récupérer Charles de Gaulle.

Voici quelque citations, outre celle de Charles de Gaulle (1890-1970), afin d'illustrer cet emploi plus vieillot que racialiste:

"Je tiens d'abord à parler de l'Europe. Ce continent, s'il est petit par ses dimensions, est pour nous le lieu même où une civilisation de plusieurs siècles s'est développée et épanouie. De ses rives et de ses terres sont partis les fils de cette race blanche qui sont allés de par le monde entier, sous les aspects de marins ou de soldats, de pionniers, d'émigrants, porter sur les rives lointaines les découvertes de la civilisation européenne, créer même de véritables États". Jean Bouhey (1898-1963), 26 mars 1957.

"Or les peuples libres de l'Occident et du Nord-Amérique sont unanimes. Ils ne veulent pas d'une troisième guerre mondiale, la guerre atomique et thermo-nucléaire. Ils savent qu'elle assurerait la disparition de notre Europe plus de deux fois millénaire et chargerait la race blanche d'une responsabilité déshonorante devant l'Histoire et aux regards de Dieu." Jacques Bardoux (1874-1959), 21 décembre 1954.

"...une conférence de cinq puissances - de race blanche, d'ailleurs - est réunie depuis le 3 juin à Washington et élabore des plans militaires." Édouard Daladier (1884-1970), 8 juin 1954

"Des hommes se libèrent et des peuples naissent. L'histoire de la civilisation moderne au cours des quelques siècles derniers a été, vous le savez, surtout celle de la race blanche. Demain, ce sont toutes les familles humaines qui, enfin libérées, vont contribuer à faire progresser cette civilisation jusqu'à ce qui est je l'espère notre objectif à tous: la liberté de l'homme et la dignité de l'individu." Pierre Cot (1895-1977), 18 septembre 1946

 

 

À lire sur le même sujet:

- "Race blanche": de Gaulle dit tout

- Laurent Bouvet: ce que révèle l'affaire Nadine Morano

23 septembre 2015

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé: quels désaccords (réels) sur l'immigration?

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé incarnent-ils "deux conceptions de la droite républicaine, de l'humanisme, de la France"?

Oui, affirme Maurice Szafran, selon qui "le désaccord entre Juppé et Sarkozy ne peut pas être plus entier" et "le questionnaire sur l'immigration n'est en réalité qu'une minable provocation visant à cavaler derrière Marine Le Pen et le Front national".

Alors regardons de plus près, concrètement, quels sont les désaccords de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé dans leurs réponses à ce questionnaire.

Sur douze questions (j'en ai scindée une en deux et fusionnées deux), il y a en réalité huit accords (67%) et quatre désaccords (33%). Parmi lesquels un seul désaccord de principe et ferme sur une proposition concrète: exclure du droit du sol les personnes nées en France de parents clandestins.

En fait, au-delà de la forme voire du verbiage, les deux hommes aboutissent souvent au même point par des chemins différents: Sarkozy va dire "remettons en cause" (Schengen, le droit du sol, l'Aide médicale d'État, etc.) là où Juppé va dire "mettons fin aux abus / réformons" (Schengen, le droit du sol, l'Aide médicale d'État, etc.).

 

Mon analyse du questionnaire et des réponses de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé:

 

1. Rétablissement temporaire des contrôles aux frontières nationales au sein de l'Union européenne:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

2. Nouveau traité renforcé de libre-circulation au sein de l'Union européenne:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

3.  Création de centres de rétention à l'extérieur de l'Union européenne:
N. Sarkozy pour
A. Juppé contre (pour des centres de rétention à l'intérieur de l'Union européenne)

4. Établissement d’une liste de pays sûrs commune à l'Union européenne:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

5. Harmonisation au sein de l'Union européenne des prestations sociales versées aux étrangers non-UE:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

6. Vote annuel au Parlement de "plafonds limitatifs" d'immigration:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

7. Restreindre l'actuelle Aide médicale d'État afin de la limiter aux seules urgences médicales:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

8. Conditionner l'accès des étrangers aux allocations familiales et aux aides au logement à cinq ans de séjour légal en France:
N. Sarkozy pour
A. Juppé contre (mais flou: "Si nous devions restreindre davantage cet accès aux prestations, il faudrait le faire dans le respect des engagements internationaux de la France")

9. Lier aides au développement et coopération au retour des clandestins:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

10. et 12.  Condition d'assimilation des étrangers pour être naturalisés Français: (pas de proposition concrète)
N. Sarkozy pour
A. Juppé contre

11. Exclure du droit du sol les personnes pénalement condamnées ou auteurs d'actes de terrorisme:
N. Sarkozy pour
A. Juppé pour

11bis. Exclure du droit du sol les personnes nées en France de parents à l'époque clandestins:
N. Sarkozy pour
A. Juppé contre

 

21 septembre 2015

François Fillon et les statistiques ethniques

Le Journal du Dimanche publie le 20 septembre 2015 un entretien avec François Fillon à l'occasion de la sortie, le lendemain, de son livre Faire (Albin Michel). "Il faut faire sauter le tabou des statistiques ethniques", titre l'hebdomadaire en citant l'ancien premier ministre.

fillon.png

 

Voici l'extrait qui concerne les statistiques ethniques:

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Il s'agit donc pour François Fillon d'avoir une "traçabilité" des immigrés et de leurs enfants, au-delà de leur nationalité actuelle (certains d'entre eux étant Français, par acquisition ou de naissance).

Or, cette "traçabilité" existe déjà à travers la nationalité et le lieu de naissance des parents (en France, à l'étranger dans l'Union européenne, à l'étranger hors de l'Union européenne):

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Bref, aucune raison de recourir à des statistiques ethno-raciales qui se rattacheraient philosophiquement à une conception racialiste anti-républicaine et anti-nationale/anti-française.

Pour comprendre concrètement ce que signifieraient des statistiques ethno-raciales telles que voulues, entre autres, par François Fillon, voici successivement:

- l'extrait du formulaire du Bureau du recensement des États-Unis d'Amérique:

fillon.png

 

- l'extrait du formulaire du Bureau de la statistique nationale du Royaume-Uni:

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Alors que le racialisme est au fondement idéologique d'une partie de l'extrême droite (du GRECE aux Identitaires en passant par Terre et Peuple ou le nouvel Institut Iliade), c'est Marine Le Pen qui s'est le plus fermement opposée à François Fillon sur les statistiques ethniques en dénonçant une "racialisation de la politique".

La présidente du FN s'est en revanche trompée en affirmant qu'aux États-Unis d'Amérique cette appartenance ethno-raciale était marquée sur la carte d'identité (outre le fait qu'il n'y existe pas de carte d'identité fédérale, c'est-à-dire nationale).

02 septembre 2015

De la valorisation de la femme en islam ou Dévalorisation de la femme en islam?

Bonne initiative que d'organiser, dans le cadre d'une réunion des Français de confession musulmane d'un département, une conférence sur "la valorisation de la femme en islam" (12-13 septembre 2015 à Pontoise).

Encore faut-il que les intervenants prônent véritablement la valorisation de la femme ...et non l'inverse!

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Je vous laisse en juger avec les deux intervenants, Nader Abou Anas et Mehdi Kabir:

 


notamment à 11'42''

 

 


vidéo retirée mais ci-dessous un extrait retrouvé ailleurs

 

 

 

 

01 septembre 2015

Des étudiants souverainistes lancent un nouveau syndicat: La Cocarde étudiante

Je vous invite à lire mon article dans La Croix. Ayant envoyé un article trop long, celui-ci a été logiquement coupé. En voici pour info la version longue:

 

Des Républicains au FN, des étudiants souverainistes lancent un nouveau syndicat: La Cocarde étudiante.

Il s'agit de la première concrétisation d'un projet souverainiste transpartisan et brisant le "cordon sanitaire" autour du FN.

 

Le souverainisme peut-il réunir au-delà des appartenances partisanes ? La question se pose depuis les débats sur le référendum du traité de Maastricht, en 1992. Elle est actuellement relancée.

Souverainistes "des deux rives"

Le 21 août 2015, l'économiste Jacques Sapir a déclaré espérer, "à terme", la création d'une large "alliance anti-euro", du Front de gauche au Front national. "Rassembler au-delà des appareils les patriotes de droite, de gauche et d'ailleurs", a repris Nicolas Dupont-Aignan, le 29 août, dans son discours de clôture de l'université de Debout la France, dont Jean-Pierre Chevènement était l'invité.

Le 26 septembre, son club République Moderne ambitionne justement d'organiser une rencontre sur le thème "Europe et souveraineté", où "chacun exprimera son approche", de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan en passant par Arnaud Montebourg.

"Le débat de fond seul fera bouger les lignes", plaide Jean-Pierre Chevènement dans le JDD du 30 août 2015 en souhaitant accueillir les "républicains des deux rives". Sans cependant "supprimer le cordon sanitaire qui écarte les responsables du FN de l'espace politique républicain".

Dissidents de l'UNI

Ce sont toutefois des étudiants de droite souverainistes qui sont allés le plus loin dans un projet souverainiste transpartisan, en s'affranchissant, eux, de ce "cordon sanitaire". Le 4 septembre 2015 ils présenteront publiquement un "nouveau syndicat étudiant", La Cocarde étudiante, dont seize sections ont été montées depuis mai.

À l'origine se trouvent des dissidents des sections de l'UNI de Pau et de Panthéon-Assas. "L'UNI c'est Les Républicains, or ni Les Républicains ni Nicolas Sarkozy n'incarnent les idées gaullistes, explique le président de La Cocarde étudiante, Maxime Duvauchelle. Nous sommes des gaullistes sociaux, nous ne sommes pas des ultra-libéraux".

Si l'UNI a successivement été proche du RPR puis de l'UMP et des Républicains, elle a suivi l'évolution majoritaire des héritiers du gaullisme. En 1992, l'UNI avait ainsi activement participé à la campagne pour le non au traité de Maastricht. En 2005, elle a, à l'inverse, initié des comités "Les étudiants pour le oui" à la Constitution européenne.

Maxime Duvauchelle vient d'ailleurs de l'UNI et des Républicains, où il représentait le courant de La Droite populaire à son conseil national. "La condition sine qua non pour défendre les étudiants, c'est d'être indépendant de tout parti politique, poursuit-il. Par souci d'indépendance, j'ai démissionné des Républicains et de La Droite populaire."

Du FN aux Républicains

L'originalité de la nouvelle organisation étudiante est d'ambitionner de rassembler sans exclusive, des Républicains au FN. "Nous faisons abstraction de tout engagement politique extérieur, précise Maxime Duvauchelle. La seule condition pour adhérer, c'est d'être sur une ligne gaulliste et souverainiste". Dans un souci d'équilibre, il affirme que ses troupes comportent "40% de non-encartés, 20% de Républicains, 20% de Debout la France et 20% de FN". De fait, les dirigeants des courants ou des partis concernés lui réservent un bon accueil.

"Que le gaullisme et le souverainisme s'exportent un peu partout est une bonne chose", se réjouit Pierre Gentillet (Les Républicains), président des jeunes de La Droite Populaire. Il n'affiche donc "pas d'opposition" à la participation de militants de son mouvement, se déclarant "neutre" sur la présence de membres du FN. "Cela ne me regarde pas car c'est en dehors de l'espace partisan. La Cocarde étudiante est un syndicat, nous nous sommes un parti politique".

Cette opinion est partagée chez Debout la France. "A priori, nous ne pouvons qu'encourager la création d'un syndicat étudiant souverainiste", renchérit Alexandre Loubet, le tout nouveau président de Debout les jeunes. Si des responsables locaux ont créé des sections de la Cocarde étudiante, il compte néanmoins rencontrer d'autres syndicats, dont l'UNI, et attend de savoir "quelles sont les propositions concrètes de La Cocarde étudiante pour le monde universitaire". Surtout, il fixe une limite: « Cela ne nous pose pas de problème qu'il y ait des adhérents du FN, mais l'organisation doit rester indépendante et nous prendrions nos distances si elle s'en rapprochait trop".

Le FN à Sciences Po Paris

Si le FN a déjà créé le collectif Marianne, il n'a en revanche plus tenté depuis longtemps de lancer son propre syndicat étudiant. "On n'est pas là pour bloquer la création d'une structure souverainiste et patriote, bien au contraire», se contente d'avancer Gaëtan Dussausaye. Le directeur du Front national de la jeunesse est persuadé qu'"avec les nouvelles générations, tous les souverainistes et patriotes pourront effectuer un travail collectif sur leurs sujets communs. »

Seule exception, où le parti d'extrême droite ambitionne d'apparaître sous son nom: Sciences Po Paris. "C'est un cas à part car il s'agit de l'unique grande école où les partis politiques sont représentés en tant que tels, expose Gaëtan Dussausaye. Il est anormal que le FN ne le soit pas". Depuis lundi 31 août, la poignée d'étudiants "marinistes" est donc à la recherche des 120 parrainages nécessaires à sa reconnaissance.

Parmi eux, David Masson-Weyl, président du collectif Marianne, et Davy Rodriguez. Issu du Front de gauche, ce dernier est en outre le vice-président de l'association "Critique de la raison européenne"... que présidait jusqu'alors Alexandre Loubet.

En dehors de leur engagement politique, certains sont amis personnels. Responsable de La Cocarde étudiante à Paris-Descartes, Kelly Betesh (FN) avait bien involontairement été à l'origine d'une polémique en publiant sur les réseaux sociaux les photos du réveillon à son domicile, en présence notamment de Maxime Duvauchelle et Pierre Gentillet (UMP-Les Républicains). Florian Philippot, vice-président du FN, était même passé souhaiter une bonne année.

Une "génération Philippot"

C'est la présence de Florian Philippot au FN qui a permis ces rapprochements politiques, dont La Cocarde étudiante est la concrétisation. C'est en effet lui qui a conduit des jeunes se revendiquant "gaullistes", "colbertistes", "sociaux-souverainistes" ou "nationaux-républicains" à rejoindre le FN version Marine Le Pen. Puis ce sont ces jeunes-là qui apparaissent comme des partenaires fréquentables à l'extérieur du parti d'extrême droite.

Reste que le nouveau syndicat n'aura réussi son pari qu'à plusieurs conditions.

Premièrement, s'imposer dans le paysage universitaire en obtenant des élus, ce qui est loin d'être gagné.

Deuxièmement, conserver son orientation "gaulliste et souverainiste", c'est-à-dire ne pas fusionner avec une structure comme "Assas Patriote", qui a obtenu des élus sur une ligne à mi-distance entre le FN version Jean-Marie Le Pen et l'ex-GUD.

Troisièmement, que la direction nationale des Républicains – au-delà du courant de La Droite populaire – n'interdise pas à ses membres d'y militer. Or, rien n'est moins sûr.