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28 septembre 2019

Marion Maréchal cultive ses réseaux politiques et intellectuels

Article publié en version plus courte dans La Croix:
https://www.la-croix.com/France/Politique/Marion-Marechal...

 

Marion Maréchal cultive ses réseaux politiques et intellectuels

« Elle s’est extraite du milieu politique sans le quitter vraiment. » C’est ainsi que Jean-Marie Le Pen qualifie la posture de sa petite-fille, Marion Maréchal, dans le second tome de ses Mémoires (1). Fondatrice et directrice d’un Institut des sciences sociales économiques et politiques (Issep), l’intéressée – qui a abandonné l’usage du patronyme Le Pen – n’en cultive pas moins ses réseaux politiques et intellectuels. En témoigne la Convention de la droite à laquelle elle participera, samedi 28 septembre, à Paris.

« Réarmement intellectuel »

La finalité de ces conventions – il ne s’agirait que d'une « première édition » – est au fond identique à celle de l’Issep et du magazine L’Incorrect (dirigé par Laurent Meeschaert et Jacques de Guillebon) : « Réarmer intellectuellement la droite. » Une droite dont l’idéologie se dessine à travers sa volonté de « construire l’alternative au progressisme, au multiculturalisme et au libre-échangisme ». Bref, une droite conservatrice dans sa vision de la société et de la nation, libérale en politique économique intérieure mais protectionniste (antilibérale) en politique économique extérieure.

Les organisateurs et partenaires de la convention témoignent surtout des deux premières orientations, bien que tous ne placent pas le curseur au même endroit, entre l'holisme des plus conservateurs et l'individualisme des plus libéraux : les réseaux de l’ancien ministre Charles Millon et de Charles Beigbeder (L’Avant-Garde et Fondation du Pont-Neuf), l’Institut de recherche fiscale et économique Vauban, l’association Contribuables associés, l’Institut pour la justice ou encore le cercle Audace. Son président, François de Voyer, avait accompagné Marion Maréchal aux États-Unis d'Amérique, en février 2018, à l’occasion de son discours devant la grande conférence annuelle des conservateurs.

Pont entre la droite et l’extrême droite

Idéologiquement, cette orientation transcende les frontières partisanes, puisqu’elle possède des défenseurs aussi bien chez Les Républicains (LR) qu’au Rassemblement national (RN). Sans cependant y obtenir l’unanimité. Tout d'abord, l’importance à conférer aux questions de société fait débat dans les deux formations, une aile de LR étant même « progressiste » sur le sujet. Ensuite, l’une et l’autre renferment un courant interventionniste et centraliste (néanmoins affaibli au RN avec le départ de Florian Philippot). Enfin, il existe toujours à LR des libéraux adversaires du protectionnisme.

À lire aussi: Marion Maréchal unira-t-elle droite et extrême droite ?

Loin vers l’extrême droite

Les autres personnalités politiques annoncées sont le jeune LR Erik Tegnér, fondateur de l’association Racines d’avenir, l’ex-député Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate fondé par Christine Boutin, et Robert Ménard, le maire de Béziers apparenté RN. Ce dernier avait d’ailleurs organisé, dès mai 2016, un rendez-vous similaire. Mais les intervenants connus sont surtout issus de la société civile, à commencer par l’essayiste Éric Zemmour, qui ouvrira la convention. Sans oublier deux invités présentés comme des « adversaires » : l’essayiste Raphaël Enthoven et Laurent Alexandre, partisan du transhumanisme.

À l'image du précédent de Robert Ménard, cette velléité d’« union des droites » – c’est-à-dire en réalité d’union de la droite et de l’extrême droite – n’est pas sans ambiguïté dans ses relations avec la mouvance « identitaire » racialiste. Parmi les partenaires figure ainsi la Fondation Polémia de Jean-Yves Le Gallou, promotrice du « grand remplacement » et dont le plus récent article en ligne verse dans un réductionnisme biologique primaire en proclamant que « l’identité d’un peuple, c’est sa génétique ! ».

Laurent de Boissieu

(1) Mémoires. Tribun du peuple, de Jean-Marie Le Pen, Éd. Muller, 576 p., 24 € (à paraître le 2 octobre).

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