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06 mars 2008

FN : reconquérir son électorat perdu

Les enjeux du scrutin, parti par parti

1/8 : Le Front National FN

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L'élection présidentielle de 2002 restera sans doute l'apothéose électorale du FN sous la présidence de Jean-Marie Le Pen. Depuis, de scrutins en scrutins le parti principal d'extrême droite perd du terrain. En 1995, le FN avait conquis les villes de Toulon (Var), Orange (Vaucluse) et Marignane (Bouches-du-Rhône). Auxquelles était venu s'ajouter en 1997 Vitrolles (Bouches-du-Rhône), à l'occasion d'une élection municipale partielle. En 2001, l'extrême droite avait conservé trois villes : une pour le FN (Orange) et deux pour le MNR de Bruno Mégret (Marignane, Vitrolles). Toutes perdues en cours de mandat. Vitrolles est en effet passée à gauche après l'annulation de l'élection municipale. Tandis que le maire d'Orange (Jacques Bompard) a rallié le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers et que celui de Marignane (Daniel Simonpieri) s'est apparenté à l'UMP, qui le soutient dorénavant aux municipales. Dans ces deux villes, le FN n'a même pas été en mesure, cette année, de présenter une liste. Même chose à Dreux (Eure-et-Loir), ville qui symbolise l'émergence du FN en 1983.

Confronté, à des "problèmes financiers", le FN a en outre rendu des "arbitrages financiers" qui l'ont contraint à renoncer à des listes pourtant déjà bouclées là "où le risque financier, au regard des résultats de 2001, est trop grand". Autre obstacle : la loi sur la parité, qui oblige à trouver autant de candidates que de candidats. Le FN, allié ci ou là avec le MNR ou avec le Parti populiste (scission du MNR), concentre donc ses forces dans quelques villes : Marseille, Perpignan avec le secrétaire général du FN Louis Aliot, Hénin-Beaumont où Marine Le Pen figure sur la liste, Noyon (Oise), Cluses (Haute-Savoie), etc. Pour l'extrême droite, l'objectif est de reconquérir l'électorat capté par Nicolas Sarkozy lors de la dernière élection présidentielle. Reste à savoir si c'est le bulletin de vote FN que les déçus du président de la République brandiront en signe de protestation.

04 mars 2008

Scoop ! La France est un pays d'économie de marché

2003648921.jpg"Il y a manifestement des abus de la part des industries et des distributeurs qui profitent (des) hausses des matières premières agricoles pour accroître leur marge", a dénoncé, hier soir, le premier ministre François Fillon.

D'enquêtes de prix en enquêtes de prix, tout le monde y va de son petit couplet contre les industriels et les distributeurs. Qu'il y ait des choses à améliorer, en particulier en terme de transparence, c'est certain. Mais rappelons une chose : depuis l'ordonnance du 1er décembre 1986, les prix en France ne sont plus contrôlés par l'État mais sont libres ("régulation des prix par la concurrence", disent les libéraux).

À partir du moment où il n'y a ni abus de position dominante ni entente illicite entre distributeurs (ce qui mériterait enquête et sanction, et non de simples déclarations d'intention), que les uns et les autres accroissent leur marge de profit est dans la logique même du système capitaliste libéral. On peut vouloir un autre système, mais alors qu'on l'assume en le disant !

Or je n'ai pas encore entendu ceux qui poussent des cris d'orfraie au nom du pouvoir d'achat des consommateurs suggérer de rétablir le contrôle des prix ou proposer un système économique alternatif au capitalisme...

03 mars 2008

Le MoDem bouscule le jeu traditionnel des alliances

culbuto-chat.gifIl est encore trop tôt pour savoir s'il ne s'agit que d'une révolte ou d'une véritable révolution dans la vie politique française. Quoi qu'il en soit, la "révolution orange" de François Bayrou a déjà bousculé, pour ces élections municipales, le jeu traditionnel des alliances. Après les élections municipales de 1977 et législatives de 1978, la bipolarisation s'était imposée : au moins au tour décisif, les partis de droite (RPR et UDF) et de gauche (PS et PCF) faisaient bloc.

Si, avant le premier tour, des transfuges d'un camp vers l'autre, éventuellement sous le signe de l'ouverture, ont toujours existé, les alliances à géométrie variable nouées à l'occasion de ces élections par le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou sont inédites depuis les années 1970. Avant que le PS, sous l'impulsion de François Mitterrand, ne généralise sa stratégie d'union de la gauche, la SFIO balançait en effet dans ses alliances entre le PCF et le centre d'opposition. Même chose, dorénavant, pour le MoDem, qui oscille entre l'UMP et le PS.

Sur les 18 villes de plus de 150 000 habitants, le MoDem participe ainsi aux listes de cinq maires sortants : deux UMP (Alain Juppé à Bordeaux, Antoine Rufenacht au Havre) et trois PS (Hélène Mandroux à Montpellier, Michel Destot à Grenoble et François Rebsamen à Dijon). Tandis qu'à Angers il soutient la liste UMP, et qu'à Nice son candidat, Hervé Caël, conduit une liste avec le Parti radical de gauche et le Mouvement écologiste indépendant. Ailleurs, le parti de François Bayrou part seul à la bataille au premier tour. Dès lors, se posera pour lui la question du maintien (là où la liste obtient plus de 10% des suffrages exprimés) ou de la fusion avec une autre liste (seuil de 5% des suffrages exprimés). Dans ce dernier cas, tout porte à croire qu'il devrait s'agir le plus souvent de la liste de gauche. Les anciens UDF restés au centre droit ayant lancé leur propre parti, le Nouveau Centre, déjà allié sauf rares exceptions (Bordeaux, Caen, Mérignac, Annecy) à l'UMP.

La question de l'alliance avec le PS se pose également pour le PCF, surtout là où les socialistes se sont rapprochés des centristes. Dans une déclaration adoptée le 8 février dernier, le conseil national du PCF "dénonce les manœuvres d'élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du MoDem, contribuent à la dilution des valeurs et des convictions propres à la gauche". Mais un amendement de la gauche du parti excluant "que les communistes participent à des listes incluant le MoDem, d'une manière ou d'une autre" a été repoussé. À Montpellier et Grenoble, les listes conduites par le PS s'étirent donc du PCF au MoDem. Dans plusieurs villes communistes (Saint-Denis, Vitry-sur-Seine, Aubervilliers...) ou anciennement communistes (Le Havre, Nîmes...), le PS et le PCF partent toutefois désunis à la bataille. Tenté par l'alliance avec le centre, le parti de François Hollande a moins le souci de ménager celui qui était, lors des dernières municipales, un de ses partenaires de la gauche plurielle.

Les deux partis ont, en revanche, trouvé un nouveau soutien, Lutte ouvrière, qui a quitté pour la première fois son isolationnisme révolutionnaire. Le parti d'Arlette Laguiller fait cause commune avec le PCF et le PS dans quelques secteurs de Marseille, à Clermont-Ferrand, Perpignan ou Argenteuil. Tandis qu'il s'est allié avec le seul PCF à Toulon, Angers, Saint-Denis, Vitry-sur-Seine, Aubervilliers, etc.

Enfin, les Verts présentent cette année des listes autonomes dans environ un quart des villes de plus de 50 000 habitants, c'est-à-dire un peu plus qu'en 2001. Outre ses places fortes, comme Paris, Montpellier, Lille et Grenoble (allié avec l'extrême gauche "rouge et verte"), Les Verts se compteront cette fois au premier tour à Strasbourg et à Rennes. Autant d'endroits où ils se trouvent dorénavant en concurrence avec le MoDem pour, éventuellement en ce qui concerne les centristes, former avec le PS une majorité municipale.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 03/03/2008