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16 juillet 2008

La droite, combien de divisions ?

La droite est en train de préparer le terrain : faire porter à la gauche l'éventuelle responsabilité d'un échec de la révision constitutionnelle. Qu'en est-il véritablement ?

 

Il y a actuellement deux sièges vacants, l'un à l'Assemblée nationale, l'autre au Sénat. Le nombre total de parlementaires est donc aujourd'hui de 906. Dans l'hypothèse où tous exprimeraient un suffrage au Congrès, la majorité des trois cinquièmes se trouve à 544 voix.

Quel est le rapport de force au Parlement ?

 

En comptabilisant dans un premier temps les trente sénateurs UC-UDF dans la majorité présidentielle mais les trois députés MoDem dans l'opposition, nous avons :

  • majorité de droite : 549 parlementaires
  • oppositions : 357 parlementaires (354 de gauche, trois centristes)

Le compte y est, avec une marge de cinq voix.

 

Il convient toutefois de retrancher des 549 parlementaires de droite ceux qui s’étaient abstenus en juillet 2007 lors du vote sur la déclaration de politique générale du gouvernement de François Fillon : outre les trois députés centristes Abdoulatifou Aly, François Bayrou et Jean Lassalle, il s'agit du sénateur centriste Jean-Jacques Jégou et du député gaulliste Nicolas Dupont-Aignan :

  • majorité de droite : 547 parlementaires
  • oppositions : 359 parlementaires (354 de gauche, quatre centristes, un gaulliste)
  GAUCHE    NI NI     DROITE  TOTAL
S-UMP     159 159
S-SOC 95     95
S-UC-UDF   1 29 30
S-CRC 23     23
S-RDSE 8   9 17
S-NI     6 6
AN-UMP     317 317
AN-SRC 204     204
AN-GDR 24     24
AN-NC     24 24
AN-NI   4 3 7
S 126 1 203 330
AN 228 4 344 576
354 5 547 906

 

Bref, le compte y est toujours, avec, certes, une marge plus étroite, de trois voix. Selon ce premier calcul, un éventuel échec de la révision constitutionnelle relèverait donc de la seule droite (vote contre des cinq parlementaires MPF, d'une poignée d'UMP, etc.) et non de la gauche ou du centre.

 

Reste que parmi les sénateurs UC-UDF qui ont approuvé la déclaration de politique générale du gouvernement de François Fillon se trouvent des élus qui soutiennent la démarche centriste de François Bayrou. Selon mes calculs, le groupe UC-UDF se décompose ainsi :

  • majorité de droite : 24 (8 MoDem ligne Mercier-Arthuis, 8 sans étiquette ligne Arthuis, 1 sans étiquette, 7 Nouveau Centre)
  • opposition du centre : 6 MoDem ligne Bayrou (dont, bien entendu, Jean-Jacques Jégou)

Ce qui nous donne :

  • majorité de droite : 542 parlementaires
  • oppositions : 364 parlementaires (354 de gauche, neuf centristes, un gaulliste)
  GAUCHE    NI NI     DROITE  TOTAL
S-UMP     159 159
S-SOC 95     95
S-UC-UDF   6 24 30
S-CRC 23     23
S-RDSE 8   9 17
S-NI     6 6
AN-UMP     317 317
AN-SRC 204     204
AN-GDR 24     24
AN-NC     24 24
AN-NI   4 3 7
S 126 6 198 330
AN 228 4 344 576
354 10 542 906

 

Cette fois, le compte n'y est plus, il manque à la droite deux voix pour avoir à elle seule la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés ! Selon ce second calcul, l'échec de la révision constitutionnelle serait donc partagé entre la droite, la gauche et le centre.

14 juillet 2008

14 juillet "bling bling"

betancourt.jpgLe 14 juillet 2007, j'avais critiqué le défilé sur les Champs-Élysées de troupes étrangères issues de tous les États membres de l'Union Européenne

Paradoxalement en apparence, je salue cette année le défilé de "casques bleus" de l'ONU (avec le secrétaire général Ban Ki-moon "invité d'honneur" du président de la République), soldats de la paix qui, eux, ne se rattachent à aucun État. La France universelle s'honore donc à les mettre à l'honneur le temps d'un défilé, à l'égal de ses propres troupes nationales.

 

En revanche, deux choses me choquent profondément dans ce 14 juillet 2008 :

- la présence de deux avions militaires étrangers (des MIG 29 roumain et slovène) en hommage à l'OTAN

- la présence dans la tribune présidentielle d'Ingrid Betancourt. Cette française a été libérée. Fort bien. Nous sommes très contents pour elle et sa famille. Mais en quoi la France doit-elle honorer cette femme politique colombienne à l'occasion de la Fête Nationale ? Qu'a-t-elle fait de spécial dans sa vie pour la patrie qui méritât pareil honeur ? C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy exhibait Ingrid Betancourt comme il exhibe volontiers devant ses invités sa Rolex Daytona...

 

N.B. : De retour de l'Élysée...

Glop-Glop. Cette phrase lucide d'Ingrid Betancourt : "Je suis bien consciente que je ne mérite pas cette distinction [la Légion d'honneur, ndlr] mais elle me fait tellement plaisir", ainsi que l'idée d'associer le lycée hôtelier de Dieuze en Moselle (ville dont le 13e régiment de dragons parachutistes est menacé) au déjeuner offert aux chefs de délégations à l'Hôtel de Marigny.

Pas Glop-Pas Glop. Cette phrase niaise et incongrue d'Ingrid Betancourt (mais qui a dû tellement faire plaisir à Nicolas Bruni) : "Je compte sur Carla, avec sa belle voix et son coeur" [pour que les autres otages des FARC soient libérés aussi]

13 juillet 2008

L'Union Méditerranéenne revue et corrigée

upm.jpg

Le Sommet de Paris pour la Méditerranée est en soi un incontestable succès diplomatique pour la France : 43 États représentés au plus haut niveau, c'est-à-dire au niveau des chefs d'État ou chefs de gouvernement.

Succès, également, pour la paix, avec, autour de la même table, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le premier ministre de l'État d'Israël, Ehud Olmert, le président de la République arabe syrienne, Bachar al-Assad, et le président de la République libanaise, Michel Sleimane.

Nul ne saurait retirer cela à Nicolas Sarkozy.

 

L'Union pour la Méditerranée, en revanche, n'apparaît que comme une pâle contrefaçon du projet d'Union Méditerranéenne.

Le génie de l'idée d'Union Méditerranéenne était double. D'une part, il promettait d'ouvrir l'horizon de la France au-delà de la seule fixation européenne. Et, d'autre part, il consistait à sortir du dialogue Nord-Sud pour promouvoir un véritable projet commun entre États, qu'ils soient du Nord ou du Sud, riverains d'une même mer, d'un même berceau de civilisation. Par nature, il s'agissait donc d'un projet fondamentalement contradictoire avec une intégration européenne de la France à finalité fédéraliste. Car construire une Union Méditerranéenne c'eût été considérer que la France possède autant, si ce n'est davantage, de liens historiques et culturels, d'intérêts économiques et politiques, avec les États riverains de la Méditerranée qu'avec ceux de la mer Baltique.

"Que tous nos regards se soient tournés exclusivement vers le Nord et vers l'Est, que le Sud ainsi fût oublié intellectuellement, culturellement, moralement, politiquement, économiquement, que la Méditerranée cessât d'être un lieu d'où jaillissait pour nous la richesse, la culture et la vie, qu'elle cessât de représenter une promesse pour ne plus constituer qu'une menace, n'est pas pour rien dans la crise d'identité et la crise morale que nous traversons", analysait judicieusement le candidat Sarkozy en proposant, pour le coup, une véritable politique de civilisation.

Comme le soulignait explicitement le parallèle sémantique Union Européenne/Union Méditerranéenne, c'est bien d'une construction régionale d'égale nature que l'Europe qu'il s'agissait durant la campagne présidentielle : "C'est à la France, européenne et méditerranéenne à la fois, de prendre l'initiative avec ses partenaires du Sud de l'Europe, d'une union Méditerranéenne comme elle prit jadis l'initiative de construire l'union Européenne (…) Cette Union Méditerranéenne aura vocation à travailler étroitement avec l'Union Européenne, et un jour à avoir avec elle des institutions communes". Inspirée par le gaulliste Henri Guaino, l'Union Méditerranéenne n'avait toutefois en réalité pas l'Union Européenne (intégration supranationale) mais le Conseil de l'Europe (coopération interétatique) pour modèle : "L'union de la Méditerranée aurait un Conseil de la Méditerranée comme l'Europe a le Conseil de l'Europe", expliquait alors Nicolas Sarkozy.

Las ! L'Union Européenne a tué l'Union Méditerranéenne, ne concédant, lors du Conseil européen du 13 mars 2008, que "la relance du Processus de Barcelone, transformé en Union pour la Méditerranée" (ce qui donne en langage technocratique européen : “processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée”). Initié en 1995, le Processus de Barcelone désigne la politique extérieure dite de voisinage de l'Union Européenne vis-à-vis des États du Sud de la Méditerranée, dans le cadre d'un classique dialogue Nord-Sud.

Même si aucun traité européen n'instaure une politique étrangère unique, l'Union Européenne est donc déjà, de fait, exclusive : les États européens ne sont plus autorisés à participer à un autre projet régional conforme à leur histoire et à leurs intérêts. La position de l'Allemande Angela Merkel et celle du Libyen Mouammar Kadhafi ont, d'ailleurs, été exactement la même : oui à un dialogue entre, d'un côté, l'Union Européenne dans son ensemble, et, de l'autre, l'Union Africaine et la Ligue Arabe dans leur ensemble ; non à la construction d'une Union Méditerranéenne regroupant exclusivement les États concernés membres de l'Union Européenne, de l'Union Africaine ou de la Ligue Arabe (raisonnement d'autant plus absurde que ces deux organisations régionales n'ont pas les mêmes États membres !).

Bref, contrairement aux apparences, l'Union Méditerranéenne sera sans doute à inscrire dans la case des promesses non tenues du président de la République.

10 juillet 2008

La réforme des institutions adoptée en deuxième lecture par les députés

scrutin.jpgL'Assemblée nationale a adopté, en deuxième lecture, le projet de loi constitutionnelle.

En deuxième lecture, il n'y a pas (sauf demande) de scrutin public avec publication des votes au Journal officiel en annexe du compte rendu de la séance.

Bref, impossible de savoir qui a voté quoi, qui a éventuellement changé de position depuis la première lecture. Ce qui nuit à l'analyse journalistique, mais ce qui heurte aussi le citoyen.

De même que je suis contre le principe même de débat sans vote au sein des assemblées parlementaires, je suis pour que tout scrutin sur l'ensemble d'un texte soit public (même à 1h30 du matin...). On m'objectera que cela allourdirait la procédure législative. Peut-être. Mais la démocratie est à ce prix. Je trouve en effet scandaleux de ne pas pouvoir connaitre, en toute transparence, le vote de son député.

09 juillet 2008

Versac vs Aphatie

blog.jpgLa guéguerre entre Versac et Jean-Michel Apathie se solde par la capitulation de Versac, qui baisse le rideau.

J'espère simplement que cet épisode ne sera pas interprété comme une nième bataille de la soit-disante guerre entre blogeurs et journalistes. Étant à la fois blogueur et détenteur d'une carte de presse, je ne vois pas concurrence mais au mieux complémentarité ou au pire indifférence entre les deux. À condition que le journaliste accomplisse le travail de base du journaliste (recherche, vérification, hiérarchisation, mise en perspective et analyse de l'information).

 

Plus généralement, qu'est-ce qu'Internet a changé pour le journalisme ?

- démocratisation de l'accès à l'information brute, ce qui ne retire rien au travail propre du journaliste, que je conçois avant tout comme un analyste/pédagogue (d'où, ce qui m'oppose il est vrai à une partie de mes confrères, ma conception d'un journalisme forcément spécialisé et pas multirubrique). Or rares sont à ma connaissance les blogeurs qui s'aventurent au-delà du simple commentaire personnel de l'information brute (à l'exception notable des blogs de juristes comme Le Blog Droit Administratif ou le Journal d'un Avocat de maître Eolas).

- démocratisation de la fonction d'éditorialiste (qui possède une place à part dans le journalisme), c'est-à-dire de commentateur public de l'actualité. Car, en effet, qu'est-ce qu'un blogueur si ce n'est un éditorialiste sans (forcément) carte de presse ? Or sur Internet un Jean-Michel Apathie ou un Guy Birenbaum se trouvent en concurrence (presque) au même niveau qu'un (ex-)anonyme comme Versac (Nicolas Vanbremeersch), devenu un blogueur influent (c'est-à-dire un blogueur ayant atteint une certaine notoriété - recherchée ou non et que cela lui plaise ou non : Versac refuse le qualificatif, mais à partir du moment où des personnalités médiatiques comme Jean-Michel Apathie ou Jean-Marc Morandini lui consacrent un billet, le doute n'est plus permis !).

 

(Bon, Nicolas, tu ne lis certainement plus mon blog, mais comment fait-on pour apparaitre dans "l'annuaire des blogueurs politiques" de MSN, maqué avec ta République des Blogs ? Il n'y a aucun formulaire de demande. C'est réservé aux "Blogueurs Zinfluents" ?)