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27 août 2007

Rentrée politique de Ségolène Royal

40f0256a80fc47456931ad9860dabc9c.jpgQuelques jours avant l'ouverture, vendredi, de l'université d'été du PS, Ségolène Royal a effectué samedi dernier sa rentrée politique, à l'occasion de la Fête de la rose qu'elle a organisée à Melle avec la fédération socialiste des Deux-Sèvres. Dans un discours d'environ une heure et demie, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a présenté sa campagne passée comme une "année formatrice pour les prochaines batailles", admettant que, dans ses propositions, elle avait "parfois improvisé à cause du temps qui était compté".

Aujourd'hui, Ségolène Royal se dit cependant "renforcée par les épreuves et les bonheurs vécus au cours de cette année écoulée", c'est-à-dire depuis sa candidature à la candidature au sein du PS. "Contrairement à ce que je lis ici ou là, je n'ai aucun esprit de rancune, de revanche, aucune amertume, y compris envers ceux dont la chaude affection littéraire m'entoure dans cette rentrée", a-t elle insisté, faisant notamment allusion au livre que publie Marie-Noëlle Lienemann (1).

La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a détaillé devant ses amis les "deux chantiers essentiels" qu'ils n'ont "pas eus le temps de conduire à leur terme et pour lequel il faut reprendre l'ouvrage". Promettant, avec volontarisme : "Ce temps qui nous a manqué, nous allons le prendre. Je vous en fais la promesse. Et nous achèverons le travail."

Premier chantier : les idées. "À la fin de ces campagnes présidentielle et législative, nous avons commencé à inventer le socialisme du XXIe siècle, a affirmé celle qui entend briser à gauche le tabou de l'économie de marché. Est-on pour ou contre le marché ? Question singulière pour un parti qui ne professe plus depuis bien longtemps l'étatisation des moyens de production. Le marché nous est aussi naturel que l'air que l'on respire ou que l'eau que l'on boit. (…) Nous inscrivons bien évidemment notre action dans le cadre des économies de marché et s'il faut l'écrire, écrivons-le une fois pour toutes."

L'ancien ministre se démarque toutefois de la "gentille comptine des théoriciens libéraux", en appelant à une action de l'État et des collectivités locales "chaque fois que c'est nécessaire". Il n'empêche que, dans les valeurs mises en avant ("équilibre des droits et des devoirs, éthique de la responsabilité, efficacité de l'action publique"), elle assume plus les critiques à l'encontre de la gauche de gouvernement de la droite que de la gauche anti libérale.

Cette rénovation idéologique passe notamment pour Ségolène Royal par une dénonciation de "la prolifération des motions qui donnent souvent lieu à des règlements de compte inutilement brutaux suivis de synthèse parfaitement illisibles". L'ancienne candidate a ainsi de nouveau critiqué le projet présidentiel du PS : "Le programme ne doit pas être un programme de tactique interne mais un programme pour convaincre et gagner." En juin, elle avait déjà affirmé que "le smic à 1 500 € bruts dans cinq ans ou la généralisation des 35 heures sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes" qu'elle avait "dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas été du tout crédibles".

Il s'agit donc, second chantier, de faire du PS "un grand parti moderne". Ségolène Royal, qui a déjà annoncé en juin qu'elle présenterait sa propre motion au prochain congrès, a toutefois assuré samedi n'être "en compétition avec personne". Ce qui ne l'a pas empêchée d'appeler "tous les adhérents de Désir d'avenir", ses comités de soutien à la présidentielle créés en marge du parti, "à venir au PS".

Enfin, pour les élections municipales, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a rejeté l'idée d'accords locaux à géométrie variable et a plaidé en faveur d'une stratégie nationale d'alliance "cohérente et éclairée". Sans a priori exclure du tour de table le MoDem de François Bayrou, avec lequel elle avait débattu entre les deux tours de la présidentielle. Une ouverture qui irait dans le sens des travaux du collectif Les Gracques, formés par d'anciens collaborateurs des gouvernements de gauche, réuni hier en université d'été à Paris, qui souhaite que le PS s'allie avec le MoDem et non plus avec le PCF.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 27/08/2007 

(1) Au revoir Royal, de Marie-Noëlle Lienemann et Philippe Cohen, Perrin, 185 p., 13,50 €

15 juin 2007

Les sept questions clés du second tour des législatives

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De quelle ampleur sera la victoire de L'UMP ?
La majorité présidentielle est sereine. D'une part, l'UMP est assurée d'obtenir la majorité absolue des députés. Reste à savoir avec quelle ampleur. Après les législatives de 2002, le groupe UMP, à lui seul, détenait 63,5% des sièges, dépassant les 60% de l'UDR (gaullistes) en 1968 et les 58% du groupe socialiste en 1981. D'après les projections, l'UMP serait en mesure de battre, dimanche, son propre record. D'autre part, le Nouveau Centre est dans la majorité présidentielle et devrait, comme prévu, réussir son pari de succéder à l'UDF au centre droit en formant son propre groupe parlementaire. Sept députés UDF et apparentés sortants ont, en effet, été élus ou réélus au premier tour, dont le nouveau ministre de la défense Hervé Morin. Sur les 15 candidats du Nouveau Centre en lice au second tour, seuls deux semblent dans une situation difficile : Rodolphe Thomas dans la 2e circonscription du Calvados, face à Laurence Dumont (PS), et Bernard Bosson dans la 2e de Haute-Savoie, dans un duel incertain avec un divers droite, Lionel Tardy (UMP dissident).

 

Le PS peut-il surnager dans la vague bleue ?
La défaite est consommée, la déroute peut encore être évitée : voilà le mot d'ordre en vigueur au siège du PS. Certes, bien des personnalités du parti sont en danger : Dominique Strauss-Kahn (Val-d'Oise, 8e), Arnaud Montebourg (Saône-et-Loire 6e), Vincent Peillon (Somme, 3e), Julien Dray (Essonne, 10e), Michel Vauzelle (Bouches-du-Rhône, 16e), Jean-Louis Bianco (Alpes-de-Haute-Provence, 1re) ou encore Patrick Mennucci (Bouches-du-Rhône, 3e). Mais le PS est loin du scenario catastrophe de 1993, où son groupe parlementaire n'avait réuni que 57 rescapés (moins de 10% des sièges de l'Assemblée nationale). L
e PS espère même prendre quelques circonscriptions à l'UMP ou au Nouveau Centre, celles de Jacques Domergue (qui ne se représentait pas dans la 2e circonscription de l'Hérault), d'Alain Marsaud (Haute-Vienne, 1re), de Jean Lemière (Manche, 5e) ou de Rodolphe Thomas (Calvados, 2e). Au total, le PS espère retrouver un nombre d'élus relativement proche de celui de 2002 (141).

 

François Bayrou peut-il espérer ne pas être le seul député du MoDem ?
Le MoDem n'a pas réussi son pari. Qualifié pour le second tour dans seulement sept circonscriptions, il ne concourra finalement que dans six. L'un de ses candidats, Michel Canévet, s'est en effet retiré dans la 7e circonscription du Finistère. Sur le papier, seul François Bayrou (Pyrénées-Atlantiques, 2e) et Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e) sont en ballottage favorable. Ce dernier entretient toutefois l'ambiguïté sur son appartenance ou non à la majorité présidentielle et se présente comme candidat "Bobigny-Drancy". Rien ne dit qu'il ne rejoindra pas, au final, le Nouveau Centre dans la majorité présidentielle. Il en est de même en ce qui concerne le candidat du MoDem suivant le mieux placé : Thierry Benoît, dans la 6e circonscription d'Ille-et-Vilaine, face à l'ancien ministre UMP Marie-Thérèse Boisseau. Le conseiller général du canton de Fougères-Sud a appelé à voter pour Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle et l'étiquette MoDem n'apparaît pas sur ses documents de campagne. Quant aux deux autres candidats du MoDem confrontés à un UMP, Jean-Marie Cavada (Val-de­-Marne, 1re) et surtout Élisabeth Doineau (Mayenne, 2e), ils auront du mal, même avec le soutien des électeurs de gauche, à rattraper leur retard sur leur rival UMP. Enfin, Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques, 4e) joue son va-tout dans une triangulaire incertaine avec l'UMP et le PS.

 

Le PCF peut-il limiter ses pertes ?
Sauf surprise, le PCF ne disposera plus d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Il y a cinq ans, le parti n'avait fait élire que 20 députés (le minimum pour avoir un groupe), auxquels s'étaient ajoutés deux divers gauche: le communiste "rénovateur" Jean-Pierre Brard et l'ancien «chevènementiste» Jacques Desallangre. Il faut remonter à 1958 pour trouver un précédent, les dix députés communistes ayant été contraints de siéger parmi les non-inscrits. En 1988, la gauche avait toutefois été obligée de diminuer de 30 à 20 le nombre de députés nécessaires pour constituer un groupe afin de permettre au PCF de conserver le sien. La perte de son groupe à l'Assemblée nationale constituerait une étape de plus dans le déclin électoral du parti créé en 1920, des 15,35% de Georges Marchais à la présidentielle de 1981 aux 1,93% de Marie-George Buffet cette année. Sur les 23 candidats PCF (dont un dissident : Maxime Gremetz) en lice pour le second tour, à peine une quinzaine sont en position d'être élus ou réélus dimanche, dont la secrétaire nationale Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis, 4e).

 

Les ténors des petits partis de gauche peuvent-ils être élus ?
Avec neuf députés sortants, le PRG est le troisième parti de gauche dans l'Assemblée nationale sortante. Parmi ses 19 membres en lice pour le second tour, seule la députée sortante Christiane Taubira (Guyane, 1re) est en ballottage favorable. À l'inverse, les anciens ministres François Huwart (Eure-et-Loir, 3e) et Émile Zuccarelli (Haute­-Corse, 1re), figure emblématique du parti, sont en ballottage défavorable. Tandis que l'issue du scrutin est incertaine pour cinq de leurs collègues. Le PRG rêve toutefois de réussir l'exploit de battre deux députés UMP sortants, Michel Roumegoux avec Dominique Orliac (Lot, 1re) et Jacques Briat avec Sylvie Pinel (Tarn-et-Garonne, 2e). La clé du scrutin appartiendra généralement aux électeurs centristes du MoDem, qui pourraient logiquement préférer le PRG, positionné au centre gauche, à l'UMP. Autre allié du PS, Les Verts n'ont plus que quatre candidats en lice, dont trois sortants. Si Noël Mamère (Gironde, 3e) est en ballottage favorable, Yves Cochet (Paris, 11e) et surtout Martine Billard (Paris, 1re) sont dans une situation incertaine. Enfin, le MRC devrait retrouver le chemin de l'Assemblée nationale, non pas grâce à Jean-Pierre Chevènement (Territoire-de-Belfort, 2e), en ballottage défavorable, mais avec le gaulliste de gauche Christian Hutin (Nord, 12e).

 

Marine Le Pen peut-elle sauver l'honneur du FN ?
La nouvelle droite de Nicolas Sarkozy a siphonné l'électorat FN à la présidentielle et aux législatives. En 1993, le parti d'extrême droite avait aligné 100 candidats au second tour. Chiffre qui atteindra 132 en 1997, avant de chuter à 37 en 2002. Cette année, seule Marine Le Pen, dans la 14e circonscription du Pas-de-­Calais, s'est qualifiée avec 24,47% des suffrages exprimés. Excepté celui du MNR (0,51%), tous les candidats du premier tour ont appelé à voter au second pour le député PS sortant, Albert Facon. Si la fille de Jean-Marie Le Pen a donc peu de chance d'être élue dimanche, elle a déjà remporté une victoire personnelle, qui la place en position de force pour la succession de son père à la tête du parti. Mais aussi, localement, pour les élections municipales à Hénin-Beaumont, première ville de la circonscription, où elle est arrivée en tête avec 33,4%.

 

Pourquoi une seule triangulaire ?
Le nombre de triangulaires n'aura jamais été aussi faible depuis 1988. Sur 12 triangulaires possibles, une seule se déroulera effectivement dimanche, dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques entre UMP (Hervé Lucbereilh, 31,36%), MoDem (Jean Lassalle, 29,54%) et PS (Jean-Pierre Domecq, 19,86%). Ailleurs, le moins bien placé à droite et à gauche s'est systématiquement retiré en faveur du mieux placé. Tandis que l'UMP a voulu "tendre la main" au MoDem en retirant son candidat face à François Bayrou (Pyrénées­-Atlantiques, 2e), de toute façon en ballottage favorable. Enfin, le MoDem Michel Canévet s'est également retiré dans la 7e cir­conscription du Finistère, sans donner de consigne de vote. Le fait de retrouver le nombre de triangulaires de 1978 et de 1981 confirme la bipolarisation de la vie politique française, le FN ayant perdu sa capacité de nuisance aux législatives. À titre de comparaison, en 1973 il y avait eu 96 triangulaires. C'était avant que le "centre d'opposition" ne rallie la droite. Une configuration que François Bayrou aurait rêvé de faire renaître.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 15/06/2007

29 mai 2007

Les sarkozystes "de gauche"

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La gauche "moderne et européenne"

 

Enfin, une autre famille de centre gauche est représentée par une myriade de clubs, souvent issus des réseaux rocardiens et deloristes, plus ou moins dans la mouvance du PS : À Gauche en Europe (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn), Gauche moderne (Jean-Marie Bockel), Réunir (Bernard Kouchner), Témoin (Jacques Delors, François Hollande, Jean-Pierre Mignard, Jean-Pierre Jouyet)...

Une famille de centre gauche dont certains membres - Bernard Kouchner (ministre des affaires étrangères et européennes) et Jean-Pierre Jouyet (secrétaire d'État chargé des affaires européennes) - sont passés après le second tour au centre droit sans s'arrêter sur la case Bayrou. Déjà, avant le premier tour, s'était créé un club srakozyste "de gauche" : La Diagonale.

 

Parti Radical de Gauche

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Parti Radical de Gauche (PRG)

 

Si les radicaux dits "valoisiens" siègent au centre droit, l'autre branche de la famille radicale se situe, elle, au centre gauche. En 1972, une partie des radicaux a en effet quitté le parti créé en 1901 pour signer le programme commun de la gauche, aux côtés du PS et du PCF. Le Parti Radical de Gauche (PRG) compte neuf députés sortants et a signé un accord électoral avec le PS pour les législatives. Son président, Jean-Michel Baylet, a récemment provoqué des remous au sein du parti en plaidant en faveur d'une "réunification" de la famille radicale afin de ne pas laisser à François Bayrou le monopole du centre. Mais il a très vite été contraint par le PS et par une partie de ses élus de réaffirmer son appartenance à l'opposition de gauche.

 

Parti Radical de Gauche (PRG)

14 mai 2007

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères ?

medium_kouchnervedrine.jpgÉtrange ! Nicolas Sarkozy aurait proposé à la fois à Hubert Védrine et à Bernard Kouchner le poste de ministre des Affaires étrangères...

Le plus étrange n'est pas tant le fait qu'il s'agisse de deux membres du PS (même si, durant la campagne présidentielle, que n'a-t-on pas entendu les sarkozystes dauber sur l'idée de François Bayrou de rassembler des gens de droite et des gens de gauche au sein d'un même gouvernement !). 

Non, le plus étrange est qu'il s'agit de deux hommes qui, comme le résume parfaitement un parlementaire européen PS, "défendent deux conceptions tout à fait opposées de la politique étrangère et de la politique européenne".

Le plus logique serait la nomination de Bernard Kouchner. Au moment de la crise irakienne (2003) notamment, Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy avaient défendu des positions très proches, que l'on peut résumer ainsi : mieux vaut en dernier recours une guerre sous l'égide de l'ONU plutôt qu'une guerre unilatérale américaine. Une position aux antipodes de celle de la France, décidée - avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin - à utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU contre toute résolution sur l'envoi de troupes en Irak. Avec Nicolas Sarkozy à l'Élysée et Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, il en aurait certainement été autrement*.

 

* Nicolas Sarkozy ayant déjà reçu, avant le premier tour de l'élection présidentielle, le soutien des intellectuels de gauche favorables à la guerre en Irak : Pascal Bruckner, André Glucksmann, Marc Weitzmann...