12 mars 2010
Élections régionales : les petits partis
Alliance écologiste indépendante
Aux élections européennes de 2009, l'Alliance Écologiste Indépendante (AEI) avait obtenu 3,63% en moyenne nationale, tournant autour du seuil des 5% en Alsace (5,85% pour Antoine Waechter) et Languedoc-Roussillon (4,45% pour Patrice Drevet). Pour les régionales, les "écologistes indépendants" partent, soit seuls, soit avec le MoDem (Auvergne, Franche-Comté, Basse-Normandie, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes) ou Europe - Écologie (Alsace, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais).
Debout la République
Le mouvement gaulliste Debout la République du député Nicolas Dupont-Aignan est en lice dans trois régions : Haute-Normandie (où il avait obtenu 2,64% aux européennes), Lorraine (2,55%) et Île-de-France (2,44%). Parti d'une ligne républicaine ni de droite ni de gauche, avec le ralliement d'ex-chevènementistes, il s'est finalement allié au CNI et à des divers droite, misant sur l'électorat de droite non-sarkozyste et sur l'espace libéré par le ralliement du MPF et de CPNT aux listes UMP.
Les petites partis d'extrême droite
Des dissidents du FN (Parti de la France de Carl Lang, etc.) ont formé avec les restes du MNR de Bruno Mégret des listes dans six régions (Centre, Franche-Comté, Lorraine, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie). L'extrême droite régionaliste et "identitaire" est, quant à elle, présente en Alsace (Alsace d'abord) et en Languedoc-Roussillon (Ligue du Midi). Les uns et les autres soutiennent la Ligue du Sud de Jacques Bompard en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Enfin, Jean-Claude Martinez (ex-FN) a formé comme aux européennes sa propre liste, en Languedoc-Roussillon.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 12/03/2010
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22 septembre 2009
L'écologie fait son chemin au MoDem
Le MoDem de François Bayrou est-il la deuxième formation écologiste française, après Les Verts ? La question, qui serait apparue hier incongrue pour l'UDF, semble aujourd'hui de plus en plus légitime pour le MoDem.
Outre l'UDF, encore majoritaire à sa direction (avec trois vice-présidents sur six et deux tiers des membres du bureau exécutif), le MoDem compte statutairement un second mouvement fondateur : Citoyenneté Action Participation pour le XXIe siècle (Cap 21), parti écologiste créé par l'ancienne ministre de l'environnement Corinne Lepage. "Je suis venue au MoDem avec une offre écologique identifiée, une tonalité politique différente de celle de l'UDF", insiste l'intéressée. Vice-présidente du MoDem, Corinne Lepage siège notamment aux côtés de Jean-Luc Bennahmias, ancien secrétaire national des Verts (1997-2001), tandis qu'un autre ancien secrétaire national des Verts, Yann Wehrling (2005-2006), est entré le 6 septembre dernier au bureau exécutif.
Reste à savoir dans quelle mesure ces touches vertes au sein du parti orange pèsent sur son orientation. "Notre arrivée a été décisive : avec nous, le MoDem est au niveau sur tous les sujets qui touchent au développement durable", se félicite Jean-Luc Bennahmias. "Le MoDem ne porte pas encore le projet de développement durable que je souhaiterais, nuance Corinne Lepage. C'est l'enjeu du prochain congrès programmatique", début décembre. Seul invité politique extérieur présent à son université de rentrée, le député des Verts François de Rugy estime aussi que "sur l'écologie les positions du MoDem restent à préciser". Tout en constatant avec satisfaction que, dans sa région, "par rapport à l'UDF, sous l'influence des gens de Cap 21, les élus MoDem ont cheminé vers Les Verts, par exemple contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)".
"C'est une question de culture, analyse Corinne Lepage. François Bayrou n'a pas encore renversé sa pensée au point de commencer par le sujet de la finitude des ressources, dont tout le reste découle". Il n'empêche, les penseurs Denis de Rougemont (1906-1985), Bernard Charbonneau (1910-1996) (1) ou Jacques Ellul (1912-1994), auquel se réfère explicitement l'ancien candidat à l'élection présidentielle, établissent des ponts intellectuels entre le personnalisme chrétien et l'écologie politique, y compris dans sa version radicale prônant la décroissance. Ce qui se traduit concrètement par des combats communs, à commencer par le fédéralisme. Aux dernières européennes, les deux électorats les plus proeuropéens furent ainsi à égalité ceux du MoDem et d'Europe - Écologie, avec 89% des électeurs "attachés" à la construction européenne (2). Et, si François Bayrou apparaît moins radicalement régionaliste que Les Verts, alliés traditionnel des partis de la fédération "Régions et Peuples Solidaires", il plaide depuis longtemps en faveur de la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Deux des trois députés MoDem, François Bayrou et Jean Lassalle, ont en outre été imprégnés dans leur jeunesse de la philosophie de Lanza del Vasto (1901-1981), disciple de Gandhi et fondateur des communautés de l'Arche, qui participa aux actions non-violentes contre l'extension du camp militaire du Larzac.
Ces convergences n'excluent bien entendu pas des divergences. Fils et frère de berger, Jean Lassalle, président de l'Association des populations des montagnes du monde, s'oppose ainsi à la réintroduction des grands prédateurs – ours et loups – dans ses Pyrénées. François Bayrou a par ailleurs profité de l'université de rentrée de son parti pour bien marquer sa différence avec le député des Verts Yves Cochet, en indiquant qu'il n'était "pas un malthusien partisan de la décroissance". Demeure également la question du nucléaire, qui a historiquement servi de catalyseur du mouvement écologiste en France. "Le débat n'est pas tranché au MoDem", affirme Jean-Luc Bennahmias. "Sur les OGM ou sur le nucléaire je perçois des changements notables dans le discours de François Bayrou depuis que je l'ai rejoint, poursuit Corinne Lepage. Nos discussions finissent par porter des fruits car, il y a deux ans, il n'aurait jamais déclaré que la taxe carbone était un coup de pouce au lobby nucléaire ou qu'il était faux de dire que l'électricité n'est pas émettrice de gaz à effet de serre". Décryptage de Jean-Luc Bennahmias : "Les racines terriennes de François Bayrou font qu'il était plus facile à former à l'écologie qu'un urbain".
Enfin, si certains Verts, comme François de Rugy ou Daniel Cohn-Bendit (pour qui "la page [de son altercation avec François Bayrou] a été tournée assez rapidement"), ont ouvert un dialogue avec le MoDem, d'autres y sont fermement hostiles (Yves Contassot, Francine Bavay). Le positionnement des deux partis sur l'axe droite-gauche n'est effectivement pas le même. Les électeurs d'Europe - Écologie trouvaient ainsi majoritairement que le PS n'était "pas assez à gauche" (58%), un sentiment en revanche minoritaire chez ceux du MoDem (28%). "Europe - Écologie a beaucoup recentré les Verts, dont une partie est d'extrême gauche", corrige Corinne Lepage, chantre d'une "écolonomie sociale de marché". De fait, aux élections européennes, 20% des électeurs de François Bayrou à la présidentielle ont préféré les listes Europe - Écologie à celles du MoDem (2). Et, à l'université de rentrée de ce dernier parti, l'idée d'une alliance entre l'orange et le vert semblait progressivement faire son chemin dans l'esprit des militants.
Laurent de Boissieu
(version raccourcie publiée dans La Croix, 22/09/2009)
(1) Bernard Charbonneau est l'auteur de la formule "On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini".
(2) Sondage TNS Sofres réalisé le 7 juin auprès d'un échantillon national représentatif de 2 000 personnes.
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13 février 2009
Études électorales : les élections européennes 2009
La nouvelle répartition des sièges dans les circonscriptions européennes au regard des résultats des européennes de 2004 et de la présidentielle de 2007
Dans les états-majors politiques, les calculatrices surchauffent pour préparer les élections européennes du 7 juin. En jeu, la nouvelle répartition des sièges dans les huit circonscriptions européennes, puisque la France aura six représentants de moins au Parlement européen (72 au lieu de 78). En projetant cette nouvelle répartition sur les résultats de 2004, nous avons déterminé, toutes choses égales par ailleurs, quels auraient été les gagnants et les perdants de ce changement. Enfin, pour compléter cette analyse, nous avons agrégé les scores des candidats à l'élection présidentielle de 2007 par circonscription européenne, puis calculé le nombre d'élus potentiels.
Même avec six sièges de moins à pourvoir, l'UMP, Les Verts, la droite souverainiste et les communistes auraient obtenu en 2004 le même nombre d'élus au Parlement européen. Les perdants auraient été le PS (trois sièges de moins : Ouest, Nord-Ouest, Île-de-France), le MoDem (deux sièges de moins : Est, Centre – Massif central) et le FN (un siège de moins : Nord-Ouest). Au total, la répartition aurait donc été la suivante : 28 PS (au lieu de 31), 17 UMP, 9 MoDem (au lieu de 11), 6 FN (au lieu de 7), 6 écologistes, 3 MPF, 2 PCF et 1 Parti communiste réunionnais. Contrairement à ce que nous aurions pu spontanément imaginer, ce ne sont donc pas les plus "petits" partis (MPF, PCF) qui auraient été les premières victimes d'une réduction du nombre de sièges à pourvoir.
En projetant, cette fois, le score des candidats à la dernière présidentielle dans les circonscriptions européennes, les bouleversements sont encore plus importants. Aussi bien Les Verts que le PCF et le MPF se trouvent exclus de la répartition des sièges, puisqu'ils sont partout en dessous de 5% des suffrages exprimés. Outre les quatre candidats arrivés en tête à la présidentielle (Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou puis Jean-Marie Le Pen), Olivier Besancenot est le seul à dépasser ce seuil, dans une unique circonscription européenne (Nord-Ouest). Mais sans toutefois être en mesure de décrocher un élu au Parlement européen avec le mode de scrutin en vigueur (représentation proportionnelle à la plus forte moyenne). À noter toutefois que dans les sondages le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) est aujourd'hui crédité du double du score obtenu par Olivier Besancenot en 2007.
En transposant dans les circonscriptions européennes le score de Ségolène Royal au premier tour de la présidentielle, le PS perd entre un et deux sièges partout en métropole, sauf dans le Sud-Ouest où il conserve le même nombre d'élus. En Outre-mer, en revanche, le PS en gagne un. Soit, globalement, la perte de cinq sièges supplémentaires. À l'inverse, compte tenu de sa contre-performance aux dernières élections européennes et de l'excellent score de Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle, l'UMP gagne dix sièges. Les européennes sont toutefois rarement favorables au parti majoritaire, et l'UMP est très loin, dans les sondages, du niveau de son champion à la présidentielle.
Autre gagnant : le MoDem. Le score record de François Bayrou à la présidentielle lui fait en effet miroiter l'espoir de conserver tous les sièges de l'UDF en 2004 voire d'en obtenir trois supplémentaires (Nord-Ouest, Ouest, Sud-Est). En définitive, le niveau du MoDem pourrait se trouver quelque part entre les européennes de 2004 et la présidentielle de 2007. Les deux sièges les plus incertains étant l'unique élu dans le Centre – Massif central et le second élu dans l'Est. Ce qui permet de décrypter les débats internes dans la désignation de ses têtes de liste. La jeune Parisienne Quitterie Delmas ayant refusée d'être parachutée dans le Centre – Massif central. Tandis que le Rémois Jean-Marie Beaupuy sera muté dans cette dernière circonscription afin de laisser dans l'Est la place au journaliste Jean-François Kahn.
Enfin, le second siège du FN dans le Nord-Ouest serait dans toutes les hypothèses perdu. Ce qui explique notamment pourquoi le sortant Carl Lang présente sa propre liste dissidente après avoir refusé d'être deuxième derrière Marine Le Pen, qui quitte définitivement l'Île-de-France où elle avait été élue en 2004. Contrairement au MoDem ou aux écologistes (Europe Écologie), le FN ne semble effectivement pas pouvoir miser sur une quelconque dynamique électorale pour compenser la réduction du nombre de sièges à pourvoir en France.
Laurent de Boissieu
© La Croix, 13/02/2009
Lire le détail des chiffres de l'étude :
http://www.france-politique.fr/elections-europeennes-2009...
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21 janvier 2009
Premiers sondages sur les élections européennes de 2009
Quelques enseignements des premiers sondages dont j'ai eu connaissance (publiés ou non*, entre septembre 2008 et janvier 2009) sur les élections européennes :
- plus de la moitié des Français (54%) déclare pouvoir encore changer d'avis.
- l'UMP (22-25% des intentions de vote) devance le PS, qui tourne autour de 20% (19% dans le sondage non publié réalisé en janvier, contre 25% pour l'UMP).
- le MoDem se maintient autour de 12-13% (jusqu'à 14,5% sans listes Nouveau Centre, ce qui signifie que ce dernier possède bien, en dépit de ses 2 à 3%, un petit pouvoir de nuisance vis-à-vis du MoDem).
- l'extrême gauche serait en mesure d'atteindre son record historique, avec en moyenne 13% des intentions de vote (8-10% pour le Nouveau Parti Anticapitaliste-NPA d'Olivier Besancenot; 3-4% pour Lutte Ouvrière).
- le rassemblement écologiste autour de Daniel Cohn-Bendit (Verts, etc.) oscille autour du seuil symbolique des 10% (ce qui correspond aux meilleurs scores des Verts aux élections europénnes de 1989 et 1999).
- le FN demeure bel et bien présent, avec en moyenne 6-7% des intentions de vote.
- le MPF de Philippe de Villiers talonne le FN mais dépasse difficilement 5-6%, tout en devançant largement Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan (1 à 2%).
- le front "noniste" PCF-Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon progresse notablement entre septembre 2008 (2,5% des intentions de vote, PCF seul) et janvier 2009 (5%).
- l'électorat le plus fidèle est celui de Nicolas Sarkozy (62 à 63% de ses électeurs au premier tour de l'élection présidentielle voteraient pour les listes UMP), suivi par celui de Ségolène Royal (52 à 54% de ses électeurs voteraient pour les listes PS) et, enfin, celui de François Bayrou (48% de ses électeurs voteraient pour les listes MoDem, le reste se dispersant à part à peu près égales entre l'UMP ou le PS, voire Les Verts selon la présence ou non de listes Nouveau Centre).
- le PS séduit autant au sein de l'électorat "noniste" de 2005 (22 à 23% des personnes ayant voté "non" ont l'intention de voter pour les listes PS) que "ouiste" (20% de ceux ayant voté "oui"), ce qui risque de lui poser encore un problème dans la définition d'un projet politique européen (même si le parti dirigé par Martine Aubry s'en sortira certainement avec des formules creuses et consensuelles sur "l'Europe sociale" bla bla bla).
- l'UMP fait une percée dans l'électorat "ouiste" (34% des personnes ayant glissé un bulletin "oui" ont l'intention de voter pour les listes UMP).
- Les intentions de vote des électeurs "nonistes" : PS (22-23%), UMP (17-20%), NPA (15-17%), PCF-Parti de Gauche (9-10%), MoDem (7-10%), Verts-écolos (6-9%), MPF (6-9%), FN (6%), etc.
- Les intentions de vote des électeurs "ouistes" : UMP (34%), PS (20%), MoDem (17-20%), Verts-écolos (8%), etc.
(en vert : chiffre significativement supérieur au total des intentions de vote pour les listes du parti; en rouge : chiffre significativement inférieur au total des intentions de vote pour les listes du parti)
* notamment le sondage Ifop pour Paris Match réalisé les 27 et 28 novembre 2008 auprès de 881 électeurs potentiels, extraits d’un échantillon représentatif de 959 personnes; commandés par un parti politique, les trois autres sondages n'ont pas été rendus publics
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16 juillet 2008
Comme un parfum de IIIe et de IVe République...
Nicolas Sarkozy a proposé aujourd'hui, à la surprise générale, d'abaisser de vingt à quinze députés (2,6% des 577 députés) le seuil de constitution d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Au Sénat, ce seuil est déjà de quinze sénateurs (4,5% des 331 sénateurs).
Demandée l'année dernière, après les élections législatives, par le PCF et le PRG, mais refusée par l'UMP et le PS, cette réforme permettrait à l'opposition de disposer d'un groupe politique supplémentaire. Avec, d'un côté, la reconstitution d'un groupe de députés communistes et apparentés (entre dix-sept et dix-neuf élus). Et, de l'autre, la création d'un groupe associant le PRG (huit députés), Les Verts (quatre députés) et des divers gauche (entre quinze et dix-huit élus au total pour ce groupe technique). Voire, pourquoi pas !, le MoDem (trois députés).
Avec cette proposition, Nicolas Sarkozy espère donc convaincre une partie des dix-huit parlementaires de gauche (quatorze PRG et quatre divers gauche) qui se sont abstenus en première lecture de voter au Congrès en faveur du projet de loi constitutionnelle.
Enfin, cette réforme permettrait également, à droite cette fois, au Parti Radical dit "valoisien" (dix-neuf députés), associé à l'UMP, de former s'il le souhaite son propre groupe.
Permettant ainsi éventuellement aux radicaux de diriger deux groupes parlementaires, ce qui ne leur était pas arrivé depuis la dernière législature de la IVe République (1956-1958). Il plane décidément comme un parfum de IIIe République et de IVe République dans ces tractations destinées à réunir les trois cinquièmes des suffrages exprimés au Congrès...
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