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23 février 2010

Ouverture ?

J'ai déjà abordé ce sujet. Mais j'y reviens rapidement car cela m'agace d'entendre parler d'ouverture au sujet de la nomination de Didier Migaud, actuel président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, au poste de premier président de la Cour des comptes.

L'ouverture, c'est ouvrir sa majorité politique en intégrant une personnalité issue d'un parti de l'opposition dans son gouvernement ou sur une liste électorale.

L'ouverture, en revanche, ce n'est pas nommer une personnalité de l'opposition à la tête d'une juridiction financière ou d'une commission de réflexion. Ce qui s'appelle simplement placer l'intérêt général au-dessus des clivages partisans.

Bien entendu, le but de Nicolas Sarkozy est d'enfoncer un coin dans le PS et de communiquer sur la poursuite de l'ouverture. Mais nul n'est obligé de s'abstenir de réfléchir en validant tête baissée la communication élyséenne.

16 février 2010

Les forces en présence aux élections régionales

(21 régions, hors DROM et Corse)

 

1) Gauche et extrême gauche

- LO : 21 régions

- NPA : 14 régions

- NPA + Les Alternatifs (ALT) : 2 régions (Poitou-Charantes, PACA)

- NPA + Front de Gauche (FDG) + Les Alternatifs (ALT) : 3 régions (Languedoc-Roussillon, Limousin, Pays-de-la-Loire)

- NPA + Parti de Gauche (PG) + Les Alternatifs (ALT) : Champagne-Ardenne

- NPA + Parti de Gauche (PG) : 2 régions (Bourgogne, Basse-Normandie)

- Front de Gauche (FDG) + Les Alternatifs (ALT) : 6 régions (Alsace, Centre, Franche-Comté, Île-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes)

- Front de Gauche (FDG) : 7 régions (Aquitaine, Auvergne, Midi-Pyrénées, Haute-Normandie, Poitou-Charentes, Picardie, PACA)

- Parti de Gauche (PG)Les Alternatifs (ALT) : Bretagne

- Gauche Alternative + Parti de Gauche (PG) : liste "Front Lorrain de Gauche"

- PS et alliés + PCF : 5 régions (Bourgogne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Lorraine, Basse-Normandie)

- PS et alliés : 16 régions

- Europe - Écologie : 18 régions

- Europe - Écologie + Mouvement Écologiste Indépendante (MEI) : 3 régions (Alsace, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais)

- divers gauche : Georges Frêche (ex-PS, Languedoc-Roussillon), Joël Mekhantar (ex-MRC, Bourgogne), Maxime Gremetz (ex-PCF, Picardie)

- divers écologistes de gauche : Manuel Santiago (liste "Écologie sociale, solidaire et décroissante", Alsace), Claude Buchot (liste "'Écologie solidaire en Franche-Comté")

 

2) Ni droite ni gauche

- MoDem : 14 listes

- MoDem + Alliance Écologiste Indépendante (AEI) : 6 régions (Auvergne, Franche-Comté, Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire, Picardie, Poitou-Charentes)

- Alliance Écologiste Indépendante (AEI) : 7 régions (Aquitaine, Bourgogne, Champagne-Ardennne, Limousin, Lorraine, Languedoc-Roussillon, PACA)

- Alliance Écologiste Indépendante (AEI) + Parti Fédéraliste (PF) : 2 régions (Île-de-France, Haute-Normandie)

- Alliance Écologiste Indépendante (AEI) + Parti Breton (PB) : Bretagne

- Debout la République (DLR) : 3 régions (Île-de-France, Lorraine, Haute-Normandie

 

3) Droite

- UMP et alliés : 21 régions

- Debout la République (DLR) + CNI : 2 régions (Île-de-France, Haute-Normandie)

- divers droite + Debout la République (DLR) + Alliance Centriste (AC) + CNI : Lorraine

- divers droite : Patrick Striby (ex-UDF, Alsace), Christian Jeanjean (ex-UMP, Languedoc-Roussillon), François Dubout (ex-FN ex-CNI, Nord-Pas-de-Calais), Michel Dulac (liste "Spartacus", Rhône-Alpes), Victor Villa (liste "La Voix Lorraine")

 

4) Extrême droite

- FN : 21 régions

- Maison de la Vie et des Libertés (MVL) : 1 région (Languedoc-Roussillon)

- Parti de la France (PDF) + Mouvement National Républicain (MNR) + Nouvelle Droite Populaire (NDP) : 6 régions (Centre, Franche-Comté, Lorraine, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie)

- Bloc Identitaire + Parti de la France (PDF) + Mouvement National Républicain (MNR) : PACA ("Ligue du Sud")

- Bloc Identitaire : 2 régions (Alsace : "Alsace d'abord", Languedoc-Roussillon : "Ligue du Midi")

 

5) Autres

- régionalistes : Parti Breton (PB) (liste "Nous te ferons Bretagne" : Bretagne, Pays-de-la-Loire), Euzko Alderdi Jeltzalea - Parti Nationaliste Basque (EAJ-PNB) (liste "Euskadi Europan" : Aquitaine), coalition Euskal Herri Bai (Aquitaine)

- défense des agriculteurs : Bretagne (liste "Terres de Bretagne" : Charles Laot), Nord-Pas-de-Calais (liste "Jeunes agriculteurs" : Mickaël Poillion)

- Solidarité & Progrès (liste "Bretagne, phare du nouveau monde" : Alexandre Noury) : Bretagne

- Solidarité ("liste chrétienne" : Axel de Boer) : Île-de-France

- Union pour la Nouvelle France (Thierry Sinda) : Île-de-France

- liste "Émergence" (Almamy Kanoute) : Île-de-France

- liste "Lorraine Générations solidaires" (Patrice Lefeuvre)

08 février 2010

Les régionales, des élections pièges pour le MoDem

François Bayrou utilise les sondages quand cela l'arrange. Début janvier, en présentant ses vœux pour 2010, le président du MoDem avait mis en avant une enquête indiquant que 67% des Français n'avaient "confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays" (1). Début février, interrogé sur un sondage créditant le MoDem de seulement 4% des suffrages exprimés (2), il est soudainement moins loquace. "Je ne participe pas à la guerre des sondages", a-t-il tranché en fin de semaine dernière.

Les élections régionales – comme les municipales ou les législatives – constituent des scrutins pièges pour toutes les forces souhaitant incarner une alternative à la droite (l'UMP et ses alliés) et à la gauche (le PS et ses alliés), puisque ce sont par nature des élections d'alliance au second tour. Seul moyen d'en sortir : atteindre le poids électoral nécessaire pour se maintenir seul au second tour, c'est-à-dire dépasser le seuil des 10% des suffrages exprimés. Or, le MoDem semble de plus en plus s'en éloigner. Au premier tour de la présidentielle, François Bayrou avait atteint ce seuil dans la totalité des régions métropolitaines. Aux européennes, ce ne fut le cas qu'en Basse-Normandie et en Lorraine.

Pour faire bonne figure électorale, le parti centriste a donc décidé de se rapprocher des écologistes non Verts, qui avaient obtenu 3,63% aux européennes (8,46% pour le MoDem). Dans certaines régions, il s'est ainsi allié avec l'Alliance écologiste indépendante dans son ensemble. Dans d'autres, il ne s'est allié qu'avec une de ses composantes, Génération écologie, présidé par Jean-Noël Debroise. Ce dernier a été désigné tête de liste en Charente-Maritime (Poitou-Charentes). À l'inverse, en Languedoc-Roussillon, Marc Dufour (MoDem) et  Patrice Drevet (GE-AEI) ne sont finalement pas parvenus à un accord.

Là où le MoDem et ses alliés obtiendront entre 5% et 10%, ils n'auront pour unique choix, s'ils veulent exister au conseil régional, que de fusionner entre les deux tours avec la gauche. Ce qui laisse présager de nouvelles tensions internes. Selon les régions, les figures locales du MoDem appartiennent en effet à des exécutifs locaux tantôt avec le PS - François Deseille en Bourgogne, Marc Dufour en Languedoc-Roussillon, Catherine Levraud (ex-Verts) en Paca - tantôt avec l'UMP - Geneviève Darrieussecq en Aquitaine ou Bruno Joncour en Bretagne.

Opposés à une perspective d'alliance avec la gauche, certains responsables du MoDem l'ont déjà quitté pour rallier les listes de la majorité présidentielle, comme le sénateur des Yvelines Nicolas About ou les responsables locaux Laurent Gérault (Maine-et-Loire, ex-chef de file du MoDem pour les régionales en Pays de la Loire) et Luc Binsinger (Meurthe-et-Moselle). À l'inverse, Alexis Blanc (Charente-Maritime) a devancé l'alliance avec la gauche en figurant dès le premier tour sur la liste de Ségolène Royal (PS). Pour ne rien arranger, Corinne Lepage n'en finit pas de prendre ses distances avec François Bayrou. L'ancienne ministre de l'environnement pourrait même soutenir dans plusieurs régions la liste Europe écologie plutôt que celle du parti dont elle est vice-présidente !

Reste à savoir quel sera l'impact pour François Bayrou d'une nouvelle contre-performance électorale du MoDem. Dans le dernier sondage sur la présidentielle de 2012, il conserve pour l'instant la troisième place, avec 12 % d'intentions de vote (3), loin derrière Nicolas Sarkozy (32%) et Martine Aubry (19%). Talonné, surtout, par Marine Le Pen (10%), Dominique de Villepin (9%) et Cécile Duflot (8%).

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 08/02/2010

 

(1) Enquête réalisée du 9 au 19 décembre par TNS Sofres pour le Cevipof, l'Institut Pierre-Mendès-France et Edelman auprès d'un échantillon représentatif de 1 502 personnes inscrites sur les listes électorales.

(2) Enquête réalisée les 1er et 2 février par TNS Sofres pour France Télévisions, Radio France et Le Monde auprès d'un échantillon national représentatif de 1 000 personnes.

(3) Enquête réalisée les 2 et 3 février 2010 par CSA pour Marianne auprès de 802 personnes inscrites sur les listes électorales.

28 janvier 2010

Villepin, gaulliste social?

Dominique de Villepin a donc été relaxé dans l'affaire Clearstream. Ses soutiens l'ont aussitôt intronisé comme alternative gaulliste à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. Alternative à Nicolas Sarkozy, je veux bien. Alternative gaulliste, cela reste à démontrer...

 

Tout est relatif. Idéologiquement, Dominique de Villepin apparaît certes comme davantage gaulliste que Nicolas Sarkozy, notamment en ce qui concerne la politique étrangère et les institutions. Mais davantage gaulliste que Nicolas Sarkozy ne signifie pas forcément gaulliste en général et gaulliste social en particulier, si les mots ont encore un sens.

 

Or l'action de Dominique de Villepin en tant que premier ministre (2005-2007) ne semble pas convaincante à cette aune. Qu'on en juge:

- ouverture du capital d'EDF (décret n°2005-761 du 7 juillet 2005).

- poursuite de la privatisation des autoroutes (décrets n°2006-98 du 2 février 2006, n°2006-167 du 16 février 2006 et n°2006-267 du 8 mars 2006).

- instauration du bouclier fiscal (à l'époque 60% des revenus, loi de finances pour 2006).

- créations du "contrat nouvelles embauches" (CNE, ordonnance n°2005-893 du 2 août 2005) et du "contrat première embauche" (CPE, loi n°2006-396 du 31 mars 2006) - le premier a été abrogé en 2008 après avoir été déclaré non-conforme à une convention de l'Organisation Internationale du Travail et le second n'a jamais été appliqué à la demande de Jacques Chirac.

- suppression du Commissariat général du Plan (discours du 26 octobre 2005).

 

Vous avez dit gaulliste social?

26 janvier 2010

Clarification au centre

centre.jpgLes élections régionales vont être l'occasion de franchir un pas supplémentaire dans la clarification de l'espace centriste du paysage politique française. Dans une tribune publiée hier dans Le Figaro, le sénateur des Yvelines Nicolas About, conseiller régional sortant et président du groupe Union centriste du Sénat, a ainsi annoncé qu'il se mettait "en congé" du MoDem et qu'il rejoignait la liste de la majorité présidentielle conduite par l'UMP Valérie Pécresse.

L'élu dénonce de la part de son parti "des candidatures de simple témoignage et des alliances de pure opportunité". Une allusion à la tête de liste en Île-de-France, Alain Dolium, jusque-là simple adhérent, et à la perspective d'une alliance avec la gauche au second tour. "À mes yeux, les élections régionales sont bien plus qu'un énième tour d'échauffement en vue des échéances présidentielles à venir", poursuit Nicolas About en visant François Bayrou et un MoDem selon lui "enfermé dans une posture d'opposition systématique au gouvernement".

Ce choix n'est pas une surprise : l'analyse de la dizaine de votes depuis les dernières élections sénatoriales où le groupe Union centriste s'est divisé entre majorité et opposition montre que Nicolas About a systématiquement voté comme les élus de la majorité et non comme les proches de François Bayrou. Il n'est pas le seul : c'était également le cas de Michel Mercier, son prédécesseur à la présidence du groupe, justement "en congé" du MoDem depuis sa nomination au gouvernement, en juin 2009.

Si le Nouveau centre est pleinement impliqué dans les listes de la majorité présidentielle, listes qu'il conduit en Bourgogne et dans le Nord-Pas de Calais, le troisième parti issu de l'UDF, l'Alliance centriste, vient de suivre le même chemin. Son fondateur, l'ancien ministre Jean Arthuis, président du conseil général de la Mayenne, a en effet annoncé qu'il était en train de négocier dans sa région un accord avec l'UMP Christophe Béchu. Parmi les candidats de l'Alliance centriste devrait notamment figurer Laurent Gérault, ex-président du MoDem du Maine-et-Loire et ex-chef de file pour les régionales dans les Pays de la Loire. Objectif de Jean Arthuis : parvenir à former un groupe de centre-droit au conseil régional.

La clarification de l'espace centriste du paysage politique français devrait se poursuivre l'année prochaine, à l'occasion des élections sénatoriales. Le Nouveau centre, qui pourrait d'ici là essayer de récupérer le sigle UDF, espère alors fédérer autour de lui les divers "centristes" de la majorité afin de former au Sénat, comme à l'Assemblée nationale, un groupe de centre-droit.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 26/01/2010