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23 juin 2009

Nouveau gouvernement : infos ou intox ?

Allez, participons au petit jeu des rumeurs sur le remaniement ministériel :

- Justice : Michèle Alliot-Marie (ancienne rumeur : Éric Woerth)

- Intérieur : Xavier Darcos*

- Éducation nationale : Luc Chatel

- Porte-parole du gouvernement : Nathalie Kosciusko-Morizet

- Agriculture, ruralité : Michel Mercier (ancienne rumeur : Maurice Leroy)

- Culture : Frédéric Mitterrand (ancienne rumeur : Christophe Girard ou Yamina Benguigui)

- Réforme territoriale : Dominiques Perben

 

* d'après lefigaro.fr à 17h56 : Brice Hortefeux à l'Intérieur et Xavier Darcos aux Affaires sociales

31 mars 2009

Rémunération des dirigeants d'entreprise : l'aveu d'échec de la majorité

fillon-parisot.jpgLe décret, annoncé la semaine dernière par l'Élysée, "relatif aux conditions de rémunération des dirigeants des entreprises aidées par l'État ou bénéficiant du soutien de l'État du fait de la crise économique" a été signé hier par François Fillon pour être publié ce matin au Journal Officiel.

Le gouvernement avait pourtant revendiqué le fait de ne pas intervenir sur la gouvernance des sociétés bénéficiant d'un soutien exceptionnel de l'État. Leurs fonds propres avaient en effet été augmentés à travers l'achat par la Société de prise de participation de l'État (SPPE) de "titres super-subordonnés à durée indéterminée" (TSSDI). Or, contrairement aux actions, le souscripteur de ces titres n'entre pas au capital des établissements concernés. "Vous ne pouvez pas entrer au capital d'une banque qui ne le désire pas, qui n'en a pas besoin et qui n'est pas en difficulté, ou alors il faut la nationaliser et passer par le Parlement", avait, à l'époque, justifié François Fillon. Concrètement, cela signifie que l'État a alors fait le choix de ne pas être représenté au sein de leur conseil d'administration ou de surveillance et, donc, de ne pas participer à leur gestion, c'est-à-dire notamment de ne pas intervenir dans la définition de la politique de rémunération de leurs dirigeants.

Cela dit, même en faisant ce choix, le gouvernement aurait pu, au-delà des déclarations d'intention de Nicolas Sarkozy, encadrer les conditions de rémunération des dirigeants concernées au moment de la signature de conventions entre ces dernières et l'État. La nécessité de publier un décret et de signer, dès hier, un avenant à ces conventions, est donc un aveu d'échec pour François Fillon. Preuve supplémentaire que dans notre système économique les entreprises ne sont par nature ni éthiques ni citoyennes, que l'auto-régulation est un leurre, et que seule la régulation par l'État est efficace. Le tout étant de trouver le bon équilibre entre intérêt général (régulation par l'État) et liberté d'initiative économique.

21 décembre 2008

Malek Boutih qui dit oui, qui dit non

boutih.jpgMalek Boutih a dit "oui" (ce qu'il nie), puis, finalement, "non" à Nicolas Sarkozy pour occuper la fonction de commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. Il s'en explique ce dimanche dans le JDD :

 

Le JDD : Pourquoi avoir refusé ?

Malek Boutih : Pas par idéologie. Il y avait d'autres candidats très compétents. Yazid Sabeg fera très bien l'affaire (...) J'ai l'ambition - ce n'est pas un gros mot - de devenir l'un des principaux dirigeants du PS.

 

Bref, que dit implicitement le secrétaire national du PS ? Qu'il a refusé non pas en raison de divergences idéologiques avec la majorité de droite, mais simplement parce que son plan de carrière passe par le PS. Les militants dudit parti doivent s'en étrangler : voilà un de leurs dirigeants qui affirme publiquement ne pas avoir de divergences idéologiques avec Nicolas Sarkozy !

 

J'ai beaucoup d'estime pour Malek Boutih, son parcours et ses idées : il fait partie de la gauche républicaine qui n'hésite pas à parler sans tabou ni langue de bois de sécurité, de quartiers difficiles ou d'immigration. En tant qu'un des premiers signataires de l'Appel contre la statistique ethnique, il aurait cependant pu mettre en avant une bonne raison de s'opposer idéologiquement à Nicolas Sarkozy, qui a ressorti cette idée, mercredi dernier, dans son discours sur la "diversité". Pourquoi ne le fait-il pas ?

Et, personnellement, je pense que Yazid Sabeg ne fera justement pas l'affaire, en tant que premier signataire d'un autre appel, le Manifeste pour l'égalité réelle, qui, contrairement au ton général du discours d'Henri Guaino de Nicolas Sarkozy, penche plus du côté de la notion de diversité raciale que de celle de diversité sociale.

À ce propos, je tiens à tordre le cou à une idée fausse qui commence à gagner du terrain, consistant à opposer l'égalité réelle à l'égalité supposée formelle de la République. Selon Yazid Sabeg, cette dernière justifierait donc "l'injustice par le principe d'égalité". D'où l'appel à "l'avènement de politiques publiques volontaristes en faveur de l'égalité".

Or, au contraire, la République c'est par définition la mise en oeuvre de politiques publiques volontaristes ! Et c'est plutôt l'absence de République, au nom d'une idéologie néolibérale dominante, qui pose problème plus qu'un prétendu trop plein de République. Ce que la République n'est pas, en revanche, et ne sera jamais sauf à ne plus être la République, c'est la mise en oeuvre de la discrimination positive (c'est-à-dire, je le rappelle, de politiques publiques fondées sur une différenciation raciale, les indispensables mesures d'égalité sociale et territoriale relevant d'une toute autre logique, bien républicaine celle-là).

19 décembre 2008

"Label diversité" : attention danger !

diversite.jpgUn décret relatif à la création d'un label en matière de promotion de la diversité et de prévention des discriminations dans le cadre de la gestion des ressources humaines vient d'être publié au JO :

 

Il est créé un label en matière de promotion de la diversité et de prévention des discriminations dans le cadre de la gestion des ressources humaines, dénommé "label diversité". Il a pour objet de promouvoir les bonnes pratiques de recrutement, d'évolution professionnelle et de gestion des ressources humaines des entreprises ou des employeurs de droit public ou privé, en vue de développer la diversité et de prévenir les discriminations. (décret du 17 décembre 2008)

 

Question essentielle : quelle "diversité" ce nouveau label va-t-il récompenser ? Mystère...

 

Car, même dans son glossaire, le cahier des charges de labellisation établi par l'Afnor botte en touche dès qu'il est question de définir la diversité (ce qui est pour le moins génant s'agissant d'un "label diversité" !) :

Management de la diversité : Ensemble de l’organisation, des procédures, des processus, des moyens nécessaires à l’organisme pour mettre en oeuvre le management relatif à l’égalité des chances et à la prévention des discriminations.

Politique diversité : Axes et objectifs déterminés en matière d’égalité des chances et de prévention des discriminations dans le but d’améliorer le système de management mis en oeuvre sur ces thèmes.

 

En lieu et place de la diversité, il n'est donc question que de favoriser l'égalité des chances et de prévenir les discriminations. Ce qui est juste et nécessaire, ce qui constitue un combat ancien devant être mené sans pitié et sans relâche par tout républicain, mais ce qui n'a strictement rien à voir avec le nouveau concept de diversité, que ni la loi ni les organismes d'homologation ne définissent.

 

Reste une seule piste pour définir cette diversité qu'il s'agit de récompenser. Dans le décret, la "promotion de la diversité" est mise en parallèle avec la "prévention des discriminations". Or, là au moins, nous savons exactement de quoi il s'agit :

Constitue une discrimination directe la situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aura été dans une situation comparable. (loi du 27 mai 2008)

 

Bref, faute de définition, ce label va logiquement récompenser dans l'entreprise la diversité de ce qui peut, a contrario, être constitutif d'une discrimination :

  • diversité "ethnoraciale"
  • diversité religieuse
  • diversité de convictions
  • diversité d'âges
  • diversité de handicaps
  • diversité d'orientations sexuelle
  • diversité de sexes

 

D'où un certains nombre de questions, inquiétantes et pour l'heure sans réponse :

  1. Pour mesurer la diversité, il faut forcément comptabiliser, classer les personnes par "etnnie" ou "race", par religion, par convictions, par âge, par handicaps, par orientation sexuelle, par sexe. Or il est justement interdit de collecter des données aussi sensibles que la "race" ou l'"ethnie", les opinions politiques, philosophiques et religieuses, ou encore les données relatives à la vie sexuelle. Dès lors, comment procéder pour mesurer cette diversité ?
  2. Une fois cette collecte et ce classement effectués, à partir de quel seuil considère-t-on qu'il y a ou non diversité ? (combien d'athés, de juifs, de chrétiens, de musulmans par entreprise ? combien de noirs de peau, de blancs de peau, de jaunes de peau par entreprise ? combien d'hétéros, de bis, d'homos par entreprise ? etc.)
  3. Enfin, mesurer la diversité "ethnoraciale" (puisque je sais bien que c'est uniquement de cela qu'il s'agit, même si personne n'ose l'écrire), n'est-ce pas entériner sans le dire la théorie de la pluralité des races humaines en conférant à ces dernières plus d'importance que la nationalité et la citoyenneté républicaine ?

29 juillet 2008

Plan de redressement de la Sécurité sociale : beaucoup de bruit pour rien

cnam.jpgLe gouvernement a présenté aujourd'hui un nième plan de redressement de la Sécurité sociale (objectif : atteindre l'équilibre en 2011).

Ce ne sera, bien entendu, pas le dernier. Car ce n'est pas de rustines, de plans à la petite semaine et de remises en cause de la protection sociale (franchises médicales, basculement vers les mutuelles et les sociétés d'assurance) dont la France a besoin, mais d'un mode alternatif de financement de celle-ci.

J'ai l'impression d'enfoncer les portes ouvertes en écrivant cela, mais comment peut-on encore espérer tenir un haut niveau de protection sociale lorsque cette dernière est essentiellement financée par des contributions sociales assises sur le salaire des résidents ?

Les solutions alternatives ne manquent toutefois pas :

- instauration d'une Contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVA)

- instauration d'une TVA sociale

- basculement sur la CSG

etc.

 

À l'occasion de l'élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait fini par accepter l'idée d'expérimenter la TVA sociale, avant de l'abandonner en rase campagne lors des élections législatives. Ségolène Royal, elle, était silencieuse sur le sujet (vive la démocratie participative !), mais, par défaut, soulignons que le PS se prononce régulièrement en faveur de la CVA. François Bayrou, lui, semble encore hésiter entre les différentes formules (auxquelles il ajoute l'idée d'une "taxe sur les mouvements financiers", inspirée de la taxe Tobin, ou celle d'une taxe sur la consommation de carburants fossiles dite "taxe carbone").

S'il y a pourtant un dossier où le citoyen serait en droit d'attendre une rupture, une offre politique suivie d'une action réformatrice, c'est bien celui là. Marianne, ma soeur Marianne, ne vois-tu rien venir ?