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10 mai 2007

Mouvement Démocrate

medium_bayrou.2.jpgPour la troisième fois de sa vie, François Bayrou lance ce jeudi, dans la salle de la Mutualité à Paris, un parti politique : le Mouvement démocrate. En 1995, il avait élargi le Centre des démocrates sociaux (CDS), composante d'inspiration démocrate-chrétienne de l'UDF, en le transformant en Force démocrate. En 1998, après la scission de Démocratie libérale (Alain Madelin), il avait unifié la plupart des autres composantes de l'UDF au sein de la Nouvelle UDF. Cette fois, il ne s'agit toutefois ni d'élargissement ni d'unification, mais bel et bien d'une rupture avec le passé.

Une rupture qui, comme toutes les ruptures, ne s'opère pas tranquillement. Sur les 30 députés UDF sortants, 24 ont d'ores et déjà décidé de rejoindre la nouvelle majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. Entre cinq et six devraient donc participer aujourd'hui au lancement du Mouvement démocrate : Gilles Artigues (1re circonscription de la Loire), François Bayrou (Pyrénées-Atlantiques, 2e), Anne-Marie Comparini (Rhône, 1re), Jean Lassale (Pyrénées-Atlantiques, 4e) et Gérard Vignoble (Nord, 8e). Quant à Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e), dans la circonscription duquel Ségolène Royal est arrivée en tête au second tour, il tarde à rendre public son choix.

Quoi qu'il en soit, c'est par un vote à bulletins secrets que les 4 600 membres du conseil national de l'UDF vont se prononcer sur la création du Mouvement démocrate, en attendant la tenue d'un véritable congrès fondateur. Préalablement au conseil national, François Bayrou aura réuni l'ensemble des instances de l'UDF : le comité exécutif (45 membres) hier soir, le bureau politique (515 membres) ce matin. "L'UDF dans sa dénomination, ses statuts et son règlement reste totalement intacte", a précisé hier Didier Bariani, vice-président de l'UDF en charge des questions statutaires. Le parti sera en effet "membre fondateur" ou "partie constituante" du nouveau Mouvement démocrate, au même titre que d'autres mouvements politiques. À commencer par le parti écologiste de Corinne Lepage, Cap 21, qui s'était déjà allié avec l'UDF aux élections régionales de 2004. Mercredi, on ne savait en revanche toujours pas ce que comptaient faire les autres personnalités qui avaient soutenu François Bayrou au premier tour de la présidentielle : Jean Peyrelevade (en déplacement à l'étranger cette semaine), ancien directeur adjoint de cabinet de Pierre Mauroy à Matignon, symbole de l'ouverture au centre gauche, et Azouz Begag, ancien ministre du gouvernement Villepin.

Enfin, pour les élections législatives des 10 et 17 juin prochains, les candidats adopteront l'étiquette "UDF - Mouvement démocrate". L'objectif est de geler la marque UDF, déposée à l'Institut national de la propriété industrielle par Hervé de Charette, ex-UDF rallié en 2002 à l'UMP, afin d'éviter qu'elle ne soit utilisée par le futur "pôle centriste" de la nouvelle majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Le Mouvement démocrate connaîtra donc son baptême du feu aux élections législatives. Avec un enjeu majeur : conserver un groupe parlementaire (actuellement 20 membres minimum). Or, avec seulement cinq ou six députés sortants, le pari n'est pas gagné d'avance. Crédité de 12 à 15% d'intentions de vote dans les sondages, le Mouvement démocrate serait assuré d'avoir des élus avec la représentation proportionnelle. Mais en raison de l'actuel mode de scrutin majoritaire, il faudra soit compter sur la dynamique de la création d'un nouveau parti, soit trouver des candidats bien implantés.

Soit, encore, nouer une alliance avec l'UMP ou avec le PS entre les deux tours des législatives. Ce qui correspondrait à la logique du scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui induit des alliances pour le second. L'exemple du FN ayant montré qu'il est quasi impossible, sans alliance, pour un tiers parti de faire élire un député en cas de triangulaire. D'autant plus que François Bayrou est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle dans seulement quatre circonscriptions législatives : la sienne et trois autres des Pyrénées-Atlantiques, dont celle de son ami Jean Lassale. Dans les quatre, c'est Ségolène Royal qui est arrivée en tête du second tour.

Reste à savoir quelle sera la stratégie de François Bayrou aux législatives, après avoir détaché le centre de la droite. Maintien d'une ligne centriste ? Ou alliance avec la gauche, c'est-à-dire, en définitive, passage du centre-droit au centre-gauche ? L'essentiel étant, dans les deux cas, la prochaine présidentielle, seule élection où il est possible de restructurer la vie politique. Toute la difficulté consistant à exister d'ici à 2012 et, s'ils sont électoralement liés à l'un des deux blocs, à composer avec des élus.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 10/05/2007

(article remanié et exceptionnellement publié le matin même de sa parution dans La Croix)

Commentaires

Tout est relatif. Peut-être n'est-ce pas F. Bayrou qui passe du centre-droit au centre-gauche, peut-être est-ce toute la classe politique qui a viré à droite ?

http://triangulaires.com

Écrit par : JeanHuguesRobert | 10 mai 2007

Information importante : jeudi 10 mai, JM AYRAULT, président du groupe parlementaire, annonçait de possibles désistements entre le PS et le Mouvement démocrate, au 2ème tour des législatives (bande annonce sur I Télé). Après l’échec des présidentielles, le PS a maintenant une obligation de résultats aux législatives !

Écrit par : François BEGON | 11 mai 2007

Je ne suis tout à fait d'accord avec vous, sauf sur un point. On ne peut pas tellement savoir ce que donnerait une triangulaire avec le Modem, car ce parti n'a rien à voir avec le FN. Il pourrait tout à fait prendre des voix aux deux autres candidats, ce que ne pouvait pas tellement faire le FN, non ?
http://www.pourquoi-le-modem.com

Écrit par : Socdem | 14 mai 2007

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