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26 septembre 2013

"Roms": la faute contre la République de Manuel Valls

En tenant un discours sur les "Roms", le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a commis une faute contre la République. La même, sauf que là il s'agissait carrément d'une circulaire ministérielle, que la droite sarkozyste en 2010 (cf. ma note sur la "circulaire de la honte").

Les "Roms" constituent une minorité ethnique reconnue dans certains États européens comme la Roumanie, la Bulgarie ou la Hongrie (avec même des partis politiques, des élus, etc.). Mais la République française, elle, ne reconnaît pas les minorités. Donc en France les "Roms" n'existent pas. Il s'agit de ressortissants Roumains, Bulgares ou Hongrois pour qui s'applique la législation française et européenne relative aux ressortissants de ces États. Ni plus ni moins.

Ni plus ni moins, c'est-à-dire la répression sans faiblir de la délinquance, le démantèlement sans délai des camps illégaux et le maintien ou non sur le territoire national en fonction de la situation administrative des personnes concernées. Que sur ces trois points la législation française soit mal appliquée ou inadaptée, c'est certain. Que, du coup, l'exaspération des Français (et des touristes) grandisse, c'est également certain.

Mais, en République, il n'y a pas et il ne doit pas y avoir de discours ethniciste ou racialiste (sans même bien entendu parler de discours raciste) ciblant une population sur la seule base de son appartenance ethnique ou raciale supposée. C'est d'ailleurs la raison même pour laquelle l'extrême droite qui utilise en politique l'expression "Français de souche" se place en dehors de l'arc républicain.

Enfin, qu'on s'en félicite ou qu'on le regrette, la France a accepté l'entrée de ces États au sein de l'Union européenne. Il s'agit donc soit de remettre en cause ces adhésions, s'ils ne respectent pas les droits de l'Homme en discriminant une partie de leur population, soit d'en assumer toutes les conséquences pour tous leurs ressortissants. Le reste n'est que bavardage.

Commentaires

"Le reste n'est que bavardage". En êtes-vous sûr? Cela devient tellement bizarre d'accorder autant d'importance à 20 000 personnes que l'on peut se demander ce que cela signifie.
Le PS et l'UMP sont-ils des partis républicains?

Écrit par : jard | 26 septembre 2013

Le nombre n'est jamais un argument.
Et ce ne ne sont pas l'UMP et le PS qui y accordent autant d'importance mais plutôt nos concitoyens, exaspérés par des situations qui ne sont pas réglées. Moi compris lorsque je vois presque quotidiennement des gamines jouer au chat et à la souris avec la police dans le métro parisien, ou quand j'empêche lesdites gamines de détrousser des touristes ou des personnes âgées.
Le tout c'est de régler ce problème avec la plus grande fermeté, mais sans basculer dans un discours anti-républicain ciblant un supposé groupe ethnique.
Sécuritaire ET républicain, est-ce trop demander?

Écrit par : Laurent de Boissieu | 26 septembre 2013

Est-ce que ce n'est pas une querelle sémantique qui risque de verser dans le pédantisme...?

Il y a en Roumanie, Hongrie, Bulgarie une minorité ethnique Rom, apparemment reconnue comme telle par ces Etats.
Une partie des membres de cette minorité ethnique se retrouve, Viviane Reding regnante, à mener une existence de nomade dans les pays d'Europe de l'Ouest.

Valls, ou la circulaire, pourraient utiliser l'expression "les ressortissants Bulgares, Roumains, ou Hongrois qui mènent une existence nomade ayant parfois pour conséquence de les faire basculer dans l'illégalité". Au lieu de cela, ils parlent des Roms qui vivent dans des camps illégaux.
C'est plus pratique, et est-ce réellement anti-républicain dans la mesure où cela ne débouche pas sur un traitement différencié selon l'appartenance ethnique : ce qui est visé, c'est bien le nomadisme et les camps illégaux.

Le fait de mentionner qu'il s'agit de Rom explique aussi leur situation dans leur pays d'origine, maintenant et depuis quelques centaines d'années.
Cet élément-là est de nature ethnique, c'est vrai, mais est-ce qu'il ne correspond pas à une réalité dont il faut aussi tenir compte lorsqu'on examine les réponses politiques à apporter à la situation ?
En effet, s'il y a volonté d'intégration ou s'il y a volonté de maintenir un mode de vie nomade et en marge, la bonne réponse n'est sans doute pas la même.

Par ailleurs, on parle bien de harkis, de corses (y compris pour de célèbres représentants en alcools et spiritueux ou d'anciens maires de villes de banlieue chic proches de Paris)...

Écrit par : pb | 27 septembre 2013

En réalité, le mode de vie des Roms n'est pas nomade dans leur État d'origine: il le devient en France par défaut, en raison de leur précarité (nouveaux bidonvilles). Ce ne sont pas (ou plus depuis longtemps) des gens du voyage!
Pour le reste, je comprends parfaitement votre raisonnement: nommer ce qui est une réalité là-bas. Mais je maintiens que la France n'a pas à entrer dans sa gestion interne d'un problème dans de telles considérations ethniques et doit s'en tenir a leur nationalité "étatique", c'est-à-dire la seule pour la France. Enfin, parmi les "Roms" d'apparence (préjugés) tous ne sont en réalité pas Roms...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 27 septembre 2013

Si vous n'étiez déconnecté de la réalité de la situation des Roms en France vous comprendriez la position de Manuel Valls. Les engagements européens sont néfastes à tous égards pour notre pays et de ce fait Manuel Valls est obligé de faire le grand écart. Voire les analyses de Todd et Sapir!

Écrit par : cording | 29 septembre 2013

Donc en gros la France préfère se voiler les yeux plutôt que regarder la réalité en face depuis 50 ans, donc il faut absolument continuer ? Pour pouvoir mieux comprendre/analyser les problèmes d'insertion/intégration/mixité/scolarité/etc... liés à l'immigration et agir en conséquence, il faut enfin accepter de faire des statistiques ethniques et désigner un chat un chat. Et si les lois de la République ne le permettent pas, il faut les changer ! (ces arguments sur l'immuabilité des lois deviennent fatigants) Tout autre attitude est celle de beaux esprits qui ne réussissent qu'à faire monter le front national.

Écrit par : adrien | 29 septembre 2013

@cording.
1. "Si vous n'étiez déconnecté de la réalité de la situation des Roms en France vous comprendriez la position de Manuel Valls": quelle position de Manuel valls suis-je réputé ne pas comprendre? Je ne suis pas contre son discours sécuritaire, je suis contre l'ethnicisation de ce discours.
2. Todd et Sapir ont écrit des analyses sur les "Roms"?

Écrit par : Laurent de Boissieu | 29 septembre 2013

@adrien: le problème de l'extrême droite, c'est son essentialisme, son ethnicisation ou sa racisalisation des débats. Donc je ne vois pas l'intérêt d'intégrer soi-même un discours essentialiste et ethniciste soi-disant dans le but de ne pas "faire monter le front national". C'est tout l'inverse selon moi, cf. http://www.ipolitique.fr/archive/2010/01/14/marine-le-pen-republicaine.html

Écrit par : Laurent de Boissieu | 29 septembre 2013

En reprenant à votre compte les critiques sur les propos de Manuel Valls vous reprenez à votre compte la bienpensance des gens qui ne veulent pas voir la réalité de la situation et des problèmes considérables que posent les Roms là où ils s'installent.
Faites donc un travail d'enquête de terrain sur place par exemple à Saint Denis, un vrai travail de journaliste, vous comprendriez que les leçons de morale c'est bien gentil mais non seulement ça ne résoud rien mais aussi ça ne fait qu'exaspérer les populations qui y sont confrontées. La gauche morale genre Cécile Duflot, Noël Mamère, Daniel Cohn-Bendit et tout autre moralisateur comme Madame La Commissaire européen Viviane Reding, s'ils aiment tant les Roms qu'ils les prennent chez eux. La place des Roms est d'abord en Roumanie et Bulgarie notamment, nous n'avons pas vocation à accueillir toute la misère du monde.
L'Europe nous est, comme à bien des autres peuples néfaste, il faut en sortir c'est pourquoi je citais Emmanuel Todd et Jacques Sapir comme des travaux intellectuels et prises de position sur la sortie indispensable de ce carcan des peuples qu'est cette UE. Surtout sortir de l'Euro qui ne doit pas résumer l'Europe comme l'a déclaré, aussi, un conseiller ministériel allemand en juillet, de préférence par une dissolution concertée de préférence avant une explosion brutale et désordonnée qui risque de se produire étant donné l'entêtement et l'aveuglement de toute notre classe dirigeante, politique, économique, sociale et médiatique depuis au moins le 29 mai 2005.

Écrit par : cording | 30 septembre 2013

@Cording. Votre réponse est à côté de la plaque. La législation européenne et française s'applique à tous les Roumains, Bulgares ou Hongrois hors-la-loi (occupation illégale de terrain, délinquance, situation irrégulière). Rien à foutre de savoir si en Roumanie, Bulgarie ou Hongrie ils sont "Roms", "Juifs", "Turques" ou "Extraterrestres".

Écrit par : Laurent de Boissieu | 01 octobre 2013

Pour moi l'Europe est néfaste, comme je vous le disais déjà, la législation européenne n'a aucune légitimité démocratique depuis au moins le 29 mai 2005, les dirigeants "français" sont des lâches et des traitres! La presse "française" est paresseuse et conformiste, ne fait que répandre l'idéologie dominante. Les "socialistes français" ,se distinguent particulièrement en se couchant toujours devant les orientations néolibérales de l'UE, leurs homologues européens tels les sociaux-démocrates allemands en ont payé un juste prix dimanche dernier, comme le Pasok et le PSOE, les nôtres en paieront le prix aux municipales et européennes de 2014, ce qui ne sera qu'un avant-goût de la raclée électorale de 2017. J'ai beaucoup de respect pour Madame Merkel qui défend pour le mieux les intérêts de son pays.
Il flotte dans toute notre classe dirigeante par sa soumission à des bureaucrates apatrides un parfum vichyssois. En effet comme l'a déclaré Emmanuel Todd l'UE qui était une union de pays égaux en droits est devenue une structure très inégalitaire de pays soumis par lâcheté à l'Allemagne et à des banquiers et bureaucrates apatrides. Ce serait lui rendre un service comme à tous les autres que notre pays aie le courage de dire non comme le Général De Gaulle le fît dans des circonstances bien plus dramatiques en juin 40 et bien après. Il faut casser ce système malfaisant pour la plupart des peuples européens, ce carcan dont Jacques Sapir a bien montré non seulement sa nocivité mais sa totale inefficacité.

Écrit par : cording | 01 octobre 2013

@cording. Hors sujet. Le sujet, c'est Valls et ses propos sur les "Roms".

Écrit par : Laurent de Boissieu | 01 octobre 2013

Il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ces liens qui dérangent!

Écrit par : cording | 01 octobre 2013

@cording. Sur l'Europe, je crois que la fin de ma note est suffisamment claire:
"Enfin, qu'on s'en félicite ou qu'on le regrette, la France a accepté l'entrée de ces États au sein de l'Union européenne. Il s'agit donc soit de remettre en cause ces adhésions, s'ils ne respectent pas les droits de l'Homme en discriminant une partie de leur population, soit d'en assumer toutes les conséquences pour tous leurs ressortissants. Le reste n'est que bavardage."
Pour le reste, vous êtes effectivement hors sujet: je ne vois pas le lien entre l'Europe et le fait d’ethniciser un débat (le sujet de ma note, puisque cela semble vous avoir échappé).

Écrit par : Laurent de Boissieu | 01 octobre 2013

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