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31 décembre 2014

L'UMP à la recherche d'un nouveau nom

Je vous invite à lire mon article dans La Croix:

L'UMP à la recherche d'un nouveau nom

 

Si je reste prudent dans mon article pour La Croix, je pense que le nom Les Républicains tient la corde car il permet de s'adresser à toutes les familles idéologiques qui coexistent au sein de l'UMP, autour du champ lexical "Républicains"/"République":

- gaullistes: Debout la République (DLR), Rassemblement pour la République (RPR)Union des Démocrates pour la Ve République (UDR), Union pour la Nouvelle République (UNR), Républicains Sociaux

- libéraux: Parti Républicain (PR), Républicains Indépendants (RI), Parti Républicain de la Liberté (PRL), Fédération Républicaine (FR), Parti Républicain Démocratique (PRD) puis Parti Républicain Démocratique et Social (PRDS), Alliance Républicaine Démocratique (ARD)

- démocrates-chrétiens: Mouvement Républicain Populaire (MRP)

- radicaux: Parti Républicain Radical et Radical Socialiste, Centre Républicain

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30 décembre 2014

"Le Rassemblement", de Charles Pasqua à Nicolas Sarkozy

La rumeur semble se confirmer: "Le Rassemblement" pourrait être le nouveau nom proposé par Nicolas Sarkozy pour remplacer l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP).

Celui qui avait songé, en 2004, au titre "Les Républicains", ferait donc finalement un choix qui n'aurait rien d'original, s'inscrivant dans la tradition des mouvements gaullistes, du Rassemblement du Peuple Français (RPF) de Charles de Gaulle au Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac. Pas sûr cependant que les ex-UDF et les ex-DL de l'UMP apprécieront...

Cette dénomination a en outre déjà été envisagée à plusieurs reprises.

 

Lors du congrès du RPR d'octobre 1991, le nom "Rassemblement pour la République" avait été conservé mais "Le Rassemblement" avait été mis en avant sur le nouveau logo:

rpr-1991.gif

 

Puis, en janvier-février 1998, Philippe Séguin avait soumis au vote des adhérents du RPR trois noms:
- 49,94% le "Rassemblement pour la France (RPF)"
- 49,34% maintien du "Rassemblement pour la République (RPR)"
- 00,66% "Le Rassemblement"

Finalement, le RPR est resté le RPR. Pour mémoire, Philippe Séguin était alors le président du RPR avec Charles Pasqua comme conseiller politique, Nicolas Sarkozy le secrétaire général et François Fillon le porte-parole.

 

L'année suivante, Charles Pasqua quitte toutefois le RPR pour créer avec Philippe de Villiers un nouveau parti souverainiste: le Rassemblement pour la France et l'Indépendance de l’Europe (RPFIE), communément appelé le Rassemblement pour la France (RPF).

En mars 2003, les restes du RPF(IE) qui n'ont ni refondé le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers ni rallié l'UMP révisent les statuts du parti en en changeant le titre:

Article 1 1-1 Le Rassemblement pour la France et l'Indépendance de l'Europe, association régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901, fondée en date du 17 juin 1999 est désormais dénommé "LE RASSEMBLEMENT" pour la France et l'Indépendance de l'Europe.

rassemblement-pasqua-logo.jpg

rassemblement-pasqua.jpg

Pour la petite histoire, voici alors l’organigramme de ce premier Rassemblement (source: archives personnelles):

- Président: Charles Pasqua

- Porte-parole: François Asselineau (par ailleurs directeur de cabinet de Charles Pasqua au conseil général des Hauts-de-Seine)

- Conseiller du président: Édouard Lacroix

- Conseillers techniques: Éric Cesari, Pierre Monzani

- Chargées de mission: Marie-Hélène Bry, Michèle Ferniot

- Trésorier: Max De Grandi

- Délégués généraux:

-- Études générales et communication: François Asselineau (directeur de la publication de La Lettre de Charles Pasqua); adjoint: Emmanuel Millan

-- Collectivités locales et élus locaux: Jean Claude Caron

-- Organisation générale et élections: Éric Cesari; adjointe: Marie-Hélène Bry

-- Décentralisation et réforme de l'État: Hervé Fabre-Aubrespy

-- Commerce, industrie et développement économique: Guy Metral; adjointe: Isabelle Mégret

-- Union européenne et politique étrangère: Pierre Monzani; adjointe: Sandra Liebmann

-- Emploi et relations sociales: Dominique Ozenne; adjointe: Christine Annoot

 

Ils auront ultérieurement des parcours différents, par exemple:

- Hervé Fabre-Aubrespy sera candidat UMP aux élections cantonales de mars 2004 puis aidera en vain Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République, RPR puis RPF puis RPR puis UMP) à récolter les 500 parrainages nécessaires à sa candidature présidentielle pour 2007. Il sera nommé en juin 2008 conseiller pour la législation électorale du premier ministre François Fillon.

- François Asselineau adhèrera en décembre 2004 au groupe UMP du Conseil de Paris, entrera en novembre 2006 au comité directeur du Rassemblement pour l'Indépendance et la Souveraineté de la France (RIF) de Paul-Marie Coûteaux (lui-même ex-RPF) avant de fonder le 25 mars 2007 son propre parti souverainiste, l'Union Populaire Républicaine (UPR).

- Christine Annoot sera candidate RPF aux élections européennes de 2004 puis Debout la République en 2009.

- Pierre Monzani sera candidat RPF aux européennes de 2004 puis deviendra en mai 2005 porte-parole du club "La Droite Libre", associé à l'UMP. Préfet de 2009 à 2012, il retourne ensuite en politique et devient en mai 2013 le président de "La Droite Libre". Il est par ailleurs directeur de cabinet du président UDI du conseil général du Loir-et-Cher (Maurice Leroy, également cofondateur de l'Association des Amis de Nicolas Sarkozy) et directeur de l'Association de soutien pour l'exercice des responsabilités départementales et locales (ASERDEL; président: Éric Doligé).

- maintenus en avril 2004 du cabinet de Charles Pasqua à celui de Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine (relations avec les élus puis en 2006 respectivement directeur et chef de cabinet), Éric Cesari et Emmanuel Millan intègreront en 2007 l'organigramme fonctionnel de l'UMP (cabinet du secrétaire général Patrick Devedjian puis direction générale). Ils sont tous les deux cofondateurs de l'Association des Amis de Nicolas Sarkozy. Éric Cesari a quitté en juin 2014 ses fonctions de directeur général de l'UMP (affaire Bygmalion) tandis qu'Emmanuel Millan a été nommé en décembre 2014 directeur administratif et financier de l'UMP.
De Pierre Monzani à Emmanuel Millan, le "clan des Hauts-de-Seine" n'a pas dit son dernier mot.

 

14 décembre 2014

Laissez-moi ma crèche chrétienne de Noël!

Le tribunal administratif de Nantes a interdit, le 24 octobre 2014, d'installer dans le hall public du conseil général de Vendée une crèche de la Nativité.

L'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État est en effet très clair:

Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.

De fait, Maître Henri de Beauregard - avocat notamment de "La Manif Pour Tous" - a souligné lors d'une discussion publique sur Facebook, que "le moyen d'échapper à l'article 28 réside dans l'exception qu'il prévoit lui-même: l'exposition. Il me parait en effet évident que ceux qui venaient voir la crèche du CG85 n'y venaient pas pour s'y recueillir, mais pour admirer une «œuvre d'art» populaire" (j'ajoute: à l'exemple des crèches provençales qui mêlent profane et religieux).

En l'espèce, l'intention n'est évidemment pas une exposition, et cela n'a pas été plaidé. Bref, il s'agit bien de la part d'un élu d'apposer (d'imposer) dans un lieu public un symbole de sa religion personnelle (et que ce soit ou non une religion dans laquelle la France puise des racines fondamentales ne change strictement rien à la loi).

 

On a bien entendu parfaitement le droit de vouloir réviser ou abroger la loi de 1905. Reste que cette décision de justice n'a rien de christianophobe, qu'elle n'est que l'application logique et rationnelle de la législation française en vigueur. Comme le confirme au passage Dominique Quinio, directrice du quotidien La Croix, dans un éditorial:

Est-il contraire à la loi de séparation des Églises et de l'État d'installer une crèche dans les bâtiments d'un conseil général, d'une mairie, sur une place? Saisie, la justice répond logiquement par l'affirmative, incitant ces lieux publics à respecter la plus stricte neutralité.

 

Si la réponse est évidente pour un conseil général ou une mairie, je serais néanmoins plus nuancé sur la question d'une place publique: sur les territoires où il existe une tradition ou un usage local, comme le note d'ailleurs l'Observatoire de la laïcité, cela devrait selon moi constituer une exception culturelle au principe général d'interdiction. Tel est le sens, avec quelques ambiguïtés de la part du chantre de la "laïcité positive", de la réponse, en 2007, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy au sénateur Jean-Luc Mélenchon à propos d'une "crèche géante" sur le parvis de la mairie de Châtillon-sur-Loire:

Le principe de laïcité n'impose pas aux collectivités territoriales de méconnaître les traditions issues du fait religieux qui, sans constituer l'exercice d'un culte, s'y rattachent néanmoins de façon plus ou moins directe. Tel est le cas de la pratique populaire d'installation de crèches, apparue au XIIIe siècle. Tel est le cas aussi de la fête musulmane de l'Aïd-el-Adha. L'intervention publique dans de tels domaines doit toujours se justifier par des considérations d'intérêt général (ordre public, communautés ou traditions locales, animation urbaine, etc.) et elle s'effectue sous le contrôle du juge administratif, que peut saisir tout citoyen ayant intérêt pour agir. (Question écrite n° 25728 du 21/12/2006, réponse du 15/03/2007)

Or, l'installation d'une crèche de la Nativité au conseil général de Vendée ne relève pas d'une tradition locale puisqu'elle ne remonte qu'à 1988, c'est-à-dire à l'élection de Philippe de Villiers à sa présidence. Le tribunal administratif d'Amiens avait déjà jugé de manière identique, le 16 novembre 2010, au sujet d'une crèche sur la place du village de Montiers (Oise).

Concernant l'organisation d'une manifestation religieuse pour les fêtes de Noël (par exemple un spectacle ou une crèche vivante), Le Courrier des maires et des élus locaux rappelait justement, en janvier dernier, qu'"il n'existe pas de réglementation spécifique aux manifestations religieuses dans l'espace public": en la matière "lorsque qu'il use de ses pouvoirs de police, le maire doit tenir compte des libertés de religion, de réunion et de manifester". Avec en outre cette précision:

Le Code de la sécurité intérieure rappelle que les manifestations sur la voie publique peuvent être organisées librement, à la condition d'avoir été préalablement déclarées auprès du maire ou du préfet en cas de police d'État, entre 3 et 15 jours avant la date prévue, en mentionnant l'objet, le lieu et l'itinéraire de la manifestation.
L'exception des sorties
«conformes aux usages locaux» - Les textes permettent de moduler l'intensité du contrôle en dispensant de déclaration les «sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux».
Historiquement, cette exception vise au premier chef les processions religieuses, et la jurisprudence admet comme
«conforme aux usages locaux», l'organisation d'une procession qui avait été interrompue pendant 77 ans (CE, 11 fév. 1927, Abbé Veyras: Rec. CE 1927, p. 176; CE, 3 déc. 1954, Rastouil: Rec. CE 1954, p. 639).

 

Cette décision du tribunal administratif de Nantes a suscité de nombreuses réactions. Des maires d'extrême droite ont instrumentalisé la religion en plaçant aussitôt des crèches de Noël dans leur mairie (comment à la fois exiger à juste titre que les musulmans respectent la laïcité et plaider paradoxalement pour que les chrétiens l'enfreignent?). Des croyants, parfois sincèrement, parfois par volonté de durcir le monde catholique en le manipulant, ont extrapolé et raconté n'importe quoi sur les calvaires, les clochers, les processions, des noms de communes ou de rues, des musées ou du vocabulaire qui se trouveraient tout à coup menacés d'éradication. Cela donne parfois de beaux textes enlevés, ravissant cette frange ultra des catholiques qui se voit et se vit comme une minorité persécutée en France. Juridiquement, toutefois, il ne s'agit que de délires.

 

Demeure une question: la crèche de Noël ne serait-elle pas passée au fil du temps du religieux au culturel?

Les racines chrétiennes de la France font en effet que des emblèmes religieux sont aussi devenus des emblèmes d'une fête traditionnelle française, non religieuse bien qu'issue d'un fait religieux (l'exemple de nombreux jours fériés est emblématique). En France, Noël n'est-il pas fêté en famille par des non croyants et des croyants, chrétiens ou d'autres religions? Un Noël déchristianisé – et de plus en plus consumériste... – cohabite aujourd'hui avec le Noël chrétien (le mien). Lors de discussions plutôt animées sur Facebook, je me suis aperçu que des frères chrétiens avaient du mal à séparer ces deux Noëls. Je comprends que pour eux, intimement, il n'existe qu'une seule et même fête. Il s'agit pourtant de s'extraire de notre condition individuelle de chrétien afin de regarder la réalité de la société française dans son ensemble.

Ce Noël déchristianisé a, il est vrai, repris des attributs du Noël chrétien (parfois récents et historiquement controversés, mais là n'est pas le débat). C'est en particulier le cas du sapin ou de l'Étoile de Bethléem en décoration. Ces éléments peuvent être sécularisés puisqu'ils sont détachables de la célébration chrétienne de la Nativité. Ils étaient y compris utilisés lors des "Noëls humaines" organisés à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle par l'Association nationale des libres-penseurs de France: "un arbre de Noël était dressé et les enfants recevaient des bonbons et des jouets", raconte Jacqueline Lalouette dans son passionnant ouvrage sur les Jours de fête (2010, Tallandier).

Il en est par nature tout autrement d'une crèche de la Nativité, qui est intrinsèquement religieuse, chrétienne, puisqu'elle illustre la naissance de Jésus Christ, représentant, dans un premier temps, les juifs Marie et Joseph, puis également, à partir du 24 décembre à minuit, l'Enfant Jésus.

 

Certains ont peut-être la volonté de déchristianiser le Christ, souhaitant sans doute qu'on le retrouve demain dans des publicités, trinquant au Coca-Cola avec le Père Noël entre un sapin et une pin-up.

Pas moi: c'est en chrétien que je vous le demande, laissez à ma crèche de Noël son caractère religieux, et retirez-la de vos mairies.