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25 novembre 2013

Petit jeu de "journalaud"

Le Front national a décidément un problème avec une partie de sa base. Preuve en est, à chaque article je reçois sur Twitter une volée de bois vert. Ce qui n'a rien de bien méchant, mais ce qui est assez révélateur de l'état d'esprit d'une partie des militants du FN.

J'ai justement rédigé ce lundi un article sur "ces ralliés au FN vite déçus par le radicalisme des militants". Ce qui fait paraît-il de moi un(e?) "journalope" (contraction de "journaliste" et de "salope": plutôt "journalaud", alors, non?).

Je me livre donc ici à un petit jeu. Si j'avais voulu désinformer et écrire un article militant anti-FN au lieu de faire mon travail de journaliste, voici ce qui aurait été modifié dans mon papier:

 

1. Je n'aurais pas écrit: "Ce ne sont que trois candidats sur des milliers. Des «épiphénomènes» selon Marine Le Pen" ni parlé de "départs individuels".

Mais je me serais abstenu de cette relativisation, voire j'aurais mensongèrement parlé de "mouvement massif".

 

2. Par malhonnêteté, je n'aurais pas rédigé ce passage: "Pour autant Thierry Portheault dit qu’il adhère toujours «complètement» aux «valeurs» et au «projet politique» de Marine Le Pen. «Je reste fidèle à votre politique et je voterai pour vous», concluait-il."

 

3. Je n'aurais surtout pas parlé de "division idéologique de l’extrême droite. Une partie, parfois issue de la droite gaulliste ou de la gauche chevènementiste, adhère à la ligne officielle de Marine Le Pen: le «rassemblement patriotique des Français, tous égaux quelles que soient l’origine ou la religion», comme l’énoncent Nadia et Thierry Portheault. Mais une autre partie, proche de la mouvance «identitaire», opère au contraire une différenciation entre citoyens français à travers l’utilisation politique de l’expression «Français de souche» et l’énoncé d’un discours islamophobe. Les premiers ne veulent pas d’une société multiculturelle et de l’islamisme. Tandis que les second ne veulent pas d’une société multiraciale et de l’islam."

Mais j'aurais écrit quelque chose du genre "pourtant, en adhérant au FN Nadia Djelida-Portheault, d'origine algérienne, aurait dû se douter qu'elle serait forcément la cible dans son propre parti de propos racistes et islamophobes".

 

4. Je n'aurais pas donné la réponse du Front national aux propos d'Arnaud Cléré: "Secrétaire général du FN, Steeve Briois a immédiatement engagé des poursuites judiciaires contre Arnaud Cléré et l’AFP en affirmant qu’il s’agit d’une «manipulation grossière et immorale de Copé» et en dénonçant les «méthodes de voyou» de l’UMP. «Évidemment aucune personne n’a de tatouage nazi» parmi les «130 têtes de listes présentes lors de la réunion interne», assure la tête de liste à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais)."

Il s'agit du reste du seul témoignage (étrangement calqué sur celui des Portheault) que je trouve un peu suspect, mais, n'ayant pas de preuve, cela reste pour l'instant parole contre parole. Comme je l'écris à la fin de mon article: "la justice tranchera."

 

5. Je n'aurais pas pris la peine de rechercher la date exacte et le déroulé de la réunion du 13 octobre à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), ce qui m'a permis d'expliquer que "pour son [Steeve Briois] discours de clôture, la salle avait toutefois été ouverte à tous les «militants, candidats et adhérents»." S'il y avait bien des croix gammées, elles n'étaient donc pas forcément portées par des têtes de liste du FN présentes lors de la réunion interne.

Ceci dit, je ne pense pas qu'il ait pu y avoir des croix gammées nazies. Même si les zones concernées par la convention régionale (Nord - Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie) contiennent des foyers de skinheads néo-nazis, je ne les vois pas participer à ce type de manifestations. En revanche, et j'en ai vu lors d'une réunion publique de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont en 2012 et chaque année aux défilés du 1er Mai du FN, il pourrait s'agir d'autres runes qu'affectionne l'extrême droite radicale (qui n'est pas que néo-nazie). Or, cette dernière a toujours eu des liens avec le parti lepéniste (notamment au Département protection sécurité).

 

[Ajout: le FN a également déposé une plainte contre les époux Portheault]

24 octobre 2013

Droit du sol: lepénisation de l'UMP ...ou républicanisation du FN?

Quelques réflexions sur le débat autour du droit du sol.

Il convient selon moi de distinguer:

- Les partisans d'un droit du sol "passif", celui actuellement en vigueur (en sus du droit du sang). Tout enfant né en France de parents étrangers acquiert, de plein droit et de façon automatique, la nationalité française à ses 18 ans (s'il respecte certaines conditions liées à la durée de sa résidence en France).

- Les partisans d'un droit du sol "actif", tel qu'il fut appliqué entre 1993 et 1998. Tout enfant né en France de parents étrangers acquiert, de plein droit et s'il en manifeste la volonté, la nationalité française à ses 18 ans (s'il respecte certaines conditions liées à la durée de sa résidence en France). Il s'agit depuis longtemps de la position de la droite.

- Les partisans du droit sol (qu'il soit "passif" ou "actif"), à l'exception des enfants nés de parents étrangers en situation illégale sur le territoire français. Cette idée fait l'objet de la récente pétition lancée par Jean-François Copé en tant que président de l'UMP: "Je pense qu'une personne entrée illégalement en France n'a pas vocation à y rester. La question du droit du sol pour les enfants de clandestins doit à cet égard être posée. Il ne s'agit bien sûr pas de supprimer le droit du sol, mais de l'interdire pour ceux qui ne respectent pas la loi. La nationalité ne doit pas récompenser l'illégalité".
Il est donc malhonnête de faire croire que l'UMP proposerait de supprimer le droit du sol alors qu'elle propose uniquement de le conditionner à une présence légale sur le territoire français.

- Les opposants au droit du sol. Telle est depuis longtemps la position du FN, le projet de Marine Le Pen proposant la "suppression du droit du sol". Cette position est contraire à la tradition républicaine française depuis la Deuxième République (reprenant là la tradition monarchique).
À noter d'ailleurs que l'ex-chevènementiste Florian Philippot, vice-président du FN, semble vouloir infléchir ce qui constitue pourtant un des fondamentaux du lepénisme: "Il convient ainsi de mettre fin à l'attribution automatique de la nationalité pour les enfants nés de parents étrangers" (communiqué). Or, mettre fin au droit du sol automatique, ce n'est pas ou plus le supprimer purement et simplement. En étant provocateur, on pourrait donc moins parler de "lepénisation de l'UMP" que d'amorce, sur ce point précis, de républicanisation d'une partie du FN. Un militant politique anti-FN le regrettera, mais le citoyen non partisan que je suis ne peut que s'en féliciter.

 

[Ajout 26/10/2013. Entretien intéressant sur le sujet avec la juriste Marie-Laure Basilien-Gainche: "Le projet de l’UMP est très flou"]

15 octobre 2013

Historique des conseillers généraux FN

Chronologie des conseillers généraux élus sous l'étiquette FN (hors conseillers de Paris):

1985 Bouches-du-Rhône Marseille-Notre-Dame-du-Mont Jean Roussel
1988 Manche Canisy Fernand Le Rachinel
1989 (p) Bouches-du-Rhône Salon-de-Provence Philippe Adam
1992 Alpes-Maritimes Nice-14 Jacques Peyrat
1994 Manche Canisy Fernand Le Rachinel
Var Toulon-6 Eliane Guillet de la Brosse
Eure-et-Loir Dreux-Ouest Marie-France Stirbois
1997 (p) Haut-Rhin Mulhouse-Nord Gérard Freulet
1998 Var Toulon-5 Dominique Michel
Oise Noyon Pierre Descaves
Bouches-du-Rhône Marignane Daniel Simonpieri
2001      
2002 (p) Vaucluse Orange-Ouest Jacques Bompard
2004 Vaucluse Orange-Est Marie-Claude Bompard
2008      
2011 Var Brignoles Jean-Paul Dispard
Vaucluse Carpentras-Nord Patrick Bassot
2013 (p) Var Brignoles Laurent Lopez

(p): élection cantonale partielle

Compilation personnelle à partir de mes archives électorales

 

Rappels:

 

02 octobre 2013

Le FN est-il à l'extrême droite?

Que le Front National refuse l'étiquette d'extrême droite n'est pas nouveau. D'autres partis politiques revendiquent d'ailleurs un positionnement qui ne correspond pas à la réalité: par exemple le Nouveau Centre d'Hervé Morin est à droite mais se dit au centre, la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel est à droite mais se dit à gauche.

Cela fait justement bien longtemps que je suis à la recherche d'une technique pour classer le plus scientifiquement possible les partis politiques. Technique qui se doit bien entendu d'être opérante à la fois dans le temps et dans l'espace.

J'en suis vite arrivé à la conclusion qu'il fallait, déjà, impérativement séparer les idées du positionnement politique. Pourquoi? Tout simplement parce que les familles idéologiques bougent dans le temps (les libéraux à gauche au XIXe siècle puis à droite au XXe siècle) et dans l'espace (il existe en Europe des partis libéraux positionnées à gauche, au centre, à droite ou à l'extrême droite).

À ces deux critères, qu'il convient de distinguer, s'ajoute celui du rapport au pouvoir en place, c'est-à-dire l'appartenance à la majorité gouvernementale ou à l'opposition, ou plutôt aux oppositions puisqu'elles sont toujours plurielles.

 

En résumé, un parti politique peut toujours se définir par trois critères:
1) Son attitude vis-à-vis du gouvernement, qui se résume à deux positions: majorité ou oppositions.
2) Son idéologie de référence (possibilités illimitées).
3) Son positionnement géographique sur l'échiquier politique, qui se résume à cinq positions: extrême droite ou droite ou centre ou gauche ou extrême gauche.

 

Qu'en est-il du Front National? Marine Le Pen a-t-elle raison en refusant de classer son parti à l'extrême droite?

1) Son attitude vis-à-vis du gouvernement. Le FN est bien entendu dans l'opposition à la majorité présidentielle de François Hollande et à la majorité parlementaire de Jean-Marc Ayrault.

2) Son idéologie de référence. Comme la plupart des partis politiques aujourd'hui, qualifier l'idéologie du FN n'est pas évident. Le terme de national-populisme est souvent utilisé, et selon moi avec raison, même si le frontisme est passé d'un national-libéral-populisme sous Jean-Marie Le Pen à un national-social-populisme sous Marine Le Pen (avis aux cons: il ne s'agit absolument pas sous ma plume d'une allusion au national-socialisme hitlérien, le gaullisme par exemple étant lui-même national et social).

3) Son positionnement sur l'échiquier politique. C'est là que Marine Le Pen bloque sur son classement à l'extrême droite. Pourtant, où d'autre classer le FN sur l'échiquier politique?
À droite? Non, car il n'appartient pas au système d'alliance de la droite dominé par l'UMP. Au centre? À gauche? À l'extrême gauche?
De par son insertion dans aucun système d'alliance, de par ses interactions politiques et de par son histoire, le FN appartient aujourd'hui à l'extrême droite. Peut-être cela changera-t-il demain. François Bayrou, par exemple, sans changer de corpus idéologique est passé de la droite au centre en 2005-2007 puis semble actuellement repasser à droite.

De fait, comme Jean-Pierre Chevènement en 2002, François Bayrou en 2007-2012 et Marine Le Pen, je considère que les frontières partisanes ne correspondent pas aux vrais clivages idéologiques. Une recomposition du paysage politique n'est donc pas à exclure un jour, mais elle ne pourrait s'opérer que dans la foulée d'une élection présidentielle victorieuse.

 

En conclusion, le FN est un parti national-populiste positionné à l'extrême droite et appartenant à l'opposition.

16 septembre 2013

FN: François Fillon ravive les divisions à droite

Alors que le FN tenait son université d'été à Marseille, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a relancé la question des relations entre la droite et l’extrême droite

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Francois-Fillon-...