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15 septembre 2010

Les villepinistes se comptent

Le scrutin public sur l'ensemble du projet de loi portant réforme des retraites a fourni ce mardi au noyau dur des députés villepinistes une première occasion de se compter.

Sur les onze députés qui se sont volontairement abstenus (équivalent parlementaire d'un vote blanc) figurent ainsi sept villepinistes : Marc Bernier (groupe UMP), Daniel Garrigue (NI), François Goulard (groupe UMP), Jean-Pierre Grand (groupe UMP), Jacques Le Guen (groupe UMP), Marie-Anne Montchamp (groupe UMP) et Jean Ueberschlag (groupe UMP).

Ce qui signifie que, sur les neuf députés que je catalogue villepiniste, deux ont voté pour : Guy Geoffroy (groupe UMP) et Michel Raison (groupe UMP).

 

Cette incapacité des députés villepinistes à se retrouver autour d'un premier vote commun, qui plus est l'abstention volontaire, qui engage moins qu'un vote "pour" ou "contre", n'est pas de bon augure pour l'expression parlementaire du villepinisme...

 

Les députés villepinistes ambitionnent en effet de créer un groupe avec les trois élus du MoDem (Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Jean Lassalle) et les deux élus de Debout la République (Nicolas Dupont-Aignan, François-Xavier Villain).

Le chiffre minimum de quinze membres ne me semble malgré tout pas inatteignable. Sans répéter ce que j'ai déjà écrit en juillet, ce nouveau groupe pourrait selon moi par exemple attirer le président du CNI (Gilles Bourdouleix, actuellement au groupe UMP) ainsi que des députés du groupe Nouveau Centre (comme Thierry Benoit et Philippe Folliot de l'Alliance centriste) voire de l'UMP.

Plus qu'un groupe villepiniste, il s'agirait alors d'un groupe "mixte" ou "technique" comme il en existe traditionnellement dans d'autres assemblées parlementaires à l'étranger.

 

Avec un choix important au moment de la constitution du groupe : déclarer ou non son appartenance à l'opposition (ou être considéré par défaut comme un "groupe minoritaire", sous-entendu au sein de la majorité). Sachant que quatre membres potentiels de cet éventuel futur groupe - actuellement non-inscrits - ont déjà voté une motion de censure contre le gouvernement de François Fillon (Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan) et appartiennent donc de ce fait à l'opposition.

Tandis que Dominique de Villepin, en tant qu'ancien premier ministre encarté, est à ce jour membre de droit du bureau politique de l'UMP...

 

 


Rappel au règlement du député villepiniste Daniel Garrigue

30 juillet 2010

Un groupe villepiniste à l'Assemblée nationale ?

Porte-parole de République Solidaire, la députée Marie-Anne Montchamp a annoncé dans Libération que la "démarche" vers la constitution d'un groupe villepiniste à l'Assemblée nationale était "engagée".

À l'Assemblée nationale, un groupe doit réunir au moins quinze membres (non compris les députés apparentés; ce chiffre était de trente membres avant 1988 et de vingt membres jusqu'en mai 2009).

Les villepinistes peuvent-ils y parvenir ?

 

1) Le noyau dur villepiniste est aujourd'hui constitué de neuf députés :

- Marc Bernier (groupe UMP)
- Daniel Garrigue (non-inscrit)
- Guy Geoffroy (groupe UMP)
- François Goulard (groupe UMP)
- Jean-Pierre Grand (groupe UMP)
- Jacques Le Guen (groupe UMP)
- Marie-Anne Montchamp (groupe UMP)
- Michel Raison (groupe UMP)
- Jean Ueberschlag (groupe UMP)

[Mes confrères du Figaro et de Marianne mentionnent en sus Jean-Luc Warsmann, le président UMP de la commission des lois]

Seuls, les villepinistes ne peuvent donc pas constituer un groupe parlementaire...

 

2) Mais devraient s'y ajouter les deux députés Debout la République :

- Nicolas Dupont-Aignan (non-inscrit), président du parti
- François-Xavier Villain (non-inscrit)

 

3) Ainsi que les trois députés MoDem :

- Abdoulatifou Aly (non-inscrit)
- François Bayrou (non-inscrit), président du parti
Jean Lassalle (non-inscrit)

(alliance savoureuse lorsque l'on se souvient que l'acte de rupture de François Bayrou avec la droite fut, en mai 2006, le vote de la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement dirigé par Dominique de Villepin)

 

Reste donc au moins un député à convaincre. J'en vois trois possibles :

 

4) L'unique député CNI : Gilles Bourdouleix (groupe UMP), président du parti

(le CNI a mis fin à son accord d'association avec l'UMP en juin 2008)

 

5) Voire les deux députés MPF :

- Véronique Besse (non-inscrit)
- Dominique Souchet (non-inscrit)

 

Ce qui pourrait donner - outre une auberge espagnole allant du MoDem au MPF - dix-sept membres, auxquels je serais même tenté d'ajouter quatre six noms, mais que je ne donnerai pas car cela relève de la pure spéculation personnelle...

[Ayant finalement donné les six noms auxquels je pense dans les commentaires de cet article, les voici :
- Franck Marlin (apparenté au Groupe UMP)
- Christian Vanneste (Groupe UMP, membre du CNI jusqu'en octobre 2009; mais vient de participer au lancement du "collectif de la droite populaire")
- René Couanau (Groupe UMP, proche de Pierre Méhaignerie)
- Marie-Jo Zimmermann (Groupe UMP)
- Thierry Benoit (apparenté au Groupe Nouveau Centre, secrétaire général de l'Alliance centriste)
- Philippe Folliot (apparenté au Groupe Nouveau Centre, porte-parole de l'Alliance centriste)]

 

Bref, vingt-trois noms potentiels selon moi, parmi lesquels les villepinistes devraient bien pouvoir en convaincre au moins quinze d'ici la rentrée parlementaire !

14 juin 2010

Le Nouveau Centre n'est pas au centre

"François Bayrou a quitté le centre entre les deux tours de l'élection présidentielle", a martelé ce week-end Hervé Morin lors du congrès de son parti.

En quoi François Bayrou a-t-il quitté le centre en ne donnant pas de consigne de vote entre les deux tours de la présidentielle de 2007 ? C’est plutôt, à l'inverse, ce refus de choisir entre la droite et la gauche qui, aboutissement de sa rupture progressive avec la droite entre 2002 et 2007, a marqué la renaissance du centre en France (où il avait disparu depuis 1974) !

 

En réalité, c'est Hervé Morin qui ne se positionne pas au centre, par définition à équidistance de la droite et de la gauche, mais à droite en général et éventuellement au centre-droit en particulier.

Au-delà de la référence au centre, ce positionnement à droite est explicite dans les discours du président du Nouveau Centre. Qu'on en juge.

Samedi, Hervé Morin définissait de la façon suivante "la responsabilité du président du Nouveau Centre" : "Être dans une démarche de singularité, d'expression de notre identité, et en même savoir que notre expression s'effectuera forcément dans une alliance et que cette alliance elle est naturellement avec un parti de droite".

Dimanche, il plaidait en faveur d'une "offre politique diverse" en s'interrogeant tout haut : "Dites-moi pourquoi ce qui est bon pour la gauche serait mauvais pour la droite. Qui au PS dénie à Europe écologie ou au Front de gauche d'avoir leur candidat ?". Bref, pour Hervé Morin le Nouveau Centre est une composante de la droite de même qu'Europe écologie ou le Front de gauche sont des composantes de la gauche.

 

Synthèse des différences entre François Bayrou et Hervé Morin :

 

François Bayrou :

  • contre la bipolarisation droite-gauche
  • pour une troisième offre politique (le centre) indépendante de la droite (l'UMP et ses alliés) et de la gauche (le PS et ses alliés)
  • candidatures indépendantes au premier et au second tour ("ni ni", ce qui est forcément électoralement désastreux lors des scrutins territorialisés à deux tours) ou alliances à géométrie variable aussi bien avec la droite qu'avec la gauche ("et et")

 

Hervé Morin :

  • pour la bipolarisation droite-gauche
  • contre le bipartisme (c'est-à-dire contre l'UMP parti unique de la droite) et pour une deuxième offre politique à droite (le Nouveau Centre)
  • candidatures autonomes au premier tour et union de la droite au second ou union de la droite dès le premier tour

 

Voilà pourquoi, de même que je n'employais hier jamais le mot centre pour qualifier le positionnement de l'UDF, je n'emploie aujourd'hui jamais le mot centre pour qualifier le positionnement du Nouveau Centre ...puisque le Nouveau Centre n'est pas au centre !

11 juin 2010

Le centre : mirage ou réalité ?

Six arguments qui plaident pour et contre l'existence d'un centre indépendant de la droite et de la gauche dans la vie politique française

 

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La bipolarisation

La bipolarisation s'est imposée en 1974, lorsque l'ancien centre d'opposition (Jean Lecanuet, Jean-Jacques Servan-Schreiber) a rallié la nouvelle majorité présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing. Le principal élément qui joue en faveur du maintien de cette bipolarisation droite-gauche est le scrutin uninominal majoritaire à deux tours (avec un relèvement progressif du seuil de qualification au second tour).

En vigueur aux élections législatives, il se présente en effet comme un mode de scrutin d'alliance au second tour, donc défavorable à la renaissance d'un centre indépendant de la droite et de la gauche, de l'UMP et du PS. Or, c'est justement ce mode de scrutin qui devrait être adopté pour les futures élections territoriales.

 

Le double "grignotage"

Le principal ennemi du centre est l'existence d'un centre-droit et d'un centre-gauche forts susceptibles de le grignoter par les deux bouts.

La dernière enquête de l'Ifop le montre nettement en ce qui concerne le centre-gauche (1). En cas de candidature de Martine Aubry à l'élection présidentielle de 2012, les électeurs déclarant avoir voté Bayrou en 2007 seraient encore 43% à voter en faveur du candidat du MoDem et 27% à voter pour la candidate du PS. En cas de candidature de Dominique Strauss-Kahn, en revanche, ces mêmes électeurs seraient 29% seulement à voter de nouveau pour François Bayrou et 40% à choisir Dominique Strauss-Kahn.

Même chose côté centre-droit, avec les éventuelles candidatures des anciens UDF Hervé Morin, président du Nouveau Centre, et Jean-Louis Borloo, président du Parti radical et vice-président du conseil national de l'UMP.

 

La concurrence d'Europe - Écologie

Si la proximité idéologique entre François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit est ancienne, notamment à travers leurs convictions européennes et décentralisatrices, deux évolutions les ont placés plus directement en concurrence.

D'une part, le remplacement de l'UDF, qui était au centre-droit, par le MoDem, qui se situe au centre, c'est-à-dire à équidistance de la droite et de la gauche. D'autre part, le glissement au centre-gauche des Verts à travers leur participation au rassemblement Europe - Écologie.

Selon un sondage BVA, les électeurs déclarant avoir voté Bayrou en 2007 seraient aujourd'hui 25,3% à revoter pour lui et 23,5% Eva Joly, si cette dernière, un temps approchée par le MoDem, était la candidate d'Europe Écologie (2).

"Le résultat de François Bayrou dépendra des autres", conclut Émile Leclerc, chargé d'étude à l'institut BVA.

 

 

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L'élection présidentielle au suffrage universel direct

Parlementaristes de tradition, les démocrates-chrétiens se sont historiquement opposés à Charles de Gaulle sur l'élection du président de la République au suffrage universel direct. C'était même, avec la construction européenne, un des deux motifs de leur rupture avec les gaullistes en 1962.

Changement de cap avec Bayrou (Lecanuet n'a été candidat qu'une seule fois à la présidentielle; Méhaignerie jamais), qui a construit sa stratégie autour de la seule élection, rencontre entre un homme et le peuple, susceptible de faire bouger les lignes du paysage politique français. De fait, à deux reprises, déjà, le second tour n'a pas opposé la droite et la gauche : en 2002 c'est l'extrême droite qui s'est qualifiée (Jean-Marie Le Pen); et, en 1969, ce fut, justement, le centre (Alain Poher).

 

La droitisation de l'UMP

Un constat commun réunit l'ensemble des anciens UDF : la droitisation de l'UMP, autrement dit le retour aux fondamentaux du sarkozysme, ouvre un espace entre l'UMP et le PS, que ce soit au centre (François Bayrou) ou au centre-droit (Hervé Morin, Jean-Louis Borloo).

Reste à savoir si Nicolas Sarkozy prendra le risque d'accepter sans réagir, voire de susciter, une tierce candidature issue de sa majorité. Une partie de billard à trois bandes semble s'être engagée entre l'Élysée, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin. Mercredi 9 juin, la secrétaire d'État Valérie Létard, présidente déléguée du Nouveau Centre, a ainsi apporté son soutien à Jean-Louis Borloo. Si Valérie Létard est une amie de longue date du président du Parti radical, cette annonce est malvenue pour Hervé Morin, président du Nouveau Centre, qui organise ce week-end son congrès à Tours.

 

L'existence d'un électorat centriste

L'électorat qui a voté François Bayrou au premier tour de la présidentielle de 2007 (18,57%) n'a pas disparu : "François Bayrou et Dominique de Villepin se partagent, politiquement et arithmétiquement, ce créneau du centre indépendant vis-à-vis de l'UMP et du PS", analyse Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'Ifop. Ce qui se confirme en additionnant les intentions de vote en faveur de François Bayrou (11%, dans l'hypothèse d'une candidature PS de Martine Aubry) et de Dominique de Villepin (8%).

"La thématique de la dette et de la vérité qu'il faut dire aux Français est un des éléments de décollage de la campagne de François Bayrou en 2007, poursuit le sondeur. Or, dans une période de rigueur, cette marque de fabrique peut lui valoir un regain d'intérêt".

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 10 juin 2010

(1) Sondage réalisé par l'Ifop pour Paris Match les 27-28 mai 2010.
(2) Sondage réalisé par l'institut BVA pour Orange, L'Express et France Inter les 23-24 avril 2010.

Centre-gauche, centre et centre-droit

Parti radical de gauche (PRG)
Création : 1971 (en tant que courant du Parti radical), 1972 (en tant que parti politique)
Positionnement : centre-gauche
Organigramme : Jean-Michel Baylet (président), Yvon Collin (délégué général)
Parlementaires : 7 députés, 11 sénateurs

 

CAP 21
Création : 1996 (en tant que club), 2000 (en tant que parti politique)
Positionnement : centre
Présidente : Corinne Lepage
Parlementaires : 1 parlementaire européen

 

Mouvement démocrate (MoDem)
Création : 2007
Positionnement : centre
Organigramme : François Bayrou (président), Marc Fesneau (secrétaire général), Marielle de Sarnez, Jacqueline Gourault, Jean-Marie Vanlerenberghe, Jean-Luc Bennahmias, Robert Rochefort et Jean Lassalle (vice-présidents)
Parlementaires : 3 députés, 6 sénateurs, 5 parlementaires européens

 

Les électrons libres de centre-droit :
- Nicolas About, président du groupe sénatorial Union centriste (UC) : "en congé" du MoDem, élu conseiller régional apparenté Nouveau Centre
- Michel Mercier, ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire : "en congé" du MoDem

 

Alliance centriste
Création : 2008 (en tant que club), 2009 (en tant que parti politique)
Positionnement : centre-droit
Organigramme : Jean Arthuis (président), Muguette Dini (vice-présidente déléguée), Thierry Benoit (secrétaire général), Philippe Folliot (porte-parole)
Parlementaires : 2 députés, 10 sénateurs

 

La Gauche moderne
Création : 2007
Positionnement : centre-droit
Organigramme : Jean-Marie Bockel (président), Michel Suchod (secrétaire général), Daniel Marsin (porte-parole)
Parlementaires : 1 sénateur, 2 parlementaires européens

 

Le Nouveau Centre
Création : 2007
Positionnement : centre-droit
Organigramme : Hervé Morin (président), Jean-Christophe Lagarde (président exécutif), Yvan Lachaud (secrétaire général), André Santini, François Sauvadet, Valérie Létard et Christian Blanc (présidents délégués), Maurice Leroy (porte-parole), Hervé de Charrette (conseiller politique)
Parlementaires : 23 députés, 11 sénateurs, 3 parlementaires européens

 

Parti radical "valoisien"
Création : 1901
Positionnement : centre-droit, parti associé à l'UMP
Organigramme : Jean-Louis Borloo (président), Laurent Hénart (secrétaire général), Serge Lepeltier et Yves Jégo (vice-présidents délégués)
Parlementaires : 20 députés, 5 sénateurs, 4 parlementaires européens

 

Les parlementaires centristes de l'UMP
Création : 2004 (successivement relancé en 2006 puis en 2009)
Positionnement : centre-droit, sensibilité interne à l'UMP
Animateurs : Marc-Philippe Daubresse, Pierre Méhaignerie, Fabienne Keller, Christian Kert
Parlementaires : 24 députés, 7 sénateurs

 

...et aussi :

- l'Union pour la démocratie française (UDF) existe toujours juridiquement

- le Parti chrétien-démocrate (Christine Boutin), associé à l'UMP, se revendique également "centriste"

- le rassemblement Europe - Écologie (Daniel Cohn-Bendit) fait glisser les Verts vers le centre-gauche